Un an après l'assassinat de Sakine CANSIZ, Fidan DOGAN et Leyla SOYLEMEZ, exigons la vérité
Trois militantes kurdes ont été froidement exécutées
il y a maintenant un an alors qu’elles se trouvaient dans les locaux du
Centre d’information du Kurdistan (CIK). Il s’agit de Sakine CANSIZ, une
des co-fondatrices du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) ; Fidan
DOGAN, présidente du CIK ; Leyla SOYLEMEZ.
Nous nous mobilisons aujourd'hui avec les camarades
kurdes car en tant que militant-e-s vivant dans l'Etat français, nous
refusons de laisser assassiner impunément des militantes étrangères sur
notre sol. Nous voulons que celles et ceux qui fuient la répression dans
leur pays puissent trouver la sécurité chez nous. Nous ne faisons pas
confiance à l'Etat pour qu'il garantisse la sécurité des réfugié-e-s
politiques progressistes sur son territoire, nous pensons que c'est aux
militant-e-s et à la classe ouvrière de l'Etat français de serrer les
rangs autour des réfugié-e-s politiques. C'est la solidarité de classe
qui garantit que notre pays soit une terre d'asile pour elles et eux, et
non pas l'Etat.
D'autre part, nous ne faisons pas non plus confiance à
la justice bourgeoise pour qu'elle fasse la lumière sur l'assassinat
des trois militantes kurdes. Nous refusons de nous contenter de
l'incarcération d'un exécutant. La responsabilité de cet assassinat,
c'est sur l'Etat turc que nous la portons. Nous accusons également la
France de complicité avec ces assassinats. En effet, la France
entretient des liens économiques avec la Turquie et est engagée
politiquement dans le soutien à la politique de répression meurtrière
qu'elle fait subir à ses opposant-e-s kurdes, communistes, alevis, LGBT.
La Truquie a récemment demandé l'extradition de Pinar Selek, militante
LGBT condamnée à perpétuité en Turquie, et nous la soutiendrons si
besoin est.
Les rapports entre l'Etat turc et le PKK
En ce début d’année 2013, les autorités turques
poursuivaient pas-à-pas les pourparlers engagés fin décembre avec
Abdullah ÖCALAN, chef du PKK emprisonné sur l’île d’Imrali depuis 1999.
Le dialogue entre le leader kurde et les services de renseignements
turcs, est présenté comme intégrant « un processus de paix » devant
mettre fin aux affrontements armés. Ce processus de paix a été initié
suite à la grève de la faim de 10 000 prisonniers politiques en Turquie
qui dénonçaient les conditions d'incarcération d'Abdhullah ÖCALAN.
L’accord de principe étant le désarmement du PKK en échange de droits
accordés à la minorité kurde par une refonte de l’Etat (nouvelle
constitution). Or ni les Kurdes ni les forces progressistes et
communistes de Turquie n'étaient dupes : chacun est conscient des
manœuvres de l’Etat turc en vue d’éradiquer une bonne fois pour toute le
mouvement kurde de libération nationale.
L'entrée en pourparlers ne signifie pas l'arrêt de la
répression de la part de la bourgeoisie, comme nous l'apprend l'exemple
basque. Nous rappelons que des militants basques continuent d’être
arrêtés et incarcérés en France et en Espagne via une étroite
collaboration des services de polices des deux pays. D’ailleurs, le
Premier ministre turc, Recep Tayyip ERDOGAN, exclue toute hypothèse de
libération du leader kurde de même qu’une amnistie générale au profit
des prisonniers politiques kurdes.
Il est évident que l'assassinat des trois militantes kurdes à Paris est lié à ce contexte de négociations.
Les négociations se sont poursuivies. Au mois de Mars
dernier, Abdhullah ÖCALAN a appelé le PKK à la trêve, la quatrième
depuis le début de la lutte armée en 1984. ÖCALAN est toujours en
prison, de même que les militant-e-s kurdes incarcéré-e-s dans les
prisons de l'Etat Turc. Ils ont été rejoint par les militant-e-s
arrêté-e-s pendant l'important mouvement qui a vu s'affronter la
jeunesse et la police autour de la place Taksim. Avec la crise du
capitalisme, les contradictions de classe s'approfondissent encore plus
en Turquie. Le gouvernement d'ERDOGAN, de plus en plus violemment
réactionnaire, est aujourd'hui remis en question.
