Un par mois. C’est, en moyenne, le nombre de pères, de frères, de
fils que nous perdons à cause de la brutalité des forces de l’ordre. Une
brutalité qui prend plusieurs formes : des techniques de pliage qui
conduisent à l’asphyxie des victimes aux coups de poings, de balles ou
de Taser qui, dans les pires des cas, s’avèrent mortels.
Régulièrement depuis plus de 40 ans, les nôtres sont ainsi tués par
l’État Français, aux mains de ceux que l’on appelle ironiquement les
"gardiens de la paix". Régulièrement depuis plus de 40 ans, c’est
l’impunité la plus abjecte et les campagnes de criminalisation qui
répondent aux mobilisations de celles et ceux qui réclament vérité et
justice pour leurs morts. L’acharnement policier, judiciaire et
politique
contre la famille Traoré, à qui nous exprimons toute notre solidarité, en est la preuve. À chaque fois, c’est la même histoire.
La répression qui nous vise, nous familles de victimes, s’est
accentuée sous le régime de l’état d’urgence. Tous les abus sont devenus
possibles, avec leurs lots de conséquences tragiques. Ce n’est plus la
police qui s’adapte à la loi, c’est la loi qui s’adapte à la police… Et
nous sommes loin d’être les seuls à avoir été visés par le renforcement
des dispositifs sécuritaires et des violences d’État. En 2015, le
gouvernement a déclaré une véritable guerre intérieure : il a traqué les
migrants et ceux qui les défendent, poursuivi la traditionnelle
répression des « Noirs », des « Arabes », des « Rroms » et plus
généralement des quartiers populaires, ciblé les « Musulmans » notamment
via des perquisitions, des assignations à résidence et des fermetures
de mosquées totalement arbitraires… À cela s’ajoute la guerre sociale
qu’ont menée Valls et consors, notamment dans le cadre de la
mobilisation contre la loi travail. Face aux résistances des quartiers
populaires et du mouvement social, on a vu les violences se déchaîner en
touchant des catégories jusqu’ici protégées.
Les attentats terribles que nous avons connus en 2015 et en 2016 sont
venus renforcer l’arsenal sécuritaire alors qu’ils sont la conséquence
directe de la politique guerrière que la France et ses alliés mènent à
l’étranger. L’État Français, qui pèse toujours de tout son poids sur les
peuples qu’il domine comme en Afrique, prolonge cette politique au
Proche-Orient tout comme il entérine l’occupation de la Palestine. Sa
"lutte contre le terrorisme" ressemble surtout à une agression
permanente contre des peuples innocents. C’est, entre autres, ce qui
nourrit la crise humanitaire des réfugiés, traités cyniquement comme une
menace potentiellement "terroriste". C’est le serpent qui se mord la
queue : le climat de guerre intérieure permet de justifier le contrôle
toujours plus brutal de la population et délivre un permis de violence
aux forces de l’ordre qui répriment toutes les gueules qui ne lui
reviennent pas et tous ceux qui, des familles de victimes aux
manifestants contre la loi travail en passant par les militants des
quartiers populaires à la ZAD, osent s’organiser contre l’État, réclamer
justice et affirmer leur Dignité.
Nous sommes tous concernés !
La campagne présidentielle ne va rien arranger. Au contraire. Presque
chaque nouvelle déclaration est une insulte faite à nos combats, à nos
préoccupations et à nos urgences.
Parce que nous ne nous soumettrons pas à l’arbitraire du pouvoir,
Parce que les mots "justice" et "dignité" ont encore un sens pour nous,
Parce que nous pensons qu’il est primordial de nous organiser, ensemble,
pour lutter contre la guerre faite aux pauvres, aux migrants, aux
descendants de colonisés,
Nous appelons tout-e-s celles et ceux qui se sentent concernés par ces
sujets à nous rejoindre dans toutes les initiatives à venir (voir
calendrier au bas de la page) et à participer très largement à la Marche
pour la Justice et la Dignité qui aura lieu le dimanche 19 mars 2017 à
Paris. Contre la hogra, contre l’humiliation, contre le racisme et les
violences policières, contre les guerres lâches faites en notre nom à
des peuples qui ne nous ont rien fait.
Retrouvons espoir, force et unité pour faire bloc ensemble au nom de la Justice et de la Dignité.
