Nous avons vivement salué, en mars 2016, la création dans l’État turc d'un Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples (HBDH).
Nous sommes en effet d'avis que la lutte révolutionnaire, face aux urgences posées dans tous les pays par la crise générale du capitalisme, ne peut pas attendre pour être menée que tous les révolutionnaires qui veulent en finir avec le capitalisme et toutes ses oppressions (nationale, raciste, patriarcale) soient d'accord autour d'une direction idéologique unique ; et qu'il faut donc à un moment donné accepter le principe d'une "task force" conjointe, d'une plateforme d'action commune pluraliste ; à partir de quoi, la meilleure ligne idéologique (qui est selon nous le maoïsme) s'imposera d'elle-même devant le "tribunal de la pratique", les idées justes balayeront les idées fausses et il n'y a donc pas à craindre, si l'on croit à son idéologie comme nous y croyons, que la direction de cette ligne ne finisse pas par s'instaurer naturellement.
MAIS BIEN SÛR, il va de soi qu'une telle chose ne peut pas aller sans contradictions ; que la lutte idéologique existera toujours et ne cessera jamais, et qu'il DOIT en être ainsi ; qu'à un certain stade initial, les forces arrivées (pour diverses raisons) en position prépondérante dans le front d'action commune* et tendant à le considérer comme "leur" front peuvent imposer à celui-ci une ligne incorrecte qu'il est du devoir des maoïstes de critiquer ; et en l'occurrence, le HBDH ne compte en effet (en position très minoritaire) que deux forces réellement maoïstes, le MKP et le TKP/ML.
La contradiction, comme nous l'enseigne le maoïsme, est en effet la "vie", le cœur palpitant, le MOTEUR de la politique à travers laquelle les masses font l'Histoire.
Du coup, la contradiction a éclaté... jusqu'au sein même de l'une de ces forces, le TKP/ML...
Le texte qui suit, traduit par nos soins, est signé du Comité central de ce Parti ; et d'après nos informations, ne représenterait et n'engagerait pas la totalité des effectifs [d'après des infos fraîches et plutôt de première main, il semblerait toutefois s'agir d'une position plutôt majoritaire que l'inverse].
Il soulève néanmoins selon nous, au regard de la perspective politique adoptée par un certain nombre de forces révolutionnaires dans cette partie du monde secouée par une grande effervescence révolutionnaire, des questions très intéressantes qui méritent de l'être.
Au sujet de la position adoptée au regard du Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples ; à l'attention des organisations et Partis internationaux frères et amis.
Le 24 mars 2016, le Bureau international (BI) de notre Parti publiait une déclaration intitulée "Aux organisations et Partis internationaux frères et amis". Cette déclaration portait sur le Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples (HBDH – Halkların Birleşik Devrim Hareketi), dont la création venait d'être annoncée le 12 mars 2016. Notre Parti étant au nombre des signataires de cette nouvelle structure, le BI avait l'obligation d'accomplir cette tâche.
À la suite de l'annonce publique de la création de cette structure, et que nous étions l'un des Partis la composant, notre Parti s'est trouvé face à une série de tâches consistant à en comprendre correctement le caractère et le contenu. Nous voulons spécifier ici que notre participation à cette structure est le résultat d'un acte décisionnel qui a outrepassé l'autorité de notre organisation.
Lorsque notre Parti a réalisé pleinement le contenu du programme et de la déclaration fondatrice du HBDH, une discussion interne a été initiée. Cette discussion a porté sur divers points incluant l'outrepassement de l'autorité organisationnelle et le programme de la nouvelle formation. Comme vous pourrez le voir dans la déclaration qui va suivre, une grande partie du programme et de la déclaration fondatrice du HBDH n'est pas en accord avec les options programmatiques, les principes fondamentaux et la ligne politique de notre Parti.
Selon nous, le caractère de cette structure excède celui d'une coordination d'action conjointe. Au regard de la globalité de son programme, de ses objectifs et buts, elle revêt le caractère d'une organisation de type front.
Notre Parti a discuté de cette question de façon globale, et a finalement pris la résolution qu'il serait inapproprié de faire partie de cette structure au regard tant de nos procédures organisationnelles que de nos principes partidaires. Les procédures et les règles de notre Parti n'autorisent pas la direction à assumer l'autorité de rejoindre une telle formation ; les mêmes documents fondamentaux restreignent même l'autorité des conférences pour accepter les principes et objectifs d'une telle formation ; de telles actions sont expressément prohibées.
