Faux-semblant électoral et révolte populaire en Égypte
Partisan No14 • Le 9 décembre 2011 Depuis quelques semaines maintenant en Égypte, des manifestations importantes se sont tenues dans la plupart des grandes villes du pays, plus particulièrement au Caire, dans ce que certains ont baptisé de «Tahrir II», en référence au mouvement de l’hiver dernier. Le mouvement actuel est caractérisé par un profond ras-le-bol populaire devant l’absence de changements politiques et sociaux dignes de ce nom. La chute forcée de l’ancien président Moubarak en février avait semé l’espoir et la joie parmi les masses. Mais celle-ci fut de courte durée.
Les masses populaires ont vite réalisé que les efforts et sacrifices consentis lors du mouvement de contestation se sont heurtés aux forces autrefois liées à l’ancien dictateur, c’est-à-dire la bourgeoisie ainsi que la caste militaire qui favorise le statu quo. Tout au plus a-t-on accepté que le peuple puisse choisir qui gouvernera pour le compte de la classe dominante, par le biais d’une élection.
Le processus électoral en trois phases annoncé après les évènements d’il y a dix mois par le conseil suprême des forces armées (CSFA), qui a pris la relève de Moubarak, a débuté il y a deux semaines par un scrutin qui s’étalera jusqu’en janvier 2012 pour la chambre des députés, et jusqu’en mars prochain pour le sénat.
Avec des dispositions et règlements très stricts, qui prévoient notamment que le CSFA aura la main haute sur le processus de nomination des ministres clés dans le prochain gouvernement, la classe dominante traditionnelle s’est assuré de garder le contrôle et de sauvegarder ses privilèges. Elle tient à tout prix à maintenir le système capitaliste corrompu qui prévalait sous l’ère Moubarak. Malgré une façade de renouveau, la classe dominante n’a pas l’intention de perdre quoi que ce soit et n’hésitera pas à utiliser son appareil répressif, comme on l’a vu au cours des derniers jours, alors que l’armée et la police ont tué au moins une trentaine de manifestants.
Avec un taux de participation officiel de 62 % – dont plusieurs pensent qu’il est surévalué – et des partis d’opposition opportunistes qui ne sont intéressés qu’à s’intégrer au système bourgeois, les frustrations légitimes des masses ont explosé dans la rue.
Les Frères musulmans et les autres partis religieux présentés comme l’alternative électorale la plus organisée n’ont pourtant jamais remis en question les rapports économiques capitalistes du pays ni défendu les intérêts des travailleurs, des travailleuses et des masses populaires. Ce sont celles-ci qui ont été la vraie force du mouvement de contestation qui a ébranlé le régime, sur fond de pauvreté et d’inégalités généralisées.
En participant au conseil de transition avec l’armée après le départ de Moubarak et en poursuivant leurs calculs et stratégies électoralistes, les partis religieux se sont en fait éloignés de la rue. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à concocter des excuses bébêtes pour ne pas participer aux diverses manifestations qui ont pourtant mobilisé des centaines de milliers de gens, qui n’étaient pas dupes des tractations opportunistes.
Plusieurs éléments positifs ressortent tout de même des nombreuses actions qui ont eu lieu depuis presque un an, lorsque les premières contestations d’envergure sont apparues en Égypte, à la suite du réveil du peuple tunisien. Le fait que les classes populaires aient réussi à ébranler un système qui les maintenait opprimées depuis si longtemps, et qu’elles n’aient pas accepté les changements de façade qui ont suivi en dit long sur le bond politique qui s’est produit.
Reste à voir si les éléments les plus avancés parmi le prolétariat et les classes populaires s’organiseront à long terme dans un parti authentiquement révolutionnaire qui prendra le relais du mouvement actuel, qui semble avoir atteint ses limites, dans le sens où les possibilité de réforme du système en place s’avèrent pour le moins limitées.
Il faut être solidaire avec le peuple égyptien et soutenir son combat pour le renversement de la bourgeoisie et l’édification d’un pouvoir populaire.
