CANADA: ISKRA el nuevo periodico del PCR/RCP.
Texte de lancement de l’ISKRA
L’ISKRA est le nouveau journal du Parti communiste révolutionnaire (PCR-RCP). Il se constitue en tant qu’organe central du parti, en tant que grand centre de relais et de diffusion pour l’ensemble de ses mots d’ordre, analyses, polémiques et combats politiques. L’ISKRA sera le principal outil propagandiste de la période de reconstruction de notre parti et l’un des grands points névralgiques de notre déploiement dans les prochaines années.
L’ISKRA,
en tant que journal électronique, vient réorganiser l’ensemble de notre
système de propagande. Afin de répondre adéquatement à la progression
du parti et aux défis actuels posés par la période de reconstruction,
nous entendons prioriser un modèle souple et vivant permettant la plus
grande marge de manœuvre pour produire en continu le matériel et les
munitions demandés par la lutte révolutionnaire. FierEs de l’ensemble de
nos publications papier actuelles, nous entendons les bonifier en les
alimentant par la richesse offerte par la constitution d’un véritable
centre de direction idéologique permanent pour l’ensemble de notre
travail et pour l’ensemble du mouvement révolutionnaire au pays. Si
l’ISKRA n’a pas pour but de paraître sous une forme physique, l’ensemble
des publications papier actuelles du parti trouveront à leur manière
une façon d’exprimer et de faire déboucher les grands mots d’ordre de
l’ISKRA.
La capacité de s’exprimer largement sur la réalité vivante de la lutte des classes et sur les questions relatives à la progression actuelle de la révolution est l’un des poumons essentiels
à un parti communiste cherchant à diriger la prise du pouvoir politique
par le prolétariat. Ce que nous visons en premier lieu est de renforcer
notre capacité à couvrir en permanence le spectre des questions
politiques, stratégiques et tactiques que nous offre la lutte des
classes et de grandement faciliter la formation idéologique, la maîtrise de la ligne et l’accès aux prises de position du parti. La création de l’ISKRA n’est que la première étape d’un vaste mouvement de liaison avec la classe ouvrière et d’action révolutionnaire parmi les masses visant à atteindre des secteurs du prolétariat toujours plus nombreux et à étendre l’influence du Parti communiste révolutionnaire. L’une
des tâches actuelles de la révolution est de réussir à faire percer la
propagande et l’activité communiste dans un nombre croissant de villes ouvrières. Cela
restera en grande partie impossible tant qu’il n’y aura pas une source
politique de premier ordre permettant aux bassins grandissants de militantEs locaux d’assimiler la ligne du parti et de parvenir à la reformuler. Il nous faut créer les conditions permettant au PCR de s’exprimer en tant que centre de la révolution en développement et lui permettant d’encadrer, d’absorber et de métaboliser correctement l’ensemble des communistes au pays qui désirent se ranger sous la direction des Continuateurs pour participer à la reconstruction du parti et du camp révolutionnaire.
À la sortie d’une récente scission avec sa frange opportuniste, le PCR est fier du combat historique qu’il mène et applaudit touTEs les camarades s’étant resserréEs autour de sa ligne, de son programme et de sa stratégie révolutionnaire. C’est cette unité, forgée à travers la lutte, tout comme c’est la force politique découlant de la volonté d’aller à contre-courant et de braver l’isolement momentané, qui nous a permis de gagner aujourd’hui le temps, l’énergie, la marge de manœuvre avec les personnes réelles et les capacités nécessaires pour prendre en charge une tâche d’une si grande urgence. Ce qui rend possible une telle initiative est la création récente du comité de rédaction de l’ISKRA, qui sera dédié à animer cet organe et agira en tant que voix officielle du parti. C’est l’ensemble des réseaux (correspondantEs, antennes, polémiques, contributions, soutiens, comptes rendus, etc.) animés par ce comité, lesquels
gagneront en étendue au cours des prochains mois et des prochaines
années, qui nous permettront de répercuter de plus en plus la réalité
matérielle profonde de la lutte des classes et le courage héroïque des millions de prolétaires au pays.
