L’infolettre du Bureau d’information politique (12/05/2012)
À la suite de l’arrestation des quatre
militantes et militant qui se sont livrés à la police après avoir été
jetés en pâture à la vindicte populaire par le SPVM et les médias
bourgeois en rapport avec les incidents qui se sont produits jeudi matin
dans le métro de Montréal et de leur mise en accusation en vertu des
lois antiterroristes scélérates, nous relayons ce communiqué publié sur
le site Web du collectif «Force étudiante critique», auquel les suspects
ont été associés. Nous faisons nôtre l’appel à une vigile de solidarité
ce lundi 14 mai à 11h30 devant le Palais de justice, rue Saint-Antoine à
Montréal._
_- Le Bureau d’information politique du PCR_
* * *
THE
SHOW MUST GO DOWN
L’escouade médiatique, avec aux avant-postes le
journal La Presse et ses journalistes Gabrielle Duchaine, Vincent
Larouche et Daphné Cameron, est parvenue à cerner le bouc-émissaire
depuis longtemps recherché. Dans la tempête sécuritaire délirante qui
souffle sur Montréal depuis la paralysie matinale du service de métro,
notre groupe est pointé du doigt par ces médiocres journalistes comme
l’épouvantail de service, le repère de radicaux et de radicales en
pleine révolte, une poule pas de tête qui s’agite dans tous les sens en
ayant pour objectif la perturbation maximale de tout ce que cette
société compte de ponts, de tunnels, de chemins de fer, et quoi d’autre
encore ?
Les règles du jeu: les nôtres
Nous ne nous livrerons pas en
pâture aux journalistes, qui cherchent désespérément à nous contacter
pour obtenir nos commentaires, car nous refusons de participer au cirque
médiatique. Les informations que ceux-ci et celles-ci recherchent à
notre sujet se trouvent déjà sur notre site et elles sont accessibles à
quiconque daigne s’intéresser un minimum à notre projet. Nous n’avons
rien à dire de plus que ce qui y est déjà écrit, et l’ensemble de nos
textes déjà parus nous semblent de nature à satisfaire toute curiosité à
notre égard.
Nous appelons plutôt à la solidarité active sans
dissociation ni condamnation avec toutes les personnes criminalisées par
l’État dans le cadre du mouvement de grève actuel, que ce soit en raison
d’actions de perturbation, de manifestations ou dans les situations
d’injonction. Cette solidarité s’exprime par une responsabilité
collective vis-à-vis du sort de chacune et chacun. Dénoncer la
criminalisation par des manifestations ou des vigiles, s’opposer aux
arrestations ciblées et à la délation, apporter un soutien légal,
financier et moral aux arrêté-es et exiger l’abolition de leurs chefs
d’accusation, surveiller les pratiques de la police, soigner les
blessé-es, se serrer les coudes. Tout ceci constitue les bases d’une
culture de lutte qu’il faut entretenir et développer. La répression
policière et ses conséquences à court, moyen et long terme est une
attaque sans commune mesure avec les actions qui ont ponctué le
mouvement en cours. Nous nageons toutes et tous dans le même bassin de
marde. Nous ne laisserons personne s’y noyer.
La mise en scène d’un
show de boucane
Nous réagissons ainsi au traitement médiatique et
policier qui prévaut actuellement. Nous constatons qu’avant même que des
accusations formelles ne soient portées par le Service de Police de la
Ville de Montréal, les personnes soupçonnées d’être à l’origine de
l’action de jeudi matin dans le métro de Montréal ont eu droit à une
inquiétante présomption de culpabilité, relayée sans gêne par les
médias. Leurs adresses personnelles ont été dévoilées, leur vie privée
scrutée à la loupe, les commentaires désobligeants de faux amis ont été
publiés comme une vérité indiscutable. Leurs opinions politiques ont été
ostracisées, en dépit de la présomption d’innocence qui, dans un pays où
les élites politiques et le consortium médiatique s’empressent à tout
bout de champs d’en vanter les mérites démocratiques, semble ici avoir
été curieusement balayée du revers de la main par les piètres
enquêteur-es et chroniqueur-es bas de gamme.
