15/08/2015
Le Comité Central du Parti Communiste
du Bénin, réuni le samedi 15 août 2015 à Cotonou en session
extraordinaire, après avoir examiné la situation nationale, a
adopté la déclaration dont la teneur suit :
I-
IL FAUT SE LEVER POUR SAUVER LE PAYS DE LA CATASTROPHE
Dans
quelques mois, YAYI Boni va finir son deuxième et dernier mandat à
la tête du Bénin. En 2006, après 10 ans de gestion scabreuse du
Président KEREKOU avec tous les scandales que personne n’a
oubliés, le peuple béninois a vu en YAYI Boni, quelqu’un qui
pouvait remettre d’aplomb, le pays appauvri et traumatisé. YAYI
Boni a promis le changement pour se faire élire. Neuf ans et demi
après, le rêve du changement s’est transformé en cauchemar de la
refondation et le peuple béninois abasourdi, se demande ce qui lui
arrive. Si avec les 10 ans de KEREKOU notre peuple croyait avoir
touché le fond, il était loin d’imaginer que le pire était
devant lui. Le dernier putsch constitutionnel à travers la décision
DCC 15-156 du 16 juillet 2015 sur l’âge minimum à avoir pour être
candidat à la présidentielle et qui promet un sacré cafouillage
dans le système juridique béninois en est une manifestation
patente. Le pays traverse une crise économique, sociale, politique
et morale aux conséquences imprévisibles.
1°- Sur le plan économique
Tout le
programme du gouvernement c’est la vente des secteurs vitaux de
l’économie nationale ; d’abord, par une gestion crapuleuse,
il contribue à fragiliser ces secteurs par des ponctions financières
anarchiques pour ensuite montrer qu’ils ne sont pas viables dans le
secteur public et qu’il faut s’en débarrasser. Il en a été
ainsi du port, des cimenteries, des brasseries, et aujourd’hui de
l’OCBN et de Bénin Télécoms etc. Au cours de ces privatisations,
la priorité est donnée aux groupes étrangers au détriment des
opérateurs nationaux comme on le voit dans les chemins de fer avec
Bolloré contre DOSSOU Aworet. L’économie tourne au ralenti
puisque les opérateurs économiques travaillant pour l’Etat sont
pris à la gorge avec un pouvoir débiteur, incapable d’honorer ses
engagements. En l’absence du pouvoir de contrôle des travailleurs
et des peuples, le patrimoine public est bradé et les deniers
publics pillés.
2°- Sur le plan social
Le
désarroi au sein de la société a atteint des niveaux jamais
égalés. Frappée par un chômage massif, la jeunesse béninoise
désemparée ne sait pas à quel saint se vouer. Avec des concours
truqués à répétition et des nominations partisanes, le pouvoir de
YAYI Boni a contribué à désorganiser complètement
l’administration béninoise. Les derniers examens aussi bien au Bac
qu’au BEPC, la situation dans les universités notamment à
Abomey-Calavi, montrent à satiété l’ornière dans laquelle est
plongée l’école béninoise. Les femmes des marchés sont frappées
par la mévente de leurs produits, la paysannerie vit mal, tandis que
beaucoup de travailleurs comme ceux de l’OCBN, des catégories
d’enseignants attendent des mois voire des années d’arriérés
de salaires et que les dockers au port sont confrontés à d’énormes
difficultés.
3°- Sur le plan de l’éthique et de
la morale
En arrivant au pouvoir en 2006, YAYI
Boni avait promis d’éradiquer la corruption ; à la fin de
ses deux mandats, il se retrouve lesté de dossiers de corruption les
uns plus gros que les autres. Le dernier en date, celui dit de l’eau
qui touche au moins un des ministres les plus proches de YAYI Boni,
montre la putréfaction du système YAYI. Machines agricoles, Avion
présidentiel, Icc-services, affaire CEN-SAD, nouveau siège de
l’Assemblée Nationale, Maria Gléta, la liste est longue des
crimes économiques non punis sous le pouvoir de YAYI Boni.
Les discours sur la lutte contre la
corruption se sont révélés faux, tous les organes se sont révélés
incapables et instruments pour duper et endormir le peuple. Au
demeurant, des couvertures pour les pilleurs pour voler tranquille.
Comme la LEPI qui n’est que l’informatisation de la fraude. La
mafia a compris qu’il n’y a rien de mieux pour elle que de créer
au sommet des organisations de lutte contre la corruption et ensuite
de s’y glisser, de les prendre d’assaut pour les utiliser pour se
protéger.