Partisan No14 • Le 9 décembre 2011 Depuis quelques semaines maintenant en Égypte, des manifestations importantes se sont tenues dans la plupart des grandes villes du pays, plus particulièrement au Caire, dans ce que certains ont baptisé de «Tahrir II», en référence au mouvement de l’hiver dernier. Le mouvement actuel est caractérisé par un profond ras-le-bol populaire devant l’absence de changements politiques et sociaux dignes de ce nom. La chute forcée de l’ancien président Moubarak en février avait semé l’espoir et la joie parmi les masses. Mais celle-ci fut de courte durée.
Les masses populaires ont vite réalisé que les efforts et sacrifices consentis lors du mouvement de contestation se sont heurtés aux forces autrefois liées à l’ancien dictateur, c’est-à-dire la bourgeoisie ainsi que la caste militaire qui favorise le statu quo. Tout au plus a-t-on accepté que le peuple puisse choisir qui gouvernera pour le compte de la classe dominante, par le biais d’une élection.
Le processus électoral en trois phases annoncé après les évènements d’il y a dix mois par le conseil suprême des forces armées (CSFA), qui a pris la relève de Moubarak, a débuté il y a deux semaines par un scrutin qui s’étalera jusqu’en janvier 2012 pour la chambre des députés, et jusqu’en mars prochain pour le sénat.
Avec des dispositions et règlements très stricts, qui prévoient notamment que le CSFA aura la main haute sur le processus de nomination des ministres clés dans le prochain gouvernement, la classe dominante traditionnelle s’est assuré de garder le contrôle et de sauvegarder ses privilèges. Elle tient à tout prix à maintenir le système capitaliste corrompu qui prévalait sous l’ère Moubarak. Malgré une façade de renouveau, la classe dominante n’a pas l’intention de perdre quoi que ce soit et n’hésitera pas à utiliser son appareil répressif, comme on l’a vu au cours des derniers jours, alors que l’armée et la police ont tué au moins une trentaine de manifestants.
Avec un taux de participation officiel de 62 % – dont plusieurs pensent qu’il est surévalué – et des partis d’opposition opportunistes qui ne sont intéressés qu’à s’intégrer au système bourgeois, les frustrations légitimes des masses ont explosé dans la rue.
Les Frères musulmans et les autres partis religieux présentés comme l’alternative électorale la plus organisée n’ont pourtant jamais remis en question les rapports économiques capitalistes du pays ni défendu les intérêts des travailleurs, des travailleuses et des masses populaires. Ce sont celles-ci qui ont été la vraie force du mouvement de contestation qui a ébranlé le régime, sur fond de pauvreté et d’inégalités généralisées.
En participant au conseil de transition avec l’armée après le départ de Moubarak et en poursuivant leurs calculs et stratégies électoralistes, les partis religieux se sont en fait éloignés de la rue. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à concocter des excuses bébêtes pour ne pas participer aux diverses manifestations qui ont pourtant mobilisé des centaines de milliers de gens, qui n’étaient pas dupes des tractations opportunistes.
Plusieurs éléments positifs ressortent tout de même des nombreuses actions qui ont eu lieu depuis presque un an, lorsque les premières contestations d’envergure sont apparues en Égypte, à la suite du réveil du peuple tunisien. Le fait que les classes populaires aient réussi à ébranler un système qui les maintenait opprimées depuis si longtemps, et qu’elles n’aient pas accepté les changements de façade qui ont suivi en dit long sur le bond politique qui s’est produit.
Reste à voir si les éléments les plus avancés parmi le prolétariat et les classes populaires s’organiseront à long terme dans un parti authentiquement révolutionnaire qui prendra le relais du mouvement actuel, qui semble avoir atteint ses limites, dans le sens où les possibilité de réforme du système en place s’avèrent pour le moins limitées.
Il faut être solidaire avec le peuple égyptien et soutenir son combat pour le renversement de la bourgeoisie et l’édification d’un pouvoir populaire.
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