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1- Le conflit arabo-sioniste
2- Nous devons affronter le système capitaliste mondial dans sa globalité, et non pas seulement l’entité sioniste seulement !
3- Révolution et contre-révolution, le processus et ses conséquences
Camarades internationalistes et militants de la gauche en France, tout d’abord permettez-moi de vous envoyer un grand salut internationaliste.
Le camarade Georges Abdallah m'a demandé lors de sa dernière déclaration pour la Journée de la terre de revenir sur la situation palestinienne et en particulier sur celle des territoires de la Palestine occupée en 1948 pour permettre aux camarades d’avoir une vision globale et objective de ce conflit. Pour ce faire, j'ai pensé qu'il était nécessaire d’une part d’exposer tout d’abord le contexte historique et géographique qui est à l'origine de ce conflit afin que cette analyse soit basée sur des assises solides ; et d’autre part de replacer la question de la Palestine dans le contexte global de la grande nation arabe sans la restreindre au seul cadre dicté et imposé aux pays de la région dans leur division et de répartition actuelle.
L’étude de cette question, si elle n’est pas faite sur ces bases-là, conduit à couper ce conflit de son essence, à le vider de son sens et à réduire la question palestinienne à une question secondaire : celle des réfugiés palestiniens dans la diaspora. Cette approche conduit alors à réduire l’étude de ce conflit à l’examen des statuts multiples engendrés et imposés et non à l’examiner en tant que produit d’une occupation bien authentique et réelle. Je veux ici m'excuser du fait de ne pas avoir clarifié cette question lors de ma précédente intervention ce qui constitue, à mon sens, une lacune dans mon exposé de la cause juste du peuple palestinien.
Le contexte historique et la dimension géographique de ce conflit à l'ère du capital
L'analyse matérialiste historique de ce conflit repose sur plusieurs éléments, dont les plus importants sont les suivants :
1- Le cadre historique de ce conflit et tout ce qui lui est associé
2- Le cadre géographique pour analyser ce conflit
Sur le plan historique, le monde arabe est au coeur des convoitises du capitalisme et ce depuis l’ère du capitalisme mercantile.
Durant toute l’Histoire de l’Humanité, on n’a jamais vu une nation avoir des visées sur une autre pour des raisons culturelle ou religieuse ; jamais un pays n’a fait la guerre à un autre pour le simple plaisir de se faire la guerre. Tout est plutôt le fait de l’intérêt d’une classe - d’une classe dirigeante – qui utilise le levier de la question nationale comme prétexte pour la réalisation de ses propres intérêts à l'intérieur comme à l'extérieur du pays ; autrement dit, tout conflit ou guerre peut certes prendre un caractère national mais ceci essentiellement pour servir les intérêts d’une classe dominante donnée. Ceci est clair tout comme il est clair qu’il est erroné de penser que les pauvres de France avaient un quelconque intérêt dans les guerres de conquêtes de Napoléon de la Palestine et de l'Égypte. C’est cette même logique qui déjà se retrouvait à l’époque féodale des guerres franques quand ils prétendaient envahir l'Orient arabe pour sauver le tombeau du Christ.
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Marx, lui-même, le dit quand il signale : « le nationalisme est une arme entre les mains de la bourgeoisie ». Cela signifie que le danger réside bien dans cette usurpation et ce détournement de la question nationale par la bourgeoisie pour la réduire à ses propres intérêts.
Et pourtant, le nationalisme peut aussi être une force pour la libération nationale, dans la lutte contre le colonialisme ; il peut être une force de progrès dans le processus même de la construction du socialisme1.
Il est vrai que les guerres franques n'ont pas pu assouvir l'ambition des seigneurs féodaux d'occuper tout l'Orient arabe ; ils n’ont pas réussi à établir un état de peuplement dont l’une des fonctions aurait été d’absorber le surplus humain d'Europe occidentale ni à faire émerger de nouveaux royaumes dépendants de leurs pouvoirs. Ce surplus humain sera finalement évacué vers les deux Amériques durant la période de ce que l’on a appelé « les grandes découvertes », avec toutes les violences sans commune mesure que nous connaissons et qui se sont abattues en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Ces expéditions et ces conquêtes serviront de base à la formation d’un marché mondial puis d’un système capitaliste mondialisé, alors qu’au même moment, en Europe occidentale, on assiste à l'avènement d’une nouvelle ère commerciale, celle du mercantilisme, qui a commencé avec la domination de l’Espagne et du Portugal.
A cette période de l'Histoire, à savoir au XVIe siècle, le rêve d’une féodalité franque a été restauré, mais cette fois en lien avec le système capitaliste franc et sous couvert d’une idéologie religieuse évangélique, exprimée par Martin Luther (1483-1546). Ce dernier, avant qu'il ne se retourne contre eux, a montré pour un temps un intérêt théologique pour les Juifs. C’est à cette époque et delà que les Juifs ont été perçus comme les véritables héritiers des enfants d'Israël et qu’il a été réaffirmé que le Christ était Juif.
