La
2ème vague des soulèvements : les leçons de l'Intifada de Soudan
-
En 2008, une crise économique sévère a frappé le centre de
l'impérialisme mondial (Les Etats-Unis), et avait un impact sur le
monde entier sans exception, bienque ce fût par étape. En effet, le
système de mondialisation a réussi à transformer cet univers en un
marché ouvert dépendant sans limites de la machine des capitaux
mondialisés. Même les colonies africaines les plus éloignées de
l'Europe ne sont pas à l'abri de la crise économique qui a frappé
l'Amérique et l'Europe plus tard, tandis que les peuples de ces
colonies sont toujours à la phase tribale et clanique où les
structures économiques sont les plus rudimentaires.
Et
même si les pays du centre impérialiste ont pu surmonter le retard
relatif ou plus précisément temporaire des dégâts de cette crise
en provoquant davantage des guerres un peu partout, en divisant
certaines colonies et en pillant les peuples de leurs colonies, les
régimes fantoches des colonies et sous-colonies sont restés
impuissants vis-à-vis la profondeur de la crise et de son étendue
et leur seule alternative pour éviter la chute de leurs économies
est la dette, la hausse record des prix l’obéissance des exigences
du FMI, et par conséquence de jeter les impacts de cette crise sur
les pauvres principalement et le reste des classes dans un second
temps.Dans ce contexte, il faut préciser que les pays les moins
industrialisés et les pays les plus ouverts aux investissements
étrangers et les plus étroitement associés à l'économie
mondialisée sont les plus touchés par cette crise.
-
L'année 2011, ou l'année des soulèvements arabes, le démarrage
était en Tunisie, on parle d’un système fantoche jusqu’au bout
manipulé par un militaire criminel et une famille mafieuse alliée
avec les classes les plus liées au capital étranger. Depuis son
accession au pouvoir, le régime a fait tous les compromis pour obéir
inconditionnellement au centre impérialiste et aux fonds et banques
mondiaux. En contre parti, ces États ont lâché-prise ses pratiques
brutales et son appauvrissement des masses populaires. La vague de
soulèvements populaires s'est étendue dans d'autres pays arabes, de
l'Égypte à la Libye, à la Syrie, au Yémen et à Bahreïn. Le
slogan "Le peuple veut renverser le système" est devenu un
appel mondial à la révolution, entendu dans toutes les régions du
monde, même au cœur de l'économie mondiale à Wall Street à New
York. .
Ce
qui a caractérisé le soulèvement en Tunisie, c'est la confusion
qui caractérisait les forces impérialistes dans la détermination
de la tactique appropriée pour protéger leurs intérêts en plus de
l'intervention limitée de l'armée (qui ne pourrait pas ou plutôt
inapte de s'emparer du pouvoir).
Ce
n’était pas le cas de l'Égypte dont l'armée avait réussi à
s'emparer du pouvoir et à revenir à la tyrannie. Pour la Libye, la
Syrie et le Yémen, la lutte entre les pôles impérialistes (d’une
part, la Russie et la Chine, et d’autre part, les États-Unis et
l’Union européenne) et l’intervention militaire directe ainsi
que le rôle central des groupes terroristes islamistes a permis de
transformer ces soulèvements en guerres civiles conservatistes et
pousser ces pays à des scénarios d’anarchie pour qu’ils
puissent réarranger les cartes et les priorités et perpétuer la
dominance des richesses de ces peuples.
-
2019, ou l'année de la deuxième vague des soulèvements, après des
années de la première vague des soulèvements, après le succès du
système mondial et des autorités locales pour les contenir en
renversant et contournant presque tous ses acquis, après que la
majorité ait perdu l’espoir d'un changement radical et que le
désespoir régnait au sein de la résistance, la seule revendication
est devenue selon certains garder ce qu’il reste comme acquis vu le
danger croissant des groupes terroristes islamistes.
Les
attitudes ont changé et beaucoup d’intervenants politiques se sont
alignés avec des régimes oppressifs et autoritaires en portant la
robe pseudo-nationale et levant le slogan du criminel « Al-Sissi »
"La révolution est le mauvais remède correspondant au mauvais
diagnostic".
