L’Inde est un pays où 40 % de la population est en malnutrition. Toutes les 30 secondes, un enfant indien meurt de malnutrition, ce qui fait plusieurs centaines de milliers par an. Le gouvernement ne fait rien pour endiguer cela : au contraire, il perpétue l’exploitation dans les campagnes en défendant les grands groupes miniers étrangers, les propriétaires terriens qui traitent les gens comme du bétail, et les policiers et fonctionnaires corrompus qui maintiennent le pays dans la misère. Dans les villes, de grands mouvements racistes sont encouragés par le gouvernement. Par exemple en 2020 à Dehli, des milices hindoues ont tué 40 personnes car elles étaient musulmanes lorsque Donald Trump visitait le pays. Ce n’est pas un exemple isolé, mais bien un pogrom : un massacre et un pillage encouragé par le pouvoir en place, comme ce qui se faisait contre les Juifs dans l’Empire russe. Avec la crise actuelle, ce sont 75 millions de personnes qui ont été jetées dans la pauvreté en 2020. Une grande partie travaillait dans le secteur informel, avec des emplois instables qui ont été détruits. Depuis le début de la pandémie, jusqu’à 5 millions de personnes seraient mortes du COVID, un chiffre camouflé par l’État qui annonce officiellement un nombre dix fois moins élevé.
Voilà le tableau dans lequel la révolution indienne se déroule. Un pays qui a plus que jamais besoin d’une réelle libération. Mais alors que tous ces désastres tourmentent les masses, le gouvernement a d’autres priorités. En effet, dans sa lutte contre la révolution, l’État indien a récemment lancé une nouvelle opération de destruction intitulée « Prahar-3 ». Nous vous en avions déjà parlé en novembre. En parallèle, l’Inde a décidé de moderniser son armée avec une stratégie « high tech ». Nous allons voir dans cet article comment la guerre populaire répond à cette tactique de contre-insurrection.
Le plan de l’armée indienne : devenir « moderne » grâce à la « haute technologie »
Les forces militaires indiennes suivent un plan de modernisation accéléré depuis les dernières années. Le budget militaire indien est de 72 milliards de dollars par an, le troisième mondial derrière les États-Unis et la Chine. En 2019, le gouvernement a indiqué qu’ils seraient prêts à dépenser 130 milliards de dollars dans la modernisation des forces armées indiennes. Le porte-parole du ministère de la Défense a annoncé : « La modernisation de l’armée indienne est en cours pour répondre aux défis régionaux et aux changements technologiques. ». C’est un plan gigantesque, qui représente plusieurs fois les montants que l’État indien dépense pour la santé ou l’éducation. Dans le cadre de son armée de l’air par exemple, l’Inde s’est dotée de 36 rafales français, un juteux contrat pour les constructeurs français. En octobre 2021, le chef de l’armée de l’air indienne a annoncé que 114 avions de combat seraient produits. Les impérialistes français de Dassault Aviation ont sauté sur l’occasion pour répondre à l’appel d’offres, encore en cours.
En addition, l’État indien veut acheter des sous-marins, et même se doter de sous-marins nucléaires. Dans l’armée de terre, les réactionnaires veulent se doter de fusils plus récents, d’artillerie étrangère, de « véhicules de combat prêts-pour-le-futur » (c’est-à-dire des nouveaux tanks). L’État-major indien croit à une guerre cybernétique, et que la technologie est la panacée pour les conflits de notre époque. Les contrats lucratifs qui en découlent pour les industries de l’armement des principales puissances impérialistes expliquent le soutien de divers pays du monde à ce plan indien. En bref : l’armée indienne veut compter sur des appareils de haute technologie pour devenir « moderne ».
