Ce qui suit est tiré de la première éditon papier de L’ISKRA qui porte sur « les 10 grands groupes » dans lesquels tous les prolétaires trouvent place. L’exercice auquel le journal se prête permet de cerner les traits communs de même que les différences qui caractérisent l’activité de l’ensemble des travailleurs et des travailleuses. Notre classe est une grande entité qui doit être étudiée, délimitée, décortiquée, comprise et révélée de manière scientifique. C’est notre classe, le prolétariat, qui produit toutes les richesses. C’est aussi elle qui se verra confier les rênes de la révolution. Elle a tout à gagner en rompant à jamais les chaînes de l’exploitation pour construire un monde meilleur, un monde sans classe : le communisme!
Notre classe doit mettre fin au contrôle des riches sur la production!
Chaque année, au Québec, des millions de travailleurs et de travailleuses produisent, par leur travail
combiné, toute la richesse de la société. Or, la majeure partie de cette richesse leur échappe : elle se
retrouve dans les poches d’une minorité de patrons, d’actionnaires et de propriétaires de moyens de production, c’est-à-dire les propriétaires des usines et des instruments de travail. Cette situation, loin d’être exceptionnelle, découle du fait que nous vivons dans un système économique et politique qui repose sur l’exploitation de la majorité de la population. Ce système se nomme le capitalisme.
Mais qu’est-ce que le capitalisme? Le capitalisme est un mode de production, c’est-à dire une forme d’organisation de la société, dans lequel une classe sociale déterminée, soit la bourgeoisie, exploite le travail d’une autre classe déterminée de la population, soit le prolétariat. Ce mode de production déterminé repose essentiellement sur la propriété privée, et quelques fois sur la propriété étatique, des moyens de production. Sous le capitalisme, ce sont les différents rapports qu’entretiennent la bourgeoisie avec le prolétariat, de même que les rapports qu’entretiennent ces deux classes avec les moyens de production, qui, ultimement, organisent la production, la répartition et la consommation des richesses. Comme le démontre Marx dans son ouvrage incontournable intitulé Le Capital, les propriétaires des moyens de production achètent la force de travail des prolétaires. Ceux-ci produisent, durant leur quart de travail, plus de valeur, en termes de marchandises ou de services, qu’ils n’en reçoivent sous la forme de salaire. C’est ce surplus qui constitue la survaleur que viennent s’accaparer les capitalistes. C’est aussi ce qu’on appelle le profit. Autrement dit, pour que le capitalisme se perpétue, les capitalistes doivent nécessairement exploiter les prolétaires. La contradiction de classes entre la bourgeoisie et le prolétariat est donc inconciliable. Un monde les sépare. C’est ce qui donne lieu à une lutte incessante qu’on appelle la luttes des classes.
Mais qu’est-ce qu’une classe sociale? Selon le grand révolutionnaire russe Lénine, « on appelle classes de vastes groupes d’hommes qui se distinguent par la place qu’ils tiennent dans un système historiquement défini de la production sociale, par leurs rapports, la plupart du temps fixés et consacrés par la loi, aux moyens de production, par leur rôle dans l’organisation sociale du travail et, par conséquent, par leur manière de recevoir leur part de la richesse sociale ainsi que par la grandeur de cette part… Les classes sont des groupes d’hommes dont l’un peut s’approprier le travail de l’autre par la différence de place qu’ils tiennent dans un régime déterminé de l’économie sociale. » (1919) Puisque les travailleurs et les travailleuses ne possèdent pas de moyens de production, il ne disposent que de leur force de travail. Pour subvenir à leurs besoins, ils sont obligés de la vendre aux capitalistes au prix du marché, c’est-à-dire en échange d’un salaire. La force de travail devient donc une marchandise comme une autre, une marchandise qu’on transige sur le marché.
Mais qui sont ces prolétaires exploités? Au Québec, plus de soixante-sept pour cent de la population fait partie du prolétariat. On retrouve des prolétaires dans les usines, les entrepôts, les sites d’extraction, les magasins, les hôpitaux et les centres d’hébergement, sur les routes, les terres agricoles, etc. Sans le façonnement de la réalité par les prolétaires, la société cesserait d’exister. Bien que certains soient dans les services alors que d’autres œuvrent dans l’extraction, la fabrication, l’entreposage et le transport, tous les prolétaires partagent un intérêt commun et fondamental : renverser la classe dominante capitaliste pour mettre fin à l’exploitation.
