Monday, August 1, 2016

Turkey - Note sur le rassemblement du CHP, sans un seul mot sur l’état d’urgence et cette maladie qu’est le kémalisme.



KemalizmCHPHalkEvleriLe CHP a organisé un rassemblement contre le coup d’état au nom de la « Démocratie et de la République » à Taksim. Même s’il clame une pseudo-laïcité et démocratie, il ne faut pas oublier que leur parti est fondateur de la dictature fasciste. Ce parti a un passé bien sombre qui ne peut être oublié.
Le dimanche 24 juillet, le CHP a organisé un rassemblement au nom de la «Démocratie et la République » sur la place Taksim contre la tentative de coup d’état du 15 Juillet, en essayant de prouver qu’il est contre le coup d’état et combien il est amoureux de la démocratie. Bien évidemment, à un tel moment « l’unité et la cohésion » est très importante, ils ont donc dans un premier temps invité l’AKP au rassemblement. En fait, ce fut une occasion importante pour donner une pleine légitimité à l’AKP, justifiant son coup d’état civil.
L’AKP a saisi cette opportunité en y invitant des personnes et a même assuré un transport gratuit. Puisque lors de cette période, le fait que les gens descendent dans les rues avec des drapeaux turcs le renforce, il justifie leurs actes. Même si leur nombre était restreint, ils sont cependant venu faire une démonstration de force.
Malgré leurs querelles parfois violentes, ils essaient toujours de satisfaire l’AKP !
Aucun mot sur l’état d’urgence dans le manifeste de Taksim
Nous avons quelques mots à dire aux syndicats et aux réformistes, mais analysons d’abord les 10 articles du manifeste de Taksim lu par Kılıçdaroğlu.
Tout d’abord, nous devons préciser que, dans son discours Kılıçdaroğlu du parti CHP n’a pas mentionné l’état d’urgence de 3 mois qui est une preuve du coup d’état civil mené par l’AKP. L’état d’urgence est maintenant l’ordre du jour le plus important de Turquie et ciblera les révolutionnaires, démocrates, progressistes, les kurdes.
Aucun mot n’a été dit sur ce sujet par ces « amoureux de la démocratie » !
Voila quelle est la position du CHP si libéral, laïque et aimant la démocratie.
Ne vous méprenez pas « Oh, comment le CHP a pu oublier ceci ? Comment n’a-t-il rien dit ? » – ce n’est pas là le problème.
Nous savons déjà que le CHP est un parti fondateur d’un État fasciste et l’ennemi de la liberté. Nos mots vont aux syndicats, aux chauvins, aux réformistes et à ceux qui se croient révolutionnaires qui ont applaudi Kılıçdaroğlu lors de ce rassemblement.
Dans les 10 articles du manifeste, l’un d’eux est  » Dans les procès comme Balyoz, Ergenekon et autres procès d’espionnage, la dignité et les droits des victimes doivent être à l’ordre du jour de tous les partis politiques « .
Nous savons très bien que les personnes jugées dans l’affaire Balyoz et Ergenekon sont détestées du peuple et des putschistes. Lors d’un rassemblement contre le coup d’état, faire une demande de restitution de la dignité des kémalistes putschistes, ne peut être réclamé que par un parti fasciste comme le CHP !
Ces gangs ont commis au Kurdistan turc des massacres, ont brûlé des villages, ont torturé et ont pris part à de nombreuses attaques contre le peuple kurde. Ils sont des ennemis de l’humanité.
Ils ont toujours soutenu les tortures, les massacres et la politique étatique de destruction du peuple kurde.
Une admiration interne pour le kémalisme
On laisse de côté ce débat sur l’intégrité du manifeste, pour discuter de la participation de certaines organisations lors de ce rassemblement à Taksim. Par exemple, DISK, KESK, TMMOB, TTB, Halkevleri, TOPG, EMEP, EHP …
Elles ne se sont pas déplacées seulement « contre le coup d’état et contre l’AKP » comme elles essaient de le prouver; ce qui se cache surtout derrière ce rassemblement est une admiration interne pour le kémalisme. De ce fait entre AKP et CHP, le choix se porte sur le CHP qu’elles considèrent plus progressiste. Il est clair qu’elles se servent du CHP comme d’un refuge.