Malgré
cette énorme quantité de destructions, de massacres et de
propagande conservatiste que le slogan du « Le peuple veut renverser
le système » est devenu du passé, on était surpris une nouvelle
fois parla lutte des masses populaires qui a débuté avec le
soulèvement du peuple soudanais contre le régime du criminel «
Omar al-Bashir », suivi par le soulèvement algérien contre le
régime de Bouteflika ce qui a donné un nouveau espoir que l’étoile
de la révolution n'a pas été éteinte et que les masses sont les
décideurs de l'histoire. Une deuxième vague de soulèvement,
imprégnablegrâce à plusieurs années de lutte contre le système
fantoche, l'exploitation, la tyrannie et la corruption avec une
expérience politique de plus de huit ans.
Sur
ce, on va consacrer ce texte pour le soulèvement du peuple soudanais
afin de s’arrêter sur les caractéristiques les plus importantes
et présenter les acteurs les plus influents.
1
/ La nature du régime soudanais, ses alliances et la position de
l'armée:
-
1989 - Un coup d'État militaire au Soudan renverse le règne de «
al-Sadiq al-Mahdi », mené par d'Omar al-Bashiret soutenu par « le
Front islamique national » dirigé par Hassan al-Turabi.
Cette
période était la plus sombre et la plus longue dans l’histoire du
Soudan surtout en perdant un tiers de sa superficie et trois quarts
de sa richesse pétrolière (baisse de la production de pétrole de
450 000 barils par jour à moins de 100 000 barils).
Ce
qui distingue la période du règne de « al-Bashir »,
c’étaitl’alimentation de la guerre civile soudanaise, la plus
longue d’Afrique ayant fait plus de 1,9 million de victimes civiles
en jouant avec la carte des minorités tribales et en soutenant les
milices criminelles, notamment les milices « Janjawids » au Darfour
et l’armée du « seigneur » ougandais. En effet,le dénominateur
commun entre les régimes dépourvus de légitimité populaire est la
pousse vers l’explosion de conflits conservatistes internes afinde
créer un climat de terreur ce qui permetd’étendre leur contrôle
sur la gouvernance.
-
-
2009 - La Cour internationale de justice de La Haye lance un mandat
d'arrêt pour crimes de guerre contre « Omar al-Bashir », qui
parcourt désormais la planète sans être empêcher parla moindre
autorité ce quiremet en question la valeur de ces institutions
"internationales" et ses équivalents vu qu’elles sont
toujours au service des pays du Centre Impérialiste ou pour faire
chanter une partie bien déterminée, comme le cas du Soudan.
Le
régime de « Al-Bashir »se base sur trois piliers:
*L'armée:
contrairement à ce que certains pensent, l'armée n'est pas une
institution neutre et ne peut jamais l’être. En effet, c'est le
support du régime en place qui la dirige en fonction de ses
orientations et de ses intérêts. Concernant, l’armée soudanaise,
elle est parmi les plus importants intervenants dans la scène
politique soudanaise surtout qu’elle a une longue histoire avec des
coups d'Etat militaires, qui ne sont pas seulement déterminés par
des facteurs externes (à travers la planification d'une partie ou
d'un Etat étranger), mais présupposent que des conditions internes
à l'armée puissent interagir avec ces facteurs externes. Du coup de
« Abboud » en 1958 au coup de « Nimeiri » en 1969 jusqu’au coup
de « al-Bashir » en 1989, le peuple soudanais a vécu une grande
partie de son histoire sous une autorité militaire, malgré les
différences au niveau politique et le soutien partisanavec une
oppression et tyrannie indescriptible. Ces décennies de règne
militaire ont permis à l'armée soudanaise d'acquérir de
l'expérience dans la répression des rébellions et des
soulèvements, dans la gestion des guerres et des crises politiques
et dans la formation d'alliances entre partis et internationaux.
**Le
Parti du Congrès national soudanais (PCN): il a été fondé en 1998
après un conflitpolitique au sein du Front national islamique entre
« Hassan al-Turabi » et « Omar al-Bashir », un conflit opposant
les pôles du Mouvement islamiste au Soudan. Il s'est achevé avec la
dissolution du Parlement par « Hassan al-Turabi ». Puis, il a été
mis en prison, créant un fossé au sein du mouvement islamiste, qui
a été scindé en "Congrès populaire" dirigé par «
Hassan al-Turabi » et en "Congrès national" dirigé par «
Omar al-Bashir » et certains des dirigeants des islamistes.