De l’étincelle jaillira la flamme
L’ISKRA (l’Étincelle en russe) fait référence au premier journal social-démocrate distribué à l’échelle de la Russie, journal qui parait pour l’essentiel de la fin de l’année 1900 au milieu de l’été 1903. Dirigé par Lénine, il s’agit alors de l’un des premiers grands chefs-d’œuvres politiques d’un processus qui, dix-sept ans plus tard, ébranle le monde entier en débouchant sur
la première prise du pouvoir par le prolétariat. Le choix de faire un
emprunt aussi grand au passé et à l’expérience de notre mouvement est
tout sauf neutre : il
représente notre conception politique de ce qu’est l’honneur d’être un
communiste. Vive notre histoire ! Vive nos luttes, nos victoires et nos
combats antérieurs ! Le passé n’est pas un fardeau ou quelque chose devant nous faire éprouver une amère nostalgie, mais bel et bien un outil à saisir pour façonner et maîtriser notre propre expérience ! RempliEs d’admiration pour l’extraordinaire audace politique de l’avant-garde Russe de l’époque, nous entendons faire connaître et résonner au sein du prolétariat canadien ce grand exemple historique de ce que la lutte pour l’unité et la clarté politique offre en terme de vitalité révolutionnaire. Nous sommes rempliEs d’admiration pour tout ce que cette expérience a démontré, pour tout ce qu’elle a ouvert et tracé comme chemin en proclamant que de l’étincelle jaillira la flamme et que peu importe les difficultés rencontrées, la révolution ira toujours de l’avant ! Camarades, soyons cette étincelle !
Après avoir passé presque quatre ans en prison et en exil, Lénine, qui vient tout juste d’être libéré, entreprend
une dernière tournée des différents comités en Russie pour rassembler
et consolider son réseau de contacts, d’antennes et de camarades avant
son grand départ. Lui et ses deux proches compagnons (Martov et Potressov) de l’époque misent tout ce qu’ils possèdent, y compris leur liberté à peine retrouvée,
pour s’expatrier en Suisse et entreprendre le projet incroyable pour
l’époque de produire un journal révolutionnaire clandestin pour
l’ensemble de la Russie. Allant rejoindre les membres de Libération du travail (Plekhanov, Axelrod, Zassoulitch) – qu’il a déjà rencontrés quelques années plus tôt lorsqu’il a été envoyé en tant que délégué des divers comités social-démocrates de Russie désirant se lier aux révolutionnaires en émigration – Lénine cherche à réunir les forces et les ressources nécessaires pour accomplir le grand projet qui l’anime depuis les premiers jours de son arrestation.
Réussissant
de peine et de misère, quelques années plus tôt, à publier le premier
numéro d’un journal local à Saint-Petersbourg, Lénine et quelques
camarades se retrouvent sous les barreaux dans les semaines qui suivent
la parution, et ce, malgré tous les compromis faits et toutes les
précautions prises. Alors qu’il a pourtant déjà de bonnes années
d’expériences militantes dans diverses villes de Russie ainsi que dans
les grands cercles social-démocrates de Saint-Petersbourg au moment où
ceux-ci débutent leurs expériences d’action révolutionnaire parmi les
masses, Lénine se doit de constater son échec.
En maître de la conjoncture et alimenté par l’expérience en cours de tous les comités social-démocrates naissant en Russie, Lénine comprend bien le cul-de-sac auquel fait face le mouvement révolutionnaire dans ce pays. Devant l’impasse que constituent la fragmentation idéologique et la faiblesse de l’éclatement pratique et organisationnel, constatant tout le temps perdu à produire des dizaines de petits journaux et voyant presque partout l’activité des révolutionnaires réduite à cette simple activité, Lénine formule ce qui s’avère être l’un des premiers objectifs politiques de l’ISKRA : constituer un journal politique unique pour la Russie entière. Il développe ainsi l’une de ses premières grandes thèses en matière d’organisation, à savoir qu’un parti communiste est plus que la somme mécanique de différentes localités et villes ouvrières. Au contraire, un parti communiste est un regroupement organique représentant bien plus que la simple somme de ses membres individuels et traduisant la valeur politique fondamentale de l’avant-garde révolutionnaire du prolétariat.