Ceci a été considéré comme le fondement idéologique et théorique de l'établissement d'un État juif sur la terre de la Palestine sur ces bases purement religieuses. C’est cet aspect-là que l’entité sioniste a toujours revendiqué, notamment en appelant cette entité « l’État juif2 ». Cela s’est fait avec l'expansion de l'évangélisation, en particulier aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne où a eu lieu la première transition du féodalisme au capitalisme. Ce fait historique indique que l'installation des Juifs en Palestine est un projet capitaliste en premier lieu – projet qui a donc précédé de plusieurs siècles le mouvement sioniste. Scientifiquement et historiquement, il est donc démontré que l'entité sioniste ashkénaze est un projet capitaliste, tandis que la religion n’est qu’un paravent idéologique qui use du paradis des cieux de là-haut pour dérober la terre ici-bas !
Sur le plan géographique, la destruction de tout un pays soumis au colonialisme revêt un intérêt capital pour l'implantation du capitalisme. Dans ce cas précis, cela s’est déroulé selon un plan bien ficelé entre les puissances de Grande-Bretagne, de France et de la Russie tsariste : celui de Sykes-Picot. Ce n’est aucunement une conspiration mais bien un plan que Lénine, lui-même, a révélé après la victoire de la Grande Révolution bolchevique de 1917. Malheureusement, ni la plupart des dirigeants, ni la droite, ni la sixième colonne de la culture arabe n'ont fait leur cette grande position révolutionnaire de notre camarade Lénine. Ce reniement de la révolution bolchevique s’explique par le fait que les dirigeants arabes sont au pouvoir, certes à la tête
1 Alors que les écrits de Marx sur le nationalisme étaient rares, il les plaçait dans un contexte historique approprié. Marx a écrit :
« La lutte que le prolétariat mène contre la bourgeoisie dans sa forme et non pas sur le fond est d’abord une lutte nationale. Le prolétariat de chaque pays doit, bien entendu, résoudre les problèmes d'abord avec sa bourgeoisie ... Les communistes ont aussi été blâmés pour leur désir d'abolir l’idée de nation. Les ouvriers n'ont pas de pays. Nous ne pouvons pas leur prendre ce qu’ils n'ont pas. Puisque le prolétariat doit avant tout acquérir la souveraineté politique, il doit s'élever pour devenir la classe dirigeante de la nation ; il doit se hisser comme symbole de cette dernière car il est, jusqu'à présent, nationaliste, mais pas au sens bourgeois du terme ». Marx Engels, Le Manifeste communiste. Ed. By Samuel J. Beer Appleton-Century-Crofts, Inc. New York. 1955. P. 21.
2Voir l'étude de Muhammad Wald Elmy : « The Non-Jewish Origin of Sionism », dans Kanaan Magazine, numéro 113, avril 2003, de la page 29 à la page 60. Cette étude a été présentée pour la première fois à la Conférence géographique américaine tenue à Los Angeles / Californie du 19 au 23 mars 2002.
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d’entités disloquées mais ils s’en satisfassent, marionnettes qu’ils sont du colonialisme, du capitalisme et de l'impérialisme.
Ils sont aujourd’hui le produit de cette fragmentation et ont pour rôle d’être les représentants locaux de l'occupation de leur pays ; ils ont aussi été formés, entrainés et armés dans des buts bien précis :
• Sur le plan de la répression : remplacer les armées coloniales et faire régner le maintien de l’ordre
• Mener, au sein même du pays, une guerre civile contre la majorité des masses populaires
• S'engager dans la nouvelle - peut-être pas la dernière - version de l'orientalisme : celle de l'orientalisme terroriste3 de ces dernières décennies.
Toute position nationale, qu’elle soit celle d’un régime ou d’un mouvement révolutionnaire, doit s’opposer à ceux qui ont divisé la patrie et la nation ; elle n’a pas à s’en revendiquer, comme le font certains, en défendant l'existence d’une soi-disant « amitié capitaliste » avec l’Occident, alors que ce dernier n’a eu de cesse d’imposer cette division et de la faire perdurer pour anéantir ou réduire toute nation à de tous petits états et entités. Le but est d’engager ce processus jusqu'à ce que chaque pays soit le plus possible morcelé et démantelé géographiquement et militairement afin qu’il devienne plus faible que l'entité sioniste. C’est ainsi, qu’en fin de compte, la nation arabe est amenée peu à peu à accepter l'entité sioniste et son intégration définitive dans la région.
La corrélation entre l'historique et le géographique est une entrée qui nous permet d’accéder à une compréhension de ce qui se passe aujourd'hui, surtout lorsque nous étudions cette situation à la lumière des facteurs historiques et géographiques et de l’analyse matérialiste historique. Cette dernière suppose une étude des conditions socio-économiques de tout le pays ; elle doit être menée du niveau le plus large à savoir celui du système mondial pour ensuite s’appliquer au niveau régional et enfin au niveau local, celui du pays. Ces trois niveaux doivent être analysés et discutés en interaction.