La discussion interne que nous avons menée a réitéré ces principes une fois de plus. Sur le plan programmatique, beaucoup de points théoriques et politiques ne sont pas en accord avec notre Parti.
Par voie de conséquence, notre Parti a pris la décision de se retirer du HBDH, et de maintenir ses relations avec cette structure et de participer à des actions conjointes avec elle sans en signer le programme.
Lorsque le BI du Parti a rendu publique la précédente déclaration, il n'a fait qu'agir en responsabilité et remplir une de ses tâches courantes. Cette déclaration précédait, évidemment, les discussions internes que nous avons menées depuis. La déclaration qui va suivre ci-après, rectifie la situation et vous fait également part des positions du Parti au regard de ses relations avec le HBDH et de son opinion sur ladite structure.
AU PUBLIC ET ORGANISATIONS ET PARTIS INTERNATIONAUX FRÈRES ET AMIS :
Le 12 mars 2016, la création d'une structure intitulée Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples (HBDH – Halkların Birleşik Devrim Hareketi) était annoncée. [Explication comme quoi un représentant du Parti dans les discussions constitutives a pris l'initiative d'apposer sa signature sous le programme et la déclaration fondatrice du HBDH, dans des conditions qu'il est inutile d'exposer ici car tout le monde les connaît, rendant difficile la communication avec les plus hautes instances de direction et donc une validation préalable de cette décision.]
Depuis lors, faire partie du HBDH, qui a été constitué avec des intentions et des préoccupations révolutionnaires indubitables, a été un sujet de controverse sur le plan idéologique, politique et des principes à l'intérieur du Parti. Le programme du HBDH, sa déclaration fondatrice, ses buts et objectifs, et son fonctionnement organisationnel ont été discutés durant une période considérablement longue à l'intérieur de notre Parti ; pour finalement adopter une position définitive au regard de cette structure. Nous allons ici expliquer sommairement et dans les grandes lignes notre réalité, les positions de notre Parti, notre évaluation du HBDH et les relations que nous souhaitons entretenir avec lui.
Notre Parti en est venu à la conclusion que faire partie du HBDH et être signataire de son programme est inapproprié au regard de ses principes fondamentaux, et de ses perspectives programmatiques qui ne peuvent être modifiées qu'au travers d'une résolution adoptée en congrès. À cet égard, notre Parti le TKP/ML déclare donc en premier lieu à l'attention de nos amis politiques, comme du public que nous ne faisons plus partie intégrante du HBDH.
Les bases sur lesquelles nous ne souhaitons plus participer sont les suivantes :
Nous voulons insister sur le fait que nous considérons le HBDH comme un important et très proche allié, qui agit sur une base révolutionnaire. Nous proposons de mener avec lui une puissante et efficace action conjointe, et accordons la plus grande importance à nous trouver à ses côtés sur tous les terrains de lutte sans pour autant signer son programme. Ne pas participer au HBDH n'est en aucun cas un obstacle pour des actions conjointes avec cette structure, dès lors que ces actions ne contreviennent pas à nos principes et ne portent pas atteinte à notre ligne politique. Nous devons avec la plus grande attention ne rien faire qui puisse empêcher de lutter conjointement avec nos amis contre les attaques fascistes, dans la lutte nationale démocratique de la Nation kurde, face aux problèmes subis par toutes les couches opprimées de la société, et dans la lutte de libération nationale en Rojava. Nous accordons la plus grande importance à la création de conditions favorables à ces actions conjointes contre nos ennemis sur le plan politique, militaire et démocratique. Toutes nos sections doivent regarder le HBDH comme notre plus proche allié et s'efforcer d'unifier les actions et les luttes pratiques, et dans ce contexte établir des relations stables et inébranlables. Partant du principe d'un effort similaire de leur part, nous croyons fermement que ces actions conjointes pourront affaiblir l'ennemi et renforcer nos rangs vers un niveau supérieur de part et d'autre. Nous espérons réussir à mener le plus tenace, décisif et victorieux processus pour élever la lutte à un niveau supérieur, vaincre le fascisme et élargir le domaine de la lutte révolutionnaire démocratique.
Salutations révolutionnaires.
