Ce ne sont ni plus ni moins que le ‘patron’ régional du Parti du Congrès (au pouvoir à Delhi), avec plusieurs autres cadres de haut rang, et le dirigeant fondateur de la sanglante milice contre-révolutionnaire Salwa Judum qui ont été touchés, dans une attaque digne de l’opération Ogro du mouvement révolutionnaire basque contre Carrero Blanco (27 ennemis du peuple tués au total)… Le Premier ministre Manmohan Singh et la présidente du Congrès, Sonia Gandhi, se sont précipités sur les lieux, abasourdis. Une belle réponse des maoïstes d’Inde à la réaction locale et internationale, mais aussi aux bouffons gauchistes qui annonçaient leur Guerre populaire morte et enterrée ; alors qu’elle ne faisait face, depuis deux ans, qu’à un repli tactique après des pertes douloureuses, comme celle des camarades Azad et Kishenji. Des pertes aujourd’hui largement vengées !
Article bourgeois du Monde :
New Delhi, correspondant régional. Sonia Gandhi s'est dit "dévastée". La présidente du Parti du Congrès, la formation au pouvoir à New Delhi, avait le visage défait quand elle s'est rendue, dimanche 26 mai, à Raipur, capitale du l'Etat du Chhattisgarh, au chevet des survivants d'une des attaques les plus sanglantes jamais perpétrées par la guérilla maoïste en Inde.
Sonia Gandhi aux obsèques des 27 ennemis du peuple liquidés, pour la plupart cadres dirigeants de son parti.
Vingt-sept
personnes ont été tuées, samedi, dans le district de Bastar, l'un des
plus violents du
Chhattisgarh, lorsqu'un convoi de dirigeants et de cadres locaux du
Parti du Congrès est tombé dans une embuscade tendue par plusieurs
dizaines de rebelles d'extrême gauche. La caravane de
véhicules revenait d'une réunion électorale.
L'état-major du Parti du Congrès dans le Chhattisgarh a été en partie décapité.
Parmi les victimes figurent Nand Kumar
Patel, le patron politique du Congrès dans cet Etat du centre de
l'Inde, l'un des plus affectés par le mouvement armé des naxalites
(maoïstes).
L'autre personnalité tuée dans le guet-apens est Mahendra Karma, le fondateur d'une milice tribale anti-naxalite controversé, Salwa Judum. Intégrée dans la lutte contre-insurrectionnelle menée par les autorités – centrales et locales – Salwa Judum s'est rendue coupable de nombreuses violations des droits de l'homme, au point que la Cour suprême a ordonné, en juillet 2011, de sa dissolution.
[La suite est l'habituel blabla journalistique 'gauche bourgeoise', tentant d'adopter un ton 'neutre']
LA MARGINALISATION SOCIALE ET ÉCONOMIQUE, UN TERREAU FERTILE
Le précédent coup de main sanglant des naxalites remonte au 6 avril 2010 quand un groupe de 300 rebelles avait tué 75 soldats de la Central Reserve Police Force (CRPF), une force paramilitaire, dans le district de Dantewada, un autre point chaud du Chhattisgarh. A la fin des années 2000, l'insurrection des naxalites était devenue si meurtrière que le premier ministre Manmohan Singh lui-même l'avait qualifiée de "plus grande menace pour la sécurité intérieure du pays".
Afin de contrer ce "péril rouge", le gouvernement de New Delhi a tenté de combiner une politique répressive et des efforts de développement visant à désenclaver les zones de peuplement tribal dont la marginalisation sociale et économique a fourni un terreau fertile aux groupes d'extrême gauche.
Cette stratégie mixte a semblé produire quelques résultats si l'on en juge par la baisse de la violence enregistrée dans les Etats les plus touchés : Chhattisgarh, Jarkhand, Bengale-Occidental, Orissa... Selon le centre d'études sur le terrorisme South Asia Terrorism Portal (SATP), le nombre de tués liés à des affrontements entre forces de sécurité et extrême gauche armée en Inde a décliné de 1 180 en 2010, à 602 en 2011, puis 367 en 2012.
Le début de l'année 2013 a toutefois marqué une recrudescence avec plus de 200 victimes en cinq mois seulement. Si l'on en croit les données de SATP, les naxalites demeurent actifs dans 173 districts sur les 640 que compte l'Inde – soit plus du quart –, la plupart étant répartis le long du fameux "corridor rouge" traversant les régions forestières de peuplement tribal d'Inde du Centre et du Nord.
SATP estime que les effectifs insurgés se montent à 8 600 combattants, lesquels peuvent compter sur un vivier de soutiens potentiels de 38 000 hommes.
Le naxalisme tire son nom du village de Naxalbari (Bengale-Occidental), où avait éclaté une révolte paysanne en 1967, attisée par des militants d'extrême gauche en rupture avec les partis communistes officiels tentés par le jeu parlementaire. Dirigé par Charu Mazumdar – tué en 1972 –, le Parti communiste indien marxiste-léniniste (PCI-ML) s'est créé dans la foulée des événements de Naxalbari en se réclamant ouvertement des préceptes révolutionnaires de Mao.
COMBATTRE "L'ORDRE SEMI-FÉODAL" PAR "UNE GUERRE POPULAIRE PROLONGÉE"
Le mouvement n'a toutefois pas tardé pas à se scinder en une multitude de groupes rivaux, qu'opposaient parfois des affrontements meurtriers. L'année 2004 consacre d'une certaine manière la renaissance du naxalisme indien à la suite de la fusion de deux tendances, le groupe Guerre du peuple (PWG) et le centre communiste maoïste (MCC), au sein d'un parti réunifié : le Parti communiste indien maoïste (CPI-Maoist).
L'idéologie professée par le CPI-Maoist puise fidèlement dans les classiques de la littérature révolutionnaire. Elle affirme combattre "l'ordre semi-féodal et semi-colonial" au moyen d'une "guerre populaire prolongée" permettant d'instaurer in fine la "démocratie du peuple". La tactique consiste à "libérer" des zones rurales afin d'"encercler" les villes par les campagnes.
Cette rhétorique n'est pas sans rencontrer d'écho au sein des parias de la société indienne, en particulier les communautés tribales de plus en plus dépossédées par des projets de développement industriel. Les forêts des Etats de Jarkhand, Chhattisgarh ou de l'Orissa recèlent en effet des gisements de minerai – fer, bauxite, etc. – attisant les convoitises de grosses sociétés minières.
S'il a échoué à percer dans les grandes villes, le mouvement maoïste indien continue de planter ses racines dans ces zones tribales aliénées qui n'ont jusqu'à présent guère vu la couleur de la "Shining India" (l'Inde brillante).
Le cratère laissé par l'explosion
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