Ce qui s’est passé aujourd’hui a eu, a et aura un
grand impact sur la pratique des mouvements de masse dans l’État
français. Aujourd’hui, c’est la colère de l’ensemble des travailleurs et
travailleuses qui a éclaté, en prenant pour cible les lieux de pouvoir
centraux, concentrés dans quelques arrondissements à Paris et incarnés
par les préfectures dans les régions.
Le gouvernement, au travers de la porte parole de la
préfecture de police de Paris, a été obligé de reconnaître que les
masses de gilets jaunes étaient solidaires de ce qu’ils appellent les
« casseurs ». Et nous l’avons vu également dans tant d’endroits. Les
gens comprennent la colère et la violence des masses contre ce système
injuste. Qu’est ce qu’on peut bien en avoir à faire qu’une Porsche brûle
à part se réjouir de penser au grand patron qui voit son joujou partir
en flammes ? Qu’est ce qu’on peut bien en avoir à faire des incendies
dans ces quartiers où se concentrent tous les exploiteurs et oppresseurs
en tout genre à part se dire que c’est enfin dans leur sale quartier de
riches que ça se passe ?
Aujourd’hui, ce sont les larges masses qui se sont
révoltées et pas « l’ultra droite » comme aimerait nous faire croire le
gouvernement en se servant d’eux comme des épouvantails. Bien sûr, les
fascistes étaient là, essayant de tirer leur épingle du jeu. Mais ce que
l’on voit sur le terrain c’est qu’ils sont ultra-minoritaires, qu’ils
se font dégager des blocages, que certains de leurs drapeaux ont aussi
brûlé aujourd’hui et que là où ils sont le plus « implantés », le
mouvement a une dynamique beaucoup moins importante qu’ailleurs. Alors
arrêtons de leur donner plus d’importance qu’ils n’en n’ont réellement. A
nous de faire le ménage où ils se trouvent et de les dévoiler aux yeux
des masses pour ce qu’ils sont : des garants du système d’exploitation
capitaliste, pour la plupart fils et filles de bourgeois.
La révolte d’aujourd’hui s’est caractérisée par un
fort sentiment anti-bourgeois et anti-flic ; les deuxièmes étant les
chiens de garde des premiers, on comprend bien qu’on ne peut lutter
contre les uns sans lutter contre les autres. A Paris, c’était très
mélangé avec des jeunes, des vieux, des gens venus de loin, et une forte
présence des villes de banlieue. A noter que le Collectif Justice et
Vérité pour Adama faisait également partie des gilets jaunes. Dans les
régions, il y a eu beaucoup de jonctions avec des cortèges qui ont
fusionnés : CGT, lycées, paysannerie, tout le monde uni sous le gilet
jaune et rouge.
De nombreux affrontements ont eu lieu avec une liste
non exhaustive : Avignon, Charleville-Mézières, Dijon, Le Puy-en-Velay,
Marseille, Nantes, Narbonne, Tarbes, Toulouse, Tours. Plusieurs voitures
de police ont brûlé, des banques, des véhicules et boutiques de luxe,
plusieurs préfectures ont été attaquées, un fusil d’assaut a été volé
aux flics et la préfecture du Puy-en-Velay a été incendiée ! Nous
comptons dans nos rangs de nombreux blessés dont un très grave à Paris,
et un jeune avec la main partiellement arrachée à Tours. Il y a
également 300 arrestations environ et il y a tout à parier que la
répression sera sévère. Mais ces tactiques ont porté leurs fruits car
selon le gouvernement, c’est la quasi totalité des effectifs de police
qui étaient mobilisés aujourd’hui partout en France.
Les masses font leur apprentissage de la violence en
la pratiquant. Quelques semaines de mobilisation ont suffit pour
comprendre l’antagonisme qu’il peut y avoir entre les masses en lutte et
les forces de répression. Les discours « la police avec nous » ne
prennent plus aussi bien qu’avant. Nous devons donc continuer notre
travail patient d’organisation et de conscientisation au coeur de la
lutte de classe et en lien étroit avec les masses. Chaque jour sur les
blocages forge pour la lutte, chaque révolte prépare au prochain combat,
chaque échange tisse la solidarité de classe.
Les blocages et actions du mouvement de révolte sont
des lieux où se concentrent les plus éléments les plus déterminés. Et on
voit bien qu’il s’agit ultra majoritairement de la classe ouvrière. Un
exemple est le blocage d’un rond point à Rouen où les ouvriers de
Renault se sont impliqués, ainsi que les gens du quartier populaire d’à
côté. Là, deux fascistes se sont fait virer. Là, les flics ne sont plus
les bienvenus. Voilà ce qu’est aujourd’hui cette lutte. C’est la classe
ouvrière qui n’en peut plus que tout le système repose sur son dos et
qu’elle n’en récolte même plus les miettes.
Nous continuerons évidemment d’être aux côtés des
masses en lutte, car la révolte ne fait que commencer et pour qu’elle
aboutisse, il nous faut l’organiser de manière prolongée et la faire
passer à la révolution. C’est un long chemin, qui prendra des formes
multiples et qui sera semé d’embûches et de zigzag. Mais n’oublions pas
qu’une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine.
Solidarité avec les victimes de la répression !
Vive le torrent des luttes qui emporte tout sur son passage !
De la révolte à la révolution !
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