La question palestinienne ou le conflit arabo-sioniste
Il existe une forte corrélation entre : d’une part, les convoitises coloniales qui ciblent la nation arabe ; d’autre part la fragmentation ou l’émiettement de son espace géographique en un grand nombre d’états et de régimes arabes dépendants et indépendants du colonialisme ; et enfin l'implantation de l'entité sioniste en Palestine. L’objectif principal est qu'il n'y ait plus aucun lien entre un pays arabe et un autre, ni plus aucun lien entre les pays arabes et la Palestine, afin d'éviter toute unité et lutte globale arabe contre l'entité sioniste. L'agression colonialiste et les attaques de la contre-révolution sont, ainsi, dirigées contre la nation arabe toute entière et non pas contre tel ou tel pays. Par conséquent, saper les fondements et les points communs de l'arabisme est la tâche fondamentale du colonialisme et de ses ressorts dont le principal résultat voulu est la destruction de la Palestine géographiquement, humainement, politiquement et culturellement et bien sûr l’anéantissement de sa résistance.
De ce fait, la question nationale arabe est mal interprétée, ignorée et intentionnellement falsifiée pour que la question palestinienne ne revête plus cette dimension globale et arabe. Ceci afin que la contre-révolution remporte deux victoires :
- La première avec l’impossibilité de la création d'un état arabe central ou de l’unité arabe.
3 Terrorist Orientalism in a State Form. Using Marxism, Christianity and Islam to Dismantle Arab Homeland. Adel Samara و Kana’an – The e-Bulletin كنعان الن ر شة الإلك رتونية Volume XV – Issues 3781- 3782. 24 march 2015
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- La seconde par l’effacement de la question centrale du panarabisme et en son coeur de la cause juste et légitime de la Palestine.
Dans ce contexte, il est important de se rappeler de la coïncidence de deux faits marquants : le projet « Sykes-Picot » de partition fomenté contre la nation arabe en 1916 et la déclaration de Balfour en 1917. Cette corrélation induit que les réalités de l'entité sioniste et des pays arabes fragmentés sont liées de manière existentielle et déterminante. Cela signifie aussi que l'unité arabe va de pair avec la libération de toute la Palestine. Autrement dit, il existe bien un lien intrinsèque entre ces régimes issus de cette division et de cette dépendance de la nation arabe et l'entité sioniste. Tout cela peut se voir dans le démantèlement continu et programmé de la nation arabe : un démantèlement de l'espace géographique arabe mis en oeuvre tout particulièrement au cours de cette dernière décennie, après ce qui a été appelé le printemps arabe qui, en ce sens, se veut plutôt un automne...
Le sionisme a toujours affirmé que la Palestine était un territoire désertique non peuplé. Ces allégations sont sans fondement et pour autant, elles ont bien une fonction :
1- Elles servent tout d’abord à nier la réalité objective et à la travestir.
2- Elles permettent de duper l'opinion publique internationale en la plaçant dans un état d'ignorance totale et en la rendant incapable d’identifier ni de reconnaître les faits objectifs tels qu’ils sont.
L'Allemand Alexander Schölch4 est l'un des premiers historiens à avoir réfuté ces allégations mensongères produites par les sionistes et les impérialistes puisqu’il a démontré scientifiquement qu’il existait bel et bien un développement agricole et industriel en Palestine à l’époque ; il a aussi démontré que la Palestine exportait ses produits vers l'Europe et ce malgré le colonialisme ottoman qui pillait la richesse de la nation arabe, y compris celle de la Palestine – cela évidemment après l'intégration forcée des structures économiques ottomanes dépendantes dans le système capitaliste mondial5.
La première lutte nationale palestinienne fut menée contre le colonialisme britannique qui occupait la Palestine en 1917 depuis qu’il avait arraché à la Société des Nations le « mandat sur la Palestine » - mandat qui naturellement n’était en aucun cas un « mandat » mais bel et bien une occupation coloniale. Cette lutte fut une lutte contre le sionisme, protégé par le colonialisme britannique. Ici, une vérité importante saute aux yeux : les colons juifs n'auraient jamais été en mesure de s’emparer de la Palestine, ni même d'y déferler sans la présence et la protection du colonialisme britannique.
Quant aux juifs arabes de Palestine (les « juifs nationaux », comme les Palestiniens les appellent), ils se trouvaient dans la même situation que les Arabes musulmans et les Arabes chrétiens : il n'y avait aucune différence entre eux, si ce n'est que leur nombre ne dépassait pas le un pour cent. Le colonialisme britannique a tout fait pour démanteler et marginaliser l'espace palestinien d’une part en encourageant la colonisation juive et d'une part en imposant une répression farouche6 ; il a imposé des taxes exorbitantes aux agriculteurs et aux industriels palestiniens ; il a aussi favorisé la création d'infrastructures pour les colonies juives. Tout cela a permis d’asphyxier l'économie palestinienne et lui a enlevé toute possibilité de survie face au poids de l’économie coloniale des colonies. Tout a été fait jusqu’à rendre même impossible l’émergence d’une économie double en Palestine : l’objectif central était indéniablement de chasser le peuple palestinien de sa terre et de sa patrie.
4 Schloch Alexander, the Economic Development in Palestine, Journal of Palestine Studies, 10 (3), 35-58, 1982.
5 Islamuglu. H & Keyder. C, The Ottoman Social Formation, in The Asiatic Mode of Production (ed) by Anne. M, Bailly & Joseph Llobera, Routledge and kegan Paul, 1981.
