Pour expliquer la révolte d’aujourd’hui, il faut faire un rapide retour en arrière.
La Syrie a été une province
ottomane de 1516 à 1918. En 1916, les accords Sykes-Picot prévoit le
partage du Croissant fertile : la France obtient la
Syrie et la Grande-Bretagne, l’Irak et la Palestine. En 1946, la
Syrie accède à l’Indépendance. En 1963, le Parti Baas prend le pouvoir.
En 1967 c’est la guerre des Six jours, la Syrie pers le
Golan. En 1971, Hafez el Assad prend le pouvoir.
En 1973, la Syrie et
l’Egypte tentent de récupérer le Golan et le Sinaï. En 1975, c’est la
guerre civile au Liban. L’armée syrienne se range aux côtés des
forces chrétiennes libanaises, Israël occupe militairement le Sud
Liban. Les frères musulmans s’emparent de Hama, l’armée syrienne
bombarde le Sud-Liban, elle subit de lourdes pertes. Israël
envahit le Liban jusqu’à Beyrouth. L’armée syrienne doit reculer. En
1994-95, Yitzhak Rabin accepte de rétrocéder le Golan, il est assassiné
par un extrémiste israélien.
En 2000, Hafez el Assad
meurt. Son fils lui succède. Il faut rappeler que Hafez el Assad était
un nationaliste qui a réprimé les communistes syriens et
les frères musulmans.
La situation en Syrie
Dans la première phase (1960-1990), le régime nationaliste, laïc,
mais anticommuniste bénéficie d’un certain soutien populaire grâce à une
réforme agraire, la création d’un secteur public,
l’éducation gratuite et les services médicaux. C’est un Etat
policier dans lequel s’installent la corruption et le népotisme. Le
chômage se développe sur fond de crise générale du système
capitaliste et une grande partie de la jeunesse se retrouve sans
travail.
En 2000, Bachar El Assad succède à son père Hafez El Assad. Il se
veut « démocrate » et « ouvert ». En 2005, plagiant Teng Xiaoping, le
Congrès du Parti Baas dont il est
président se déclare pour « le socialisme de marché », comme si le
socialisme existait précédemment en Syrie. Cette « ouverture » a
approfondi le fossé entre les classes
dirigeantes et les classes populaires. En 2008, les prix ont
augmenté de 20%, celui de l’essence est multiplié par 3. C’est alors
qu’après celles des autres pays arabes, éclate la révolte des
masses en Syrie.
La révolte, en l’absence d’une direction communiste révolutionnaire,
a très rapidement été encadrée militairement par une fraction de la
bourgeoisie, soutenue par l’impérialisme. En effet les
impérialistes ont un plan pour le Moyen Orient tout entier, afin
d’avoir un contrôle total sur les richesses de la région, et
particulièrement le pétrole iranien. Les nouveaux impérialistes russe
et chinois ont des intérêts à défendre dans la région.
On voit donc les contradictions inter-impérialistes se développer.
D’une part, les impérialistes sont en concurrence et en lutte les uns
avec les autres pour se partager le gâteau, d’autre part, il y a une
lutte entre les nouveaux impérialistes d’un côté et les anciens de
l’autre. Le veto posé à l’ONU par la Chine et la Russie est
à considérer dans ce contexte comme arme diplomatique dans la lutte
inter-impérialiste pour le contrôle des ressources. Le risque est grand
d’une confrontation généralisée dont les peuples du
monde paieraient le prix.
La question du soutien
Une partie de ceux qui dénoncent l’intervention impérialiste, disent
que ce qui est principal dans la question syrienne est de s’opposer à
cette intervention et d’apporter le soutien au régime.
Comme les impérialistes manœuvrent et apportent leur soutien
politique et militaire à l’Armée Syrienne Libre, le principal selon eux
est alors de soutenir Assad. Qu’importent les crimes anciens
et nouveaux du régime, qu’importe que les masses soient opprimées et
exploitées par la dictature, qu’importe qu’elles se soient révoltées,
qu’elles soient bombardées.
