Wednesday, October 28, 2020

lutte ouvriere en France -

 

Renault Cléon : les ouvriers financent la grève !



Au magasin de Renault Cléon (atelier où sont stockés puis réparties les pièces), les ouvriers et les ouvrières apprenent, il y a deux semaines, que leur « coefficient » (qui détermine leur salaire et leurs primes) n’est pas celui des autres magasiniers des usines Renault mais qu’il est bien inférieur. Le Jeudi 8 Octobre, il se mettent en grève. L’ensemble de l’effectif embauché s’arrête, soit la majorité des magasiniers. Ils réclament le statut de magasinier et l’embauche des intérimaires au nouveau statut.

Vis à vis des grèvistes, en dehors des (nombreux!) syndiqués CGT et CFDT qui soutiennent cette grève – dirigée par la base et simplement soutenue par les deux confédérations, l’ambiance dans l’usine est glaciale. Il semble que tout le monde se fiche bien du sort des grèvistes. On entend, au mieux, quelques rares moqueries sur les chasubles fluo des syndiqués et gréviste et sur le concert de casserolles.

Mais vient le Vendredi 16. Depuis plusieurs jours, les entrées de l’usine sont filtrées, provoquant d’immenses bouchons pour l’équipe d’après-midi. Le quart d’heure à attendre les collègues bloqués est payé en heure sup’. Et tout le monde a la même idée. Donner cet argent aux grévistes. C’est du moins ce qu’il semble, tant la récolte est un succès. Ce seul vendredi, 218€ par gréviste sont récoltés, soit 2180€ pour deux équipes d’ouvriers. Comme si chaque ouvrier et ouvrière, sans exception, avait donné un euro ou plus. La collecte continue les jours suivant – beaucoup viennent au boulot sans leur portefeuille et l’excuse « je n’ai rien sur moi » est ici souvent de bonne foi.

Malgré tout, beaucoup d’ouvriers et d’ouvrières n’osent pas donner et passent la tête basse devant les grévistes. Personne ne parle de la grève. Parfois, des mots violents « il faudrait tout cramer », « si le chef pouvait s’en prendre une »… La vérité, c’est que, comme le reste du pays, l’usine est une cocotte minute. Ces quelques mots, gestes et grèves (il s’agit de la troisième depuis la rentrée) font figure de léger sifflement mais quiconque est attentif le sent. En dehors des organisations de Gauche, tout semble prêt à s’embraser.

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