Dans ce texte, les syndicats dénoncent les manœuvres de la France, notamment sa volonté, après la prise de pouvoir « d’opérer des frappes sur le palais présidentiel de Niamey situé en plein cœur de la capitale peuplée de plus de deux millions d’habitants, à quelques mètres de l’Hôpital National de Niamey, à 400 mètres du centre hospitalier universitaire et de l’université de Niamey ». Ils évoquent la tentative d’atterrissage à l’aéroport de Niamey de « deux cents éléments des forces spéciales françaises, en provenance d’un pays voisin ». L’État français a donc tenté d’intervenir dès les premiers jours du renversement du président Bazoum, au service des intérêts de l’impérialisme français et occidental.
Les organisations syndicales unies condamnent les sanctions antisociales de la CEDEAO (Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest) et son instrumentalisation par la France, qui a poussé et pousse encore à une intervention militaire des pays qui constituent cette union économique et appuie leur ultimatum. Voici ce que dit le texte intersyndical : « Quel triste sort pour une organisation sensée favoriser l’intégration économique des pays membres, réduite aujourd’hui à protéger des chefs d’Etat corrompus, mal élus et vomis par leurs peuples ! Qui finance cette organisation qui n’a jamais eu les moyens d’équiper les armées des pays membres pour faire face au terrorisme, sinon la France ? ».
Les confédérations syndicales s’adressent au Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP, formé par les militaires) pour faire part de leurs revendications immédiates. L’intersyndicale « demande au CNSP de dénoncer les accords coloniaux et exige notamment le départ de l’ambassadeur de France et de toutes les forces étrangères du Niger ». Plus loin, elle « demande au CNSP de traduire tous les auteurs, coauteurs et complices des détournements des biens publics devant les tribunaux ».
Face à la menace d’intervention militaire pilotée par la France l’UAS-Niger (Unité d’Actions Syndicales, c’est le nom du regroupement des confédérations syndicales) : « Salue et félicite la décision digne, fraternelle, courageuse et panafricaniste des pays frères du Mali, du Burkina Faso, et de la Guinée-Conakry de nous accompagner dans cette épreuve. Elle salue également las positions responsables des pays frères de l’Algérie et de la Mauritanie vis-à-vis des décisions de la CEDEAO ». Et, pour faire face à l’éventuelle intervention militaire, elle termine son texte par un appel à l’ensemble des Nigériens en général et aux travailleurs en particulier « à se mobiliser autour du CNSP et à se tenir prêts de jour comme de nuit, de façon permanente afin de répondre avec promptitude aux multiples facettes de l’ennemi ».
Ce texte signé par l’ensemble des organisations syndicales confédérées du Niger, y compris le collectif des syndicats des commerçants, indique clairement l’état d’esprit des organisations de travailleurs : défendre leur pays et en finir avec les résidus de la colonisation.....
No comments:
Post a Comment