S’ouvrent
alors trois années de lutte opiniâtre pour produire l’ISKRA, pendant
lesquelles un nombre incroyable de militantEs et de réseaux différents
s’activent pour permettre au journal de s’écouler clandestinement dans
tous les coins de la Russie. Des articles célèbres comme «Les tâches
immédiates de notre mouvement» et «Par où commencer ?» constituent une
partie de la pléthore d’articles qui sont rédigés à cette époque par la
rédaction de l’ISKRA. C’est pendant ces trois années que de grandes
notions se précisent, telles que la distinction entre la direction
organisationnelle et la direction idéologique, le potentiel d’un journal
comme organisateur collectif, la fusion du socialisme scientifique et
du mouvement ouvrier dans la conjoncture en Russie, et bien d’autres
encore.
Les
différents articles contenus dans l’ISKRA sont une formidable porte
d’entrée à la vie politique et au mouvement révolutionnaire pour un
nombre incroyable d’ouvrierEs, de travailleurs et de travailleuses.
L’ISKRA rend possible pour tout lecteur et pour toute lectrice le
moindrement volontaire de s’initier au socialisme et d’apprendre de
l’expérience en cours de la révolution. L’introduction du marxisme dans
la classe ouvrière se fait à travers l’appréciation politique des
différents évènements de la lutte des classes. Situant l’actualité de la
lutte révolutionnaire en Russie avec ses mots d’ordre et ses analyses,
l’ISKRA permet indirectement aux militantEs d’apprendre à maîtriser
l’analyse de ces différents évènements, faisant progresser le
prolétariat vers la prise du pouvoir. Les questions en suspens du
mouvement sont posées, permettant aux différents camps de se délimiter
et de s’unir. Les numéros de l’ISKRA reçus par les militantEs donnent
naissance en retour à un nombre incroyable de tracts simplifiant et
reformulant la ligne politique qui y est contenue. Très vite, les
rédacteurs du journal se mettent à entretenir un nombre faramineux de
correspondances avec ouvrierEs, travailleurs, travailleuses et
militantEs, rassemblant des détails en tout genre sur la réalité vivante
de la lutte des classes. Cette somme d’informations factuelles peut
ensuite être synthétisée et retraduite dans les pages du journal dans
des positions toujours plus en phase avec cette réalité et avec l’état
de la lutte.
L’expérience de l’ISKRA se termine, pour sa grande partie, au deuxième congrès du POSDR (Parti ouvrier social-démocrate de Russie). Après ce congrès, les luttes au sein de la rédaction amènent Lénine à se retirer et viennent consacrer encore plus la rupture entre bolchéviques et menchéviques. Les révolutionnaires russes emboîtant le pas à ceux des autres pays européens au sein desquels l’appropriation du marxisme et l’écho du mouvement social-démocrate génèrent la création de nombreux partis ouvriers, il se tient en Russie, quelques années auparavant, le 1er congrès du POSDR. Ce congrès de fondation demeure inachevé. À l’issue de celui-ci, la presque totalité des membres élus au centre se retrouvent en prison. Le grand gain de cet épisode est néanmoins que malgré le résultat incomplet, la carte est jouée : il y aurait
un parti révolutionnaire en Russie, peu importe le coût, peu importe la
répression féroce du tsarisme. L’un des grands accomplissements de
l’ISKRA est de préparer politiquement le congrès suivant en été 1903 pour que la fondation du parti ait lieu dans les faits.
Affronter la tempête et assumer le combat politique
L’un des plus grands combats de l’ISKRA est de lancer une véritable offensive sur les grandes questions de tactique que se pose alors le mouvement révolutionnaire. Il y a cent-dix-huit ans, Lénine engage, dès le premier numéro du journal, le combat contre les économistes en Russie et contre les premières grandes manifestations de l’opportunisme gangrenant le mouvement social-démocrate européen et la Deuxième internationale. Il s’agit alors des premiers pas d’un combat grandiose qui se termine 19 ans plus tard avec la fondation de l’Internationale communiste, consécration de près de vingt ans d’adversité qui dote le prolétariat mondial d’un
véritable outil d’internationalisme après la trahison historique du
mouvement social-démocrate lors de la guerre impérialiste. Cette lutte,
qui, à ce moment, ne commence encore qu’à prendre forme, il l’a déjà commencée lors de ses trois années d’exil, en formulant avec d’autres camarades la protestation des social-démocrates de Russie contre la pénétration d’idées étrangères au marxisme dans le mouvement, idées cherchant à réduire la lutte révolutionnaire au niveau du mouvement spontané, à rejeter l’organisation en parti et à diluer les forces révolutionnaires dans les pires pratiques attentistes. Ce combat contre les économistes, qui fait rage durant les trois années d’existence de l’ISKRA, est ce à travers quoi le journal se développe véritablement et permet d’avancer politiquement vers le deuxième congrès du POSDR.