Comment cela se manifeste-t-il dans la lutte de l’État indien contre la révolution ? En 2017, les dirigeants réactionnaires de l’Inde se sont réunis le 8 mai pour décider d’un nouveau plan de contre-insurrection. Ils réagissaient à une embuscade qui avait eu lieu par les forces révolutionnaires en avril. Leur plan s’intitulait « SAMADHAN ». Il continuait les plans passés et visait à « moderniser » la contre-insurrection sur plusieurs points. Citons quelques-uns de ces points :
Favoriser les attaques aériennes contre les révolutionnaires et les villages
Utiliser des satellites, des GPS, l’imagerie thermique, les infrarouges, les caméras de surveillance et les radars
Utiliser des « projets de développement » comme l’installation de tour radios, de la fibre optique, des lignes électriques, etc. pour intensifier la répression contre les révolutionnaires
imiter la stratégie de contre-insurrection d’Israël en mettant l’emphase sur l’importation d’armes ultramodernes, de biotechnologie et de technologie militaire.
Cela n’empêcha pas l’Armée Populaire de Guérilla et de Libération de mener plusieurs centaines d’actions militaires cette année-là et d’intensifier la lutte les années suivantes. En 2019, à la suite de cette augmentation, un meeting des ministres en Chefs des États influencés par la révolution s’est réuni avec le ministre de l’Intérieur pour formuler un plan d’action. Dans ce plan, ils ont accentué le rôle de contre-insurrection de la technologie en mettant l’accent sur la construction de distributeurs de billets, de tours de réseau et autres pour dissuader les jeunes de rejoindre le mouvement. Malgré cela, en 2020, l’Armée Populaire de Guérilla et de Libération mena une embuscade à 250 contre 600, entourant les forces réactionnaires dans une grande et rapide action. Depuis ce jour, les réactionnaires indiens cherchent à arrêter Hidma, le commandant du Bataillon n°1 de l’Armée Populaire de Guérilla et de Libération, en utilisant les moyens les plus modernes. Ils n’ont pas réussi leur entreprise à ce jour, et les légendes sur Hidma courent à travers le pays. Pour certains, il serait un jeune homme de 20 ans, pour d’autres un homme mûr d’une 50aine d’années. Selon une source d’un média indien : « Personne ne l’a vu et même s’il venait au marché d’un village, personne ne le reconnaîtrait. ». Autrement dit, malgré sa « modernisation », l’armée indienne n’est même pas capable d’arrêter un révolutionnaire, car il vit avec les masses et qu’il pourrait être n’importe quel villageois.
Une armée « moderne » à l’idéologie périmée : la lutte contre le patriarcat dans la révolution
Malgré sa soi-disant modernisation, l’armée indienne est une armée réactionnaire à l’idéologie périmée. Elle défend un État et un ordre social pourrissant, qui laissent le pays aux prises de tous les problèmes que nous avons cité en introduction. Un exemple particulièrement frappant de cela, c’est la situation des femmes.
En Inde, le mouvement des femmes est fort, car l’oppression patriarcale est intense. Le porte-parole du Parti, Abhay, a déclaré dans une interview récente : « Les femmes sont la section sociale la plus opprimée de la société. Elles représentent la moitié de la société. Elles effectuent la plupart des travaux ménagers et de production, principalement dans l’agriculture. Mais elles n’ont pas de droits sur la propriété, les décisions et l’enfantement. Naturellement, cette situation amène les femmes à penser à leur libération. Au fur et à mesure que le mouvement révolutionnaire se renforce dans le pays, les femmes des classes opprimées, à savoir le prolétariat, les paysans et les petits bourgeois, réalisent de plus en plus que c’est la voie à suivre pour elles. Elles sont mobilisées dans des organisations de masse grâce auxquelles elles développent la conscience de leur émancipation. Il y a quelques camarades femmes des zones urbaines qui sont entrées en contact avec une organisation de masse en résolvant leur problème personnel, sont devenues des membres actives de l’organisation, ont appris la révolution et la lutte armée, ont compris que l’émancipation des femmes ne peut être atteinte que dans le processus d’émancipation de l’ensemble des classes opprimées et ont rejoint le parti. Elles occupent aujourd’hui différents postes de direction. ».