Mais qu’en est-il de la classe moyenne à laquelle font allusion les politiciens à maintes occasions et encore plus abondamment en période électorale? Ils prétendent que la vaste majorité des citoyens figurent dans cette grande couche intermédiaire qui n’exclue d’un côté, que les sans-abris et les assistés sociaux, et de l’autre, que les magnats et les multi-milliardaires. Pourtant, nous conviendrons qu’une indéniable différence réside entre les conditions d’existence d’une infirmière auxiliaire et celles d’un médecin, ou encore celles d’un mécanicien et celles d’un ingénieur. C’est donc dire qu’une rectification s’impose. Contrairement au concept de prolétariat, qui lui repose sur l’observation du monde réel, la classe moyenne est avant tout un concept idéologique qui permet aux capitalistes de gommer la réalité de l’exploitation et de masquer la lutte des classes qui a cours. Plus concrètement, il s’agit d’une abstraction statistique qui permet de regrouper artificiellement une grande partie de la population (riches et pauvres, exploiteurs et exploités) sous une même bannière. C’est pourquoi il faut considérer le concept de classe moyenne comme une représentation mensongère de la société, comme un faux « nous » qu’utilise la bourgeoisie pour empêcher les exploités, le « nous » réel, de s’organiser pour en finir avec le capitalisme. Malheureusement, l’illusion entretenue par la bourgeoisie trompe des travailleurs et des travailleuses qui croient à tort faire partie de la classe moyenne alors qu’il n’en est rien. En somme, l’idée reçue de la classe moyenne est un étouffoir où la contestation et la combativité s’évanouissent.
Si on ne peut douter de l’existence du prolétariat, force est de constater qu’il est soumis aux effets d’un monde en perpétuel bouleversement. Le développement continu du capitalisme, les modifications dans la division internationale et nationale du travail ainsi que la lutte des classes modifient les conditions d’existence du prolétariat tout comme sa physionomie. Bien que l’on retrouve encore des ouvriers en bleu de travail sortant des usines fumantes, ceux-ci ne constituent qu’une partie du prolétariat contemporain. Pour rendre compte de la réalité du prolétariat de tout acabit, il faut examiner la vie sociale et économique dans sa totalité, dans sa complexité, et donc, dans sa pluralité.
Les 10 grands groupes du prolétariat
Il y a 5 622 000 prolétaires au Québec, soit 67 % des 8 390 000 personnes qui y habitent. Sur cette population totale, 4 255 550 personnes âgées de 15 ans et plus sont considérées comme « actives », toutes classes sociales confondues. Par « actives », il est entendu que ce sont des personnes en emploi ou activement à la recherche d’un emploi. Sur ce nombre, on recense 2 801 860 prolétaires actifs qui sont dispersés dans des centaines d’emplois différents sur le territoire. Ce sont ces 2 801 860 prolétaires actifs, en plus des 1 600 000 prolétaires inactifs âgés de 15 ans et plus, qui composent ce que nous appelons les 10 grands groupes du prolétariat. Ces grands groupes représentent donc l’ensemble des travailleurs et des travailleuses au Québec qui, chaque jour, extraient, transforment, fabriquent, assemblent, construisent, entreposent, transportent et vendent la totalité des richesses contenues dans la société.
La notion de grands groupes permet de cerner le prolétariat à la fois dans sa diversité et dans son unité. Bien que les travailleurs qui composent les grands groupes aient des fonctions, des tâches ainsi que des conditions de travail et d’existence différentes, ils sont tous reliés : ils participent au même procès social de travail qui fait fonctionner la société telle que nous la connaissons. Chacun des 10 grands groupes du prolétariat réalise un segment distinct de ce procès de travail. Le concept de grands groupes permet donc de saisir ce procès dans sa totalité et de le décortiquer afin d’en comprendre le fonctionnement. Bref, cette notion englobe la somme de travail effectué sur le territoire québécois et permet de comprendre l’exploitation du prolétariat sous toutes ses coutures. Malgré leurs différences, les dix grands groupes forment une grande classe sociale unique qui partage un intérêt commun : la prise du pouvoir et l’édification du socialisme.
