Monday, July 11, 2016

France - Libération des manifestant-e-s incarcéré-e-s : Nous, solidaires des inculpé-e-s, refusons leur incarcération.




Le 18 mai 2016 se tenait Place de la République un rassemblement de policiers à l’appel de leurs syndicats réactionnaires, dont Alliance, pour dénoncer la « haine antiflics ». En réponse à cette manifestation, un contre rassemblement organisé par le Collectif Urgence Notre Police Assassine avait pour but de dénoncer les crimes et violences policières. Au préalable autorisé, ce rassemblement a fait l’objet d’une interdiction alors même que celui-ci avait déjà commencé. Repoussés par les forces de l’ordre, les contre-manifestants furent forcés à prendre la direction du
canal Saint-Martin. C’est alors qu’une voiture de police sérigraphiée est brûlée quai de Valmy.

Des images tournent en boucle sur tous les médias. Que voit-on ?

Des manifestants brisent les vitres d’une voiture avec deux occupants à bord. Le conducteur après avoir dégainé puis rengainé son arme est sorti, en même temps que sa collègue, du véhicule alors qu’un fumigène est lancé à l’intérieur. La voiture n’est pas encore en flamme. Le policier essuie quelques coups sur les avant-bras d’une tige souple et dont le bout est brisé. Puis on voit le policier s’éloigner alors que de la fumée puis des flammes commencent à surgir du véhicule.
Y’a-t-il dans ces images la moindre manifestation de lynchage des policiers ?
Certes des vitres sont brisées, certes le véhicule s’enflamme, mais au mépris de ce que l’on voit, de ce que nos yeux regardent, un discours mensonger est repris en boucle par les médias. Un discours que veulent imposer le gouvernement et la classe politique, à savoir que cet incident traduit "une tentative d’homicide volontaire"... Ici, nul ne vise à établir la vérité mais tous désignent des coupables présélectionnés par les services de renseignements, parce que reconnus comme des manifestants actifs contre la Loi travail. Le but étant de réduire leur force contestatrice par une violence judiciaire croissante et comparable à la violence policière utilisée depuis le début des mouvements sociaux.
Le soir même des faits, trois personnes étaient interpellées. Une quatrième l’était le landemain matin, une cinquième lors de la manifestation contre la Loi travail du 26 mai et une sixième, le 8 juin, après une manifestation contre un meeting du PS en soutien à la loi travail. Ces dernières ont alors été placées en détention et ce, sur la "bonne foi" (pour les 4 premières) de renseignements « anonymes » provenant d’un policier infiltré tandis que, de l’aveu même des
enquêteurs, le dossier s’avère vide. Concernant la cinquième personne interpellée, seule sa prétendue « silhouette particulière » aurait été reconnue sur la base de comparaison de vidéos d’une manifestation à l’autre !
Depuis, en piétinant la présomption d’innocence la plus élémentaire, les noms, visages, lieux de vies, de travail et parcours des interpellés ont circulé dans les journaux et sur les réseaux sociaux.
En ciblant ces personnes, l’État a tenté, a posteriori, de justifier les interdictions individuelles de manifester qui avaient été cassées par le tribunal administratif la veille. L’État cherche également à briser, par l’arbitraire le plus complet, une force sociale qui s’oppose à ses desseins dans un mouvement contre une loi dont personne ne veut. Le gouvernement tente par là de distiller la peur. Tout comme le fait la police lorsqu’elle fonce en voiture dans une manifestation pour la disperser à Rennes (faisant 3 blessés graves), ou lorsqu’elle tire en direction de la tête des manifestant-e-s des grenades de désencerclement ou des balles en caoutchouc entraînant de graves blessures et mutilations.

Face à cette entreprise, la libération des manifestant-e-s incarcéré-e-s est une nécessité.

Pour rappel, mardi 24 mai trois d’entre eux avaient été libérés sous contrôle judiciaire sur décision du juge des libertés (JLD) et le quatrième, le plus jeune, était resté en détention provisoire. Deux jours plus tard, la cinquième personne interpellée, une Américaine trans arrivée à Paris quelques jours auparavant, a elle aussi été placée en détention provisoire (dans une prison d’hommes). Le jeudi 2 juin, suite aux pressions politiques et des syndicats de police, le parquet fait appel des trois libérations. Aujourd’hui, quatre personnes sont en détention provisoire, dont le plus jeune après le rejet de son appel, tandis que deux autres obligés de quitter Paris suite à un contrôle judiciaire particulièrement sévère. Tous sont en train de perdre leurs emplois, de voir leurs liens
familiaux se briser et de subir un opprobre injustifié. Nous apprenons par la presse (de source policière) qu’une sixième personne aurait également été interpellée mercredi 8 juin au soir, dans le métro, pour cette même « affaire » et placée en détention provisoire depuis le samedi 11 juin.
A Rennes, par exemple, la même méthode vise une vingtaine de personnes poursuivies pour « association de malfaiteurs » alors qu’ils cherchaient à faire une opération « Métro gratuit », et d’autres manifestants à Nantes ou à Lille.
Nous, solidaires des inculpé-e-s, refusons leur incarcération.
Nous, solidaires des mis-e-s en examen, refusons la tentative de les isoler du mouvement.
Manifestons-nous pour obtenir la libération, l’abandon des charges et pour que la simple présence lors d’une manifestation ne devienne pas une raison suffisante à une détention et à une criminalisation.
Les personnes le désirant peuvent également signer notre pétition (à venir) et participer à un pot commun créé dans le but d’aider les six mis en examen.

Premiers signataires : AFAPB (Action Antifasciste Paris-Banlieue) ; CNT (Confédération Nationale du Travail) ; GPP (Génération Palestine Paris) ; MILI (Mouvement Inter-Luttes Indépendants) ; OCML Voie Prolétarienne ; des membres de Résistons Ensemble ; SUD Education Paris ; UNPA (Urgence Notre Police Assassine).

Pour nous contacter : comite18mai@riseup.net

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