PAS DE BOMBE SUR DAMAS!
Depuis
quelques jours, sans même attendre les conclusions des experts de l'ONU
sur ce qui s'est vraiment passé à la Ghouta, les dirigeant-e-s
impérialistes de France et des USA (les britanniques étant neutralisés
par leur opposition interne) concentrent leurs forces navales et
aériennes en direction de la Syrie...Il s'agit selon François Hollande
de « punir » le régime de Bachar El Assad... La réalité, c'est que ces
frappes seront là pour causer des dégats suffisamment importants aux
infrastructures et forces militaires syriennes pour forcer Bachar Al
Assad a accepté un compromis, non avec son opposition interne, mais
surtout avec les impérialistes du camp franco-américain.
A l'heure où nous écrivons
ces lignes, nous ignorons si les impérialistes se contenteront comme
ils/elles l'annoncent d'une simple agression (comme en ex-Yougoslavie en
1995 et au Soudan en 1998) où « nos » aviateurs regarderont d'en haut «
nos » bombes semer un peu plus de deuils et de destruction sur un
malheureux peuple qui n'en a vraiment pas besoin. Nous ignorons si les
impérialistes se parjureront comme ils/elles l'ont fait pour la Libye,
s'ils risqueront des troupes au sol et s'engageront dans une entreprise
d'invasion du pays. Dans ce cas ils braveront la colère de l'Iran, des
impérialistes rivaux russe et chinois et feront un pas de plus sur la
voie de la guerre mondiale.
L'Impérialisme français
Depuis
le début de la crise syrienne, l'impérialisme français apparaît comme
un des impérialismes les plus agressifs. L'impérialisme français est une
puissance en déclin, un tigre blessé à mort qui n'en est que plus
dangereux. Il se verrait bien volontiers sortir de la crise où il est
plongé en prenant le contrôle de ce point nodal pour le gaz et le
pétrole qu'est la Syrie.
De
plus la France a une longue histoire avec la Syrie: de 1920 à 1946, la
Syrie a été sous occupation française (mandat français). Dès cette
époque, l'Etat français s'est efforcé de diviser la Syrie pour mieux la
contrôler, notamment en la séparant du Liban (1926) et en essayant de
créer un micro- Etat des Alaouites (1924). Depuis, le démantèlement de
la Syrie a toujours été un projet de l'impérialisme français.
Aujourd'hui, la situation dramatique des Kurdes de Syrie (pris entre
deux feux entre le régime et l'opposition armée) et les dangers mortels
que courent la minorité alaouite en cas de victoire de l'opposition
peuvent permettre à la France de ressortir son projet, mais elle a
besoin que la Syrie s'enfonce toujours plus dans le chaos pour que le
démantèlement devienne peu à peu une évidence (comme en Irak).
A l'été 2004, Chirac a profité
du soixantième anniversaire du débarquement de Normandie pour mettre un
marché dans la main de George W. Bush: mettre les réseaux de
l'impérialisme français en Syrie au service d'une politique de
déstabilisation du régime de Damas. Un marché de vautours qui a scellé
la réconciliation des impérialismes français et US, qui venaient de
s'affronter violemment en Irak et en Côte d'Ivoire. On a beaucoup
entendu les « démocrates syrien-ne-s » lié-e-s à l'impérialisme français
au début du conflit, avant qu'ils/elles ne soient progressivement
évincé-e-s de la scène par les frères musulmans financé-e-s par le Qatar
et les salafistes financé-e-s par l'Arabie Saoudite. Pour autant
l'impérialisme français n'a jamais complètement disparu de la scène et
l'armé française a continué à armer l'opposition armée et à former ses
cadres.
Aujourd'hui, alors que
l'armée du régime syrien gagne du terrain et que les protégé-e-s du
Qatar et de l'Arabie saoudite commencent à s'entretuer, l'impérialisme
français cherche à reprendre la main.
Le régime syrien
Les ennemi-e-s de nos ennemi-e-s ne sont pas forcément nos ami-e-s.
Nous savons très bien ce
qu'est le régime syrien. Nous connaissons le sort qu'il reserve aux
militant-e-s progressiste, syndicalistes et communistes (en tout cas
celles et ceux qui refusent de servir de caution démocratique au sein du
« Front Populaire », vitrine du régime et chambre d'enregistrement des
décisions du Parti Baath).
La Syrie n'est pas le monde
des bisounours socialiste, mais un fourrier de contradictions sociales
violentes : sociales, religieuses, claniques. Ces contradictions se sont
faites de plus en plus violentes depuis que Bachar Al-Assad est arrivé
au pouvoir (2000) et a travaillé à mettre en pièces les anciens acquis
sociaux au nom de la « voie chinoise » (libéralisme économique,
autoritarisme politique). Nous savons que la « voie chinoise » a
entraîné un creusement des inégalités et d'importants mouvements de
mécontentement dans la classe ouvrière, chez les étudiant-e-s et les
privé-e-s d'emploi (sans parler des Kurdes, privé-e-s de toute
citoyenneté). Le régime a ainsi fragilisé son assise populaire.