Premières familles signataires :
Famille de
Lahoucine Ait Omghar - Famille d’
Amine Bentounsi - Famille de
Hocine Bouras - Famille d’
Abdoulaye Camara - Famille de
Lamine Dieng - Famille de
Wissam El Yamni - Famille d’
Amadou Koumé - Famille de
Mourad Touat - Famille d’
Ali Ziri
Avec le soutien de :
Comité Vérité et Justice pour Lamine Dieng - Comité Vérité et Justice
pour Mamadou Marega - Comité Vérité et Justice pour Abou Bakari Tandia
Signatures collectives
Action-antifasciste Paris-Banlieue (AFA) - Alternative Libertaire
(AL) - Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT) -
Association Black is really beautiful - Association contre le racisme
(ACOR, Suisse) - Association citoyenneté active (Chauny) - Association
Égalité Toulouse Mirail - Association pour l’Intégration et l’Invention
Républicaines (AIIR) - Association Femmes plurielles - Association KÂLÎ -
Association de lutte contre l’islamophobie et les racismes (ALCIR
20eme) - Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) -
Assemblée des Blessés, des Familles et des Collectifs contre les
violences policières - ASTI Annonay - Brigade Anti Négrophobie (BAN) -
Bruxelles Panthères - Candidatura d’Unitat Popular (CUP - Països
Catalans) - Cedetim/Ipam - Centre d’études postcoloniales de Lyon -
CGT-Culture Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration - CISPM
(Coalition Internationale des Sans-Papiers et Migrants) - Collectif
décolonial lyonnais - Collectif enseignant pour l’abrogation de la loi
de 2004 (CEAL) - Collectif James Baldwin - Collectif Parisien pour la
Protection des Jeunes et Mineurs Isolés Étrangers (CPMJIE) - Collectif
Ni Guerres ni état de guerre - Collectif 20ème solidaire avec les
migrants - Comité contre les violences policières à Pantin - Comité ZAD
de Rennes - Convergence Citoyenne Ivryenne (CCI) - Coopérative écologie
sociale - CRI Rouge - CSP75 (Coordination 75 des Sans-Papiers) -
D’ailleurs nous sommes d’ici" 67 (DNSI) - Désarmons-les ! - DIEL (Droits
Ici Et Là-bas) - Emancipation Tendance intersyndicale - Fédération
SUD-PTT - Fondation Frantz Fanon - Front antiraciste alsacien - FUIQP -
FUIQP Saint Denis - FUIQP Saint Etienne) - Historical materialism
(Toronto) - Groupe anarchiste Alhambra - Identité plurielle - IJAN
(Argentina) - IJAN International - Islamic Human Right Commission (IHRC)
- Les habitants des la ZAD de Notre Dame des Landes - LKP - London
Campaign Against Police and State (Grande-Bretagne) - Marche des Femmes
pour la Dignité (MAFED) - Mwasi - Organisation Communiste Libertaire
(Paris) - New socialists (Toronto) - Ontario Coalition Against Poverty -
MDDM (Mouvement pour la Dignité et les Droits des Maliens) - Nouveaux
Cahiers du Socialisme (Montréal) - Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) -
Organisation de femmes Egalité - Osons causer - Paris Against Trump -
Paris Debout - Parti communiste des ouvriers de France (PCOF) -
Plateforme de la voix des prisonniers - Parti des Indigènes de la
République (PIR) - Pas sans nous (Bouches du Rhônes) - Pride de nuit -
Réseau pour une gauche décoloniale - Revue Contretemps-Web - Le Seum
collectif - Socialist Project (Toronto) - SolidaritéS (Suisse ) - Sortir
du colonialisme - Sud CT Mairie de Saint Denis - Union Antiraciste et
Populaire de Toulouse - (UAPU31) - Union des Démocrates Musulmans de
France (UDMF) - Union Juive Française pour la Paix (UJFP) - Urgence
Notre Police Assassine (UNPA)
Signatures individuelles :
Hamé, du groupe La Rumeur (artiste) - Kery James (artiste) -
Youssoupha (artiste) - Opal Tometi (co-fondatrice de Black Lives Matter
et Executive Director of Black Alliance for Just Immigration-BAJI) - Eli
Domota (LKP) - Medine (artiste) -
Et par ordre alphabétique :
Samy Amara (humoriste) - Sihame Assbague (militante antiraciste) -
Djamel Attalah (marcheur de 83) - Ludivine Bantigny (historienne) - Elsa
Bardeaux (maire adjointe de Villeneuve Saint Georges à la jeunesse et
de la vie des quartiers) - Benaili Mounia (Conseillère Municipale PG
Juvisy sur Orge) - Ben Amar Youssef (adjoint au maire Allones 72) -
Mohamed Benkhelouf (maire adjoint à Aubervilliers) - Mohamed Ben
Yakhlef, Insaf Chebaane, Omar Cheriguene (conseillers municipaux de
Vileneuve Saint Georgges) - Judith Bernard (metteur en scène) - Olivier
