Monday, April 7, 2014

CANADA - COMMENTAIRE SUR LES RÉSULTATS DE L’ÉLECTION from PCR



La victoire prévisible du Parti libéral – et la défaite méritée du Parti québécois – annonce la poursuite de la même vieille politique ayant présidé aux rênes de l’État québécois depuis la «révolution tranquille». Depuis 1970 en fait, c’est-à-dire depuis maintenant plus de 44 ans, le PLQ et le PQ se sont succédé à la tête de l’État (24 ans pour le premier, 20 ans pour le second!) sans que l’on puisse dire pour autant qu’il y ait eu une quelconque rupture dans les orientations fondamentales du gouvernement québécois. Au point où il n’est pas exagéré de parler d’un système de «parti unique» formé de deux ailes interchangeables, plus ou moins nationalistes mais tout aussi dédiées l’une que l’autre à favoriser le développement du «Québec inc.» et à perpétuer le prétendu «modèle québécois» de gouvernance basé sur l’institutionnalisation du tripartisme et de la collaboration de classes. Ce modèle, vanté à satiété par l’ensemble des «partenaires sociaux», est l’instrument par excellence grâce auquel la bourgeoisie a su infliger défaite sur défaite à la classe ouvrière et aux masses populaires.
La défaite historique que vient de subir le PQ témoigne de façon spectaculaire de l’impasse du projet de création d’un État bourgeois séparé au Québec, qui constitue toujours en principe sa raison d’être. Depuis l’échec du référendum de 1995, le PQ a emprunté un tournant qui l’a ramené vers un provincialisme inspiré de la défunte Union nationale, auquel il a d’ailleurs succédé sur l’échiquier politique québécois (du «on veut ravoir notre butin» de Duplessis à la «gouvernance souverainiste» des Lisée-Marois, il n’y a qu’un pas). Le petit jeu totalement nauséabond auquel ce parti s’est prêté au cours de la dernière année, avec son projet de charte raciste, xénophobe et islamophobe, représente l’aboutissement de cette longue agonie vers un nationalisme de droite désormais dépouillé de toute prétention à l’émancipation et au progrès social.
Nul ne doute que sur le fond, les libéraux au pouvoir vont poursuivre une politique similaire à celle que le PQ aurait appliqué s’il avait été réélu. Lutte au déficit, mesures d’austérité, hausse de la tarification des services, subventions à la grande industrie, pressions à la baisse sur les salaires ouvriers, développement minier, exploitation du pétrole…: il n’y aura rien de bien différent de ce que le gouvernement Marois a mis en œuvre depuis 18 mois. Ainsi en est-il de cette fameuse «alternance», qu’on nous présente comme le «nec plus ultra de la démocratie»!
Il y a sans doute beaucoup de gens en ce moment, incluant bon nombre de militantes et militants sociaux et politiques, qui voient comme un échec, voire une catastrophe le retour des libéraux aux affaires. Il faut plutôt y voir le résultat d’une stratégie faillie, qui n’a jamais su décrocher du soutien – même «critique» – au projet péquiste. Il est plus que temps de changer de direction.
Les forces existent, au sein de la société québécoise, qui voudraient emprunter une autre route. Qui considèrent que la reproduction sans fin du mode de production capitaliste n’est plus une option. Qui voudraient s’engager dans un nouveau projet, porteur d’un changement véritable, d’un bouleversement des choses que seule peut amener une révolution. Qui trouvent que même s’il apparaît sympathique, le projet de Québec solidaire de «revenir au PQ de 1976» et de recommencer le même processus qui nous a mené dans l’impasse dans laquelle on se trouve aujourd’hui n’est au fond pas si emballant que ça – surtout s’il se traduit par l’élection d’un ou d’une députée de plus à tous les quatre ans… jusqu’à la victoire finale?
Ces forces, on les a vues à l’œuvre au printemps 2012. On les a vues agir, dans la rue, dans les quartiers et même un peu sur nos lieux de travail à ce moment-là. On a alors eu une petite idée – une belle idée, en fait – de nos capacités, de ce qu’il est possible de réaliser si on lutte, collectivement, pour une société libre de toute forme d’exploitation et d’oppression. Une société débarrassée des capitalistes et de leurs exigences de rentabilisation et de compétition.
Parmi ces forces, il y en a évidemment certaines qui ont encore joué le jeu et sont allées voter QS. Bien plus nombreuses sont celles qui ont consacré leur «décrochage» d’un système qui n’en mérite pas moins en restant chez elles et en boycottant cette élection sale et bidon. Certaines (bravo!) sont déjà dans la rue, en ce moment même, pour exprimer leur volonté de continuer le combat.
Se battre, par tous les moyens nécessaires, c’est le seul moyen de produire des changements. Que l’on veuille simplement, dans un premier temps, stopper les mesures d’austérité. Que l’on veuille gagner un certain nombre de revendications qui répondront à nos besoins en matière de logement, de travail, d’accès à l’éducation, à la santé, de reconnaissance du droit à l’égalité. Cela nécessite du courage et de la détermination. Mais notre classe n’en a jamais manqué quand on a su la solliciter.
Ce même courage, cette même détermination, il faudrait aussi les mettre en commun au service d’un projet collectif qui se propose de mettre fin à ce système pourri, antidémocratique et antipopulaire, qui nous écrase depuis bien trop longtemps.
Bien loin de toutes les considérations bien inutiles sur un quelconque «vote stratégique», le Parti communiste révolutionnaire appelle l’ensemble des militantes et militants qui ne veulent pas que rêver d’un monde meilleur mais œuvrer à sa réalisation à considérer l’option stratégique suivante: continuer à lutter ensemble; s’organiser et organiser notre classe contre les capitalistes et leur État; mener ce faisant une réflexion collective, sans sectarisme, pour se donner une stratégie victorieuse, révolutionnaire, qui débouchera non pas sur un replâtrage du système actuel mais sur sa destruction et son remplacement par une société nouvelle, égalitaire et émancipatrice.
En attendant, on se revoit tous et toutes dans la rue, le 1er Mai à Montréal (rassemblement à 18h piles au parc des Faubourgs, coin Ontario et De Lorimier)!
Le Bureau d’information politique du PCR

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