À
ce moment dans l’histoire de la révolution bolchévique, la garantie du
succès de la fondation réelle d’un parti révolutionnaire en Russie
repose sur la nécessité de provoquer un véritable raz-de-marée et
d‘obliger chaque membre et chaque comité à se situer dans les débats en
cours, d’où la formule célèbre et géniale : «Avant de nous unir, et pour nous unir, nous devons commencer par nous démarquer nettement et résolument».
Mobilisant un arsenal large et varié, Lénine et l’ISKRA utilisent
polémiques, articles, analyses, rencontres, débats, etc. et obligent
ainsi, par la force des choses, les différents comités à se positionner
et à abandonner toute ligne intermédiaire recherchant le compromis et
obscurcissant les clarifications politiques demandées.
Faisant surgir de nouvelles perspectives, la lutte contre les économistes encadre l’activité en cours en Russie et permet un mûrissement de l’action révolutionnaire des différents comités parmi les masses et leur maîtrise consciente de cette action en précisant grandement leurs objectifs et leurs méthodes. C’est un véritable mouvement qui apprend pas à pas à métaboliser en tant que mouvement unifié
les questions de tactique en se donnant et en développant son jargon :
agitation, propagande, conscience de classe, lutte politique,
revendication économique, etc. Gagnant toujours plus d’appuis et unissant toujours plus derrière elles et eux, les Iskristes (c’est ainsi que l’on nommait les partisanEs de l’ISKRA), et particulièrement Lénine, sont rapidement accusés d’être sectaires et de vouloir diviser inutilement la grande famille des social-démocrates.
Il
se joue alors quelque chose de particulièrement important dans
l’histoire du mouvement communiste, leçon indispensable dans
l’apprentissage de n’importe quel révolutionnaire souhaitant de toute sa
volonté politique faire triompher la lutte révolutionnaire. C’est que
lorsque l’on en reste à un niveau de pragmatisme étroit, on ratte toute
la richesse des luttes de lignes et toute la profondeur des conséquences
de choix en terme d’action révolutionnaire, d’intervention, de
stratégie, de tactique et de méthode. Il est facile d’accuser Lénine et
les Iskristes de sectarisme, car lorsque l’on en reste à ce niveau
toxique de pragmatisme, on se retrouve inévitablement à nier la
substance et à ne considérer que les apparences.
Lorsque l’on compare d’un point de vue pragmatique unE partisanE de l’ISKRA et un économiste, tout le fossé politique en vient à disparaître et l’on en reste à l’appréciation médiocre : touTEs les deux se lèvent le matin, vont à l’usine avec leur tract, diffusent et agitent. Sous cet angle, il n’y a bien sûr aucune différence, alors que pourtant, entre les deux, c’est toute la différence du monde ! Dès ce moment, dès que l’on perd de vue l’ensemble de la politique et de la lutte pour se délimiter, dès que l’on liquide les positions pour sauver les apparences et que l’on nie le débat de ligne – comme s’il n’était pas sain et nécessaire de tracer la ligne de démarcation entre les révolutionnaires et les opportunistes –, on se trouve à
asphyxier le développement de la révolution et à préserver l’inertie.
C’est à un niveau beaucoup plus profond et fondateur que la simple
comparaison positive qu’il faut faire porter l’analyse politique et le
débat sur la manière scientifique de transformer la réalité matérielle
par la lutte révolutionnaire, sur la manière de construire le parti communiste et d’avancer stratégiquement dans la préparation de la guerre populaire.