6 Hdgkin. T, Letters from Palestine 1932-1936 (ed) by E.C. Hodgkin, Quartet Books. London, New York, 1986.
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Cette razzia anglaise qui passe par le pillage de la richesse et du surplus de l'économie palestinienne et son transfert aux colons sioniste ennemis est très similaire au pillage colonial britannique de la richesse du peuple indien et son transfert au profit de la colonisation blanche en Amérique du Nord, qui deviendra plus tard les États-Unis en particulier.
La marginalisation et la destruction du territoire palestinien a commencé par l'établissement de colonies de peuplement en Palestine. Par la suite, ils ont commencé à recruter, à entrainer, armer et financer des bandes sionistes pour que ces dernières deviennent une armée moderne entrainées et équipée militairement. A cela s'est ajouté un recrutement de volontaires7 dans divers pays occidentaux, capitalistes, colonialistes blancs pour mener une guerre sans merci et expulser les Palestiniens des territoires occupés en 1948. Ces recrues étaient d’authentiques spécialistes du terrorisme, des pilotes de chasse, de spécialistes de l'artillerie lourde, etc. La marginalisation s’est ensuite poursuivie par une vaste entreprise de destruction de ces territoires occupés en 1948 puisque 450 villages palestiniens ont alors été détruits et plus de 800 000 Palestiniens expulsés des trois quarts de ces territoires : beaucoup ont alors constitué la diaspora dans les pays arabes ou dans les pays du monde entier.
Cette marginalisation a donc bien signifié : la destruction de l'espace géographique et la destruction de la structure de classe, politique, économique, sociale et familiale du peuple arabe palestinien, dans le seul but de son déracinement absolu et définitif de sa patrie. Cela est plus dangereux et plus profond que le nettoyage ethnique dont parle l'historien Ilan Papé (voir plus loin). L'un des objectifs de cette fragmentation est de créer une multiplicité d'identités pour les Palestiniens, afin qu'ils n'aient plus entre eux - après avoir perdu une base territoriale nationale - de socle commun politique national.
Que signifie la création de l'entité sioniste ashkénaze ?
La lutte du peuple palestinien contre l’occupation sioniste jusqu'en 1948 n'était pas seulement une lutte contre des envahisseurs colons, mais aussi une lutte contre le camp de la contre-révolution qui s’est tenue aux côtés et en soutien de la dernière colonie capitaliste blanche que représentait l’entité sioniste.
Autrement dit, cette lutte fut contre le système capitaliste mondialisé qui a été et est toujours la métropole de cette colonie tout comme les autres colonies blanches avaient chacune une métropole propre : par exemple la Grande-Bretagne était la métropole des États-Unis et de l’Australie.
La contre-révolution comme nous l'entendons ici est composée :
• Du trio impérialiste représenté par les États-Unis, l'Europe occidentale anciennement nommée et appelée aujourd’hui l'Union européenne et le Japon
• Du sionisme mondial
• Des régimes arabes dépendants et réactionnaires, qui sont des régimes compradors.
Il est important aussi de noter que la question palestinienne est la seule dans l'Histoire où les différentes forces politiques et idéologiques de la planète ont accepté son annexion par l'entité sioniste et ont reconnu cette dernière. Ces forces sont les suivantes :
• Le trio impérial occidental
• Le bloc socialiste, à l'exception de la République populaire de Chine (anciennement maoïste)
• Le bloc Socialiste International
7 Article submitted courtesy of Dr. Fenton. See also Machal-Volunteers in Israel's War of Independence
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• Les régimes islamiques comme la Turquie et les pays arabes qui ont dissimulé leur relation avec l'entité, bien que certains, comme l'Arabie saoudite, aient accepté, depuis 1918, que la Palestine soit remise aux sionistes.
De son côté, le peuple palestinien a poursuivi la lutte pour la libération nationale de la Palestine ; des bataillons de combattants et partis politiques arabes ont continué à lutter aux côtés des Palestiniens contre l'entité sioniste et les régimes nationalistes arabes ont poursuivi la lutte contre l'entité sioniste après 1948. L'importance de cette continuation réside d’une part dans le rejet de l'entité sioniste et d’autre part dans la consécration de l'identité palestinienne et de l’identité arabe pour tous les Palestiniens. La troisième marginalisation et démantèlement se sont produits quand l'agression sioniste de 1967 a eu lieu, à la suite de laquelle le reste de la Palestine et certaines parties de l'Égypte et de la Syrie ont été occupées. C'est cette occupation qui a abouti à un projet très dangereux, qui a imposé une multitude d’identités palestiniennes avec :
• Les Palestiniens de la diaspora arabe
• Les Palestiniens dans la diaspora mondiale
• Les Palestiniens des territoires Occupés en 1967
• Les Palestiniens des territoires Occupés en 1948
• Les Palestiniens de Al-Quds Jérusalem
Par la suite, le conflit entre le Fatah et le Hamas a, à son tour, généré :
• Les Palestiniens de la Cisjordanie
• Les Palestiniens dans la bande de Gaza.
La première acceptation par la bourgeoise arabe de la répartition géographique de la Palestine
Après la défaite de 1967, la plupart des régimes bourgeois compradores arabes se sont positionnés en faveur de l'existence de l'entité sioniste, avant même d'annoncer leur normalisation avec cette dernière ; c’est alors qu’ils ont lancé le slogan : "ne vouloir récupérer que les territoires occupés en 1967".
