Lundi dernier, à la suite d’une des semaines de lutte et de répression les plus importantes dans l’État français depuis des décennies, était diffusé sur les chaînes de télé et à la radio une allocution du président de la république. Avec un ton faussement compatissant et une mise en scène dramatique, le président, après avoir assuré que les répressions étaient justifiées et qu’elles continueraient, a déclaré «l’État d’urgence économique et social».
Derrières ces mots creux, des mesures encore plus creuses ! Et surtout, des paroles qui démontrent encore une fois toute son arrogance et tout le mépris qu’il peut avoir à l’encontre ce mouvement populaire et des gens qui le compose. En réponse à la demande générale de hausse des salaires revendiquée par le mouvement, il a annoncé que chaque travailleur et travailleuse au SMIC toucherait 100€ de plus par mois dès janvier 2019 mais « sans qu’il en coûte un centime de plus à l’employeur ». En réalité, il s’agit d’augmenter la prime d’activité, ce qui était déjà prévu mais étalé sur 4 ans. La prime d’activité étant indexée sur le revenu fiscal de référence, il est clair que ce n’est absolument pas une hausse de salaire ! Encore une Macronade en somme.
Les mesures suivantes ont suivi le même principe : défiscalisation des heures supplémentaire, prime
de fin d’années sans taxe mais au bon vouloir du patron (évidemment !), pseudo-baisse de la CSG, le tout camouflé dans une incompréhension de la révolte populaire qui secoue la France et de ses revendications de classe. La majorité des revendications sociales n’ont eu aucune mention. Et certains médias présentent ça comme un « virage social ». Quelle mauvaise blague pour le camp des masses. En réalité, Macron a fait passer en avance des mesures en pleine cohérence avec son programme, notamment sur le démantèlement annoncé de la sécurité sociale et de l’assurance chômage, et en accord avec ses principes économiques. Après cela, Macron s’est attelé à satisfaire les mouvements fascistes en annonçant un grand débat sur l’identité nationale et l’immigration, alors qu’il s’agit de discussions tellement à la marge dans le mouvement. Il n’a fait aucune mention du mouvement lycéen, ni du mouvement étudiant, qui ont pourtant pris une certaine ampleur ces derniers jours, et plus particulièrement en Guadeloupe.
Mais le premier point soulevé lors de cette intervention, et la première attente du gouvernement, est le «retour de l’ordre républicain». A ce sujet, le pouvoir bourgeois et ses chiens de gardes ont vite fait bien fait de trouver un argument derrière lequel se cacher : l’attentat du marché de noël de Strasbourg ayant fait trois victimes et dix blessés. Les charognards bourgeois du gouvernement n’ont pas hésité une seconde à instrumentaliser cette tragédie contre le mouvement populaire appelant à l’interdiction de manifester et au retour au calme. Le journal le Parisien a même annoncé dès le lendemain, dans une tentative osée de culpabilisation et pour justifier la fuite du tueur, que les CRS du marché de noël avaient été déplacés pour « encadrer » une manif lycéenne. Quel meilleur moyen pour l’État bourgeois de prouver que sa police n’a pas d’autre utilité que de réprimer la population et qu’elle ne nous « protège » de rien ?
Si ce coup de bluff, avec la promesse d’une répression grandissante, va peut être décourager quelques gens sincères de continuer le combat, elle rend aussi service au camp des masses populaires. En accédant aux revendications réactionnaires et bourgeoises d’une certaine minorité dans le mouvement, les plus acceptables pour lui, le gouvernement bourgeois a permis de tracer une ligne de démarcation entre les masses et leurs faux-alliés, qui se sont démasqués d’eux même les jours qui ont suivi. Laurent Wauquiez et Marine le Pen, pseudos soutiens du mouvement jusqu’à cette semaine, ont tous les deux appelés à l’arrêt du mouvement, à l’absence de manifestation le 15 décembre,et bien sûr, à voter pour eux ! Ceux là font définitivement partie de ceux qui osent tout…
Notre Parti sera bien sûr présent le 15 au sein des masses comme il l’a été cette semaine et les précédentes. Nous ne pouvons prévoir à l’avance si cette journée sera plus ou moins importante que les autres, mais les dizaines de milliers de participants précédents, et les grèves qui commencent un peu partout montrent bien que le mouvement est loin d’être mort. Ce lâche tour de passe-passe du gouvernement ne suffira pas à faire stopper la lutte.
Nous avons tant de raisons de nous révolter, Macron nous en a fourni encore une de plus que la semaine dernière ! Comme il l’a confessé lui même à la fin de son discours, « nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies, comme cela a été trop souvent le cas lors de mouvements semblables ». Le mouvement des Gilets Jaunes a été une rupture trop importante dans l’histoire de la lutte de classe pour qu’il se dissipe avec de beaux discours et une escroquerie de bas étage. Nous n’oublierons jamais les victimes des semaines dernières, la répression inouïe, les images de camarades démembrés et d’enfants mis en joue qui ont déjà fait le tour du monde. Si certaines et certains d’entre nous n’avaient pas encore relevé la tête, maintenant c’est chose faite et il sera bien difficile de nous la faire baisser. Nous ne supportons plus cette vie et nous ne la supporterons plus. Nous l’avons montré, nous ne nous satisferons ni de ces mesures scélérates, ni même d’un second Grenelle. Nous voulons le pouvoir, car sans le pouvoir, tout n’est qu’illusion.
Nous nous engageons bel et bien dans une lutte prolongée, et ce sera la tâche du Parti communiste de s’intégrer dans cette lutte, d’y construire un Front Uni, une Force Combattante et de les mener vers la guerre populaire, vers la victoire finale, vers le communisme.
Continuons le combat !
On a raison de se révolter !
On a raison de se révolter !
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