S’il faut bien sûr s’opposer à toute intervention impérialiste, il
faut montrer que tant que les révoltes populaires ne se doteront pas
d’une direction révolutionnaire, c'est-à-dire
tant qu’un parti
communiste de type nouveau ne prendra pas la direction de la lutte
populaire de libération, alors la révolte ne pourra pas se
transformer en révolution véritable. Sans cela, le peuple
ne pourra en finir avec la domination des impérialistes et de leurs
chiens de gardes locaux : la bourgeoisie compradore et
bureaucratique et tous ceux qui les soutiennent ou pactisent avec
telle ou telle fraction.
Dans tous les pays, le chemin est celui qui conduit de la révolte
populaire sans organisation à la révolution prolétarienne. Elle prend la
forme de démocratie nouvelle dans les pays dominés et
celle de révolution socialiste dans les pays impérialistes.
D’autre part, on ne peut choisir un impérialisme contre un autre, on
ne peut choisir entre les anciens et les nouveaux impérialistes. Le but
des impérialistes est d’avoir la suprématie dans le
pillage des nations, dans l’exploitation et l’oppression des peuples
du monde. Ils sont prêts à en découdre pour préserver leurs intérêts,
agrandir leur zone d’influence.
La théorie pourrie de « choisir son camp » dans un conflit où aucun
camp n’est révolutionnaire est un avatar de la « théorie des trois
mondes » prononcée par Teng Xiaoping à
l’ONU en 1977. Suivant cette théorie, il y avait trois mondes. Le
premier monde était constitué des deux superpuissances USA et URSS, le
second monde des autres puissances impérialistes et le
troisième monde des pays opprimés, le tiers-monde. Contre les
superpuissances, selon Teng Xiaoping, il fallait unir le second monde et
le tiers-monde contre le premier monde. Le soi-disant parti
maoïste de l’époque, le PCMLF, en vertu de cette théorie, alla
jusqu’à tenir un meeting commun avec les royalistes néo-fascistes contre
une seule superpuissance, l’URSS.
Aujourd’hui, le
soutien à Assad sent le soufre, car il regroupe des opportunistes de
gauche, l’extrême droite et divers organisations fascistes ou
néo-nazis. Certains s’appuient sur les nouveaux impérialistes.
Les va-en-guerre impérialistes arment les opposants à Assad. Leurs
larmoiements sur les victimes ne cachent que leur impatience de régner
sur le « Nouveau Moyen-Orient ». En France,
c’est le gouvernement PS qui bat le tambour pour l’intervention
impérialiste devant son concurrent l’UMP. D’autres à gauche sont pour la
conciliation, pour une intervention
« pacifique » autour d’une table ronde, bref, ils sont pour un
arrangement avec les impérialistes qui ne peut se faire que sur le dos
du peuple et en aucun cas résoudre les causes de la
révolte, à savoir la misère, le chômage et le manque de liberté.
C’est pourquoi, il faut en finir avec le tiers-mondisme qui prétend
résoudre la contradiction entre les impérialistes et les pays dominés,
la contradiction entre classes dominantes et classes
dominées par la concertation, par la voie pacifique, oubliant que
les dirigeants des pays dominés sont des émanations directes des
puissances impérialistes et des bourgeoisies nationales qui
après avoir lutté contre les impérialistes finissent par passer des
accords avec eux au détriment des classes populaires qu’ils exploitent
et répriment à leur tour.
Malgré les manœuvres
des impérialistes et même en l’absence de direction révolutionnaire, les
masses populaires ont toujours raison de se révolter
contre l’exploitation et l’oppression. La révolte a montré
et montre qu’elle permet de renverser les pires dictateurs. C’est à
travers la lutte que les masses apprennent à connaître
leurs ennemis passés, présents et futurs. Ces derniers se
démasqueront et montreront, qu’ils soient laïcs ou religieux, qu’ils ne
représentent qu’une autre forme d’exploitation et d’oppression.
Une décantation s’opère sous nos yeux en Tunisie, en Egypte et même
en Lybie où les masses croyantes ou laïques s’opposent aux extrémistes
réactionnaires. Ce n’est pas encore la révolution, mais
c’est la marche en avant sur le chemin qui y conduit. Il faudra
encore beaucoup d’autres luttes pour y parvenir.
La construction de la perspective révolutionnaire
Dans plusieurs pays, au Maroc, en Tunisie, en Egypte, les maoïstes
commencent à s’organiser et se remettent en route pour construire le
parti de type nouveau regroupant les éléments les plus
avancés et le front uni des masses populaires regroupant laïcs et
croyants pour le même but : la révolution de démocratie nouvelle pour le
peuple.
