______________________ 08-10-2013 ___
Partisan №44
DÉNONÇONS UNE CHARTE HYPOCRITE QUI STIGMATISE LES FEMMES IMMIGRANTES
En interdisant «le port de signes religieux facilement visibles et ayant un caractère démonstratif au personnel de l’État dans l’exercice de ses fonctions», le gouvernement Marois cible principalement – et il ne s’en cache pas – les femmes qui portent le voile. Nous rejetons une mesure si manifestement hypocrite et discriminatoire. Nous dénonçons cet abus du pouvoir de l’État dans la vie des femmes et particulièrement des femmes immigrantes.
Il y aurait 1 000 choses à faire pour lutter contre l’oppression des femmes et les inégalités qu’elles subissent, particulièrement celles qui sont pauvres et immigrantes. Et parmi ces choses figure le droit des femmes à une plus grande autonomie, le droit de travailler sans être discriminées et celui de préserver leur liberté de penser sans avoir à s’en cacher.
Le gouvernement du PQ met de l’avant des mesures hypocrites et se contredit lui-même. Il enlève des droits aux femmes – et à tout individu affichant sa religion de façon «ostentatoire», mais il préserve le «privilège» de l’État québécois d’afficher un crucifix, le droit à la prière dans les assemblées municipales et le financement des écoles privées à caractère religieux. Or voilà précisément les actions à prendre pour que l’État et ses institutions deviennent véritablement laïques, ce pour quoi nous luttons par ailleurs!
En affichant ainsi sa non-neutralité face à la religion catholique, le PQ pratique une laïcité hypocrite, et défend un «patrimoine» qui traîne pourtant un lourd passé d’oppression et d’injustices envers les femmes.
La religion opprime les femmes… l’État capitaliste aussi!
La plupart des religions, autant dans leurs écrits qu’en pratique, ont traité les femmes comme des inférieures. Au Québec, au Canada et ailleurs, les gouvernements, les capitalistes et les partis au pouvoir ont utilisé à des degrés divers la religion pour justifier leurs politiques inéquitables envers les femmes. Les entreprises et les États l’ont fait, que ce soit avec l’Église catholique au Québec pour retourner les femmes à la maison après la guerre, ou dans les années 1950 alors que les curés ont littéralement forcé des milliers de femmes à continuer à grossir leur famille déjà imposante, au nom du «devoir conjugal». S’il est un symbole de l’oppression des femmes dont il faudrait se débarrasser au Québec, c’est bien le crucifix que Duplessis a installé dans l’institution publique numéro un qu’est l’Assemblée nationale!C’est facile de dire que nous sommes contre un État qui imposerait le port du voile; pourquoi donc devrions-nous donner notre confiance à l’État actuel pour l’interdire? Voulons-nous donner à cet État – qui est fondamentalement capitaliste et inégalitaire! – autant de pouvoir sur les individus et dans ce cas-ci, sur les femmes? Non.
Au Québec comme dans le reste du Canada, le combat contre les idées réactionnaires – il y en a dans toutes les religions – doit être mené collectivement, au sein des masses ouvrières et opprimées. Il faut mener cette lutte par le débat et les campagnes politiques, certes, mais aussi en s’unifiant autour d’un projet de société émancipateur et égalitaire, avec les femmes et les hommes de toutes origines. Or ce projet, libre d’exploitation, de racisme et d’oppression des femmes, n’est certainement pas le projet de la société capitaliste actuelle ni de l’État qui le gère. Nous refusons de lui accorder un seul pouvoir de plus sur nos vies.
- Nous nous battrons pour unir, dans un seul et même combat de classe, les femmes qui sont rejetées par le système capitaliste et bourgeois.
- Nous défendrons et appuierons les femmes qui cherchent à se libérer de l’oppression, que ce soit à l’intérieur de leur famille, au travail ou dans les églises.
- Nous nous battrons résolument contre tout État religieux ou dont les politiques seraient subordonnées à une religion ou une autre.
- De même, nous nous battrons contre tout État qui veut décider pour nous et pour les femmes, alors qu’il protège et défend d’abord la bourgeoisie, les riches et les compagnies.
- Nous nous battrons contre tout État qui enlèvera aux femmes le peu de pouvoir qu’elles ont sur leur vie. Et pour la plupart des femmes parmi les plus pauvres – particulièrement chez les immigrantes –, ce pouvoir sur leur propre vie est déjà bien limité.
- Le droit à la dignité et au respect;
- le droit pour tous et toutes d’afficher sa différence, qu’elle soit spirituelle, sexuelle ou d’opinion;
- le droit à des salaires décents;
- le droit au logement;
- le droit à une éducation laïque, gratuite et vouée à l’épanouissement des individus dans une société libre de l’exploitation et égalitaire en tout…
- Voilà la seule Charte dont nous rêvons.
Le Front féministe prolétarien et révolutionnaire – Montréa
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