De telles manifestations
ont eu lieu au printemps 2011 et qu'elles ont été réprimées avec
férocité. Cette opposition progressiste et patriote a été réduite au
silence par l'opposition pro-occidentale, puis par les djihadistes de
l'armée syrienne libre, puis par les salafistes du Front Al Nosra. Nous
sommes de tout coeur avec les communistes, les syndicalistes, les
progressistes, les féministes, les patriotes arabes et kurdes de Syrie.
Ils/elles tiennent l'avenir de la Syrie entre leurs mains. Nous
souhaitons à terme l'effondrement du « socialisme » de carton plâtre du
parti Baath et son remplacement par un socialisme réel s'appuyant non
plus sur le bloc impérialiste russo-chinois mais sur la mobilisation des
masses populaire pour lutter contre les tentatives de déstabilisation
et de partition de l'OTAN et de la réaction arabe. En attendant, tant
que le pays restera plongé dans la guerre inter-communautaire, clanique,
il sera impossible de mener la lutte des classes, et d'avancer sur la
voie du socialisme véritable.
L'opposition armée
Nous ne sommes pas des
adeptes du grand complot. Nous ne voyons pas dans l'opposition armée
syrienne (armée syrienne libre, Front Al Nosra)une simple bande de
mercenaires internationaux créée de toute pièce par l'Impérialisme
français, la Turquie et la réaction arabe (Arabie Saoudite, Qatar...).
Une poignée d'agent et de mercenaires ne peuvent pas déstabiliser un
régime de l'extérieur (sans quoi comment expliquer que nous ayons tant
de mal à faire la révolution dans notre propre pays!). Les scolopendres
ne s'infiltrent jamais que dans des murs déjà pourris. L'impérialisme a
soufflé sur des braises mais il n'aurait jamais mis le feu à la Syrie si
il n'y avait trouvé que des cendres. L'opposition armée à une base
sociale en Syrie: elle s'appuie sur les 25% de jeunes chômeur-euse-s
auxquel-le-s le « socialisme » syrien est incapable de fournir un
emploi, elle s'appuie sur les vieux rapports sociaux féodaux et
clientélisme que le parti Baath a été incapable de déraciner en quarante
ans de pouvoir, elle s'appuie sur des ressentiments ethniques et
religieux...
De
même, nous ne pensons pas que les capacités de résistance du régime
syrien sont dues uniquement à la puissance de son appareil policier et
militaire ni à l'aide militaire de l'Iran, de l'impérialisme russe et de
l'impérialisme chinois. Moubarak et Ben Ali ont été renversés par leur
peuple en quelques jours, malgré un appareil policier et militaire au
moins aussi performant et le soutien des impérialismes français et US.
Nous pensons que la résistance du régime est due aussi à la terreur des
minorités (Alaouites, Chrétien-ne-s, Druzes, Chiites, etc.) face aux
massacres déjà commis par l'opposition armée et aux risques de génocide
en cas de chute du régime. Nous pensons que la résistance du régime est
due aussi à la peur de la classe ouvrière, de la paysannerie pauvre et
des femmes de perdre leurs derniers acquis en cas de chute du régime. La
résistance du régime est due aussi à la révulsion croissante
d'importantes fractions de la population syrienne (et tout spécialement
de la minorité kurde) face aux méthodes de guerre de l'opposition armée.
Massacres
de civil-e-s, viols de guerre et autre tortures, attaques chimiques...
Certaines fractions du pouvoir syrien sont capable du pire contre le
peuple, même si elles ne s'en vantent pas. En revanche, le pire est
clairement assumé par l'opposition armée. Les « révolutionnaires »
soutenu-e-s par l'impérialisme français le revendiquent avec candeur
devant les caméras que leur tendent complaisamment
les médias occidentaux et postent avec fierté leurs sanglants exploits
sur You Tube. Massacres de civil-e-s, viols de guerre et autres
tortures, attaques chimiques...tout cela fait partie de leur programme,
de leur projet de société, de leur vision du monde.
Nous sommes attaché-e-s à
l'unité syrienne que l'impérialisme français a toujours cherché à
démanteler. Après avoir contribué à coloniser la Palestine, à détruire
le Liban et l'Irak, les impérialistes occidentaux s'apprêtent à noyer
sous les bombes ce dernier fragment fragile de l'orient mosaïque, ce
dernier espace de coexistence des cultures.
NE LAISSONS PAS LES IMPERIALISTES ATTAQUER LA SYRIE!
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