Septembre 2016 - TKP/ML
Nous sommes en effet d'avis que la lutte révolutionnaire, face aux urgences posées dans tous les pays par la crise générale du capitalisme, ne peut pas attendre pour être menée que tous les révolutionnaires qui veulent en finir avec le capitalisme et toutes ses oppressions (nationale, raciste, patriarcale) soient d'accord autour d'une direction idéologique unique ; et qu'il faut donc à un moment donné accepter le principe d'une "task force" conjointe, d'une plateforme d'action commune pluraliste ; à partir de quoi, la meilleure ligne idéologique (qui est selon nous le maoïsme) s'imposera d'elle-même devant le "tribunal de la pratique", les idées justes balayeront les idées fausses et il n'y a donc pas à craindre, si l'on croit à son idéologie comme nous y croyons, que la direction de cette ligne ne finisse pas par s'instaurer naturellement.
MAIS BIEN SÛR, il va de soi qu'une telle chose ne peut pas aller sans contradictions ; que la lutte idéologique existera toujours et ne cessera jamais, et qu'il DOIT en être ainsi ; qu'à un certain stade initial, les forces arrivées (pour diverses raisons) en position prépondérante dans le front d'action commune* et tendant à le considérer comme "leur" front peuvent imposer à celui-ci une ligne incorrecte qu'il est du devoir des maoïstes de critiquer ; et en l'occurrence, le HBDH ne compte en effet (en position très minoritaire) que deux forces réellement maoïstes, le MKP et le TKP/ML.
La contradiction, comme nous l'enseigne le maoïsme, est en effet la "vie", le cœur palpitant, le MOTEUR de la politique à travers laquelle les masses font l'Histoire.
Du coup, la contradiction a éclaté... jusqu'au sein même de l'une de ces forces, le TKP/ML...
Le texte qui suit, traduit par nos soins, est signé du Comité central de ce Parti ; et d'après nos informations, ne représenterait et n'engagerait pas la totalité des effectifs [d'après des infos fraîches et plutôt de première main, il semblerait toutefois s'agir d'une position plutôt majoritaire que l'inverse].
Il soulève néanmoins selon nous, au regard de la perspective politique adoptée par un certain nombre de forces révolutionnaires dans cette partie du monde secouée par une grande effervescence révolutionnaire, des questions très intéressantes qui méritent de l'être.
http://ikk-online.org/statement-of-our-party-communist-party-of-turkey-marxist-leninist-tkp-ml.html
Déclaration de notre Parti, le Parti communiste de Turquie / marxiste-léniniste
Au sujet de la position adoptée au regard du Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples ; à l'attention des organisations et Partis internationaux frères et amis.
Le 24 mars 2016, le Bureau international (BI) de notre Parti publiait une déclaration intitulée "Aux organisations et Partis internationaux frères et amis". Cette déclaration portait sur le Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples (HBDH – Halkların Birleşik Devrim Hareketi), dont la création venait d'être annoncée le 12 mars 2016. Notre Parti étant au nombre des signataires de cette nouvelle structure, le BI avait l'obligation d'accomplir cette tâche.
À la suite de l'annonce publique de la création de cette structure, et que nous étions l'un des Partis la composant, notre Parti s'est trouvé face à une série de tâches consistant à en comprendre correctement le caractère et le contenu. Nous voulons spécifier ici que notre participation à cette structure est le résultat d'un acte décisionnel qui a outrepassé l'autorité de notre organisation.
Lorsque notre Parti a réalisé pleinement le contenu du programme et de la déclaration fondatrice du HBDH, une discussion interne a été initiée. Cette discussion a porté sur divers points incluant l'outrepassement de l'autorité organisationnelle et le programme de la nouvelle formation. Comme vous pourrez le voir dans la déclaration qui va suivre, une grande partie du programme et de la déclaration fondatrice du HBDH n'est pas en accord avec les options programmatiques, les principes fondamentaux et la ligne politique de notre Parti.
Selon nous, le caractère de cette structure excède celui d'une coordination d'action conjointe. Au regard de la globalité de son programme, de ses objectifs et buts, elle revêt le caractère d'une organisation de type front.
Notre Parti a discuté de cette question de façon globale, et a finalement pris la résolution qu'il serait inapproprié de faire partie de cette structure au regard tant de nos procédures organisationnelles que de nos principes partidaires. Les procédures et les règles de notre Parti n'autorisent pas la direction à assumer l'autorité de rejoindre une telle formation ; les mêmes documents fondamentaux restreignent même l'autorité des conférences pour accepter les principes et objectifs d'une telle formation ; de telles actions sont expressément prohibées.