Besancenot (NPA) - Félix Boggio Éwanjé-Épée (revue Période) - Ahmed
Boubeker (sociologue) - Rachid Bouchareb (réalisateur) - Alima
Boumediene Thiery (avocate) - Houria Bouteldja (PIR) - Pierre
Cours-Salies (Sociologue, professeur émérite Paris 8, Membre
d’Ensemble !) - Gerty Dambury (écrivaine) - Christine Delphy (Féministe)
- Rokhaya Diallo (auteure et réalisatrice) - Eva Doumbia (artiste) -
Mireille Fanon Mendès-France (Fondation Frantz Fanon et experte ONU) -
Patrick Farbiaz (Sortir du colonialisme) - François Gèze (Editeur) -
Alain Gresh (journaliste) - Nacira Guénif-Souilamas (sociologue) - Hadj
Chikh Haouaria (conseillère départementale 13) - Olivier Le Cour
Grandmaison (universitaire) - Franco Lollia (BAN) - Frédéric Lordon
(économiste) - Stella Magliani-Belkacem (La fabrique éditions) -Philippe
Marlière (universitaire) - Madjid Messaouden (élu St Denis 93) - René
Monzat (militant antiraciste) - Océane Rosemarie (comédienne) - Philippe
Poutou (Porte-parole du NPA) - Saadane Sadgui (Co-fondateur des JALB et
du MIB) - Catherine Samary (Militante altermondialiste) - Maximilien
Sanchez (conseiller municipal délégué à la jeunesse de Gentilly) -
Anzoumane Sissoko (porte-parole de la CISPM) - Omar Slaouti (membre du
collectif Ali Ziri), Odile Tobner (auteure de "Du racisme français) -
Enzo Traverso (universitaire) - Françoise Vergès (politologue) -
Marie-Christine Vergiat (Députée européenne, Front de Gauche) -
Catherine Wihtol de Wenden (universitaire) - Youkoff (Artiste) -
Signatures internationales :
Jabir Puar (Associate Professor, Women’s and Gender Studies, Rutgers
University, USA), Jin Haritaworn (professor, University of Toronto),
Rabab Abdulhadi (Director, Arab and Muslim Ethnicities and Diasporas
(AMED) Initiative, Race and Resistance Studies, San Francisco State
University, USA) , Inderpal Grewal (professor, Yale University, USA),
France Winddance Twine (professor, Sociology, University of California,
Santa Barbara, USA), Minoo Moallem (professor, Department of Gender and
Women’s Studies, University of California, Berkeley, USA), Sirma Bilge
(Associate Professor, Sociology Department, Université de Montréal),
Lisa Duggan (Professor of Social & Cultural Analysis, NYU, USA),
Nelson Maldonado-Torres (Associate Professor, Latino and Caribbean
Studies, and Comparative Literature, Rutgers University, New Brunswick,
NJ USA), Paola Bacchetta (professor, Berkeley), Hatem Bazian (director,
Islamophobia Documentation Center, and lecturer, University of
California, Berkeley, USA), Huma Dar (Co-founder, Muslim Identities and
Cultures, and lecturer, Race & Resistance Studies, Department of
Ethnic Studies, San Fransisco State University, USA), Malkia Cyril
(Black Lives Matter, Bay Area, California, USA) Dina M Siddiqi,
(professor, Anthropology, BRAC University, Bangladesh), Cheba Chhachhi,
Artist, New Delhi, India, Kavita Krishnan, women’s rights activist,
Delhi, India, Carla Trujillo, novelist, also Assistant Dean, UC
Berkeley, USA, Donna Murch, Associate Professor, Rutgers University, New
Brunswick, New Jersey, USA, Ramon Grosfoguel, professor, UC Berkeley -
Stefan Kipfer (York University, Canada) - Greg Albo, Professeur, York
University, Toronto - Minoo Moallem, Professor, Department of Gender and
Women’s Studies, UC Berkeley- Pratibha Parmar, Filmmaker &
Associate Professor, Film. California College of Arts - Chela Sandoval,
Professor of Chicano and Chicano studies, university of California,
Santa Barbara - Inderpal Grewal, Professor, Yale University - Ruthie
Wilson Gilmore, Professor and Director, Center for Place, Culture, and
Politics, CUNY
Ils nous soutiennent :
« Nous appelons à manifester le 19 mars pour la Justice et la Dignité parce que :
La revendication légitime de Vérité et de Justice portée par ces familles victimes de violences policières doit être soutenue.
La banalisation des discours, des actes racistes et leur caractère structurel sont inacceptables.
Les
droits démocratiques doivent être défendus face à l’Etat d’urgence et
des mesures liberticides qui touchent particulièrement celles et ceux
qui subissent le racisme.
L’accueil
des migrant-e-s dans des conditions dignes et la régularisation de tous
les sans papiers