Nous avons insisté dans notre
précédent numéro, dédié au boycott des élections, sur le fait que notre
refus de la mascarade électorale n’est pas qu’une simple abstention
passive. Notre objectif était de boycotter activement les élections,
d’intensifier notre travail au sein des masses, et de leur montrer
l’impasse qu’elles constituent tout en leur montrant une alternative
révolutionnaire. Aujourd’hui, dans un pays où 28 % des électeurs ont
refusé de participer à cette illusion de démocratie au second tour, une
rétrospective des actions de la campagne de boycott, qui s’est propagée
de la région parisienne à la Normandie, en passant par la Bretagne est
nécessaire.
La campagne de boycott a eu à cœur de s’implanter
dans les quartiers populaires, quartiers majoritairement prolétaires et
nœud de l’abstentionnisme. Pour ce faire, la campagne a pu bénéficier de
l’aide des Jeunes Révolutionnaires, eux aussi attachés à l’idée de
boycott, mais aussi de sympathisants un peu partout dans l’État
français.
À Rennes, Paris, Caen, au Havre, à Limoges, ou dans
la région parisienne, les activistes de la campagne de boycott, aux
côtés des Jeunes Révolutionnaires, ont mené des actions auprès des
masses dès janvier 2022. À Rennes, la table de solidarité, bien connue
des habitants du quartier Kennedy grâce à la permanence et au sérieux
des militants, s’est transformée en plateforme pour la campagne. Grâce à
cette action, de nombreux contacts ont pu être noués, et notre mot
d’ordre a pleinement touché les habitants du quartier. À travers la
France, de très nombreux porte-à-porte ont pu également être organisés,
ce qui a permis aux activistes de propager l’idée de boycott plus en
profondeur, donnant lieu à beaucoup de conversations et de débats autour
de la campagne. La solidarité populaire est un excellent moyen de
montrer au peuple que lui seul, et aucun politicien, sera en mesure de
le sauver. Il est important pour nous de montrer aux masses populaires
qu’elles seules peuvent influer sur le cours des choses, et que seule
leur organisation collective autour d’un parti d’avant-garde, composé
des prolétaires les plus avancés de notre classe, peut renverser ce
régime, ce qu’un bulletin de vote ne pourra jamais accomplir.
L’agitation politique est passée par la distribution massive de la Cause
du Peuple, en particulier notre précédent numéro centré sur le boycott
actif des élections. Au cours des manifestations, des blocages de lycée,
des porte-à-porte, des tables de solidarité et de presse, et de
diffusion, 147 exemplaires de la Cause du Peuple ont été distribués,
l’activité ayant été étendue à d’autres quartiers populaires de Rennes,
notamment celui de Maurepas. Le jour du premier tour, les Jeunes
Révolutionnaires, membres de la campagne, ont réussi à organiser deux
goûters festifs avec les habitants de Kennedy et de Maurepas. Ce goûter a
été l’occasion de brûler quelques cartes électorales avec les
habitants, eux aussi pour la plupart en colère et déçus par le système
démocratique bourgeois. Une fresque a aussi été réalisée aux alentours
du quartier Kennedy, et de très nombreuses affiches ont été collées,
notamment sur les panneaux d’affichage dédiés aux élections, qui ont été
pour beaucoup recouverts. Dans le reste de l’État français, de nombreux
tags ont été réalisés, et la propagande s’est étendue jusque dans les
petites villes, comme Combourg ou Guingamp. Ces différentes actions ont
pu montrer aux masses l’inutilité de la participation aux élections
présidentielles, et des illusions ont pu être arrachées au profit de la
lutte dans les quartiers, ou sur les ronds-points.
À Paris, les membres de la campagne n’ont pas
rechigné à faire passer leur mot d’ordre dans la manifestation du Convoi
de la Liberté, ce qui a permis de déterminer l’intérêt politique du
mouvement d’une part, et d’autre part de faire la promotion du boycott
actif. En mars, un rassemblement prônant le boycott s’est créé en marge
de la commémoration de la mort de Pierre Overney, montrant que le
meilleur hommage que nous puissions rendre à ceux qui sont morts en
servant le peuple est de continuer le combat, dans lequel s’est inscrite
fièrement notre campagne. Les activistes de l’État français ont aussi
participé aux manifestations de premier et de second tour, où nous avons
pu faire entendre notre voix face à cette parodie de démocratie, et
face au chantage républicain du second tour. Les camarades de Caen ont
fait passer l’idée de boycott parmi les masses les plus déterminées,
travaillant main dans la main avec le mouvement des Gilets Jaunes,
symbole de la renaissance d’un mouvement contestataire massif en France,
et ont aussi participé aux manifestations du premier et du second tour.
Les manifestations du 1er mai, et surtout à Caen, ont été
l’opportunité de perpétuer l’idée du boycott, les législatives du
12 juin apparaissant après le second tour comme un cirque encore plus
navrant, que les révolutionnaires sincères se doivent de dénoncer au
même titre que les présidentielles. Les camarades de Caen n’ont ainsi
pas hésité à défiler avec les masses avec une banderole affirmant
fièrement le slogan « Nos voix ne rentrent pas dans leurs urnes ».
Au niveau national, la campagne a manifesté son
soutien à l’appel au boycott des élections par les organisations
indépendantistes corses, à la suite des manifestations contre
l’assassinat de l’ancien membre du FLNC, Yvan Colonna, et contre la
politique menée sur l’île par l’État français. Nous reconnaissons cet
appel comme primordial, la situation en Corse ne pouvant encore moins
être résolue par les élections qu’en France métropolitaine.
Notre campagne a montré qu’elle voulait être une
campagne de terrain, auprès des masses et parmi elles, pour faire passer
l’idée d’un boycott actif. Son déroulement nous a montré que cette idée
prend de plus en plus d’écho parmi les masses, et qu’il est toujours
possible de les mobiliser concrètement. Nous pouvons être fiers des
graines que nous avons semées, car cette campagne, loin d’être une fin
en soi, a pu montrer qu’une alternative était possible, et que celle-ci
commence dès aujourd’hui. L’État français est affaibli, pour sa
bourgeoisie, la seule option possible de survie est le fascisme, et
celui-ci se manifeste de plus en plus par la montée de l’extrême-droite,
mais surtout par Macron le fascisateur. Les illusions propagées par la
bourgeoisie se dissipent de plus en plus, et les masses en ont assez de
ce système mortifère. Nous le savons, la conciliation avec les positions
réformistes n’ont jamais rien amené, et aucune frange de la bourgeoisie
ne pourra ôter le fardeau de notre classe. Une seule solution se
présente à nous. Ou nous jouons selon les règles de nos adversaires, et
ainsi nous serons irrémédiablement conduits à l’échec, ou nous acceptons
la nécessité de la violence révolutionnaire contre les exploiteurs,
qu’elle-seule pourra abattre la violence encore plus grande que
subissent les masses populaires, d’ici et de tous les pays.
L’organisation des masses pour la révolution, d’un mouvement
révolutionnaire organisé autour d’un Parti Communiste, taillé pour la
révolution, commence dès maintenant. Continuons sur la lancée de notre
campagne de boycott, et jetons-nous dans la lutte !