**Le
lien avec l'impérialisme: au cours des 20 dernières années, le
pôle américano-européen a classé le régime soudanais en tant
qu'État voyou et sponsor du "terrorisme". Cela a conduit
le régime à établir des relations privilégiées avec la Chine et
la Russie ce qui les a permis de piller les fortunes du pays en se
cachant derrière le « partenariat ». Cependant, au cours des
dernières années du régime Obama, avec l'instabilité politique
dans la région la menace des groupes terroristes en Libye au Nigéria
et en Somalie et en plus le souci de limiter l'immigration vers les
pays européens, le régime soudanais s’est remis en partenaire(Les
sanctions américaines ont été levées et des armes ont été
apportées au régime de « el-Bashir » durant les derniers jours
d’OBAMA).
Lesintérêts
de l'impérialisme américain et européen sont devenu liés à la
survie de ce système et à la poursuite de son service, en
particulier après la signature du régime de « al-Bashir »du
nouvel accord avec le Fonds monétaire international en 2014,
l'ouverture du bureau de la Central Intelligence Agency (CIA) et la
création d'un centre d'opérations régional à « el-Khartoum »,
son seul objectif est de mettre fin à la contrebande et au flux de
réfugiés en permettant aux fonctionnaires européens de travailler
directement au Soudan.
Sur
le seul plan régional, le régime a cherché à renforcer ses
relations avec le régime saoudien, qui s'est engagé à "investir"
2,2 milliards de dollars en échange de l'entrée du Soudan dans la
guerre au Yémen.
Ces
dernières années, il a également entretenu des relations
privilégiées avec l’axe turco-qatari, qui s’est traduit par des
contrats dans le domaine des banques et de la construction maritime.
Et on a atteint plus de 500 millions de dollars d’échanges
commerciaux avec la Turquie et conclu un contrat de 4 milliards de
dollars avec le Qatar pour développer le port de « Sawakin ».
2
/ Soulèvement soudanais: son parcours, ses causes, les acteurs les
plus importants
À
la mi-décembre 2018, le soulèvement soudanais a commencé dans la
ville de « Atbara », dans l'état du « Nil » au Soudan, à
environ 310 km de la capitale, « al-Khartoum », où la ville a été
le théâtre de grandes manifestations populaires contre le régime
de « Omar al-Bashir », notamment après l'interruption du
ravitaillement du carburant et du pain. Plusieurs locaux du parti du
Congrès national (qui est au pouvoir) ont également été incendiés
à « Atbara », « al-Damar » et « Berber ».
Le
régime n'a pas prévu l'ampleur des manifestations ni leurs
enracinements, vu l'échec des premières soulèvements de 2011. En
contre partie, les premiers slogans qui ont été évoqués
insinuaient une conscience politique développée du mouvement de
protestation malgré sa nature spontanée aux débuts. Parmi les
slogans, on cite "Liberté, Paix, Justice "Ce slogan
comprenait ingénieusement le besoin du peuple soudanais de se
libérer du pouvoir oppressif et obscuristeSoudanais, ainsi que le
besoin des masses de la justice alors que la corruption et
l’exploitation se propagent sous le régime de « Al-Béchir »,
tout en étant conscient des risques de l’anarchie et de la guerre
civile du fait de la diversité communautaire, religieuse et
ethnique. D’ailleurs, le slogan de la paix était un des slogans
intégrants des manifestants soudanais.
Au
leur début, les mouvements étaient concentrés à la campagne,
principalement grâceaux jeunes, qui avaient acquis des expériences
importantes lors des derniers soulèvements ; Mais avec l’évolution
de la rébellion et de sa composition et de ses acteurs, la marée a
envahi les grandes villes, en particulier la capitale « al-Khartoum
», grâce aux syndicats et aux partis opposants qui ont joué un
rôle important. Le régime a senti le danger et déclenché ses
crimes, a arrêté des milliers de personnes (parmi lesquelles le
secrétaire général du Parti communiste soudanais, « Muhammad
Mokhtar al-Khatib », des dirigeants du parti « al-Baath », des
syndicalistes et des blogueurs) et a tué des dizaines ce qui a
intensifié le mouvement et convertiles slogans en "Le peuple
veut renverser le système" et « taskot bas = dégage, c’est
tout ! ». Le régime était tétu et a refusé de faire des
concessions aux manifestants, en particulier après avoir reçu
l'appui politique et financier des conservatistes arabes, dirigés
par l'Égypte et l'Arabie saoudite. (« Sisi » a estimé que la
stabilité politique au Soudan faisait partie de la sécurité
nationale égyptienne et s'est déclaré prêt à aider « al-Bashir
» à surmonter la crise et à envoyer l'armée égyptienne pour
construire des boulangeries Au Soudan).
