Accusé d’avoir fomenté les violences du 1er Mai, le MILI répond au préfet de police de Paris
« L’enfer, ce n’est pas ce qu’ont vécu les forces de l’ordre le 1er Mai, c’est le monde que vous nous préparez. »
paru dans lundimatin#145, le 7 mai 2018
Suite à la manifestation du 1er mai à Paris, la préfecture de police a publiquement accusé le MILI (Mouvement Inter Luttes Indépendant),
d’être à l’origine de la mobilisation et d’appeler à l’insurrection. Le
mouvement lycéen et étudiant dissous depuis plusieurs années, s’est
fendu d’une réponse que nous reproduisons ici.
Mouvement
Inter
Luttes
Indépendant
:: : COMMUNIQUÉ DE PRESSE :: :Nous connaissons les communiqués de la préfecture de police autant qu’ils nous connaissent, nous nous sommes finalement habitués à y apparaître, à y être cités de manière opportune. Les diffamations médiatiques et gouvernementales ne nous étonnent plus depuis longtemps, bien qu’elles ne puissent être laissées sans réponse. Mais que de la diffamation le ministre de l’Intérieur en vienne aux menaces, cela exige une correction claire et immédiate. Voici donc, concernant la journée du 1er mai, plusieurs corrections :
1 – Le problème qui s’est posé en ce 1er mai aux politiques comme aux policiers, ce n’est pas le rassemblement de 1200 émeutiers, mais les 14 500 personnes qui les accompagnaient et sympathisent avec leurs pratiques. On ne spécule tant sur le « black bloc » que pour masquer l’existence, autrement plus embarrassante, du cortège de tête. Cet embarras, il est perceptible jusque dans le chiffrage de la préfecture, qui doit désormais admettre qu’il y a presque autant de manifestants « hors du cortège déclaré » que dedans. Déjà, en 1968, la menace politique réelle, ce n’était pas les milliers d’émeutiers, mais la compréhension qui les entourait, et qui d’ailleurs les entoure toujours.
2 – Que le ministre de l’Intérieur en soit à traquer « celles et ceux qui appellent à l’insurrection » dit assez combien tout y appelle. Encore une fois, il s’agit de trouver des organisateurs, les organisateurs du désastre face aux organisateurs du désordre. Or, il semble ne toujours pas vouloir l’admettre, il n’y a pas d’organisateurs mais des manières de s’organiser, de mettre en jeu des sensibilités et des affinités. Déclarer que ce qui s’est passé ce 1er mai est le résultat de quelconque appel n’est qu’un énième procédé visant à altérer la réalité : s’il y a un groupe d’incendiaires à l’oeuvre en ce moment en France, c’est bien le gouvernement lui-même. En matière de radicalité politique, le projet macroniste n’a pas d’équivalent. En matière de violence déchaînée, rien n’égale la brutalité du traitement policier réservé en ce moment à tout ce qui se lève. On n’avait pas vu un gouvernement aussi déterminé dans son désir d’affrontement avec la population depuis bien longtemps. Allumer dix foyers de révolte simultanément et se scandaliser que cela crame, c’est toute la pose hypocrite du pouvoir en place. Nous ne ferons pas au ministre de l’Intérieur l’injure de lui rappeler qu’une constitution française, celle de l’an 1, stipule : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». Vous avez bien lu, monsieur le ministre : pour chaque portion du peuple.
3 – Dans les années 1970 comme pendant le mouvement contre le CPE ou contre la loi Travail, le retour de l’éternelle rhétorique anti-casseurs ne témoigne que d’une chose : la fébrilité du gouvernement. Le niveau de rage diffuse contre la mise au pas macronienne n’a d’égal que le sentiment d’impuissance qu’elle cherche à produire. La logique d’écrasement déployée dans les universités, à la ZAD ou envers les syndicats appelle, en ce mois de mai, à se hausser au niveau de radicalité posé par le gouvernement. De fait, face à une offensive technocratique aussi massive, seule une insurrection peut nous sauver ; le festif ne suffira pas. L’enfer, ce n’est pas ce qu’ont vécu les forces de l’ordre le 1er Mai, c’est le monde que vous nous préparez. Nous ne comptons pas vivre dans un monde de crevards avec comme seul horizon la gestion sécuritaire du désastre écologique et économique.