La discussion interne que nous avons menée a réitéré ces principes une fois de plus. Sur le plan programmatique, beaucoup de points théoriques et politiques ne sont pas en accord avec notre Parti.
Par voie de conséquence, notre Parti a pris la décision de se retirer du HBDH, et de maintenir ses relations avec cette structure et de participer à des actions conjointes avec elle sans en signer le programme.
Lorsque le BI du Parti a rendu publique la précédente déclaration, il n'a fait qu'agir en responsabilité et remplir une de ses tâches courantes. Cette déclaration précédait, évidemment, les discussions internes que nous avons menées depuis. La déclaration qui va suivre ci-après, rectifie la situation et vous fait également part des positions du Parti au regard de ses relations avec le HBDH et de son opinion sur ladite structure.
AU PUBLIC ET ORGANISATIONS ET PARTIS INTERNATIONAUX FRÈRES ET AMIS :
Le 12 mars 2016, la création d'une structure intitulée Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples (HBDH – Halkların Birleşik Devrim Hareketi) était annoncée. [Explication comme quoi un représentant du Parti dans les discussions constitutives a pris l'initiative d'apposer sa signature sous le programme et la déclaration fondatrice du HBDH, dans des conditions qu'il est inutile d'exposer ici car tout le monde les connaît, rendant difficile la communication avec les plus hautes instances de direction et donc une validation préalable de cette décision.]
Depuis lors, faire partie du HBDH, qui a été constitué avec des intentions et des préoccupations révolutionnaires indubitables, a été un sujet de controverse sur le plan idéologique, politique et des principes à l'intérieur du Parti. Le programme du HBDH, sa déclaration fondatrice, ses buts et objectifs, et son fonctionnement organisationnel ont été discutés durant une période considérablement longue à l'intérieur de notre Parti ; pour finalement adopter une position définitive au regard de cette structure. Nous allons ici expliquer sommairement et dans les grandes lignes notre réalité, les positions de notre Parti, notre évaluation du HBDH et les relations que nous souhaitons entretenir avec lui.
Notre Parti en est venu à la conclusion que faire partie du HBDH et être signataire de son programme est inapproprié au regard de ses principes fondamentaux, et de ses perspectives programmatiques qui ne peuvent être modifiées qu'au travers d'une résolution adoptée en congrès. À cet égard, notre Parti le TKP/ML déclare donc en premier lieu à l'attention de nos amis politiques, comme du public que nous ne faisons plus partie intégrante du HBDH.
Les bases sur lesquelles nous ne souhaitons plus participer sont les suivantes :
1. Au
regard de son fonctionnement, de ses buts et de ses objectifs
programmatiques, le HBDH est une organisation de type "front". Il a des
assertions, au regard de ses buts et de son style de travail, qui
excèdent le cadre d'une simple action conjointe dans laquelle des
organisations politiques différentes convergeraient. À ce stade, la
question d'un Front populaire uni est une question de principe pour
notre Parti. Les conditions de formation d'un tel Front, que nous
considérons comme une des trois principales armes du peuple et de la
révolution populaire démocratique, sont claires dans le programme de
notre Parti comme dans le marxisme-léninisme-maoïsme (MLM) qui est la
théorie qui nous guide : notre Parti n'envisage une telle structure que
sous sa direction politique et idéologique. Parmi les conditions
nécessaires à la formation d'une telle structure, notre Parti doit avoir
atteint un certain niveau de direction politique, idéologique et
organisationnelle concrète [sur les luttes] et la structure doit être en
ligne avec l'objectif de la révolution populaire démocratique et les
intérêts de classe du prolétariat. Dans le contexte actuel, ces
conditions sont inexistantes.
2. Le
programme du HBDH a élargi la définition de la révolution dans un pays,
qui est une des conceptions essentielles de notre Parti. Notre Parti
vise la révolution dans notre pays comme tâche immédiate et primordiale.
C'est un principe fondamental. Le HBDH, lui, définit sa mission comme
faire partie d'une grande révolution générale dans toute la région du
Proche-Orient. Une telle définition est contraire à notre compréhension
de la révolution en accord avec le MLM, qui envisage de développer les
perspectives révolutionnaires conformément aux conditions spécifiques de
chaque pays. Nous comprenons le véritable internationalisme comme
chaque pays menant à bien sa propre révolution. Apporter un soutien
militaire et politique, logistique et organisationnel actif à des
révolutions qui peuvent émerger dans les autres pays de notre région du
monde, est une autre tâche. De notre point de vue, les révolutions
doivent être spécifiquement fomentées dans chaque pays, et tenter
d'unifier ces différentes révolutions dans un seul programme
révolutionnaire commun est foncièrement incompatible avec la réalité.