Nous pensons que c’est sur ce même niveau fondamental qu’il faut faire porter aujourd’hui le débat de ligne au sein du mouvement maoïste. Il n’est plus suffisant de se dire en paroles partisanE du maoïsme et de la guerre populaire. Notre mouvement doit parvenir à polémiquer et à délimiter les camps dans l’appréciation politique fondamentale des différentes pratiques, des différents modèles de construction du parti et des différentes positions sur la richesse de l’expérience historique en ce qui a trait aux formes de l’action révolutionnaire. Nous devons saisir tout ce que nous offre le maoïsme en tant que synthèse la plus élevée de la science de la révolution. Nous devons renverser la tendance historique de la faiblesse – en nombre et en expérience immédiate – de notre mouvement et lancer dans la mêlée, tel que l’ont fait les partisanEs de l’ISKRA, un vaste mouvement apprenant à maîtriser en tant que mouvement unifié l’ensemble des questions pratiques auxquelles sont confrontéEs les militantEs communistes. Nous ne progresserons
pas d’un pas en s’enfermant dans une appréciation technique des
choses : notre tâche est bel et bien de révéler la conception politique de tous les aspects du travail communiste.
Nous
reprenons donc le flambeau de l’ISKRA contre de nouvelles
manifestations historiques de l’opportunisme et du révisionnisme et
entendons doter le prolétariat d’un point de repère incomparable pour
maîtriser la ligne révolutionnaire afin de s’affermir en tant que classe
révolutionnaire consciente en lutte pour le pouvoir politique. Nous
entendons affronter la tempête et assumer le combat politique en
refusant l’ensemble de l’exercice cherchant à ralentir la progression de
la révolution en émoussant le tranchant et la vitalité de la polémique.
Nous entendons continuer l’ensemble de l’exercice stratégique de notre
parti, le préciser et le faire progresser. Nous entendons soumettre au
débat de lignes les grands points névralgiques de nos analyses : notre
appréciation politique de la période historique, l’importance de la
dialectique des petits et des grands mouvements pour construire un parti
communiste apte à diriger la guerre populaire, notre conception du
front uni de la guerre populaire, la nécessité de construire un parti
communiste complet assumant l’ensemble des formes objectives de l’action
révolutionnaire ainsi que l’ensemble du potentiel matériel de la lutte
des classes.
Nous entendons entre autres
régler nos comptes avec l’Arsenal #9, paru à l’époque où le parti était
encore pollué en son sein par les opportunistes. Ce numéro (9) doit
être compris comme étant en grande partie un document étranger au PCR et
devra être pleinement et minutieusement critiqué. Les articles que les opportunistes y ont écrit doivent être dénoncés comme de parfaits exemples des pires erreurs du passé que l’on tente de nous faire avaler en les rhabillant avec un langage à la mode. L’article «L’approche communiste du travail de masse» est une véritable liquidation de l’une
des plus grandes catégories historiques de l’action révolutionnaire
parmi les masses (ARM). En réduisant le niveau politique du travail du
parti dans les masses à une lutte économiste pour des revendications
immédiates,
on vient liquider toute la profondeur et la complexité d’un parti
communiste qui se doit de déployer un type d’ARM spécifique et de
disposer correctement ses forces dans les masses pour progresser dans une
guerre populaire réelle. Dans notre cas précis, on entretient de la
confusion sur la difficulté générale de la période historique actuelle de préparation politique de la guerre populaire, difficulté relative au type de nouvelle liaison – nouvelle et non simplement copiée sur ce que produit déjà le mouvement spontané – avec la masse du prolétariat demandée aux révolutionnaires afin d’être adéquatement liéEs avec la classe pour lancer la lutte armée dans la prochaine décennie.
Nous publierons dans les prochaines semaines à travers l’ISKRA le numéro 10 de l’Arsenal, lequel se concentrera sur l’importance d’une juste appréciation de la richesse de l’expérience en ce qui a trait aux formes objectives de l’action révolutionnaire, sur la question de la maîtrise de ces formes ainsi que sur la
conception maoïste du rapport entre la guerre populaire et les autres
formes de lutte. Il s’agit de cet aspect de la pratique où un groupe
luttant pour le communisme devra inévitablement se positionner :
l’initiative ou la paralysie, des choix ou des refus, la révolution ou
le révisionnisme. Il nous faudra clarifier cette notion de science de la révolution et regarder ce qu’est aujourd’hui une appréciation scientifique et maoïste des questions politiques, stratégiques et tactiques concernant les choix d’actions (de forme, de type, de progression, de moment, de rapports entre eux, etc.) qu’un parti communiste peut accepter ou refuser d’opérationnaliser.
