Thursday, June 4, 2015

Canada - Le visage hideux du nationalisme québécois



À l’occasion du décès de l’ex-chef péquiste Jacques Parizeau et à l’approche du 25e anniversaire du soulèvement mohawk de Kanesatake, nous publions, pour mémoire, cet article paru en septembre 1990 dans les pages du journal Socialisme Maintenant!, qui était alors publié par le groupe Action socialiste. Il y en aurait long à dire sur «l’œuvre» de Parizeau mais une chose est sûre, c’est qu’il a toujours été un fier représentant du colonialisme et de la subjugation des peuples autochtones; ceux et celles qui s’épanchent en ce moment sur la carrière de ce «grand homme» tout en faisant l’impasse sur le rôle qu’il a joué à l’été 1990 ont la mémoire bien courte – à moins que cela témoigne de leur propre turpitude.
– Le Bureau d’information politique du PCR
Un des plus importants mérites de la «crise amérindienne» aura finalement été de montrer que la question nationale au Canada ne se limite pas, loin s’en faut, à la domination de la nation québécoise par le Canada anglais, mais que le Québec constitue lui-même une nation dominante, à l’intérieur de cette forteresse impérialiste qu’est le Canada.
Dès le début des événements qui ont marqué «l’été indien», et avant même que le nazillon Poitras ait fait surface et pris la tête des manifestations racistes qui se sont succédées, le président du Parti québécois du comté de Châetauguay, un dénommé Luc Trottier, dénonçait par le biais d’une lettre ouverte que les grands quotidiens se sont d’ailleurs empressés de publier, les «terroristes armés et fanatiques», qui avaient pris selon lui la population de la rive-sud de Montréal en otage.

Quelques jours plus tard, c’était au tour du chef du PQ lui-même [Jacques Parizeau] de prendre le relais pour dénoncer la lutte des Mohawks, ainsi que la «mollesse» du gouvernement Bourassa, qui «osait» entreprendre des pourparlers avec les représentantes et les représentants autochtones. Jacques Parizeau devait par la suite multiplier les interventions publiques, que ce soit pour appuyer les manifestations racistes à Châteauguay, et même pour exiger l’intervention de l’armée canadienne pour mettre fin à la «crise»!
Les prises de position réactionnaires de Parizeau et des principaux porte-étendard du nationalisme – notamment Lucien Bouchard – qui l’ont appuyé, doublées du silence complice de la plupart de celles et de ceux (artistes, syndicalistes, politiciennes et politiciens «de gauche» comme Gilles Duceppe) qui s’étaient associés-es à lui lors du déferlement d’hystérie collective qui s’est emparé des nationalistes autour des fêtes du 24 juin, ont en quelque sorte donné le feu vert aux petites organisations fascisantes et d’extrême-droite, comme SOS Génocide et même le Ku Klux Klan, qui sont ensuite passés à l’attaque contre les Mohawks (des Noirs et des Latinos y ont aussi goûté par la même occasion).
Jusqu’aux événements du 28 août à Ville LaSalle, alors qu’une centaine de criminelles et de criminels racistes ont lapidé les voitures dans lesquelles des civils mohawks avaient pris place pour fuir l’intervention de l’armée – le groupe SOS Génocide aurait d’ailleurs joué un rôle dirigeant dans ce véritable pogrom anti-indien –, des dizaines d’autochtones ont été agressés-es par des bandes organisées, un d’entre eux ayant même vu sa maison incendiée, avec la complicité ouverte de la police.
Le fait qu’une bonne partie des manifestations et des rassemblements racistes auxquels on a pu assister aient été tenus sous les mêmes mots d’ordre et le même drapeau que le défilé de la Saint-Jean – «Le Québec aux Québécois!», pour un État fort et musclé, etc. – a évidemment fait réfléchir plusieurs militantes et militants progressistes qui avaient vu de manière positive la remontée du nationalisme québécois, comme ce fut le cas de cette étudiante qui écrivait dans une lettre ouverte publiée le 9 août dernier par Le Journal de Montréal, qu’elle avait «pratiquement honte d’être blanche et de faire partie de cet héritage qu’on clamait si fièrement à la Saint-Jean».
Les événements des dernières semaines, loin d’être une erreur de parcours, ont fait apparaître plus clairement que jamais que le nationalisme québécois n’est pas un facteur de progrès social, bien au contraire. Le seul moyen de résoudre la question nationale au Canada, de lutter vraiment contre toutes les formes d’oppression nationale, c’est d’adopter et de réaliser le programme de l’égalité des droits pour toutes les nationalités, qui abolira toutes les formes de privilèges et d’exclusivisme nationaux.
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