Nous pensons qu'une telle approche dérive du trotskysme, et fait
obstacle au développement des révolutions dans chaque pays. Nous sommes
sans l'ombre d'un doute tenus par le principe d'analyse concrète des
conditions concrètes, tel que posé par le MLM. Une révolution régionale
ne peut être une perspective que sur la base de cette analyse concrète
des conditions concrètes. N'observant pas concrètement ce phénomène à
l'instant où nous parlons, de notre point de vue cet aspect du programme
du HBDH représente une déviation et contrevient à notre idéologie et à
nos principes.
3. Le
programme du HBDH présente une approche et une solution à la question
nationale kurde. Au-delà de son caractère désordonné et éclectique, en
substance, l'aspect sous-jacent du programme sur ce point est une mise
en avant de l'autonomie démocratique. Comme nous le savons bien,
l'autonomie démocratique est un substitut réformiste au principe
léniniste du droit à l'autodétermination nationale. Bien que nous
puissions considérer l'autonomie démocratique comme un programme
démocratique et progressiste pour la question nationale kurde, de notre
point de vue la solution à cette question nationale ne peut être que
l'autodétermination sur la base d'une pleine égalité des droits. Telle
est notre position de principe en la matière. Nous pensons que toute
autre solution n'est pas en mesure d'apporter une liberté totale à la
Nation kurde et échouera à assurer l'égalité des nations, risquant au
contraire de préserver les privilèges de la nation dominante, ce que
nous ne pouvons accepter. Dans ce contexte, nous considérons essentiel
de pouvoir maintenir une position critique et une lutte idéologique
contre l'autonomie démocratique comme alternative au droit à
l'autodétermination nationale, bien que nous puissions reconnaître et
soutenir son contenu démocratique. L'approche programmatique du HBDH est
donc inacceptable pour nous sur le plan des principes. Elle n'est pas
compatible avec l'idéologie prolétarienne que nous représentons : c'est
une contradiction. Nous disons oui à l'action conjointe pour toute lutte
pour les droits démocratiques, au-delà de nos différences, mais nous ne
pouvons cependant accepter une coopération autour de l'axe d'un tel
programme.
4. Au
regard de la définition de la révolution, nous avons une différence
idéologique essentielle. Nous pensons que définir chaque révolution
selon son caractère politique est incontournable. Nous pensons que des
définitions imprécises telles que "Révolution de Rojava", "Révolution du
Printemps arabe" ou "Révolution moyen-orientale" sont inappropriées. La
révolution dite "de Rojava" représente un certain degré de révolution.
Toutefois, nous avons défini ce processus comme une lutte de libération
nationale [Note SLP : donc interclassiste,
et donc soumise à l'impératif de ne pas servir l'oppression des peuples
voisins, qui subissent eux aussi la domination impérialiste].
Nous devons aussi attirer l'attention sur le fait que c'est un processus
loin d'être achevé. Nous estimons qu'une tentative révolutionnaire de
libération nationale est à l'œuvre, et nous avons été d'ardents soutiens
de celle-ci. Cependant, nous ne sommes pas d'accord pour élaborer un
programme commun autour d'une lutte révolutionnaire sans en avoir
déterminé l'essence, le caractère et le contenu de classe. Le HBDH a
quant à lui assumé une telle tâche. Sur cette base, nous estimons que le
HBDH est de nature à nous éloigner de notre définition de la révolution
populaire démocratique et de sa direction. C'est là une question de
principe programmatique. C'est par conséquent inacceptable.
5. La
déclaration fondatrice du HBDH contient aussi une assertion quant à un
processus qui évoluerait vers une "guerre mondiale totale". Nous
persistons à affirmer pour notre part qu'il s'agit d'un processus
révolutionnaire. Nous ne voyons pas la "guerre mondiale totale" comme
une évaluation politique correcte de la situation dans le contexte où
nous nous trouvons. Une telle évaluation devrait exiger de revoir toute
la direction générale, la politique d'alliances et la stratégie
militaire, ainsi que les plus basiques slogans et objectifs. Nous ne
voyons pas une telle reconfiguration comme appropriée au regard des
circonstances. C'est donc une assertion problématique.
