S’unir et combattre, partout au pays!
24
septembre 2012
Les changements au régime canadien d’assurance-chômage annoncés au printemps
dernier par le gouvernement Harper constituent une attaque frontale à l’ensemble
de la classe ouvrière canadienne. Ces changements visent essentiellement à
exercer une pression à la baisse systémique sur les salaires ouvriers et à
affaiblir notre capacité de lutte et de résistance aux capitalistes et à leur
système d’exploitation.
Le gouvernement va modifier la définition de ce qui constitue un «emploi convenable» dans le régime d’assurance-chômage. Tout en étant tenu de faire une recherche d’emploi active, un prestataire pouvait jusqu’à maintenant refuser un emploi ne lui offrant pas des conditions équivalentes à son dernier emploi, et dans le même domaine. Dorénavant, les chômeurs et chômeuses seront diviséEs en trois catégories: les «prestataires fréquents», c’est-à-dire ceux et celles qui ont demandé trois fois de l’assurance-chômage au cours des cinq dernières années et ont touché au moins 60 semaines de prestations, seront contraints, au bout de six semaines de chômage, d’accepter un emploi dans n’importe quel domaine à 70 % de leur dernier salaire. On pense ici évidemment aux travailleuses et travailleurs saisonniers dans les régions où par la force des choses, ce type d’emploi constitue la norme: industries de la forêt, de la pêche, du tourisme… Mais c’est le cas aussi de centaines de milliers d’autres travailleurs et travailleuses: ceux et celles qui travaillent pour des agences de placement temporaires, les chauffeurs d’autobus scolaires, les chargées de cours des cégeps et universités, les travailleurs et travailleuses de la construction qui travaillent en moyenne entre sept et huit mois par année, etc. Même ceux et celles que le gouvernement classera comme «bons chômeurs» (les «travailleurs de longue date», qui n’ont que très peu eu recours à l’assurance-chômage) seront tenuEs au bout d’un certain temps d’accepter un emploi à 80 % de leur dernier salaire, sous peine eux aussi de perdre leur droit aux prestations. Le régime d’assurance-chômage est au cœur du rapport entre le capital et le travail. Le niveau de protection conféré par l’assurance-chômage a une incidence directe sur le rapport de force – qu’il soit individuel ou collectif – que nous avons face aux capitalistes. Un régime atrophié comme celui avec lequel on est pris depuis les grandes réformes des années 1980 et 1990, qui n’offre une protection qu’à un peu moins de la moitié des travailleurs et travailleuses qui perdent leur emploi, nous rend tous et toutes plus vulnérables devant les exigences des patrons. C’est précisément ce que vise le gouvernement Harper avec sa nouvelle réforme: affaiblir encore plus notre capacité de résistance et nous précariser au maximum, afin que les capitalistes puissent tirer de plus grands profits de notre travail. Cela, les grandes organisations qui parlent au nom des capitalistes l’ont bien compris, que ce soit le Conseil du patronat du Québec ou la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, qui ont accueilli la réforme avec enthousiasme. Depuis l’annonce de ces nouvelles mesures, une demi-douzaine de manifestations ont eu lieu dans diverses municipalités au Nouveau-Brunswick, rassemblant jusqu’à 600 personnes. Ces manifestations ont été organisées par un comité de lutte mis sur pied spontanément par des travailleuses de l’industrie de la pêche. Au Québec, le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi, qui rassemble une quinzaine de groupes de chômeurs et chômeuses, a lancé une campagne contre ce qu’il qualifie de «saccage de l’assurance-chômage». Des assemblées d’information se tiennent dans une vingtaine de villes et une manifestation aura lieu le samedi 27 octobre à Thetford Mines, dans la circonscription du lieutenant politique de Stephen Harper, Christian Paradis. Des efforts sont faits pour rejoindre des syndicats et organisations populaires en Ontario, afin que le mouvement s’élargisse. Il y a un réel potentiel pour qu’une grande lutte se développe sur ce front. Le mouvement de lutte contre la réforme Harper peut certainement s’inspirer du mouvement étudiant, qui a ébranlé la bourgeoisie québécoise et réussi à la faire céder au cours des derniers mois. Il faut organiser la journée d’action du 27 octobre partout au Canada. Il faudra surtout lui donner des suites. Et éviter le piège dans lequel les nationalistes du PQ veulent nous faire tomber au Québec, eux qui proposent d’abandonner les travailleurs et travailleuses des provinces maritimes à leur sort et de se tourner vers un illusoire rapatriement du régime d’assurance-chômage. Le gouvernement Harper souhaite que sa réforme entre en vigueur en janvier 2013. Un mouvement fort, solide et uni pourrait passer à l’attaque dès le moment où elle fera ses premières victimes parmi les prestataires d’assurance-chômage, en entreprenant des actions directes bien ciblées contre le gouvernement et la bourgeoisie. Avant toute autre chose, c’est ce qu’il faut préparer: la lutte et la mobilisation en s’appuyant sur la force et la volonté de lutte de la classe ouvrière. Non à la réforme Harper! Oui à l’unité de la classe ouvrière et à la lutte contre toutes les mesures de crise de la bourgeoisie! |
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