4 – Vous pouvez bien parler de nous dissoudre, il est déjà trop tard : nous nous somme déjà depuis longtemps dissous dans l’ensemble des complicités que nous avons tissées au fil des ans. Même vos compteurs professionnels s’en sont avisés : nous n’avons jamais été aussi nombreux ni aussi divers. Nous sommes littéralement partout. Aucun « retour à la normale » ne nous enlèvera les rencontres qui se multiplient à la faveur de ce mouvement. Les bulles sociales explosent, et c’est tant mieux. Ce monde nous appartient, car c’est nous qui allons y vivre.
Mouvement
Inter
Luttes
Indépendant
:: : COMMUNIQUÉ DE PRESSE :: :Nous connaissons les communiqués de la préfecture de police autant qu’ils nous connaissent, nous nous sommes finalement habitués à y apparaître, à y être cités de manière opportune. Les diffamations médiatiques et gouvernementales ne nous étonnent plus depuis longtemps, bien qu’elles ne puissent être laissées sans réponse. Mais que de la diffamation le ministre de l’Intérieur en vienne aux menaces, cela exige une correction claire et immédiate. Voici donc, concernant la journée du 1er mai, plusieurs corrections :
1 – Le problème qui s’est posé en ce 1er mai aux politiques comme aux policiers, ce n’est pas le rassemblement de 1200 émeutiers, mais les 14 500 personnes qui les accompagnaient et sympathisent avec leurs pratiques. On ne spécule tant sur le « black bloc » que pour masquer l’existence, autrement plus embarrassante, du cortège de tête. Cet embarras, il est perceptible jusque dans le chiffrage de la préfecture, qui doit désormais admettre qu’il y a presque autant de manifestants « hors du cortège déclaré » que dedans. Déjà, en 1968, la menace politique réelle, ce n’était pas les milliers d’émeutiers, mais la compréhension qui les entourait, et qui d’ailleurs les entoure toujours.
2 – Que le ministre de l’Intérieur en soit à traquer « celles et ceux qui appellent à l’insurrection » dit assez combien tout y appelle. Encore une fois, il s’agit de trouver des organisateurs, les organisateurs du désastre face aux organisateurs du désordre. Or, il semble ne toujours pas vouloir l’admettre, il n’y a pas d’organisateurs mais des manières de s’organiser, de mettre en jeu des sensibilités et des affinités. Déclarer que ce qui s’est passé ce 1er mai est le résultat de quelconque appel n’est qu’un énième procédé visant à altérer la réalité : s’il y a un groupe d’incendiaires à l’oeuvre en ce moment en France, c’est bien le gouvernement lui-même. En matière de radicalité politique, le projet macroniste n’a pas d’équivalent. En matière de violence déchaînée, rien n’égale la brutalité du traitement policier réservé en ce moment à tout ce qui se lève. On n’avait pas vu un gouvernement aussi déterminé dans son désir d’affrontement avec la population depuis bien longtemps. Allumer dix foyers de révolte simultanément et se scandaliser que cela crame, c’est toute la pose hypocrite du pouvoir en place. Nous ne ferons pas au ministre de l’Intérieur l’injure de lui rappeler qu’une constitution française, celle de l’an 1, stipule : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». Vous avez bien lu, monsieur le ministre : pour chaque portion du peuple.
3 – Dans les années 1970 comme pendant le mouvement contre le CPE ou contre la loi Travail, le retour de l’éternelle rhétorique anti-casseurs ne témoigne que d’une chose : la fébrilité du gouvernement. Le niveau de rage diffuse contre la mise au pas macronienne n’a d’égal que le sentiment d’impuissance qu’elle cherche à produire. La logique d’écrasement déployée dans les universités, à la ZAD ou envers les syndicats appelle, en ce mois de mai, à se hausser au niveau de radicalité posé par le gouvernement. De fait, face à une offensive technocratique aussi massive, seule une insurrection peut nous sauver ; le festif ne suffira pas. L’enfer, ce n’est pas ce qu’ont vécu les forces de l’ordre le 1er Mai, c’est le monde que vous nous préparez. Nous ne comptons pas vivre dans un monde de crevards avec comme seul horizon la gestion sécuritaire du désastre écologique et économique.
4 – Vous pouvez bien parler de nous dissoudre, il est déjà trop tard : nous nous somme déjà depuis longtemps dissous dans l’ensemble des complicités que nous avons tissées au fil des ans. Même vos compteurs professionnels s’en sont avisés : nous n’avons jamais été aussi nombreux ni aussi divers. Nous sommes littéralement partout. Aucun « retour à la normale » ne nous enlèvera les rencontres qui se multiplient à la faveur de ce mouvement. Les bulles sociales explosent, et c’est tant mieux. Ce monde nous appartient, car c’est nous qui allons y vivre.
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