Observer France 24, 13 mai 2016 :
Un sit-in à plus de 600 mètres sous terre. Depuis plus d’une semaine, une centaine de mineurs manifestent au fond d’une mine de la région de Khénifra au centre du Maroc, dans des conditions de sécurité dangereuses. Un moyen de porter leur message : ils réclament notamment une amélioration de la sécurité de leur travail quotidien sur ce site.
Le groupe de mineurs a entamé cette grève inédite le 2 mai dernier dans la mine de Jbal Aouam. Ce site est géré par la Compagnie minière de Touissit (CMT) et produit notamment du plomb, du zinc et l’argent.
Plusieurs mineurs ont été victimes d’accidents mortels ces derniers mois. En cause, selon eux, un matériel vétuste dont une partie n’aurait pas été renouvelée depuis plusieurs dizaines d’années.
Le syndicat qui représente ces mineurs, l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), a entamé des discussions avec les responsables de la compagnie, lundi 9 mai. Mais elles sont actuellement au point mort.
« Dans cette mine, l’air est vicié et la température peut atteindre 50 degrés »
Moussa Aserrar :
« À Jbal Ouam, ces manifestations ont lieu dans deux sites de gisements : le site de Sidi Ahmed et celui d’Ighram Aoussar.
À Sidi Ahmed, les conditions sont très mauvaises car dans cette mine, l’aérage – c’est-à-dire la cheminée qui sert à extraire les gaz toxiques – ne fonctionne pas. À cause du manque d’aération, l’air y est très vicié et la température peut atteindre 50 degrés.
Le système d’aération étant en panne, deux mineurs sont morts asphyxiés rien qu’en 2015 à cause des gaz produits par l’explosion de la dynamite pour extraire le minerai.
En 2014, au moins trois personnes sont mortes et 11 autres ont été blessées dans divers accidents dans la mine.
À cause du manque d’aération, j’ai contracté une maladie pulmonaire chronique, la silicose. [Une réduction progressive et irréversible de la capacité respiratoire, NDLR]. Et je dois prendre des médicaments pour le restant de mes jours. »
Vidéo montrant le sit-in à sur le site de Sidi Ahmed. On voit notamment les ouvriers qui se partagent des morceaux de pain et du thé :
À Ighram Aoussar, la situation des grévistes est meilleure, car l’aérage de ce site fonctionne bien. Cela dit, les problèmes de sécurité concernent aussi certaines machines. La machine à moteur qui tire les petits wagons qui circulent entre les galeries est notamment très vétuste. Parfois, elle ne freine pas bien et cela provoque des accidents.
Les ouvriers réclament également une amélioration des conditions sociales, et surtout un contrat fixe auprès de la compagnie minière. Moussa Asrar travaille dans cette mine depuis 1998 et ne bénéficie toujours pas d’un contrat à durée indéterminée. Tous les mineurs travaillent en réalité comme intérimaires, avec des contrats à répétition.
« Même si je travaille depuis longtemps dans cette mine, c’est via des agences d’intérim que je suis à chaque fois recruté. En général, avec des contrats de travail de six mois. Je ne peux donc pas bénéficier des avantages de l’ancienneté.
En fait, cette situation rend les conditions de sécurité encore plus précaires. Car les mineurs qui travaillent en sous-traitance sont employés dans des endroits dangereux alors que ceux qui sont en contrat fixe avec la compagnie minière travaillent en extérieur parce qu’ils n’ont pas le droit de s’exposer au danger. »
Victime d’un malaise, un des mineurs grévistes a été transporté à l’hôpital. Vidéo postée sur YouTube le 5 mai 2016 :
Ces manifestations ont lieu alors que la compagnie minière vient de signer une convention avec un syndicat rival, l’Union marocaine des travailleurs (UMT). Cette convention vise à élargir l’activité de la mine et comprend un investissement de plusieurs millions de dirhams. Les contestataires accusent Lahcen Ouchtoubane, le directeur de la CMT, de ne pas avoir consulté le syndicat auquel ils sont affiliés, l’UGTM.
Dans une interview au journal local Al-Wananiya Press, Lahcen Ouchtoubane a indiqué que l’UGTM n’était pas représentatif des travailleurs. Concernant les mineurs qui ont été victimes d’accidents ces derniers mois, il a assuré qu’ils n’avaient pas respecté les normes de sécurité.
Pour en savoir davantage notamment sur les conditions de sécurité, nous avons essayé de contacter les responsables de la compagnie minière, pour l’instant sans succès.