L’exemple de la Camarade Nirmala, née dans une famille de paysans pauvres indiens, est retentissant. Nirmala, après avoir rejoint les forces révolutionnaires, a mené plusieurs actions de premier plan. Avec 400 à 500 personnes qu’elle avait mobilisées, elle a dirigé une vengeance contre un propriétaire terrien qui violait les femmes qui travaillaient dans ses champs et maltraitait les paysans avec de la vente d’alcool et des prêts à taux élevés. Elle a été arrêtée et torturée par l’État avant d’être tuée. Son courage a inspiré de nombreuses personnes, et beaucoup de révolutionnaires nomment aujourd’hui leurs filles « Nirmala », pour suivre son exemple. Bien sûr, Nirmala n’est pas seule, elle n’est qu’une des nombreuses dirigeantes femmes de la révolution en Inde. Quelques années après la formation de l’Armée Populaire de Guérilla et de Libération, en 2004, le nombre de femmes dans ses rangs était de 40 %. Et les révolutionnaires souhaitaient augmenter ce ratio.
À l’extrême inverse, on trouve l’armée réactionnaire indienne. Seulement 0,5 % du personnel de l’armée est composé de femmes. Pour la police, c’est 10 %. Il n’y a rien d’étonnant à cela. Comme rappelé par Abhay, les femmes ont très peu de droits dans la société indienne. Ainsi, la participation aux forces armées est grandement réduite par le patriarcat. Dès lors que les révolutionnaires annoncent une action contre les forces armées ou la police, il est très courant que les militaires et policiers visés aient été des criminels sexuels ou des agresseurs de femmes. En effet, dans les zones rurales, particulièrement celles où vivent les populations tribales, les femmes ne sont que des objets pour les militaires, les policiers, les propriétaires terriens et les capitalistes. Par conséquent, la lutte de l’Armée Populaire de Guérilla et de Libération est intégralement une lutte pour la libération des femmes du joug féodal, capitaliste et patriarcal. Les femmes rejoignent massivement le mouvement pour se battre contre l’oppression qu’elles subissent.
Encore une fois, les contre-révolutionnaires indiens tentent d’utiliser la technologie contre ce mouvement. Nous avons vu la recrudescence d’armes modernes pour écraser la résistance armée. Malgré cela, les révolutionnaires, et notamment les femmes tribales, utilisent toutes sortes d’armes pour attaquer les réactionnaires et se défendre. Citons les arcs et les flèches, armes traditionnelles, mais aussi les outils ménagers, ou même des pierres. Dès qu’il y a une agression de la police, un tambour est battu, et tous les habitants des villages courent se rassembler pour contrer l’agression, en utilisant tout ce qui leur tombe sous la main. Et ça fonctionne ! La police ne sait en général pas comment réagir et malgré leurs jeeps et leurs pistolets dernier cri, ils fuient la zone. En plus des armes, les réactionnaires utilisent des programmes médicaux ou des camps de réfugiés qui camouflent des stérilisations forcées des femmes. On estime que 4 millions de personnes ont été stérilisées entre 2013 et 2014 en Inde, dont 3,9 millions de femmes. Chaque année, des scandales démontrent la cruauté de la contre-insurrection indienne, sous couvert de « modernité ». Ce qu’il se passe en Inde nous rappelle que les réactionnaires ne mènent jamais une lutte contre la pauvreté, mais bien une lutte contre les pauvres.
Mais nous voyons bien qu’il n’est pas possible de détruire la révolution avec des armements « high-tech » ou des technologies nouvelles. Les révolutionnaires se battaient avec des pierres, des fourches, des outils divers et variés contre des fusils dès le début de la révolution lors de l’insurrection de Naxalbari, en 1967. Aujourd’hui encore, l’État indien croit pouvoir enterrer le mouvement avec ses gadgets et sa nouvelle opération « Prahar-3 ». Il rêve ! La révolution vit dans le cœur des masses, elle est la seule réponse face aux problèmes de la société indienne, et tant que l’oppression existera, alors il y aura résistance.
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