Après
le silence des États-Unis et de l’Europe, qui restaient dans
l’attente et l’évaluation pour prévoir la suite des événements,
surtout qu’ils traitaient avec prudence de tout appel en faveur
d’un changement radical du système au Soudan. Cette position est
renforcée par le refus des partis constitutifs de démissionner du
gouvernement et le maintien deleur alliance avec le Parti du Congrès
national (NCP) en ajoutant l'annonce de l'armée soudanaise, dimanche
23 décembre, dans un communiqué de «Se mobiliser autour de ses
dirigeants et veillerles acquis du peuple ainsi que de la sécurité
des citoyens. Elle a souligné également que les actions des forces
de police unifiées, des forces d’appui rapide, des forces de
sécurité et des services de renseignement nationaux sont unifiés
au sein d’un système de sécurité homogène dirigé par le
maréchal « Omar al-Bashir ».
D'autre
part, avec l'élan des manifestations populaires, lors du 1er janvier
2019, le Soudan a été témoin de la naissance de l’alliance de la
Déclaration du changement et de la liberté, qui rassemblait
principalement le syndicat des professionnels soudanais, ainsi que de
« l'Appel du Soudan » (une alliance de plusieurs partis politiques
et mouvements armés combattant le gouvernement soudanais dans trois
provinces « le Nil bleu », « Sud-Kordofan » et « Darfour » :
cette alliance est dirigée par le chef du parti « Umma » :« Sadiq
al-Mahdi »)et Force de consensus nationale ( qui comprend un certain
nombre de parties civiles dirigées par le Parti communiste) en plus
de plusieurs mouvements et partis sociaux.
Cette
coalition est considérée comme la couverture politique du mouvement
et de ses dirigeants, notamment le rassemblement des professionnels
et du parti communiste. Après quatre mois de soulèvement et
d'innombrables détenus et martyrs, le soulèvement soudanais a
réussi à renverser le régime le 11 avril 2019, à la suite de
l'annonce par le Conseil militaire derenvoyer« al-Bashir » de son
trône ce qui a lancé une nouvelle phase de la lutte du peuple
soudanais avec le reste du régime de « al-Bashir ».
*
Les causes du soulèvement : L’intifada actuelle est un
prolongement de l’histoire du soulèvement populaire contre le
régime militaire et les islamistes au Soudan.Et ses raisons
profondes est quela structure du régime, sa nature et ses intérêts
s’opposent aux aspirations du peuple soudanais, mais elles peuvent
se résumer directement en deux raisons principales:
-
La première est l’intensification de la crise économique: Le taux
d'inflation était de 70%, la livre soudanaise a chuté par rapport
au dollar américain (47,5 USD) et la dette extérieure du Soudan a
dépassé les 50 milliards USD.
Le
taux de chômage a dépassé 20% et atteint 27% pour les jeunes. Cela
s'ajoute à une grave hausse des pris du carburant et du pain à plus
du double de leurs anciens prix avec les bas salaires des
travailleurs et des employés (Le salaire moyen d'un travailleur du
secteur privé est compris entre 1000 et 1500 livres (18 et 27
dollars par mois)).
-
le deuxième concerne les amendements constitutionnels: « Omar
al-Bashir » a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle
pour 2020, bien que la constitution soudanaise l'en empêche, ce qui
coïncide avec l'appel de 33 partis au parlement à présenter un
amendement constitutionnel –plus précisément l'article 57 –qui
permet de prolonger la période du règne de « al-Bashir »(Près de
30 ans).