Bien sûr, c’est exactement là que nous devrions tracer une ligne de démarcation. Il est nécessaire de créer ou de trouver un lieu pour que les révolutionnaires et les progressiste puissent s’exprimer sur ce coup d’état et sur les actions de l’AKP. Cette quête est significative à cet égard. Toutefois, que la réponse à cette quête se trouve être de préférence pour le CHP, cela révèle une contradiction chez les progressistes de Turquie .
Surtout qu’un jour auparavant le HDP avait organisé un rassemblement, auquel participaient les révolutionnaires et les progressistes. Mais certains avaient d’autres préférences.
Peut-être est-il trop tôt pour le dire, mais jusqu’à aujourd’hui, depuis le mouvement de Gezi jusqu’au soutien à la révolution de Rojava, des manifestations aux frontières pour Kobane jusqu’aux élections du 7 juin, entre le mouvement nationaliste kurde, les révolutionnaires de Turquie et les mouvements progressistes une distance est entrain de s’installer et certains se retirent de cette solidarité commune.
La maladie depuis 68 jusqu’à maintenant : « on attribut au kémalisme le progressisme »
Il faut mettre dire ce qu’il en est de la participation au rassemblement de CHP : certains donnent une mission progressiste et rédemptrice au CHP et au kémalisme. En Turquie, cette chose n’est pas nouvelle pour les mouvements révolutionnaires et progressistes, depuis la génération de 68 les mouvements révolutionnaire ont systématiquement été entachés par cette idée.
À chaque fois qu’un parti islamiste sera au pouvoir, certains révolutionnaires, réformistes, opportunistes se tourneront vers le CHP et espéreront que ce dernier arrive au pouvoir.
À cet égard, la critique la plus nette et claire léguée au mouvement révolutionnaire en Turquie est celle faite par notre camarade Ibrahim Kaypakkaya : «  Dans notre pays, tout un tas de cliques révisionnistes et opportunistes font la même chose, en particulier en ce qui concerne la question du kémalisme. Les opinions idéalistes de la moyenne bourgeoisie sont contraires à la réalité en ce qui concerne le kémalisme et elles ont établi un tel monopole dans la tête des gens qu’il est devenu pratiquement impossible de faire une évaluation communiste de celui-ci. Nous savons bien que nos opinions sur le sujet du kémalisme tomberont sur les pieds de tous les courants bourgeois et « petit bourgeois » comme ceux de Cetin Altan, D. Avcioglu et Ilhan Selcuk jusqu’à M. Belli, H. Kivilcimli, TKP, THKP-THKC, THKP et sur les révisionnistes Safak, et les mettront en colère. 
Mais plutôt que de sauter de colère, ne serait-il pas plutôt nécessaire pour eux d’analyser plus sérieusement l’histoire de la Turquie, de s’efforcer de la saisir correctement ? Les réalités de la Turquie nous disent que :
Le kémalisme signifie un anti-communisme fanatique. Les kémalistes ont brutalement lynchés M. Suphi et 14 de ses camarades. […] Le kémalisme signifie la répression sanglante et violente de la lutte de classe des masses ouvrières et paysannes, de la petite bourgeoisie urbaine […] Le kémalisme symbolise la chaîne qui lie toutes sortes d’idées progressistes et démocratiques […] Le kémalisme signifie l’incitation au chauvinisme turc dans toutes ses sphères, la mise en œuvre d’une oppression nationale impitoyable envers les minorités nationales, la turquisation forcée et les massacres » (I. Kaypakkaya, Œuvres complètes, p. 109-110)
La réponse la plus claire à ce qui s’est passé ce dimanche 24 juillet est encore celle du camarade Kaypakkaya.
Pour combattre un parti fasciste, on ne doit pas soutenir un autre parti fasciste.
Ne nous mentons pas, ne poussons pas la population à faire un choix entre les partis de la classe dirigeante.
Oui, nous ne pouvons pas laisser faire ça !
Surtout que  » le nouveau conquérant de Taksim « , Kilicdaroglu, n’a rien déclaré sur l’état d’urgence qui s’apprête à assombrir nos rues.

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