En
ce sens, la notion de formes objectives de l’action révolutionnaire,
nous le verrons, est un des acquis les plus précieux de l’expérience du
mouvement communiste international. Elle traverse l’ensemble de la
pratique, du matérialisme historique naissant, des premières injonctions
à transformer la réalité de Marx et Engels, des principes du Léninisme
en ce qui a trait aux formes de luttes multiples demandées pour porter
un mouvement révolutionnaire à la prise du pouvoir, jusqu’à la vérité
universelle du maoïsme et à sa solution pratique pour préserver les
forces révolutionnaires et conquérir le pouvoir en déclenchant la guerre
populaire.
Cette
appréciation juste des formes objectives de l’action révolutionnaire
représente l’oxygène indispensable et central à toutes les questions
devant nous. Comment aujourd’hui le petit groupe de révolutionnaires
pourra-il progresser et parvenir à mobiliser millions et millions dans
une guerre populaire contre la bourgeoisie ? Quelles seront les choix
d’actions que ce groupe aura à assumer à une époque où le maillon le
plus fragile de la chaîne reliant les révolutionnaires et la masse du
prolétariat est le parti ? Qu’est-ce que cela représente de reconnaître une chose (c’est-à-dire un affrontement soutenu avec la bourgeoisie jusqu’à son anéantissement) et de la mettre en pratique dès aujourd’hui ? Notre
point de départ est que pour répondre aux grands défis stratégiques de
la révolution, la richesse de l’expérience est avant tout un outil à
s’approprier pour solutionner dans la pratique ces obstacles. La
nécessité de totaliser l’ensemble des formes objectives de l’action
révolutionnaire et de construire un parti communiste complet est
aujourd’hui, en dernière instance, le grand critère qui distinguera dans
les prochaines années un autre pétard mouillé d’une véritable tentative
de montée vers le pouvoir. À une époque où la bourgeoisie est plus que jamais outillée en expérience, en forces et en capacités dans sa lutte contre le prolétariat pour préserver son monde infâme, se refuser des formes d’action, des capacités supplémentaires et se confiner dans la spécialisation d’un seul champ d’activité ne fera que condamner le camp révolutionnaire au lieu de lui permettre de s’épanouir, de s’élargir et de rejoindre de plus grandes section du prolétariat tout en les unifiant de plus en plus.
L’ISKRA
du PCR se donne ainsi comme objectif de donner tout l’espace nécessaire
afin de laisser libre cours à la politique et de permettre de faire
tomber toutes les positions intermédiaires et conciliatrices. Nous
soutenons que lorsqu’il est question de la révolution au Canada, il est criminel de vouloir atténuer les points de délimitation obtenus au cours de la première étape de notre lutte contre les opportunistes et que pour saisir la maturité actuelle
de la révolution au pays, c’est dans cette expérience qu’il faut
puiser. Afin de dominer la deuxième étape de cette lutte contre les
opportunistes canadiens, il nous faudra développer à un niveau beaucoup plus élevé toute la richesse et la clarification politique que cette lutte de lignes nous a permis de gagner et faire vivre ces acquis par notre propagande vivante et par notre
polémique. Dans la lutte contre le maoïsme révisionniste et la fusion
des deux mouvements toxiques que sont l’opportunisme et le
post-modernisme, nous espérons voir de nouveaux partis se créer là ou il n’y en a pas encore et voir le débat de lignes atteindre l’ensemble de notre mouvement. Camarades, vive la révolution !
Générer l’action révolutionnaire et maîtriser les questions de la lutte des classes
Dans
l’histoire du mouvement révolutionnaire en Russie – et plus précisément
lors de l’avancement politique vers le deuxième congrès du POSDR –,
Lénine développe la notion d’organisateur collectif pour désigner le
rôle et l’importance que pouvait jouer un journal pour regrouper et unir
dans l’action les différents comités encore dominés par l’éclectisme et
l’activité multiforme immature. Cette notion est particulièrement riche
en enseignements et se doit d’être bien assimilée.