Les mafieux se reproduisent à une
vitesse stupéfiante et nous inondent de leurs rejetons prêts à
remplacer leurs pères biologiques ou spirituels. Dans l’affaire
PPEA2 (le vol de l’argent donné par les Hollandais pour l’eau
potable), le présumé chef bandit, en fait le tuyau par lequel on a
siphonné les sous de l’eau n’a que 32 ans. Que 32 ans et déjà
complice de vols de plusieurs milliards. Les vampires se reproduisent
et se répandent dans toutes les générations, du grand-père au
petit-fils déjà.
L’impunité règne partout. Des
crimes crapuleux comme l’enlèvement de Dangnivo et l’assassinat
de magistrats et d’anciens ministres sont restés impunis jusqu’à
ce jour.
Le développement et l’exacerbation
de l’ethnocentrisme et du régionalisme par celui-là même qui est
chargé de la préservation de la cohésion nationale à savoir le
Président de la République ont mis à mal l’unité nationale.
4°- Sur le plan politique
Le pays est plus que jamais sous la
botte de l’impérialisme, notamment français. Le pacte colonial
jamais rompu est remis au goût du jour avec les grandes institutions
du pays qui sont prises d’assaut par des agents ou des binationaux
directement envoyés par l’ancien colonisateur. Les dernières
élections législatives, communales et locales ont montré la
putréfaction et l’impasse dans lesquels le pays est tombé. Une
liste électorale non fiable, faite de bric et de broc, qui laisse de
côté des centaines de milliers de Béninois ; des cartes
distribuées jusqu’au jour des élections avec des candidats qui
ont pu en mettre de côté et fabriquer des dizaines de milliers de
procurations pour se faire élire. L’argent, distribué de manière
indécente et scandaleuse a contribué à abêtir nos populations. On
ne doit donc pas s’étonner que les scandales de détournement de
deniers publics s’étalent à la une de la presse car tout cet
argent doit bien provenir de quelque part. Mais le plus grave, c’est
ce à quoi on a assisté lors de la désignation des organes
dirigeants de certaines institutions du pays. Que ce soit au niveau
de l’élection du bureau de l’Assemblée ou des mairies, ce à
quoi on a assisté est tout simplement ahurissant ; contre de
l’argent, on arrache des procurations aux élus en les obligeant à
rester chez eux ou en les kidnappant, afin de s’assurer du résultat
de cette élection. Cette pratique inaugurée par YAYI Boni en 2007
s’est donc généralisée et est devenue désormais la norme dans
le fonctionnement du régime du Renouveau Démocratique.
5°- Les élections présidentielles de
2016.
C’est dans les conditions décrites
plus haut que vont se dérouler les élections présidentielles. Une
crise économique, sociale, un désenchantement généralisé, une
administration détruite, une jeunesse déboussolée et sans
perspective, un pays rongé par le régionalisme et l’ethnocentrisme.
Aujourd’hui la presse est prise
d’assaut pour en mettre plein la vue au peuple sur des candidats
dont tous les hauts faits montrent simplement qu’ils ont toujours
œuvré ou œuvrent pour l’étranger contre le Bénin :
Fernand AMOUSSOU, GBIAN, Bio TCHANE, KOUKPAKI, TALON, Lionel ZINSOU
bien sûr, etc.
Tous ces candidats qui parcourent nos
rues et qui s’achètent des pages entières dans les journaux et
sur les antennes ont gagné leurs galons et/ou argent avec le système
en place et en faillite ; pour la plupart, ils ont soutenu et
financé, après celle de Mathieu KEREKOU2 l’arrivée au pouvoir de
Boni YAYI, promettant monts et merveilles au peuple, et/ou ont
activement travaillé à ses côtés pour piller le pays et réprimer
les populations. Bon nombre d’entre eux, sans l’impunité des
crimes économiques et politiques ne pourraient même pas prétendre
aux fonctions de chef de village. Hélas, ils bénéficient de la
triple protection du gouvernement, des députés au parlement et de
la Cour Constitutionnelle, championne dans le tripatouillage des
textes.
Avec Lionel ZINSOU, c’est un retour
en arrière de plus de 50 ans au temps des gouverneurs coloniaux.
Souvenons-nous ! Depuis 25 ans,
les élections n’ont été que fraudes, fraudes qui ne font que
croître année après année. Les dernières élections sont un
modèle du genre. Des occasions où l’on vient souiller et droguer
le peuple avec l’argent du pillage des ressources nationales. Le
plus grand bandit devient le héros et le gagnant des périodes
électorales et produit les « honorables » députés, les
conseillers communaux et le Président de la République qui, chacun
à son poste, s’évertue à piller de nouveau et constituer le
trésor de guerre pour les échéances suivantes.
