Saturday, March 16, 2019

Nouvelle Zélande : un attentat fasciste - la cause du peuple





En se basant sur les théories racistes en vogue, le mouvement fasciste qui croît partout dans le monde a encore tué. Il devient de plus en plus urgent d’organiser l’autodéfense populaire
Dans la journée du 14 Mars en Nouvelle-Zélande, au moins quatre terroristes, préparés et coordonnés, ont attaqué des lieux de culte musulmans, dans la ville de Christchurch principalement. Ils ont causé, au moins, 50 morts.
On ne peut pas décrire de manière pudique, sobre et respectueuse, l’éprouvante vidéo que le terroriste fasciste a réalisé lui-même, en direct, alors qu’il commettait son massacre. On ne peut que dire que celle-ci a été mise en scène. Mise en scène pour ressembler à une scène de film, à un «meme» internet truffés de références obscure à des forums anglo-saxons qui a, depuis quelques années déjà, été surexploitée par les milieux fascistes et réactionnaires à des fin politiques.

En fond sonore, on peut entendre une musique serbe de la guerre de Bosnie à la gloire de Karadzic, souvent utilisée comme gimmick raciste et anti-musulmans sur internet. A la fin, le tueur mentionne le nom de « PewDiePie », célèbre vidéaste anglophone aux dizaines de millions d’abonnés qui a plusieurs fois partagé les textes d’auteurs réactionnaires et racistes.
Cette mise en scène n’est bien sûr pas désintéressée, son but est que cela soit massivement partagé, touche une communauté précise déjà fortement gagnée aux idées fascistes et soit réduit en détournement cyniques.
Mais le plus intéressant reste le manifeste politique que l’assassin a publié avant de commettre son crime. Si lui aussi est plein de références glauques à la sous-culture d’internet, il frappe avant-toute chose par son actualité. Présenté sous forme de questions-réponses, l’auteur explique point par points ce qui a motivé son geste. Aucune trace ici du délire psychopathe d’un néonazi marginal. Au contraire un discours que l’on a trop pris l’habitude d’entendre dans la bouche de « conservateurs » « polémistes » et «patriotes » surmédiatisés, et dont les livres s’écoulent par dizaines de milliers : le discours fasciste sur le «Grand remplacement », sur la nécessité de sauver l’identité et la nation blanche du danger de l’immigration et des musulmans nous « colonisant » avec leur « natalité supérieure ».
Si on peut s’amuser de l’ironie qu’un tel discours soit tenu par un Australien en Nouvelle-Zélande, donc par un descendant de colons sur une terre volée, on ne manquera pas non plus de voir à qui nous est du ce genre de théories, et donc, qui est responsable de cet attentat idéologiquement et politiquement. La théorie dite du « grand remplacement » nous vient d’abord de Renaud Camus (que le terroriste cite de manière explicite). Elle a été ensuite abondamment reprise par des gens comme Zemmour, et, de manière plus ou moins édulcorée, par d’autres politiciens réactionnaires et islamophobes comme Finkielkraut et bien sûr Marine Le Pen.
Le discours raciste et islamophobe et aujourd’hui un des principaux arguments politiques de la bourgeoisie réactionnaire et de ses soutiens fascistes. Il présente deux avantages pour eux : d’une part stigmatiser, opprimer et surexploiter la communauté « musulmane » (et d’une manière générale, les prolétaires d’origine immigrée) afin de les intégrer de force, voir pour certains de les déporter de masse pour renforcer leur emprise impérialiste et coloniale. De l’autre, celle de renforcer l’insertion de l’idéologie fasciste dans la population blanche et de désigner les musulmans comme bouc émissaire.
C’est en somme un pilier fondamental du fascisme moderne, un discours d’une grande popularité que l’on entend partout et dont le massacre d’hier, et d’autres massacres ayant visés des musulmans au cours des années précédentes sont le produit direct. Et bien loin d’affaiblir cette idéologie et le mouvement qu’il produit, de tels actes le renforcent.
Les réactions de certains journalistes et politiques ne se sont pas fait attendre : Zineb el Rhazoui, journaliste proche du printemps républicain a souligné que cet attentat était le produit du modèle « multiculturaliste anglo saxon », et le sénateur nationaliste australien Fraser Anning a déclaré que cet attentat était le résultat de « l’immigration massive ».
Si certains habitués de ce genre de théories, en France notamment, se sont pour le moment contentés de « condamner », on se doute qu’ils se serviront de leurs couverture médiatique massive pour parler de cet attentat à leurs faveurs, mettant sur le tapis une situation de quasi guerre civile et faisant, en substance, du chantage à la récidive. On pourrait sans doute écrire à l’avance la chronique des réactionnaires les plus virulents et ouverts sur de tels sujet tant elle est prévisible : « Je vous avais prévenu sur la guerre raciale, intégrez-vous, obéissez, ou bien il y’aura d’autres attaques similaires » Les milices fascistes armées et terroristes ne sont pas des déviations extrémistes du nationalisme institutionnel et médiatique, elles le servent directement et le renforcent.

Il n’existe qu’un moyen de lutter contre ce fascisme qui grandit et sème la mort un peu plus chaque jours : la riposte, l’organisation de l’autodéfense populaire et la lutte révolutionnaire contre le système capitaliste qui renforce et alimente ce mouvement. Nous devons organiser en tant que classe car nous sommes tous menacés par ce phénomène ; nous devons aussi favoriser l’autodéfense de ceux qui sont aujourd’hui la cible principale de des assassins : les musulmans, et les prolétaires immigrés en général. 

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