Cela fait maintenant plus d’une semaine qu’un reconfinement a été mis en place sur le territoire de l’État français, et plus de trois semaines qu’un couvre feu a été décrété dans un certain nombre de grandes villes. Comme nous le savons désormais, les effets d’une mesure sur les entrées en réanimation et sur les décès se font généralement ressentir entre deux et trois semaines après leur mise en place. Quant à l’impact sur le nombre de cas détecté, celui-ci met une à deux semaine à se faire ressentir. Sur la base des chiffres communiqués par les différentes agences de santé, nous pouvons donc d’ores et déjà affirmer que les mesures mises en place depuis trois semaines ne sont pas suffisantes pour avoir un impact significatif sur la dynamique épidémiologique.
En effet, le R0, à savoir le nombre d’individus infectés par une personne malade était de 1.14 au 31 octobre, soit deux semaines après les premières mesures de couvre feu. Cela signifie que non seulement le nombre de personnes infectées ne baisse pas, mais même qu’il augmente. De la même manière, nous pouvons observer que les cas rapportés ces derniers jours ne baissent pas, ou en tout cas pas suffisamment, alors pourtant que les mesures de confinement devraient commencer à faire effet. Cela nous amène à une conclusion : le R0 n’est probablement toujours pas descendu en dessous de 1. Par conséquent, et même si le R0 est en baisse depuis plusieurs semaines, toutes les mesures déjà mises en place ne sont absolument pas suffisantes, ce qui signifie mécaniquement que de très nombreuses personnes vont encore mourir de l’incompétence du gouvernement d’Emmanuel Macron, cela signifie aussi que les hôpitaux, déjà proches de la saturation, ne pourront bientôt plus accueillir de nouveaux patients en réanimation, et qu’ils seront par conséquent bientôt obligé de décider qui sauver et qui laisser mourir.
Mais le pire semble bel et bien à venir. En effet, un rapide calcul sur la base du R0 suffit à comprendre que sans mesures drastiques, des dizaines de milliers de personnes vont mourir dans les semaines à venir, mais également que les perspectives d’amélioration sont encore loin : si, comme certains observateurs le disent, on considère qu’il y a actuellement environ un million de personnes contaminées sur le territoire de l’État français, et que le R0 est de 1,14, soit une multiplication par 1,14 du nombre de cas chaque semaine, dans quatre semaines, nous aurons 1 688 000 cas. Et même si le R0 venait miraculeusement à baisser à 0,9 comme l’espère le ministère de la santé, nous aurions encore 656 000 cas dans quatre semaines, ce qui reste largement supérieur au nombre de cas acceptable pour voir enfin les services de réanimation se désengorger, surtout lorsqu’on sait que les personnes infectées avant le début du confinement ne sont toujours pas entrées en réanimation. Avec 4527 personnes en réanimation au 9 novembre, ce sont donc plus de 89% des places de réanimation habituellement disponibles sur le territoire de l’État français qui sont occupées uniquement par des patient Covid. Or, nous le savons, la fin de l’automne et l’hiver sont également des périodes au cours desquelles de nombreuses personnes entrent en réanimation à cause des maladies hivernales. Ces patients viendront donc s’ajouter aux
patients Covid.Alors que des semaines très compliquées arrivent, la situation est donc déjà critique. Pourtant, tout cela n’est pas une fatalité, ces milliers de décès, cette saturation des hôpitaux, ce R0 qui ne descend pas suffisamment vite, tout cela ne sort pas de nulle part, c’est la conséquence d’un mode de gouvernance, c’est la conséquence d’une organisation économique et étatique défendant uniquement les intérêts de la classe capitaliste et étant incapable de juguler les crises. Nous l’avons déjà écrit de nombreuses fois dans La Cause du Peuple : la situation de l’hôpital public au sein de l’État français est catastrophique, et cela ne date pas de la crise du Covid. La suppression de nombreux lits, y compris en réanimation, les suppressions de postes, les baisses de budgets, le recrutement de personnels administratifs au détriment des personnels soignants nous a amené là où nous sommes, c’est à dire à une situation où des soignants doivent venir travailler même si ils sont positifs au Covid, où des milliers d’opérations dites « non urgentes » doivent être déprogrammées pour sauver des patients Covid, où des milliers de soignants font des semaines de 70 heures de travail, où les burn-out s’enchaînent. Les gouvernements successifs ont méthodiquement détruit l’hôpital public au profit du privé, et, comme toujours, ce sont les patients et les travailleurs qui en font les frais, pendant que les bourgeois peuvent tranquillement aller se faire soigner dans des cliniques privées.
Mais comme si cela ne suffisait pas, après avoir détruit l’hôpital public, les capitalistes refusent désormais de prendre des mesures suffisantes pour endiguer l’épidémie. Lors du premier confinement, c’est la rigueur des mesures mises en place et surtout leur respect par les masses populaires qui a permis de faire descendre le R0 largement en dessous de 1, et qui a donc permis à l’épidémie de reculer. Aujourd’hui, la bourgeoisie refuse catégoriquement que ces mesures soient à nouveau mises en place. Ainsi, depuis plusieurs semaines déjà, le MEDEF se positionne contre le confinement, pour la réouverture des commerces et contre la fermeture des usines. Sur ce dernier point, crucial pour la bourgeoisie, le gouvernement et le MEDEF sont parfaitement d’accord. Ainsi, contrairement à ce qu’il s’est passé au printemps dernier, cette fois, toutes les usines, même non essentielles, sont resté ouvertes. Conséquence : des centaines de milliers d’ouvriers et d’ouvrières prennent quotidiennement le risque de se contaminer et de contaminer leurs collègues ainsi que leur famille. De même, les écoles, collèges et lycées sont resté ouverts dans un but évident : servir de garderie pour que les parents puissent aller au boulot, produire des marchandises qui permettront à la bourgeoisie de continuer à s’enrichir. Avec des dizaines de millions de personnes qui, quotidiennement, continuent d’aller en cours ou au travail, il ne faut donc pas s’étonner que le R0 ne descende pas en dessous de 1 de si tôt.
Cependant, face à cette situation, les masses populaires ne se laissent pas faire. En effet, depuis plusieurs jours, les blocus de lycées de multiplient contre la faiblesse du protocole sanitaire, car les lycéens savent bien que chaque jour, ils prennent le risque de se contaminer et donc de contaminer leurs parents. Du côté des enseignants, eux aussi exposés au virus, la mobilisation s’organise et une grève est d’ores et déjà prévue pour le mardi 9 novembre. Cette mobilisation des masses populaires, qui prend jour après jour de l’ampleur, nous rappelle une fois de plus que pour combattre le virus, nous ne pouvons compter que sur nos propres forces et non sur un gouvernement qui privilégiera toujours les intérêts du patronat à ceux des masses populaires.
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