Depuis 70 ans, le nombre de paysans est passé de 6,5 millions à 500 000.
La tendance dans l'agriculture est à la
concentration : l'objectif est de créer des fermes de mille vaches, des
porcheries de plus en plus grandes, des exploitations qui seront la
propriété de très grands éleveurs, des banques de crédit, des fabricants
de matériel agricole, de semences pour l'alimentation animale. C'est ce
que veulent les magnats de l'agro-alimentaire. Les normes sont établies
à Bruxelles et s'imposent à tous les États quel que soit le
gouvernement. Ces normes visent à éliminer deux tiers des paysans à
terme pour n'avoir que des gros. Chez les petits, le travail est parfois
de 70 heures à perte.
Depuis quelques mois, les paysans ont
mené plus de 500 actions et manifestations. Le 3 septembre dernier, ils
étaient plus de 5 000 venus de toute la France à Paris sur 350 tracteurs
et par cars et se sont rassemblés place de la Nation. Leur
revendication principale était la garantie du prix leur permettant de
survivre et la révision des normes imposées par l'Union européenne. Le
gouvernement n'a fait que de vagues promesses, rien pour garantir la
survie de dizaines de milliers d'éleveurs et d'agriculteurs par le juste
prix de leur travail.
Beulin, président de la FNSEA, grand
propriétaire terrien, éleveur, « industrialiste » de l'agriculture,
cumulard et grand copain des grands patrons est pour l'agriculture de
type ferme de mille vaches, qui annonce l'élimination de dizaines de
milliers d'éleveurs. Il ne représente que les intérêts des gros, pas
celui des petits et moyens paysans. Il est allé à l’Élisée discuter avec
le gouvernement, n'a obtenu que de vagues promesses, un gel d'impôt et
de cotisations à reporter dans un an, mais rien sur le prix de la viande
ou du lait. Il a été hué par la majorité des manifestants.
Les directions syndicales qui n'avaient
bien sûr prévu aucun défilé dans Paris après le rassemblement, ont alors
appelé à rejoindre les cars. Quelques centaines de manifestants, dont
un nombre important de jeunes agriculteurs criant « Tous ensemble ! »,
ont décidé de marcher symboliquement sur la Bastille dont l'accès leur a
été barré par un cordon de gardes mobiles.
Beulin, furieux d'avoir été hué par une
grande partie de la base des syndicats, a dénoncé les siffleurs, en
disant que c'étaient des infiltrés d'autres syndicats paysans,
d'anarchistes et révolutionnaires, insultant la juste révolte des
paysans qui ne se font plus d'illusions sur les promesses des
gouvernements quels qu'ils soient ni sur le rôle tenu par cet infâme
personnage.
La concentration se poursuit dans
l'agriculture au profit des plus gros et au détriment des petits et
moyens paysans. La concurrence fait rage au sein de l'Europe, étant
donné les différences de concentration, mais aussi les normes
dictatoriales imposées par la commission européenne de Bruxelles, normes
qui sont un des éléments de la paupérisation. Cette paupérisation est
liée à la crise générale du capitalisme. Les paysans d'Europe s'opposent
tous ensemble à la politique de Bruxelles. La contestation de la
politique de conciliation des directions syndicales avec le gouvernement
est une bonne chose, car cette conciliation ne peut qu'aboutir qu'à
l'élimination d'une grande partie des petits et moyens paysans et à la
concentration de l'agriculture par une poignée.
La domination du capital financier sur
l'agriculture et la distribution fait que la production agricole telle
qu'elle est aujourd'hui est largement critiquable. Sous le capitalisme,
un modèle d'une agriculture paysanne, respectueuse à la fois des
producteurs et productrices que de la nature, est irréalisable à grande
échelle sans mettre à bas le système même qui produit les aberrations
dans la production. Toutefois, il est juste que de nombreuses
expériences avancent dans ce domaine car ça fait partie de la reprise en
main du contrôle de la production autant que faire se peut. Et nombre
d'expériences sont à faire connaître et à soutenir.
Dans un certain nombre de zones rurales,
les petits commerçants et artisans menacées par la désertification
apportent leur solidarité, car eux aussi ont à subir la concentration du
commerce par la grande distribution et nombre d'entre eux et elles ont
été éliminés.
Tout le long de leur parcours et à leur
arrivée à Paris, les paysans ont reçu la sympathie de la population qui
comprend leur combat pour survivre, car une grande partie est confrontée
dans les usines, sur leur lieu de travail à cette concentration à
travers les restructurations dont on connaît les conséquences
(licenciements, chômage, augmentation des cadences et de la pression,
etc.).
Aussi, la lutte pour la survie des uns et des autres est légitime.
Contre
le système capitaliste qui ne rapporte à la majorité des paysans et
paysannes que des dettes pour salaires et aux travailleurs et
travailleuses que le chômage et l'exploitation, on ne le dira jamais
assez « On a raison de se révolter
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