Au
premier tour comme au second, on constate un taux d'abstention élevé :
plus de 50 % des inscrits en comptant les blancs. Constat : le « parti »
des abstentionnistes est majoritaire, auquel il faut ajouter les
non-inscrits, nombreux parmi les jeunes et les immigrés qui n'ont pas de
droit de vote. On atteint alors plus de 60 % de la population qui n'a
pas participé aux élections. Cette tendance à l'abstention n'est pas
récente : il y a bien rejet massif des gouvernements, qu'ils soient de
gauche ou de droite, et plus largement un rejet de la « politique
politicienne » qui n'a aucune alternative à proposer au capitalisme.
Le gouvernement actuel a subi une défaite cinglante au profit de la droite et de l'extrême-droite.
En tout, l'UMP-UDI a obtenu 1260
conseillers ; le PS 774 ; le FN 62 (avec la Ligue du Sud). Le total des
voix de droite s'élève à un peu plus de 8 millions, celles de gauche
autour de 5 millions et celles d'extrême-droite à plus de 4,2 millions.
En apparence le FN a peu progressé, mais
c'est une élection locale, pas nationale. Il n'y a pas eu d'élections à
Paris, ni à Lyon. Le FN s'est implanté localement, notamment dans des
cantons ouvriers : Hénin-Beaumont et Lens et environs, Lille et
environs, Hirson, dans la Meuse, St Dizier, Châlons en Champagne, Somme,
Aisne, Oise. Au Sud : Berre l'Etang, Brignomes, Fréjus, Toulon,
Carpentras, Orange, Béziers, le Gard…
La montée des scores électoraux du FN
est liée à l'approfondissement de la crise et ses conséquences : montée
continuelle du chômage, réduction des prestations sociales, réduction et
destruction des droits sociaux, augmentation considérable de la
précarité, privatisation des services publics, surveillance généralisée
de la population au nom de la lutte contre le terrorisme, ruine de
nombreuses petites et moyennes entreprises.
Le taux d'abstention est le reflet le
plus visible du dégoût des masses vis à vis des partis institutionnels
et inquiète la bourgeoisie. C'est sur cette inquiétude que se développe
le FN, représentant l'aile du capital financier le plus réactionnaire.
Le FN, comme l'ont fait tous les partis fascistes, utilise la politique
du bouc-émissaire (hier les juifs, aujourd'hui les immigrés), afin de
détourner la classe ouvrière du combat de classe.
Les directions des partis et syndicats
de gauche ont liquidé toute orientation révolutionnaire, de lutte de
classe. Elles pratiquent la conciliation de classes, ce qui a pour
résultat un regain de la droite et une montée continue du parti
fasciste.
Le contexte international est différent
d'avant la seconde guerre mondiale : l'URSS était un rempart contre la
bourgeoisie. Elle a été liquidée, ainsi que la Chine socialiste par, la
restauration capitaliste portée la nouvelle bourgeoisie qui s'est
développée au sein des Partis Communistes de ces pays. La grande
majorité des Partis Communistes des pays capitalistes et des pays
opprimés n'ont pas compris ou pas voulu comprendre ce phénomène, ce qui
les a de fait transformés en partis réformistes ayant abandonné toute
stratégie révolutionnaire pour vaincre la bourgeoisie, défendant une
ligne d'intégration au système parlementaire et en définitive de
conciliation de classe.
Aujourd’hui, le FN est sur un boulevard,
ouvert par les partis successifs au pouvoir. Du haut de la tribune que
les médias bourgeois lui offre, il les dénonce comme incapables et tente
de diviser la classe ouvrière en désignant des boucs émissaires
illusoires de la crise : les immigrés. Jamais le FN ne pointe du doigt
la responsabilité de la bourgeoisie impérialiste dans la crise que nous
subissons ! Rien de plus normal, afin d'arriver au pouvoir, le FN entend
bien défendre les intérêts de cette même bourgeoisie. Encore une fois,
le FN cherche à diviser les travailleurs et travailleuses en servant de
la soupe aux illusions, espérant ainsi gagner des voix auprès de celles
et ceux qui n'ont plus d'espoir et qui se disent qu'au mieux, le FN
arrivera à faire quelque chose du pouvoir et qu'au pire, ça fera tout
péter.