*
Les acteurs les plus importants du soulèvement soudanais : Certains
pensent que la chute de « al-Bashir » signifie nécessairement la
fin du règne des islamistes au Soudan, alors que la scène politique
soudanaise est plus complexe et diversifiée, bien que la seule
vérité qui soit reconnue est que l'Alliance de la Déclaration de
la liberté et du changement est la principale force politique au
Soudan. Ce qui suit est un état des lieux de mouvements politiques
et syndicalistes les plus activeslors du soulèvement :
-
Rassemblement de professionnels soudanais: un organe d'alliance
professionnelle, qui était formé en octobre 2016 par la rédaction
de la première charte de professionnels composée de trois groupes:
le Comité centrale des médecins du Soudan, le Réseau des
journalistes soudanais et l'Alliance des juristes démocrates. Le
rassemblement des professionnels comprend plusieurs organes qui
suivent une charte commune et des objectifs annoncés au milieu de
2018. Ce cadre syndical répond à l'endiguement de la Fédération
générale des travailleurs du Soudan qui est devenue un allié du
régime de « al- Béchir ». Cet assemblée est interdit au Soudan
et fonctionne presque confidentiellement (la plupart de ses
dirigeants publics résident à l’étranger) Cependant, cela ne l'a
pas empêché de diriger et orienter l'Intifada.
-
Le Parti communiste soudanais est considéré comme l’un des plus
anciens partis communistes arabes. Il soutient pleinement les
manifestations en cours et affirme que " aucune réforme est
considérée à part la fin du régimede « al-Bashir »".
Il
considéré par le régime soudanais comme le principal moteur du
soulèvement (au point que le régime, lors de l’appel au dialogue,
a contacté toutes les parties, à l'exception du Parti communiste)
-
Parti « al-Umma »: Ce parti est l’un des plus anciens partis
soudanais et représente le front politique de la communauté «
al-Ansar », dirigé par « Sadiq al-Mahdi », qui préside
l’Alliance pour l’appel du Soudan. Cette alliance proposait
auparavant un accord politique avec le régime conduisant à la mise
en place d'un gouvernement de transition. Dans ce contexte, une série
de dialogues avec le gouvernement soudanais dans la capitale
éthiopienne, « Addis-Abeba », a duré trois ans et s'est
poursuivie sans aucun résultat.
-
Les partis de référence islamique: le plus important est le Parti
du Congrès populaire dirigé par « Hassan al-Turabi », qui est
revenu au pouvoir en 2017 après avoir accepté de participer au
gouvernement de réconciliation nationale. Les dirigeants du parti
occupent actuellement plusieurs postes ministériels et un poste
d'assistant du président, ainsi que des membres du parlement
national et des conseils législatifs locaux. L'organisation des
Frères musulmans au Soudan, qui a connu de nombreuses divisions,
notamment la division du « al-Turabia en 1980 et sa création de
après des années le front national islamique, a alterné sa
position du régime « al-Bashir »entre son soutien et la
participation au gouvernement et l'opposition caricaturale dans
certaines phases.
Ces
partis ont essayé ces derniers jours de soutenir le soulèvementafin
d’essayer de sauter du bateau avant qu’il coule.
3
/ Les leçons les plus importantes du soulèvement soudanais:
Le
soulèvement soudanais a bénéficié de l’expérience de la
première vague des soulèvements arabes et a réussi à surmonter
relativement plusieurs lacunes, dont les plus importantes sont les
suivantes:
*
Le mouvement de masse et son organisation: le soulèvement soudanais
a permis de créer un cadre organisationnel à la tête de ce
mouvement, le diriger et surpasser la tendance spontanée vers la
liberté et le changement. Il a également réussi à présenter un
modèle distinctif pour la possibilité de succès de l'action
frontale entre les acteurs politiques et sociaux et son efficacité
dans la gestion de la bataille ce qui a permis de réussir le lien
créatif entre le politique / syndicaliste / national. Cependant, le
principal obstacle à l’enracinement de cette alliance et de son
orientation est sa composition. En effet, il comprend des forces
conservatistes, populistes avec un plan politiqueconcentré sur la
nécessité de former un gouvernement de transition après le
renversement de « Al-Bashir », qui est censé diriger la
"transition démocratique" sans mentionner l'axe de
dimension nationale tels que l’annulation des dettes, la suspension
et la revue des accords internationaux conclus par le régime de «
el-Bashir » ainsi que le refusde la présence impérialiste sur le
territoire soudanais. * Créativité et innovation politique: les
forces soutenant le mouvement ont réussi à surmonter plusieurs
obstacles, le plus important étant de gérer la diversité de la
structure sociale au Soudan et les années de guerre civile
déclenchées par le régime Al-Bashir, ainsi que de garder l’ampleur
du mouvement et de répondre aux manœuvres du régime par des
tactiques judicieuses ce qui a permis de remonter la fréquence des
revendications et remporter plusieurs victoires partielles. Et même
la dernière tactique annoncée (le sit-in du Commandement général),
considéré par certains comme un appel imprudentà l'armée
d’intervenir, était une tactique efficace. Le sit-in avait pour
but de faire pression sur la principale force soutenant « el-Bashir
» (l'armée), afin de créer une fracture dedans. Et c’est ce qui
a été faitavec la rébellion de certains dirigeants et soldats de
grade moyen contre les ordres des dirigeants face aux forces de
police qui avaient l'intention de disperser le sit-in.