Un sit-in à plus de 600 mètres sous terre. Depuis plus d’une semaine, une centaine de mineurs manifestent au fond d’une mine de la région de Khénifra au centre du Maroc, dans des conditions de sécurité dangereuses. Un moyen de porter leur message : ils réclament notamment une amélioration de la sécurité de leur travail quotidien sur ce site.
Le groupe de mineurs a entamé cette grève inédite le 2 mai dernier dans la mine de Jbal Aouam. Ce site est géré par la Compagnie minière de Touissit (CMT) et produit notamment du plomb, du zinc et l’argent.
Plusieurs mineurs ont été victimes d’accidents mortels ces derniers mois. En cause, selon eux, un matériel vétuste dont une partie n’aurait pas été renouvelée depuis plusieurs dizaines d’années.
Le syndicat qui représente ces mineurs, l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), a entamé des discussions avec les responsables de la compagnie, lundi 9 mai. Mais elles sont actuellement au point mort.
« Dans cette mine, l’air est vicié et la température peut atteindre 50 degrés »
Moussa Aserrar :
« À Jbal Ouam, ces manifestations ont lieu dans deux sites de gisements : le site de Sidi Ahmed et celui d’Ighram Aoussar.
À Sidi Ahmed, les conditions sont très mauvaises car dans cette mine, l’aérage – c’est-à-dire la cheminée qui sert à extraire les gaz toxiques – ne fonctionne pas. À cause du manque d’aération, l’air y est très vicié et la température peut atteindre 50 degrés.
Le système d’aération étant en panne, deux mineurs sont morts asphyxiés rien qu’en 2015 à cause des gaz produits par l’explosion de la dynamite pour extraire le minerai.
En 2014, au moins trois personnes sont mortes et 11 autres ont été blessées dans divers accidents dans la mine.
À cause du manque d’aération, j’ai contracté une maladie pulmonaire chronique, la silicose. [Une réduction progressive et irréversible de la capacité respiratoire, NDLR]. Et je dois prendre des médicaments pour le restant de mes jours. »
Vidéo montrant le sit-in à sur le site de Sidi Ahmed. On voit notamment les ouvriers qui se partagent des morceaux de pain et du thé :
À Ighram Aoussar, la situation des grévistes est meilleure, car l’aérage de ce site fonctionne bien. Cela dit, les problèmes de sécurité concernent aussi certaines machines. La machine à moteur qui tire les petits wagons qui circulent entre les galeries est notamment très vétuste. Parfois, elle ne freine pas bien et cela provoque des accidents.
Les ouvriers réclament également une amélioration des conditions sociales, et surtout un contrat fixe auprès de la compagnie minière. Moussa Asrar travaille dans cette mine depuis 1998 et ne bénéficie toujours pas d’un contrat à durée indéterminée. Tous les mineurs travaillent en réalité comme intérimaires, avec des contrats à répétition.
« Même si je travaille depuis longtemps dans cette mine, c’est via des agences d’intérim que je suis à chaque fois recruté. En général, avec des contrats de travail de six mois. Je ne peux donc pas bénéficier des avantages de l’ancienneté.
En fait, cette situation rend les conditions de sécurité encore plus précaires. Car les mineurs qui travaillent en sous-traitance sont employés dans des endroits dangereux alors que ceux qui sont en contrat fixe avec la compagnie minière travaillent en extérieur parce qu’ils n’ont pas le droit de s’exposer au danger. »
Victime d’un malaise, un des mineurs grévistes a été transporté à l’hôpital. Vidéo postée sur YouTube le 5 mai 2016 :
Ces manifestations ont lieu alors que la compagnie minière vient de signer une convention avec un syndicat rival, l’Union marocaine des travailleurs (UMT). Cette convention vise à élargir l’activité de la mine et comprend un investissement de plusieurs millions de dirhams. Les contestataires accusent Lahcen Ouchtoubane, le directeur de la CMT, de ne pas avoir consulté le syndicat auquel ils sont affiliés, l’UGTM.
Dans une interview au journal local Al-Wananiya Press, Lahcen Ouchtoubane a indiqué que l’UGTM n’était pas représentatif des travailleurs. Concernant les mineurs qui ont été victimes d’accidents ces derniers mois, il a assuré qu’ils n’avaient pas respecté les normes de sécurité.
Pour en savoir davantage notamment sur les conditions de sécurité, nous avons essayé de contacter les responsables de la compagnie minière, pour l’instant sans succès.
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