C’est seulement en se dotant d’un parti révolutionnaire, d’un parti
communiste de type nouveau, d’un parti communiste maoïste, que le
prolétariat et les masses populaires pourront se libérer. Les
révolutionnaires locaux doivent s’atteler à cette tâche et
construire leur parti en lien avec le prolétariat et les masses
populaires, en tenant compte des conditions spécifiques de leur propre
pays. Les communistes doivent appréhender cette situation dans sa
globalité, en relation avec le développement du Mouvement Communiste
International et sa reconstitution.
Le rôle des communistes est de montrer que la lutte
inter-impérialiste est constante et que leur alliance est temporaire,
qu’elle est le reflet des alliances et des luttes du capital financier
qui domine toute l’économie. Leurs alliances ne sont que relatives,
la lutte entre eux est absolue. La puissance relative des impérialistes peut être
remise en cause momentanément par la révolte, définitivement par la révolution prolétarienne sur la planète entière.
La nécessité de construire une force communiste de type nouveau
s’affirme de jour en jour. Cette force, ce parti ne doit pas être à la
traîne des réactionnaires ou des réformistes, ces derniers,
en particulier, sapent la confiance du prolétariat et des couches
populaires et laissent la voie libre aux forces les plus réactionnaires.
Ils creusent le lit du fascisme et leur livrent pieds et
poings liés les masses désemparées devant leur impuissance.
On ne peut s’appuyer sur un impérialisme contre un autre ou sur une
force réactionnaire contre une autre, il faut avoir une force
indépendante. En Afghanistan, si l’impérialisme et le régime de
Karzaï à leur solde sont les principaux ennemis sur le plan
tactique, les talibans constituent eux, l’ennemi stratégique. Ce qui
signifie que le parti doit tenter de gagner la direction de la
lutte et surtout préparer la guerre populaire afin de libérer le
peuple afghan de la domination et de l’exploitation quel que soit le
masque sous lequel se dissimulent les oppresseurs et les
exploiteurs. C’est ce que fait le Parti Communiste (maoïste)
d’Afghanistan.
Le nouvel impérialiste chinois s’apprête à prêter main forte au
chien de garde des impérialistes Karzaï car il a des intérêts
économiques en Afghanistan et a, comme l’Inde, des prétentions
hégémoniques en Asie. Le Parti Communiste (maoïste) d’Afghanistan a
une lutte difficile à mener mais fait confiance en la capacité des
masses populaires de prendre conscience de la nature
des régimes qui se défont, comme de ceux qui prétendent lutter pour
la libération sans s’attaquer à la racine du mal, le système
capitaliste.
Le rôle des communistes est de s’opposer, de dénoncer toutes les
manœuvres des impérialistes et d’être contre toute intervention
impérialiste, particulièrement notre propre impérialisme,
représenté aujourd’hui en France par un gouvernement
social-démocrate, acharné à défendre non pas les peuples en lutte mais
le système d’exploitation capitaliste, oubliant que ce sont les peuples
qui font l’histoire.
Le rôle des
communistes est de combattre et de dénoncer les impérialistes anciens et
nouveaux, les régimes réactionnaires en place, quels qu’ils
soient. C’est la seule façon de faire prendre conscience
aux masses exploitées et opprimées que la seule solution est de préparer
la révolution pour renverser les impérialistes et leurs
chiens de garde.
La seule solution est de préparer dans chaque pays la guerre
populaire contre les guerres impérialistes et contre les guerres
fratricides interethniques et « religieuses » provoquées et
manipulées par les impérialistes et leurs chiens de garde.
La guerre populaire
est aussi un moyen puissant pour empêcher les puissances impérialistes
de déclencher un conflit généralisé qui réduirait à néant
les espoirs d’une vie meilleure pour des milliards d’hommes
et de femmes et qui nous plongerait dans une période encore plus sombre
que celles qu’ont connu nos peuples au cours de la
première puis de la seconde guerre mondiale.
LE PROLETARIAT ET LES PEUPLES DU MONDE N’ONT QUE LEURS CHAINES A PERDRE ET UN MONDE NOUVEAU A GAGNER !
PC maoïste de France
octobre 2012
No comments:
Post a Comment