L’argent des détournements achète
les électeurs, les cartes d’électeurs, les candidats des partis
rivaux, les organes de presse, les organes chargés d’organiser et
de contrôler les élections. L’argent achète même les scrutins
exprimés transformant les perdants en gagnants ; des suppléants
de dernière zone et même des non candidats se métamorphosent en
titulaires vainqueurs à la surprise générale des électeurs.
Des conseillers sont vendus à 100
millions frs. cfa l’unité. Un électeur peut collecter et voter à
la place de 12 000 personnes en une journée, sans que cela ne
choque ni n’émeuve les organes chargés du contrôle de la
régularité des votes.
Il n’y a pas jusqu’au Président
actuel de l’Assemblée Nationale qui ne soit le trophée du plus
fort enchérisseur au marché à la criée des plus grands mafieux,
le résultat de l’affrontement reporté en direct à la télé des
plus grosses fortunes mafieuses. Et les journaux et le Président de
la République nous ont décrit comme dans un film de gangsters
comment nos députés électeurs se faisaient acheter par le plus
offrant, agissaient et réagissaient aux ordres de télécommandes
d’ici et d’ailleurs, du Bénin et de Paris et aux effluves plus
ou moins fortes de l’argent dont on sait qu’il est mal acquis.
On l’a vu : des conseillers
séquestrés ou exilés pour éviter qu’après avoir vendu leur
vote en donnant des procurations, ils ne réapparaissent brusquement
dans la salle du Conseil pour prendre part aux votes et perturber les
prévisions. Des Chefs d’Arrondissement (CA) au Président de
l’Assemblée Nationale, il n’y a presque que des postes achetés ;
il n’y a pas d’élus. Il en a toujours été ainsi du Président
de la République et il en sera encore ainsi en 2016. Sauf si le
peuple se lève.
Tout cela s’étale sans pudeur
partout, dans toutes les conversations et dans toutes les presses.
Si on ajoute à cette situation les
agissements de certains organes de régulation et de contrôle et
notamment la Cour Constitutionnelle qui s’est convertie en
appendice du pouvoir exécutif en révisant régulièrement la
Constitution au profit de ce dernier, on peut conclure que le
Renouveau Démocratique né de la Conférence Nationale de Février
1990 est en fin de course. Après cinq ans d’illusions sous le
Président Nicéphore SOGLO, les 20 ans suivants ont été des années
de catastrophe. Les règles de fonctionnement du pays élaborées en
1990 sont manifestement en faillite ; il faut avoir le courage
de le dire. Notre Constitution aux mains de la Cour HOLO est morte.
Le seul recours contre toutes ces turpitudes, c’est le peuple.
II-
IL FAUT UN SURSAUT NATIONAL
Dans ces conditions, avec les
prochaines élections présidentielles de l’année 2016, le pays
court à la catastrophe. La seule manière de l’éviter, c’est la
réunion des Etats Généraux du peuple pour refonder les règles de
notre vivre ensemble et pour une nouvelle gouvernance qui tourne le
dos aux errements actuels du Renouveau Démocratique. Laisser le pays
continuer dans la voie actuelle, c’est tourner le dos aux idéaux
que nos illustres patriotes ont rêvé pour ce pays. On ne peut pas
continuer ainsi sans cautionner l’abêtissement d’un peuple. On
ne peut pas continuer ainsi à participer à des élections dans ces
conditions sans contribuer à l’avilissement de la conscience et de
la dignité humaine. Laisser le pays continuer dans la voie actuelle,
c’est un crime que ne nous pardonnerons pas les générations
futures.
Rien de bon pour le peuple ne sortira
des prochaines élections présidentielles; aucun homme en dehors du
peuple rassemblé ne peut sauver le pays de la catastrophe qui
s’annonce.
Voilà pourquoi, le Comité Central du
Parti Communiste du Bénin appelle tous les patriotes, toutes les
organisations démocratiques, toutes les bonnes volontés de ce pays
à travailler d’arrache-pied pour la réunion d’une grande Assise
Nationale afin de refonder les bases du pays pour lui permettre de
prendre un nouveau départ.
Avec nous, Tous les patriotes !
Enfants du Bénin Debout !
Cotonou, le 15 août 2015 Le Comité
Central du Parti Communiste du Bénin
"Ce n'est pas la
conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au
contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience."
Karl Marx - 1818-1883 - Oeuvres économiques
"Les philosophes
n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, il s'agit maintenant
de le transformer."
Karl Marx - 1818-1883 - Thèse sur Feuerbach
Karl Marx - 1818-1883 - Thèse sur Feuerbach
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