6. Le
programme du HBDH contient aussi une très problématique analyse du
fascisme. Le programme et la déclaration semblent en effet réduire le
fascisme à l'actuel gouvernement Erdogan en place, ce qui revient à
occulter son caractère de forme étatique. Notre Parti considère l'État
turc comme fasciste depuis la création de la république (1923). Nous
considérons les gouvernements comme de simples instruments sous
l'autorité de l'appareil d'État. Dans ce contexte, une analyse du
fascisme réduisant celui-ci à l'AKP ne fait qu'occulter la réelle nature
de l'État. De telles simplifications visent sans doute à focaliser la
propagande sur une cible bien spécifique. Cependant, nous percevons dans
l'analyse du fascisme du programme du HBDH une confusion qui va bien
au-delà. Ceci peut conduire à rendre la compréhension des contradictions
politiques et sociales émergentes plus difficile, et ouvrir la voie à
des erreurs politiques affectant la politique d'alliances. Cette
confusion peut affaiblir la lutte stratégique contre les partis
fascistes qui s'opposent à l'AKP, et déboucher sur des approches très
problématiques à cet égard [on peut penser
ici à des perspectives de renversement d'Erdogan qui ne feraient que
ramener le fascisme kémaliste "de gauche" tel qu'il régnait avant son
accession au pouvoir...]. Elle peut conduire à une vision
abstraite des alliances stratégiques et tactiques. Notre Parti ne doit
pas participer à une telle confusion. Nous considérons cette question
comme essentielle pour diriger la classe ouvrière et les couches
sociales opprimées vers les cibles politiques correctes, éveiller leur
vigilance, conquérir l'avenir et donner confiance au peuple, et saisir
la réalité le plus parfaitement possible. Nous ne devons jamais préférer
des succès tactiques momentanés qui pourraient aveugler la conscience
populaire sur les objectifs stratégiques, aux objectifs stratégiques en
question. Nous voyons cette analyse confuse, imprécise et erronée du
HBDH sur le fascisme dans notre pays, comme inappropriée. Nous estimons
qu'avec une telle approche, attaquer le fascisme comme système politique
est impossible, et que cela risque de renforcer les tendances
réformistes et les "solutions" intra-système. Une telle éducation
politique prodiguée aux larges masses, ne peut que les désarmer
politiquement et affaiblir leur conscience révolutionnaire.
Voilà quels sont nos points essentiels
d'objection au programme du HBDH sur la base de nos principes et de
notre programme. Parallèlement, nous avons un certain nombre d'autres
critiques mais celles-ci sont l'objet d'une plus vaste mais
non-essentielle discussion de principe. Nous voulons surtout mettre en
avant et nous attaquer aux contradictions qui se situent à un niveau
programmatique, c'est dans ce cadre que se situent nos principales
objections.Nous voulons insister sur le fait que nous considérons le HBDH comme un important et très proche allié, qui agit sur une base révolutionnaire. Nous proposons de mener avec lui une puissante et efficace action conjointe, et accordons la plus grande importance à nous trouver à ses côtés sur tous les terrains de lutte sans pour autant signer son programme. Ne pas participer au HBDH n'est en aucun cas un obstacle pour des actions conjointes avec cette structure, dès lors que ces actions ne contreviennent pas à nos principes et ne portent pas atteinte à notre ligne politique. Nous devons avec la plus grande attention ne rien faire qui puisse empêcher de lutter conjointement avec nos amis contre les attaques fascistes, dans la lutte nationale démocratique de la Nation kurde, face aux problèmes subis par toutes les couches opprimées de la société, et dans la lutte de libération nationale en Rojava. Nous accordons la plus grande importance à la création de conditions favorables à ces actions conjointes contre nos ennemis sur le plan politique, militaire et démocratique. Toutes nos sections doivent regarder le HBDH comme notre plus proche allié et s'efforcer d'unifier les actions et les luttes pratiques, et dans ce contexte établir des relations stables et inébranlables. Partant du principe d'un effort similaire de leur part, nous croyons fermement que ces actions conjointes pourront affaiblir l'ennemi et renforcer nos rangs vers un niveau supérieur de part et d'autre. Nous espérons réussir à mener le plus tenace, décisif et victorieux processus pour élever la lutte à un niveau supérieur, vaincre le fascisme et élargir le domaine de la lutte révolutionnaire démocratique.
Salutations révolutionnaires.
Septembre 2016 - TKP/ML
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