Le désir pervers des
journalistes et de leurs boss est de diaboliser des militantes et
militants en premier lieu, puis un groupe politique en second, et par
extension l’ensemble des groupes qui se positionnent à la gauche de la
CLASSE et des fédérations étudiantes. Il s’agit, hors de tout doute,
d’une attaque politique en règle. La dénonciation et la stigmatisation
font partie intégrante du processus de répression, car elles apportent
une caution à celle-ci. En choisissant cette voie, La Presse et ses
suiveux nous démontrent, encore une fois, de quel côté de la barricade
ils se dressent: celui de la matraque, des arrestations, des gaz, du
poivre et des balles de plastique. Les petits chefs de pupitre appuient
l’érosion de nos libertés tel que prévu dans les projets de lois sur le
port du masque et l’obligation de fournir un trajet pour les
manifestations. Est-il étonnant, dans ce contexte, de constater que Jean
Charest lui-même profite des largesses du propriétaire de ce torchon, en
séjournant à plusieurs reprises dans son somptueux domaine de Sagard ?
Nous condamnons avec force les méthodes fascisantes qui se multiplient
présentement au Québec lorsqu’il s’agit de traiter des événements de
perturbation sociale. Nous estimons qu’en regard de la brutalité de
l’État contre ceux et celles qui osent contester son autorité, le
mouvement social actuel est davantage docile que perturbateur. Les
minorités agissantes qui commettent des actes pour lesquels elles
s’exposent à des peines criminelles sont sans surprise traînées dans la
boue par les faiseurs ou faiseuses d’opinions à la sauvette, les laquais
de l’industrie médiatique, elle-même au service d’intérêts autrement
supérieurs. Nous revendiquons le droit à la résistance pour toutes
celles et tous ceux qui en ont ras le bol de cette société étouffée par
la désinformation continuelle des médias de masse, qui ne sont plus
capables d’endurer les politiques antisociales du gouvernement. Pour
tout le monde écœuré de se faire agresser, blesser et insulter par les
forces de police - qui laissent entre la vie et la mort des
manifestantes et manifestants dont on ne daigne même plus, par la suite,
s’interroger sur leur sort - pour toute cette masse de gens qui, partout
dans le monde, luttent contre toutes les violences imposées par la
restructuration capitaliste, pour toutes ces personnes-là, nous
revendiquons le droit à la juste colère, à l’action directe et à la
révolte contre un système politique, économique et social qui abrutit
les consciences et détruit des vies.
À vouloir criminaliser toutes
formes de protestations, à vouloir terrifier les contestataires pour
mieux alimenter les fantasmes de bûcher d’une « opinion publique »
contrôlée, l’État, dans un élan totalitaire, consolide son austérité à
coups de violences dites légitimes. Il ne recule pas, ne discute pas, ne
s’ébranle pas outre-mesure face aux répercussions de son intransigeance.
Il consacre plutôt toutes les ressources dont il dispose à faire taire
une bonne fois pour toute un mouvement social qui a mainte fois fait ses
preuves. Il espère qu’une fois qu’il en aura fini de marginaliser, de
diviser et de ridiculiser les critiques qui s’élèvent à l’égard de ses
politiques tarifaires - ce en quoi consiste le projet néolibéral - il
aura champ libre pour poursuivre la purge des services sociaux que l’on
voudrait libres du privé, de qualité et accessibles… Nous ne nous
laisserons pas prendre dans les mailles du filet.
L’unité dans le
déchirement
Nous nous adressons au mouvement en lutte. Ne nous
laissons pas déconcentrer par la loupe médiatique au service de
l’idéologie dominante. En symbiose avec le pouvoir, les médias délateurs
sont des cibles de choix pour les actions à venir. L’État cherchera
désespérément des responsables et il s’en prendra aux plus combatifs et
combatives d’entre nous : sa répression est politique et il trouvera
tous les prétextes nécessaires pour tenter de mettre au pas celles et
ceux qui, de plus en plus, osent le confronter, que ce soit dans la rue,
dans les assemblées générales, dans les comités d’action et de
mobilisation ou par la simple plume. On tente de présenter comme plus
légitime les tendances qui exigent le moins possible, qui sont les moins
dangereuses pour le maintien d’un semblant de statu quo afin de diviser
le mouvement et d’isoler les tendances plus radicales de celles plus
réformistes. Ne cédons rien. C’est seulement par la continuité du
mouvement, l’expansion et l’intensification de celui-ci que nous
pourrons aspirer à une société plus juste. The show must go down. La
lutte continue.
* * *
Nous appelons à une vigile de solidarité avec
les personnes arrêtées dans le cadre de ce dossier et avec toute
personne judiciarisée ou blessée dans le cadre de la lutte actuelle.
Elle aura lieu le lundi 14 mai à 11h30 devant le Palais de Justice rue
Saint-Antoine.
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