Cela a été la décision la plus dangereuse qui a servi à démanteler l'identité palestinienne et cela s’est bien effectué sous la direction des régimes arabes.
La deuxième fragmentation de la géographie de la Palestine arabe
Cette deuxième fragmentation est survenue suite à la guerre d'octobre 1973 qui représentait une victoire relative contre l'entité sioniste mais qui a été récupérée, à mauvais escient, par le régime égyptien pour signer les accords de Camp David : c’est alors que l'Égypte s’est retirée du conflit et s’est transformée en système de promotion de la normalisation en faveur de l'entité sioniste. L’Egypte en reconnaissant l’entité sioniste a considéré par-là qu'il n'y avait aucun lien entre les Palestiniens de 1948 et le reste du peuple palestinien.
La position du régime égyptien s’est concrétisée plus tard en 1979 avec la conclusion des accords de Camp David par lesquels l’entité sioniste a été officiellement reconnue. Cela a été un coup dur porté à l’identité nationale palestinienne et cela a signifié pour la nation palestinienne l’obligation du paiement d’une réparation financière illégale versée à l’entité sioniste.
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L'invasion sioniste du Liban a ensuite conduit au départ de l’O.L.P. de ce pays qui a prétexté par-là faire en sorte de vouloir protéger Beyrouth tout en se pliant à la pression de la bourgeoisie libanaise. En réalité, cette sortie visait surtout à engager les Palestiniens à reconnaître l'entité sioniste et à conjurer la voie de la résistance continue et ininterrompue contre l'entité au Liban.
Bien au contraire, cette sortie de l’O.L.P. du Liban vers la Tunisie a, en réalité, ouvert la voie à une résistance plus radicale au Liban contre l'entité sioniste : cette dernière est chassée en 2000 de la plupart des territoires libanais et elle est, de nouveau, vaincue en 2006.
La troisième fragmentation de la Palestine effectuée par la bourgeoisie palestinienne
La sortie de l’O.L.P. du Liban a conduit à des transformations très dangereuses au sein de la direction droitière de l’O.L.P. : cette dernière a décidé de déclarer, en 1988, depuis l’Algérie, un « État palestinien / indépendant » formel, ce qui impliquait indéniablement la reconnaissance de l'entité sioniste.
Cette direction a alors pris la décision la plus dangereuse de l'histoire de la lutte palestinienne en considérant les Palestiniens de 1948 comme faisant partie de l'entité sioniste. C'est une décision formelle, superficielle, qui n'a aucun fondement réel puisque tout lien d’affiliation est une réalité innée et ne relève pas d’une attribution d’ordre politique ou idéologique.
Et alors que l’O.L.P. prenait sa décision, défaitiste et qui a abouti aux accords d'Oslo passés avec l'entité sioniste où elle reconnaissait officiellement l'entité sioniste, l'entité sioniste, elle, ne reconnaissait l’O.L.P. qu’en tant que représentant des Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza ; autrement dit, par-là, les territoires de la Palestine occupée en 1948 étaient amputés de la Palestine historique et les Palestiniens exilés et de la diaspora rayés de la carte et privés de leur identité palestinienne.
Cette direction s'est donc engagée dans le démantèlement de la seule identité palestinienne que l'O.L.P. était censée représenter en tant que représentant de tout le peuple palestinien partout où il se trouve.
Suite à la reconnaissance par l'OLP de l'entité sioniste, la direction de cette organisation a décidé de "limiter officiellement la géographie et l'identité nationales palestiniennes aux seuls Palestiniens occupés de Cisjordanie et de la bande de Gaza » tout en sachant que même ces deux parties de la Palestine ne sont pas indépendantes.
Cette direction palestinienne a, par-là, accru son implication dans les concessions faites quand elle a accepté de nommer Palestine uniquement une partie réduite de son territoire : celui de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, en conformité avec la reconnaissance de l’entité sioniste et évidement aux dépens de toute la Palestine historique.
L’autorité palestinienne autonome / Oslo
C’est ainsi qu’une autorité autonome a été établie dans les territoires occupés de 1967, à qui l'ennemi a confié la responsabilité de la population, en termes d'impôts et d'administration, sans aucune souveraineté sur ce territoire. Ce territoire est certes divisé en zones A, B et C, mais l'entité sioniste a toutefois gardé le droit d’y accéder à tout moment sous prétexte d’effectuer des poursuites pour capturer des fedayines. Outre cela, a aussi été établie une collaboration de l’autorité avec l’entité sioniste dans le domaine de la coordination sécuritaire. La zone (A) est une zone urbaine dortoir pour la population où la présence de l’entité sioniste n’est pas nécessaire. Pour ce qui est des zones B et C, la terre est désormais aux mains de l'ennemi : le nombre des colonies ne cesse d’y progresser au fur et à mesure de la disponibilité des moyens financiers ou l’arrivée
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de nouveaux colons. Le nombre des colonies, des colons et des terres directement occupées a doublé et aujourd’hui le nombre des colons atteint près de 800 000 colons à Jérusalem occupée et en Cisjordanie. Il n'y a pas lieu ici d'analyser le rôle et le fonctionnement des régimes arabes qui se sont engagés à perpétuer la fragmentation et le démantèlement du territoire palestinien à travers la reconnaissance directe ou confidentielle de l'entité sioniste que ce soit pour l’Égypte, la Jordanie, l’O.L.P., les Emirats Arabes Unis, Oman, le Maroc, et le Bahreïn ou de manière effective et précoce pour le Qatar et l’Arabie saoudite.
