Le
24 février 2022, le jour-même de l’invasion russe en Ukraine, France
-Université (ex Conférence des Présidents d’Universités) exprimait sa
solidarité avec les université ukrainiennes.
Le 11 octobre dernier elle condamnait avec la plus grande fermeté
l’attaque du Hamas sur Israël déclenchée 4 jours plus tôt. Depuis, Gaza a
été soumis de la part d’Israël à un pilonnage sans précédent (2 fois la
bombe d’Hiroshima), n’épargnant aucune structure civile (hôpitaux,
universités) et causant plus de 15.000 morts dont près de la moitié
d’enfants, de 400 étudiants et personnels universitaires, sans que ceci
ne donne lieu à aucune déclaration de France Université. C’est ce
qu’explique l’AUDIRP (Association des Universitaires pour le Droit
International en Palestine) dans une lettre adressée à la présidence de
France Université lui demandant de s’exprimer sur le sort des université
palestiniennes comme elle l’avait fait pour les université
ukrainiennes : « La guerre conduite par la Russie en Ukraine oblige
la communauté universitaire, nationale et internationale à redire sa
condamnation de cette agression qui se traduit par des attaques
inadmissibles contre la population civile et par le bombardement
délibéré de bâtiments publics, d’hôpitaux, de résidences étudiantes, ou
de locaux d’enseignement et de recherche ». La réponse de France
Université est tout à fait éclairante. Elle ne cite même pas les
universités palestiniennes et défend son silence par « nous n’avons
pas eu connaissance de prises de positions des universités israéliennes
qui, de près ou de loin, s’apparenteraient à celle de la Conférence des
recteurs russes », alors que 5.239 étudiants de l’université de Tel
Aviv sont sous les armes avec une gratification spéciale, que le
président de cette université appelle ouvertement à la guerre contre les
Palestiniens. Il apparaît clairement que les positions de France
Université sont bien plus motivées par une posture politique alignée sur
celle du gouvernement que par un esprit de collaboration et de
solidarité internationale.
Il
faut noter que ce traitement dissymétrique entre les guerres en Ukraine
et en Palestine n’est pas spécifique aux universités. Le CERN à Genève
(Centre Européen de Recherche Nucléaire) est géré par 22 états européens
auxquels a été ajouté en 2013 Israël, seul état non européen. Depuis
l’invasion russe en Ukraine la direction du CERN a interdit de faire
figurer les auteurs russes dans les signataires des articles sur les
recherches menées au CERN, pourtant certains d’entre eux avaient pris
position ouvertement contre l’invasion de l’Ukraine. Quant aux
signataires israéliens aucune directive particulière n’a été donnée et
Israël continue à être membre à part entière alors qu’il mène sans
entrave une épuration ethnique en Cisjordanie en refoulant depuis de
nombreuses années les Palestiniens.
Ce que veut cacher l’idéologie dominante : une guerre coloniale de 75 ans
Depuis
le 17 octobre dernier, à l’exception des quelques jours de trêve,
l’État colonisateur sioniste massacre les Palestiniens de Gaza, tue les
officiels de l’ONU ou de MSF, les soignants et les journalistes pour ne
laisser aucun témoin de son opération de nettoyage ethnique, du génocide
perpétré sur Gaza. Officiellement, c’est une réponse à l’action des
combattants palestiniens le 7 octobre.
L’action
militaire de la Résistance Palestinienne a été présentée par nos media
et la plupart de nos politiciens, comme d’habitude, non pas comme un
droit légitime à la lutte contre l’oppression, mais comme une action
"terroriste". Les condamnations fusent et le déferlement de commentaires
présente comme d’habitude les Palestiniens comme les agresseurs et
l’armée israélienne comme ripostant. Et personne ne se pose la question
essentielle : « Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? » Et « Qui est
responsable ? ».
Contrairement
à la plupart des analystes et politiciens, nous ne prenons pas
l'événement de samedi 7 octobre comme un fait en soi, mais comme un
épisode d'une guerre qui dure depuis 75 ans, dans un contexte où le
choix du gouvernement fasciste israélien est l'annexion pure et simple
de toute la Palestine, parsemée de quelques ghettos.
L’utilisation
du mot « terroriste » ou du mot « antisémitisme » vidé de son sens réel
sont les moyens les plus évidents de cacher les enjeux de libération
nationale, et surtout de classe. Pendant que media et politiciens
glosent sur le terrorisme ou l’antisémitisme, Israël, dans
l’indifférence générale des gouvernements impérialistes occidentaux,
travaille méthodiquement à rayer Gaza de la carte, avec ses habitants et
ses monuments chargés d’histoire.
Les peuples et les travailleurs du monde entier solidaires, mènent la lutte
Partout
dans le monde, notamment en Amérique latine, dans le monde
arabo-berbère et dans les pays impérialistes occidentaux, les peuples et
les travailleurs se sont levés. Ils manifestent, ils empêchent la
livraison d’armes, ils boycottent les produits israéliens, participent
aux collectes solidaires.
L’Afrique
du Sud de l’apartheid est tombée grâce à la mobilisation internationale
des peuples et aux sanctions économiques et à l’isolement politique qui
ont conduit au réalisme une partie de la Bourgeoisie blanche. Il en
sera de même pour l’État colonisateur sioniste. La trêve obtenue
récemment est due essentiellement à l’action des travailleurs dans le
monde qui pèsent sur leurs propres gouvernements.
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