Monday, December 11, 2023

France - Le silence assourdissant de France-Université sur l’écrasement des universités palestiniennes - un commentaire

Le 24 février 2022, le jour-même de l’invasion russe en Ukraine, France -Université (ex Conférence des Présidents d’Universités) exprimait sa solidarité avec les université ukrainiennes. Le 11 octobre dernier elle condamnait avec la plus grande fermeté  l’attaque du Hamas sur Israël déclenchée 4 jours plus tôt. Depuis, Gaza a été soumis de la part d’Israël à un pilonnage sans précédent (2 fois la bombe d’Hiroshima), n’épargnant aucune structure civile (hôpitaux, universités) et causant plus de 15.000 morts dont près de la moitié d’enfants, de 400 étudiants et personnels universitaires, sans que ceci ne donne lieu à aucune déclaration de France Université. C’est ce qu’explique l’AUDIRP (Association des Universitaires  pour le Droit International en Palestine) dans une lettre adressée à la présidence de France Université lui demandant de s’exprimer sur le sort des université palestiniennes comme elle l’avait fait pour les université ukrainiennes : « La guerre conduite par la Russie en Ukraine oblige la communauté universitaire, nationale et internationale à redire sa condamnation de cette agression qui se traduit par des attaques inadmissibles contre la population civile et par le bombardement délibéré de bâtiments publics, d’hôpitaux, de résidences étudiantes, ou de locaux d’enseignement et de recherche ». La réponse de France Université est tout à fait éclairante. Elle ne cite même pas les universités palestiniennes et défend son silence par « nous n’avons pas eu connaissance de prises de positions des universités israéliennes qui, de près ou de loin, s’apparenteraient à celle de la Conférence des recteurs russes », alors que 5.239 étudiants de l’université de Tel Aviv sont sous les armes  avec une gratification spéciale, que le président de cette université appelle ouvertement à la guerre contre les Palestiniens. Il apparaît clairement que les positions de France Université sont bien plus motivées par une posture politique alignée sur celle du gouvernement que par un esprit de collaboration et de solidarité internationale.
Il faut noter que ce traitement dissymétrique entre les guerres en Ukraine et en Palestine n’est pas spécifique aux universités. Le CERN à Genève (Centre Européen de Recherche Nucléaire) est géré par 22 états européens auxquels a été ajouté en 2013 Israël, seul état non européen. Depuis l’invasion russe en Ukraine la direction du CERN a interdit de faire figurer les auteurs russes dans les signataires des articles sur les recherches menées au CERN, pourtant certains d’entre eux avaient pris position ouvertement contre l’invasion de l’Ukraine. Quant aux signataires israéliens aucune directive particulière n’a été donnée et Israël continue à être membre à part entière alors qu’il mène sans entrave une épuration ethnique en Cisjordanie en refoulant depuis de nombreuses années les Palestiniens.

Ce que veut cacher l’idéologie dominante : une guerre coloniale de 75 ans
Depuis le 17 octobre dernier, à l’exception des quelques jours de trêve, l’État colonisateur sioniste massacre les Palestiniens de Gaza, tue les officiels de l’ONU ou de MSF, les soignants et les journalistes pour ne laisser aucun témoin de son opération de nettoyage ethnique, du génocide perpétré sur Gaza. Officiellement, c’est une réponse à l’action des combattants palestiniens le 7 octobre.
L’action militaire de la Résistance Palestinienne a été présentée par nos media et la plupart de nos politiciens, comme d’habitude, non pas comme un droit légitime à la lutte contre l’oppression, mais comme une action "terroriste". Les condamnations fusent et le déferlement de commentaires présente comme d’habitude les Palestiniens comme les agresseurs et l’armée israélienne comme ripostant. Et personne ne se pose la question essentielle : « Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? » Et « Qui est responsable ? ».
Contrairement à la plupart des analystes et politiciens, nous ne prenons pas l'événement de samedi 7 octobre comme un fait en soi, mais comme un épisode d'une guerre qui dure depuis 75 ans, dans un contexte où le choix du gouvernement fasciste israélien est l'annexion pure et simple de toute la Palestine, parsemée de quelques ghettos.
L’utilisation du mot « terroriste » ou du mot « antisémitisme » vidé de son sens réel sont les moyens les plus évidents de cacher les enjeux de libération nationale, et surtout de classe. Pendant que media et politiciens glosent sur le terrorisme ou l’antisémitisme, Israël, dans l’indifférence générale des gouvernements impérialistes occidentaux, travaille méthodiquement à rayer Gaza de la carte, avec ses habitants et ses monuments chargés d’histoire.
 
Les peuples et les travailleurs du monde entier solidaires, mènent la lutte
Partout dans le monde, notamment en Amérique latine, dans le monde arabo-berbère et dans les pays impérialistes occidentaux, les peuples et les travailleurs se sont levés. Ils manifestent, ils empêchent la livraison d’armes, ils boycottent les produits israéliens, participent aux collectes solidaires.
L’Afrique du Sud de l’apartheid est tombée grâce à la mobilisation internationale des peuples et aux sanctions économiques et à l’isolement politique qui ont conduit au réalisme une partie de la Bourgeoisie blanche. Il en sera de même pour l’État colonisateur sioniste. La trêve obtenue récemment est due essentiellement à l’action des travailleurs dans le monde qui pèsent sur leurs propres gouvernements.

No comments:

Post a Comment