Décrivant
l’effet du journal comme le fil guidant les maçons dans leur travail de
fondation et de construction, Lénine en vient à signifier l’importance
de la propagande pour orchestrer correctement l’action révolutionnaire,
encore trop peu en phase, de différents comités. Le travail politique
dépassant une localité unique et regroupant des villes éparses se voit
immensément atrophié et amputé lorsque la propagande (c’est-à-dire la
direction idéologique forte et multiple) est absente. Lorsque cette
propagande est faible, il est impossible d’établir une direction
organisationnelle serrée et de parvenir à lancer les offensives
matérielles demandées. Sans la propagande, c’est toute l’activité qui
est paralysée, car elle n’est jamais lubrifiée par la série d’analyses,
de commentaires et d’explications permettant aux différents
révolutionnaires de confirmer et reconfirmer leur adhésion et leur
compréhension. La vérité est que personne n’est prêt à agir sans adhérer
suffisamment et correctement à une ligne politique. La propagande
produit l’adhésion et c’est cette adhésion qui est indispensable pour
structurer et organiser un mouvement révolutionnaire ainsi que pour
permettre la cohésion et l’unité demandées par les nombreuses cellules,
rayons et comités d’un parti communiste. C’est cette adhésion qu’il faut
cultiver, renforcer et solidifier sans cesse, encore et encore. C’est
elle qui crée les conditions matérielles permettant d’unifier dans la
pratique les multiples révolutionnaires. C’est l’unité dans ce à quoi
l’on adhère, dans ce que l’on défend et dans ce pour quoi l’on lutte qui
fait la force des communistes dans l’action, peu importe leur nombre.
Ce
qui sous-tend donc cette notion de journal comme organisateur collectif
est que la propagande est génératrice de l’action révolutionnaire. La
propagande est l’une des premières formes objectives à maîtriser, de par
son importance stratégique dans sa relation avec les autres formes
d’action, car elle crée les conditions permettant à un parti de se
délimiter, de se constituer, de s’unir et de progresser. Elle représente
plus souvent qu’autrement l’un des premiers grands centres de gravité
dont un parti doit se préoccuper dans sa grande logique de construction.
Elle est aujourd’hui le seuil minimal pour reconstruire notre parti et
lancer un vaste mouvement de liaison avec la classe ouvrière et d’action
révolutionnaire parmi les masses.
L’ensemble
de la propagande de l’ISKRA s’inscrira dans notre conception, pour la
conjoncture actuelle, d’un journal central unique assumant la fusion du
socialisme scientifique et du mouvement ouvrier en portant des points de
vue vastes et variés sur la réalité politique et économique du
prolétariat, sur les tâches des révolutionnaires communistes dans le mouvement ouvrier, sur les méthodes de travail et les formes de lutte pour construire le parti dans les villes ouvrières, ainsi que sur
comment combattre au sein des masses pour faire avancer la révolution.
Nous allons attaquer de plein fouet tout ce que la lutte des classes
offre en terme de possibilités, de nouvelles, d’évènements, de combats et d’affrontements pour faire croître notre mouvement et notre parti en transformant chacune de ces composantes de la réalité en opportunités politiques de comprendre et de saisir comment l’on doit s’y prendre pour renverser ce monde infâme.
C’est
en partie à travers ce rayonnement, à travers ce grand dialogue avec le
prolétariat que nous allons opérer cette puissante fusion du socialisme
scientifique et du mouvement ouvrier. Ce dialogue sera d’ailleurs sans
cesse renforcé par l’écho de toutes les autres formes de notre action
révolutionnaire. La tâche qui est la nôtre est de doter le prolétariat
et son avant-garde d’une maîtrise toujours plus grande, toujours plus
large, toujours plus systématique de l’ensemble des problèmes de la
lutte des classe. Cela va se formaliser dans des mots d’ordre et des
analyses à travers lesquels les militantEs du PCR répondront présentEs
et seront aux premières lignes pour entraîner les masses à l’action
révolutionnaire.
