Thursday, November 1, 2018

for debate - La catastrophe ne peut plus être niée : seule la révolution sociale peut empêcher le désastre



Tout le monde s’accorde à le dire : la situation environnementale est alarmante. Il ne s’agit plus d’une lubie de radicaux ou d’un obscur concept scientifique. Médias, politiciens et dirigeants d’entreprises capitalistes n’essaient plus de nier la catastrophe en court. Mais ils ne peuvent pas non plus la traiter frontalement. Ils la minimisent donc, en prétendant faire leur part, en publiant des « appels » relayés sur les principaux médias et listant un ensemble de mesures qui bien sûr ne sont jamais appliquées. Quant aux responsables, qui sont-ils ? Certains commencent à pointer du doigt les décideurs politiques, à la suite des grandes entreprises – dont 100 sont responsables de plus de 70% des émissions mondiales de carbone selon le Carbon Majors Report 2017. Mais la classe dirigeante individualise le problème, prétendant à longueur de temps qu’il s’agit d’un simple choix individuel, de consommation. Mangez bio, économisez l’eau de votre douche, triez vos déchets, consommez « éthique », et ne vous plaignez pas, en somme, quand les catastrophes arrivent. Fermez les yeux sur la destruction systématique de l’environnement liée à la production de déchets toxiques, à la pêche intensive, à l’anéantissement des forêts, à la pollution des sols, des airs et des eaux par le glyphosate, les particules fines, le plastique et tant d’autres choses…
La transformation du climat terrestre directement due à l’activité humaine impose des mesures radicales dans les deux prochaines années, selon le cinquième rapport des experts du GIEC demandé lors de la COP21. Pourtant, les projets les plus ambitieux des gouvernements visant à réduire l’étendue de la catastrophe s’étalent sur cinquante ans, et additionnent des mesures minimales, avec très peu de contraintes pour les entreprises. Comment considérer autrement que comme des criminels ou des déments, des personnes tenant les rênes du pouvoir, et préférant voir la Terre ravagée plutôt que de froisser des entreprises en touchant à la sacro-sainte croissance ?
Nous sommes arrivés à une époque où il devient plus facile d’imaginer la fin de la vie sur Terre telle que nous la connaissons, que d’imaginer la fin du mode de production capitaliste. Les défis qui nous attendent sont donc tout à fait nouveaux par rapport aux mouvements politiques des deux derniers siècles. Il ne s’agit plus seulement de renverser un système économique injuste ne profitant qu’à une minorité. Il s’agit de préserver le patrimoine commun de toute l’humanité. D’offrir aux générations futures, mais également à la vie naturelle telle qu’elle existe sur notre planète, un avenir. Il est désormais trop tard pour empêcher que des dégâts terribles soient infligés à l’environnement. Des espèces disparaissent par dizaines, le dérèglement du climat produit des catastrophes de plus en plus meurtrières, des mers s’assèchent. Mais nous pouvons encore éviter le pire.
Cela ne se fera pas sans sacrifice. Disons-le tout net : cela ne se fera pas sous le capitalisme. Le marché n’est pas la solution, mais la cause du désastre. Les économistes récompensés par le “Prix Nobel” d’économie 2018, William Nordhaus et Paul Romer, théorisent un « développement durable » permis par les avancées technologiques ou déterminent le coût économique de la production de carbone. En résumé, les meilleurs penseurs libéraux en sont réduits à se mettre la tête dans le sable, tentant de concilier deux impératifs opposés : un marché mondial en pleine croissance, ou la préservation de la vie sur Terre.
A quoi s’attendre dans les prochaines années ? Le dérèglement climatique lié à la réduction des espaces vivables aura des conséquences touchant directement la grande majorité de l’humanité. En termes de classe, c’est toujours le prolétariat qui subira au niveau mondial les guerres de repartage impérialistes, les déplacements forcés dus à ces conflits et aux changements climatiques, les catastrophes naturelles, la pollution, etc. La bourgeoisie pourra encore ignorer le déluge un temps avant de sombrer elle aussi, mais elle aura entraîné le monde entier dans sa chute. A court terme, destruction de nos droits et montée du fascisme face à la crise ; à moyen terme, guerres de repartage inter-impérialistes, comme celles qui déchirent actuellement le Moyen-Orient ; à long terme, destruction de la vie sur Terre telle que nous la connaissons. Voilà ce que nous réserve le futur sans organisation et sans révolution, les exploités étant encore une fois en première ligne.
C’est pourtant du prolétariat, et plus particulièrement de la classe ouvrière, que dépend l’avenir. Seule une restructuration profonde de la production mondiale peut permettre un changement économique radical. Aucune alternative existant en marge du capitalisme globalisé ne sera suffisante, aussi autogestionnaire et éthique soit-elle. Il ne s’agit plus de faire vivre un autre monde en marge de la tempête, mais d’affronter cette dernière avant qu’elle ne balaie tout. Cette restructuration profonde que même Francis Fukuyama, le théoricien de la « fin de l’Histoire » néolibérale, a récemment admis comme nécessaire, passe par la planification. Par le socialisme. Une économie socialiste n’est pas une économie de misère, c’est la mise en commun des moyens de production pour répondre de manière rationnelle aux besoins du plus grand nombre.
Nous ne croyons pas au libéralisme, nous ne croyons pas non plus aux impasses réformistes et aux rêveries alternatives. Nous croyons dans un combat, dans une lutte de classe menée pour la survie de l’environnement et pour la révolution sociale, les deux étant désormais liées. Nous croyons ce que nous voyons, comme les colonnes de guérilla aidant les populations à lutter contre les intempéries et à chasser les grands projets capitalistes aux Philippines et en Inde. Tout changement radical implique un affrontement, car nous savons que la classe dominante préférera voir le monde s’effondrer plutôt que de céder ses privilèges. Il est temps de prendre nos responsabilités, il est temps de renforcer les forces menant le combat révolutionnaire.
Aujourd’hui plus que jamais, notre stratégie est la guerre populaire pour la mise en place d’une société nouvelle, débarrassée du capitalisme.
Socialisme ou destruction de la vie sur Terre !

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