Les
dirigeants du mouvement ont réussi à créer cette faille qui a
précipité le renversement d'Al-Bashir afin que les dirigeants de
l'armée maintiennent le contrôle de l'appareil de l’état qui a
commencé à se fissurer sous les coups des manifestants. D’ailleurs,
le rejet du pouvoir militaire par les manifestants et briserl'état
d'urgence est une preuve claire qu'ils ne se font aucune illusion
quant au rôle évolué de l'armée dans ce processus.
*
Le rôle des femmes et des jeunes: les soulèvements arabes ont
présenté les jeunes comme un acteur clé du mouvement, et c’est
le cas pour le soulèvement soudanais (avec un surplus de l’apport
des femmes dans le mouvement). En effet, les femmes soudanaises
jouent un rôle central dans l'Intifada actuelle. Et malgré les
années de répression et de discrimination exercées par les
islamistes (en particulier après la promulgation de la loi sur
l'ordre public en 1996), elles ne se sont pas empêchées de figurer
parmi les premiers rangs du mouvement. D’ailleurs, la plupart des
médias estiment que les deux tiers des manifestants au Soudan sont
des femmes. On estime également que le nombre des femmes détenues
dans les prisons du régime est de l'ordre de plusieurs centaines ce
qui a incité le rassemblement des professionnels soudanais à
organiser une procession de solidarité appelée "la procession
des femmes arrêtées" .Le convoi s'est dirigé vers la prison
pour femmes de « Om-durman » et a réussi à rompre le cordon de
sécurité et à s'en approcher. Les plus célèbres d'entre elles
sont la présidente de l'Union des femmes soudanaises, « Adila
al-Zibq », la membre du Comité central du parti communiste « Fayza
Ibrahim », lamembre de l'Union central des docteurs soudanais «
Hiba Omar », et bien d'autres.
Le
soulèvement soudanais a réussi aussi à présenter les premières
icônes: la jeune femme soudanaise « Alaa Saleh », qui a gravi le
toit d'une voiture pour présenter avec enthousiasme un poème
révolutionnaire dont les manifestants ont scandé, derrière chaque
verset, le mot "révolution". La seconde était la Dr «
Sarah Abdul Jalil », médecin soudanaise en Grande-Bretagne,
porte-parole du rassemblement des professionnels soudanais, fer de
lance du mouvement de protestation contre le gouvernement soudanais
depuis quatre mois.
4
/ Conclusion:
L'armée
cherchera inévitablement à contourner le soulèvement soudanais et
s'efforcera de vider ses slogans de leursvaleurspatriotiques et de
classe qui affectent le cœurdu régime.Mais cela n'empêche pas que
les Soudanais ont réalisé et sont en mesure de franchir des étapes
gigantesques sur la voie de la libération et de l'émancipation
surtout que les forces dominantes dans les rues ont accumulées des
expériences importantes dans l’alternance de la lutteentre secrète
et publique etaussi entre la lutte pacifique et la violence
révolutionnaire.
Ce
seconde Intifada, qui progresse avec l'expérience et l'accumulation
d'années de lutte, a encore une fois brisé cette
fameuseaffirmationque les masses populaires sont soumises et ne
cherchent pas le changement. Aujourd'hui, le changement vient de pays
qui ont connu des années de guerres civiles et de destruction, mais
leur peuple s'est rendu compte que sa peur du retour àladécennie
signifiait la continuation du système qui était partenaire, donc,
il n’a pas d'autre choix que de se soulever.
Les
soulèvements soudanais et algérien sont un nouvel espoir pour nous
tous, en particulier pour les pays qui traversent des guerres civiles
conservatistes et c’est la preuve matérielle tangible que le
parcours de liberté et l’émancipation est long et il doit passer
Nouveaux
Parti Communiste (sous construction) Tunisie
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