La classe ouvrière, les travailleurs et
travailleuses, les petits patrons ruinés, les jeunes sans avenir ne
croient plus aux promesses jamais tenues des partis de droite ou de
gauche, et une partie, dégoûtée, se dit : « après tout essayons le FN ».
C'est un piège mortel. L'histoire nous enseigne que le fascisme ne
représente pas les intérêts de la majorité, c'est à dire de celles et
ceux qui participent à la production de richesse par leur travail
direct, mais de la partie la plus réactionnaire du capital financier,
prête à tout pour garantir un taux de profit le plus élevé possible.
D'autre part, l'incapacité des partis et
fronts dits de gauche à proposer une alternative réelle au capitalisme
désarment politiquement et idéologiquement les travailleurs et
travailleuses et creusent ainsi le lit du fascisme. SYRIZA en Grèce
porte en elle le fruit électoral du mouvement populaire massif qui
secoue le pays depuis plusieurs années. Mais en à peine quelques
semaines, les illusions tombent déjà quant à sa capacité à s'opposer aux
politiques impérialistes de l'Union Européenne, de la Banque Centrale
Européenne et du Fonds Monétaire International. En Espagne, Podemos
porte lui aussi les espoirs des masses populaires qui se sont mobilisées
à plusieurs reprises contre l'austérité imposée par les impérialistes.
Pourtant, il y a tout à parier que même
si Podemos arrive au pouvoir il lui sera impossible de régler quoi que
ce soit car ce que visent ces fronts et mouvements, n'est que la prise
en main du vieil appareil d'Etat qui est taillé sur mesure pour défendre
les intérêts de la bourgeoisie. Déjà Marx nous avait éclairé sur ce
point dans son analyse de la Commune de Paris : « Mais la classe
ouvrière ne peut pas se contenter de prendre tel quel l'appareil d'État
et de le faire fonctionner pour son propre compte. » (La Guerre civile en France, 1871). Ce que Lénine a analysé plus complètement encore dans L'Etat et la Révolution, 1917 : «
Marx a précisément enseigné que le prolétariat ne peut pas se contenter
de conquérir le pouvoir d’État (en ce sens que le vieil appareil d’État
ne doit pas passer simplement en d’autres mains), mais qu’il doit
briser, démolir cet appareil et le remplacer par un nouveau. »
Pour parvenir à cet objectif, il est
plus qu'urgent de construire le Parti Communiste Révolutionnaire dont
l'objectif est la prise du pouvoir, la destruction de l'appareil d’État
bourgeois et son remplacement par celui du prolétariat à la tête des
masses populaires. Un Parti Communiste n'est pas suffisant, il est
nécessaire de construire contre la bourgeoisie un front le plus large
possible regroupant toutes celles et ceux qui veulent vivre dans un
monde où celles et ceux qui travaillent seront maîtres des moyens de
production et pourront alors faire les choix nécessaires pour assurer le
bien-être de toutes et tous, dans un monde où seront éliminées la
guerre, la misère, l'exploitation et la dictature du capital.
Il va de soi, et la montée du fascisme
l'illustre, que la bourgeoisie ne rendra pas le pouvoir de son plein
gré. Elle utilisera son appareil d’État pour conserver ses privilèges,
il faudra se préparer à l'affronter si nous voulons atteindre notre
objectif et nous doter pas à pas de moyens nécessaires pour vaincre,
dans une première phase pour défendre nos luttes, nos conquêtes sociales
arrachées au prix de la sueur et du sang, puis dans une seconde phase,
parvenir à un rapport de forces suffisant pour passer à l'offensive et
renverser la bourgeoisie et substituer à la dictature de la bourgeoisie
celle du prolétariat.
Rejetons les illusions, préparons nous à la lutte !
Le changement passera par la lutte révolutionnaire, pas par les urnes !
Le changement passera par la lutte révolutionnaire, pas par les urnes !
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