La reconnaissance s’est effectuée aussi par de nombreuses forces politiques, en particulier les forces de la religion politique dans le monde arabe avec les Frères musulmans, le mouvement Ennahda en Tunisie ... etc., et aussi par de nombreux partis communistes dans le monde arabe et par la sixième colonne intellectuelle.
Les Palestiniens des territoires occupés en 1948
L'agression la plus dangereuse contre les territoires et la population palestiniens est peut-être celle qui a cherché à ôter l’identité palestinienne à ceux des territoires occupés en 1948, à les effacer de la structure politique et de la lutte populaire, nationale du peuple arabe palestinien ; cette agression cherche aussi à enlever à la question Palestine sa dimension arabe et tout ce qu’elle partage avec la nation Arabe. Tout cela s’est accompli de manière planifiée et réfléchie et ce n'est ni le fruit d’une coïncidence ni celui du hasard.
L’examen de ce projet qui a visé cette partie essentielle du peuple palestinien se fera à partir de trois points de vue différents : l’israélisation, la judaïsation et la sionisation.
L’israélisation est une "nationalité" imposée aux Palestiniens comme prix à payer pour rester dans leur patrie. Il ne s'agit donc ni d'affiliation, ni d'idéologie, ni d'ethnicité. Il s’agit bien d’une composante de cette agression contre le caractère national arabe du peuple palestinien. Cette israélisation n’est ni un choix et ne signifie pas non plus l’acceptation de ce fait accompli.
La judaïsation n'est pas dirigée envers les Palestiniens : ils ne la choisissent pas non plus. La judaïsation concerne en particulier la terre palestinienne et elle est l'essence même de la destruction répétée de l'espace palestinien jusqu'à ce qu'il prenne fin pour que lui soit donné un caractère purement juif. Il est totalement rejeté par les Palestiniens et la Journée de la Terre de 1976 en est l’une des preuves les plus marquantes.
La sionisation est une tentative de semer l'idéologie sioniste dans les rangs des masses palestiniennes dans les territoires occupés en 1948 pour effacer le caractère national arabe des Palestiniens. Cet effacement est formel non seulement parce que les Palestiniens la rejettent mais aussi parce que le sioniste refuse de considérer le sionisé arabe comme « authentique » dans son sionisme, en raison du racisme de cette idéologie et de son lien avec la religion juive en tant que religion politique. C’est ainsi que nous nous trouvons dans les rangs des sionistes une stratification entre les « authentiques », « les intrus », « les marginaux » etc.
Si ces politiques sionistes ne suffisent pas à décrire la situation des Palestiniens des territoires occupés en 1948, alors comment pouvons-nous procéder pour analyser cette question ?
L’assimilation, « l’intériorisation » de la défaite - que certains la nomme « Normalisation » - peuvent être l'approche la plus appropriée pour le faire. Ce que l'on entend par « intériorisation de la défaite », c'est que le conflit est antagonique et n'accepte aucune réconciliation : il n’y a ni vainqueur ni vaincu. Pourquoi cela ? Car ni le vainqueur n'a réglé la question ni le vaincu ne s'est rendu ; à moins que ce dernier intériorise la défaite et que le vainqueur réussisse à la lui faire assimiler pour éradiquer toute résistance chez lui d’une manière définitive. Or, cela relève de l’impossible.
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Intériorisé la défaite signifie : penser, parler, agir, conseiller, vivre, débattre et promouvoir la personne comme étant vaincue. En conséquence, cette dernière perd sa personnalité originelle et n'atteint jamais le niveau et le statut de son ennemi qui l'a vaincu, tout comme cet ennemi ne l'acceptera jamais comme son égal.
Par conséquent, l'intériorisation de la défaite ne pourra jamais atteindre la totalité du peuple, mais le fait qu’elle puisse atteindre une infime partie ou une partie importante de ce peuple constitue déjà un danger.
L’Intériorisation de la défaite ... une étude en rétrospective
L’historicité de la normalisation / intériorisation de la défaite n’est pas seulement le produit des accords de Camp David passés entre le régime égyptien et l'entité sioniste mais cette question relève aussi de plusieurs autres facteurs :
• L’acceptation des régimes arabes-pions d’être au pouvoir conformément aux accords Sykes-Picot de 1916
• La déclaration du Clan d’Al-Saoud et des Hachémites en 1918 et en 1920 où est stipulée l’acceptation de l'octroi de la Palestine aux Juifs.
• La continuité pour tous les régimes arabes d’avoir des relations pacifiques, non hostiles avec les différents états qui ont soutenu, armé et reconnu l'entité sioniste.
• La reconnaissance par tous les mouvements politiques arabes ou les partis de l'entité sioniste, quel que soit la justification ou les motifs donnés pour cette reconnaissance.