La France complice de la répression en Turquie
Lorsque Nicolas Sarkozy faisait des appels du pied à
la communauté arménienne en période pré-électorale autour de la question
du génocide arménien, cela était encore une fois une hypocrisie
incroyable. En effet, derrière les déclarations droit-de-l'hommistes de
nos gouvernants, dans les faits, c'est un soutien à la répression en
Turquie comme sur son territoire qu'apporte la France à la Turquie.
En octobre 2000, des centaines de prisonnier-e-s
politiques turc-que-s et kurdes ont entamé une grève de la faim et de la
soif, souvent jusqu’à la mort pour empêcher la construction de prisons
cellulaires de type F, prisons laissant les détenus totalement à la
merci de leurs geôliers et permettant la « torture blanche » par
isolement sensoriel. Deux mois plus tard, l’armée et la police ont donné
l’assaut à une vingtaine de prisons pour casser le mouvement,
massacrant 28 prisonnier-e-s. Ces prisons avaient été vendues à l’État
turc par le gouvernement Jospin, un gouvernement qui se voulait « de
gauche » d’un pays qui se voulait « le pays des droits de l’homme ».
Depuis, la collaboration de l’État français avec
l’État turc ne s’est pas démentie, cette collaboration n’est pas une
simple complicité mais bien une coopération dans la lutte contre les
forces révolutionnaires, ennemi commun des deux États.
La Turquie comptait 8010 prisonnier-e-s politiques en
2011 (chiffre officiel), 96 journalistes prisonnier-e-s en 2012, deux
records mondiaux, et pourtant l’État français continue à considérer la
Turquie comme un « pays sûr » et à piétiner les droits des réfugié-e-s
politiques turc-que-s et kurdes. En 2011, des accords, signés entre le
ministre français des affaires étrangères Claude Guéant et son homologue
Turc Idris Naim Sahin, instauraient une collaboration judiciaire
poussée entre les deux États en matière de « traitement » des militants
politiques Kurdes sur le sol français. Ces accords n'ont pas été remis
en cause par Manuel Valls.
Mieux : non content d’expulser ces réfugié-e-s, l’État français les emprisonne. Il y a aujourd’hui 300 prisonnier-e-s politiques originaires de Turquie et du Kurdistan-Nord dans les prisons françaises,
comme notre camarade Nezif Eski qui a fait une longue grève de la faim
au printemps dernier pour protester contre les fouilles corporelles
déshonorantes des matons de Fresnes.
Si les militant-e-s communistes et progressistes de
Turquie et du Kurdistan-Nord sont impitoyablement traqué-e-s par l’État
français, les assassins gouvernementaux et fascistes turcs jouissent par
contre d’une impunité quasi-totale sur le territoire français. Ainsi le
21 janvier 2012, une manifestation contre la reconnaissance du génocide
arménien a réuni tout le gratin de l’extrême-droite turque de France et
des pays voisins, avec la bénédiction de la préfecture. Le
criminel international Yusuf Ziya Arpacik, responsable de nombreux
meurtres et attentats pour le compte de l’organisation fasciste
politico-mafieuse des « loups gris » a ainsi pu tranquillement venir de
Turquie, manifester et rencontrer ses réseaux sur place. Tout cela au vu
et au su de la police antiterroriste française (DCRI) qui s’est
contenté de faire fuiter une note interne dans la presse pour prouver
que tout était sous contrôle. Tout était tellement sous contrôle que,
moins d’un an plus tard, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan
Dogan (Rojbin) et Leyla Soylemez étaient lâchement exécutées d’une balle
dans la tête en plein Paris.
Nous exigeons que la lumière soit faite sur cet
assassinat et affirmons une fois de plus notre soutien au peuple kurde.
Nous appelons toutes les forces communistes et progressistes à se
joindre aux initiatives qui ont lieu afin de protester contre cet acte
barbare. Nous devons faire en sorte que cela ne se reproduise plus
jamais. Nous devons être solidaires avec tous les peuples opprimés du
monde, nous opposer à la participation de la France à la répression
contre ces peuples. Nous devons opposer à l'Etat français un rapport de
force qui l'oblige à ne plus laisser commettre ces assassinats sur son
territoire.
Contre la répression, construisons la solidarité entre les peuples !
Dénonçons la complicité de l'Etat français dans la répression contre le peuple kurde !
PCFM/OCFR
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