etha-20150713-cilem-dogan-00_extÇilem Doğan avait été emprisonnée après avoir tué son mari qui la violentait, alors que son geste était une tentative de libération (voir ici). En Turquie le nombre de femmes tuées par leurs maris, pour les 7 premiers mois de l’année 2015, s’élève à 154. Libérée il y a une semaine, elle écrit une lettre aux militantes emprisonnées du Yeni Demokrat Kadın, organisation féministe révolutionnaire liée au Partizan, qui l’avaient soutenu en prison.
« Que ce soit les hommes qui meurent un peu », c’est avec ces mots que Çilem Doğan a écrit aux militantes du YDK avec qui elle était emprisonnée et qui l’a soutenaient de l’intérieur. « Cela me met en colère que nous soyons déclarées coupables alors que les pervers, les meurtriers et les violeurs sont dehors » a écrit Çilem.
ISTANBUL – Çilem Doğan qui, après avoir tué son mari qui usait régulièrement de violence sur elle, avait déclaré « que ce soit les hommes qui meurt un peu », a écrit une lettre aux militantes du Yeni Demokrat Kadın (Nouvelle femme démocrate), Resmiye Vatansever et Deniz Tepeli enfermées dans la prison pour femme d’Ankara Sincan. Ecrivant aux femmes qui l’avaient soutenue en prison, Çilem dit : « Cela me met en colère que nous soyons déclarées coupables alors que les pervers, les meurtriers et les violeurs sont dehors ».
Çilem, qui était enfermé dans la prison pour femme d’Adana Karataş, s’exprime ainsi :
« Chers sœurs de douleurs, bonjour,
J’ai bien reçu la lettre que vous m’avez envoyée… Merci à vos mains et votre cœur… Il n y a rien de plus important que de savoir que je ne suis pas seule sur cette voie… Qu’elle que soit le mal que j’ai pu faire à une autre vie, je n’en suis pas coupable… C’est la faute du système de domination masculine… C’est la faute du système qui ne protège pas suffisamment les femmes, qui fait que seule les femmes doivent avoir une éthique, que seule les femmes se font interroger sur leur honneur…
Comme toutes les femmes, moi aussi je suis en colère… Vous aussi sachez que vous n’êtes pas seules… Que l’État ne nous compte pas, que l’éducation, le travail et la vie ne soient pas des terrains qui sont autorisés donnent ces résultats… La société et l’État nous dictent ce que nous devons ou ne devons pas faire ; pourtant nous aussi nous sommes des personnes qui réfléchissent, parlent, ressentent et désirent… Mais nous ne sommes pas forcées de vivre dans les frontières qu’ils nous ont imposées. Ce sont les femmes, nous, qui subissons les oppressions, les violences et les violes… Pourtant nous sommes toujours celles qui sont déclarées coupables…
Ce que nous vivons ne sont pas des choses faciles… Cela me met en colère que nous soyons déclarées coupables alors que les pervers, les meurtriers et les violeurs sont dehors…
Envers et contre tout, la vie continue… Je regarde le futur avec espoir et malgré les persécutions je m’obstine à vivre… Les jours qui vont venir, viendront de nos mains, et chers sœurs (Resmiye et Deniz) croyez-y vous aussi… Je laisse mon crayon à votre cœur… Gardez l’espoir ».
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