Afin de bien comprendre la situation des Palestiniens des territoires occupés en 1948, il est nécessaire de commencer à examiner la position du Parti communiste "israélien" qui, avec ses deux fractions juive et arabe, a reconnu l'entité sioniste et a considéré la guerre de défense menée par les régimes arabes officiels comme une sale guerre contre cette entité coloniale.
Les "communistes" se sont montrés ignorants ou n’ont pas compris la nature de cette entité colonialiste qui a occupé la terre d'un autre peuple :
• Avec l’aide de la puissance du capitalisme mondial.
• Avec une justification marxiste selon laquelle une entité de colonisation créée par ce capitalisme sera une base socialiste dans une région arriérée.
• Avec les mythes religieux.
Tout cela peut être résumé dans une analyse réductrice et simpliste, incapable de comprendre la nature du système capitaliste mondial, incapable de mener une analyse matérialiste historique ou plus particulièrement d’ordre d’économie politique et qui conduit à affirmer qu’une entité colonialiste- ennemi de tout son entourage, soutenu par le capital – pourrait être un Etat socialiste.
A ce propos, on ne pardonnera jamais à l'Union soviétique sa prise de position en faveur de l’entité sioniste et nous pensons que le reproche doit encore être fait aux communistes arabes qui se sont soumis à cette position qui les a éloignés des intérêts panarabistes, nationalistes et qui ont tourné le dos aux aspirations populaire de libération nationale. Si les forces politiques et les régimes ont commis de véritables erreurs d'analyse qui ont abouti à des positions erronées et mêmes dangereuses, alors dans ce cas ils doivent faire une autocritique et tout faire pour répudier ces positions. Ces forces et ces régimes ne doivent pas persister dans leurs erreurs comme ils le font depuis soixante-dix ans : ils doivent reconnaître que cette agression vise
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tout un peuple pour le rayer complétement de la carte de la Palestine et qu’il ne s’agit aucunement d’une agression morale ou partielle ni d'un nettoyage ethnique, et encore moins uniquement d'un apartheid8.
A ce propos, la conscience collective des Palestiniens dans les territoires occupés en 1948 a bien été traversée par l’esprit du Parti communiste « israélien », qui comprenait aussi en son sein des Palestiniens siégeant à la Knesset sioniste dans le but savamment orchestré de donner un aspect tout à fait naturel à cette agression ! Pour que l'entité sioniste perpétue la division entre les Palestiniens au sein de chaque territoire qu'elle occupe, elle n'a permis à aucun mouvement national d'agir dans cette partie de la Palestine. En conséquence, le Front populaire « à l'intérieur des territoires occupés en 1948 » et d’autres mouvements de résistance ont dû affronter une répression sans pitié au point de se voir totalement liquider. Elle a continué à imposer à ces Palestiniens, jusqu'en 1965, un régime militaire qui impliquait une répression sauvage, le déplacement forcé, la confiscation des terres et le déni des droits civils les plus élémentaires et qui traitait ces Palestiniens non pas comme des citoyens de seconde zone mais comme des ennemis de l’intérieur.
Après la défaite de 1967, ont eu lieu des développements importants de la lutte nationale palestinienne, y compris dans les territoires occupés en 1948 :
• Les rangs du mouvement de la résistance palestinienne dirigés par l’O.L.P. ont été renouvelés.
• Une fraction négative dans la lutte nationale palestinienne est survenue avec la naissance d'un courant réducteur affirmant que cette question est purement palestinienne, ce qui a été le prétexte pour de nombreux régimes arabes de justifier leur échec à lutter contre l'entité sioniste et de la reconnaître.
• Des groupes de Palestiniens du territoire occupés en de 1948 ont rejoint les factions de l’O.L.P.
Des courants politiques sont apparus dans les territoires occupés en 1948 et ils constituent deux composantes opposées :
• Un courant non communiste qui reconnaît l'entité et est en concurrence avec les communistes pour siéger à la Knesset ; ce courant comprend le Rassemblement Nationale Démocratique et le Mouvement Arabe pour le Changement.
• Et un autre courant panarabiste de gauche qui ne reconnaît pas l'entité sioniste : « Abnaa Al-Balad ».
• Enfin un autre courant panarabiste : le mouvement « Kifah ».
Parallèlement la direction de l'OLP, qui a reconnu l'entité sioniste dans le cadre des accords d'Oslo de 1993, a refusé l'affiliation des Palestiniens des territoires occupés en 1948, en les considérant comme des "Israéliens" et cela a créé une fracture au sein de cette partie du peuple palestinien qui s’est cristallisée à travers deux courants :
• Un courant panarabiste rejetant la position de l’O.L.P. Il considère que son affiliation palestinienne arabe est son droit le plus naturel et que personne ne peut le lui contester. Il considère que la solution réside dans la libération de toute la Palestine et la défaite de l'entité sioniste pour édifier un seul État avec diverses acceptations : « laïque, démocratique, binational ... etc. » à la seule condition que cet Etat fasse partie de la Nation arabe.
• Et un deuxième « communiste », qui se remarque par une dualité, reconnaît l'entité et se considère à la fois Palestinien ! Et il réclame en même temps un État pour tous ses citoyens.