Pour
réaliser cette tâche immense, le comité de l’ISKRA aura besoin de toute
la diversité possible en terme de matériaux permettant de traduire la
réalité complexe de la lutte des classes. Nous appelons touTEs les
ouvrierEs conscientEs, les travailleurs et les travailleuses
révolutionnaires ainsi que les sympathisantEs à entreprendre une
correspondance avec notre journal afin de nous permettre de devenir,
comme le formule Lénine, un parti omniscient ayant ses antennes dans
tous les coins et racoins des luttes du prolétariat. Peu importe où vous
êtes au pays, peu importe votre langue, c’est cette correspondance qui
permettra, pour l’étape actuelle, de maîtriser ces deux grandes
dimensions nécessaires à un parti communiste que sont la distance et la
proximité. Notre capacité à maîtriser de plus en plus la réalité et les
questions de la lutte des classes sera alimentée par tous ces petits
commentaires : description du travail à l’usine, éléments d’analyses
d’une ville ouvrière, commentaires sur nos articles, données variées et
fournies sur la réalité du chômage, sur le travail au noir ou encore sur
l’influence du parti dans sa région, etc. L’important ici n’est pas que
ces matériaux constituent une œuvre littéraire, mais bien qu’ils
existent, nombreux et variés !
De notre action découlera la suite ; que mille et une étincelles enflamment le pays
La
conception détaillée de la propagande et de la nature des journaux se
modifie au cours de la révolution bolchévique et à travers l’évolution
de ce que Lénine appelle les grands centres de gravité de la lutte.
L’organe de la majorité Vperiod (En avant), le Proletary (Prolétaire) et
la Pravda (Vérité) viennent chacun leur tour répondre et solutionner
dans la pratique les grands enjeux concernant les tâches que se donnent
les bolchéviques en matière de propagande à des moments précis
(constituer les bolchéviques en tant que fraction politique unifiée,
s’adapter adéquatement aux conditions de lutte lors de la réaction
stolypienne, s’organiser pour épouser le flux montant de la lutte des
classes après la conférence de Prague, saisir le pouvoir dans les mois
tumultueux de 1917, éduquer et émuler les masses lors de la progression
du socialisme, etc.). Ce qui ne change jamais, c’est le principe
fondamental selon lequel la chose dont les bolcheviques ont toujours
besoin est un véritable journal de lutte, un outil tranchant dans la
main des révolutionnaires pour s’adresser aux masses sans filtres et
sans intermédiaires inutiles. Voilà bien ce dont nous avons besoin nous
aussi : un véritable journal de lutte !
Aujourd’hui, le lancement de l’ISKRA est un grand pas en avant pour l’affermissement du camp révolutionnaire au Canada en le dotant d’un fabuleux outil. À la sortie de ses premiers articles, le Parti
communiste révolutionnaire entame sa douzième année d’existence armé
d’un enthousiasme à toute épreuve et d’une unité plus que jamais
renforcée. Devant lui, se tient à l’horizon tout le potentiel historique que l’on pourrait attendre d’une organisation allant à contre-courant et se trouvant dans une conjoncture comme la sienne.
Tout
ce potentiel se cristallise aujourd’hui dans ce que nous nommons la
reconstruction du parti. C’est la période de temps, plus ou moins
longue, durant laquelle le camp de la révolution devra réussir à se
réorganiser en saisissant et matérialisant tout ce qui lui a permis de
se délimiter dans sa lutte contre le révisionnisme. C’est le grand défi,
le premier grand essai dans la pratique de tous ceux et celles qui se
sont déclaréEs fidèles et partisanEs de la guerre populaire et qui se
sont regroupéEs sous le mot d’ordre de continuer la lutte pour le
pouvoir et la progression stratégique vers le déclenchement de la guerre
populaire. Nous sommes les Continuateurs ! Nous sommes les nouveaux
bolchéviques ! Camarades, soyons-en fierEs !
Reconstruisons le Parti communiste révolutionnaire !
Affrontons la tempête et assumons le combat politique dans la deuxième étape de lutte contre les opportunistes canadiens !
Maîtrisons
les questions de la lutte des classes et développons un large mouvement
de liaison avec la classe ouvrière et d’action révolutionnaire parmi
les masses !
De notre action découlera la suite; que mille et une étincelles enflamment le pays !
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