8 Regarder la vidéo suivante : il s’agit de l'effacement de la Palestine et nullement d’un nettoyage ethnique ou de l'apartheid. https://www.youtube.com/watch?v=Q5hPkKj1z5Q&t=3s
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Nous pouvons considérer la participation des palestiniens à voter pour la Knesset sioniste et se présenter aux élections de l’entité sioniste comme un baromètre des orientations politiques, et non pas une expression d’appartenance des Palestiniens des territoires occupés en 1948 à l’entité sioniste.
Les Palestiniens de ces territoires sont pour le droit au retour et le droit de récupérer leurs terres et leur patrie. Quant à la participation aux élections, elle fluctue entre 40 et 70% en termes de votes. Et il semble que le taux de boycott se renforce selon les dernières élections de la Knesset sioniste, où le taux de vote parmi les Palestiniens de 1948 n'a atteint que 40%. Ceci, tout en gardant à l'esprit que les élections ne sont pas une véritable explication de l'appartenance nationale : les participants les voient comme une tentative de défendre leurs droits civils fondamentaux et non comme le signe de leur affiliation nationale. En fait, ils savent tous que l'État est un État seulement pour les Juifs, en particulier après que l'entité ait voté la loi "Etat-nation juif " affirmant qu'il existe une nation et une nationalité juives, tout en sachant que les colons en Palestine - et ce depuis cent ans - sont d'une centaine de nationalités, ce qui rend l’entité sioniste similaire aux Nations Unies.
La contradiction est antagonique : cette occupation vise la liquidation totale de la Palestine ; donc une seule riposte est possible : la résistance populaire globale et ininterrompu jusqu’à la libération !
Les différentes parties prenantes de ce conflit arabo-sioniste et même celles qui agissent sur le plan international ont certainement toutes été au bout de leur rôle, à des degrés divers et d’une fonction ou d’une autre ; cela signifie que le conflit est entré dans une nouvelle phase qui nécessite de faire émerger de nouvelles forces. Il faudrait, tout d’abord, rappeler que l’O.L.P. a épuisé son rôle de leader de la résistance palestinienne, en passant de la lutte de libération nationale pour libérer toute la Palestine à l’acceptation d’une entité fantoche et subordonnée à l’occupant. Par ailleurs, l’ennemi sioniste déclare qu'il ne se satisfera pas de la seule Palestine mais il montre déjà des convoitises sur tous les territoires arabes qui se trouvent de l'Euphrate au Nil, en prétendant que les Juifs ont des propriétés dans le Haut Nil.
De même, la bourgeoisie arabe, dans toutes ses tendances, a aussi épuisé son rôle, que ce soit sur :
• Le plan du développement économique qui a stagné durant tout un siècle et par lequel les pays arabes ne se sont transformés ni en pays capitalistes ni en pays socialistes.
• le plan de l’unité de la nation arabe qui reste toujours inachevée : bien au contraire, cette nation reste fragmentée et divisée
• les territoires occupés de cette nation dont aucun n'a été libéré.
• Au final, tout cela s'est soldé par une défaite cuisante.
En revanche, l'axe de la résistance se développe, même si pas à pas ; ainsi, après qu’ait eu lieu l’hégémonie de l’axe de la contre-révolution depuis la défaite de 1967, se développe désormais dans la nation arabe un axe de la résistance.
De plus, l'entité sioniste a épuisé ce qu'elle représentait aux yeux du monde, que ce soit dans :
• Sa lamentation sur l'Holocauste alors qu'elle n’a eu de cesse de la répéter contre le peuple palestinien, d’une façon prolongée.
• Elle a échoué aussi dans son entreprise de décrire la Palestine comme un désert qu’elle serait venue transformer en paradis.
• Elle ne parvient plus à camoufler les abus quotidiens qu'elle fait subir au peuple palestinien.
• Elle ne réussit pas non plus à contenir tous les Palestiniens y compris ceux qui subissent son joug depuis 1948, car ces derniers continuent à se considérer comme partie prenante du peuple palestinien ;
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certains d'entre eux exigent même un front national palestinien qui inclut tous les Palestiniens où qu'ils soient.
• Elle échoue même à faire face à la campagne « Boycott, Désinvestissement et Sanctions » lancée contre l'entité sioniste, malgré que cette dernière soit encore modeste.
Au niveau mondial :
• L'axe de la contre-révolution s'effiloche progressivement, en particulier celui des États-Unis et de l'Union Européenne, - protecteurs institutionnels et soutiens effectifs à l'entité sioniste surtout après les deux crises de 2008 et la crise actuelle de la covide 19.
• En contrepartie, nous assistons à un essor notable de la Chine populaire et de la Russie ; et bien qu'elles n’adoptent pas de position responsable face à l’arrogance de l'entité sioniste, elles ne sont pas pour le moment des ennemis de la nation arabe et de la Palestine.
À la lumière de ces éléments, et malgré le soutien dont bénéficie l'entité sioniste sur le plan économique, politique, militaire, psychologique et médiatique, cette dernière et ses alliés n’ont pas mis fin à ce conflit ni à la cause palestinienne. Au contraire, d'autres forces émergent et relancent la lutte car cette entité, comme la contre-révolution, vont à l’opposé du sens de l'Histoire.
Docteur Adel Samara
04 avril 2021
Texte traduit de l’arabe par le Comité d’action et de soutien aux luttes du peuple marocain
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