1. Prolétaires « inactifs » [1 600 000]
Les prolétaires inactifs ne sont pas présents sur le marché du travail. On y retrouve les retraités prolétariens, les femmes et les hommes du prolétariat au foyer, les personnes de 15 ans et plus sans emploi qui dépendent d’un ménage prolétarien ainsi que les assistés sociaux. Bien qu’ils ne participent pas activement au procès de travail, ils forment une composante importante et nécessaire du prolétariat. Une bonne partie des inactifs sont des retraités (817 000) qui ont quitté le procès de travail après y avoir participé toute leur vie. Dans un ménage, un membre peut être inactif pour s’occuper des enfants, des personnes handicapées, des malades ou des vieillards. Quant aux assistés sociaux (300 000), plusieurs d’entre eux ne sont pas suffisamment fonctionnels pour être rentables économiquement sous le capitalisme et pour obtenir un salaire. Que ce soit à travers le versement des pensions de retraites, le partage d’un salaire ou le versement du « bien être social », ce groupe reçoit, pour survivre, une partie de la valeur créée par le prolétariat. Ce partage est nécessaire pour faire vivre l’ensemble du prolétariat avec ses retraités, ses familles, ses inaptes, etc.
2. Prolétaires « hors lois » [40 000]
Les prolétaires « hors lois » sont les travailleurs qui n’ont pas accès aux normes minimales du travail. On y retrouve les travailleurs au noir, payés dans bien des cas en dessous du salaire minimum. Ce travail au noir peut être réalisé à domicile, dans des services rendus comme la distribution et l’entretien paysagé, ou encore dans des lieux de travail « officiels » comme des garages ou des entrepôts, lesquels engagent souvent une main-œuvre mixte composée de légaux et de « hors-lois ». On retrouve aussi, dans ce grand groupe, les travailleurs sans statut qui ne sont ni au chômage, ni sur l’aide sociale et qui n’apparaissent pas dans les statistiques officielles. Bien qu’exécutant des tâches qui sont aussi réalisées « légalement » par les prolétaires d’autres grands groupes, les prolétaires « hors lois » sont à distinguer des autres en raison des conditions dans lesquelles ils travaillent. L’existence de ce grand groupe témoigne de la facilité avec laquelle le capitalisme outrepasse les normes minimales du travail; elle rappelle le combat historique pour l’amélioration des conditions d’existence et de travail du prolétariat dans son ensemble. Et ce combat est toujours d’actualité.
3. Manœuvres et journaliers [200 000]
Les manœuvres et journaliers sont des prolétaires sans formation particulière œuvrant dans la production. On retrouve, dans ce groupe, les manutentionnaires, les commis d’entrepôt, les débardeurs, les préposés à la production et les ouvriers agricoles. Cette main–d’œuvre est présente à tous les points de jonction dans la production, de l’extraction au transport, en passant par la fabrication et l’entreposage. Elle opère une réalisation simple, souvent en déplaçant les marchandises, en récoltant à main nue ou encore en préparant la matière qui sera transformée et assemblée dans la production. Une partie importante du déplacement des marchandises est opéré à bout de bras ou à l’aide de transpalettes. On retrouve aussi, dans ce groupe, les travailleurs utilisant des chariots élévateurs ainsi que d’autres dispositifs mécaniques permettant d’économiser l’espace d’entreposage. Le déplacement de marchandises constitue souvent l’essentiel du travail des manœuvres et des journaliers. Il est parfois accompagné de tournées sur les différentes stations de travail pour alléger le fardeau de tâches des autres travailleurs. Leur tâche peut aussi consister en un travail de préparation pour accélérer la production.
4. Opérateurs et ouvriers spécialisés (OS) [300 000]
Les opérateurs et les ouvriers spécialisés sont des prolétaires œuvrant dans la production qui sont confinés à une seule tâche, qui opèrent une machine du matin au soir, ou encore qui occupent un poste spécialisé sur une chaîne de montage. En général, ils n’ont aucune formation particulière autre que la maîtrise de la machine à opérer. Ce grand groupe est présent dans l’extraction, la transformation et la fabrication. On y retrouve des opérateurs de machines œuvrant dans des industries telles que la métallurgie, les produits chimiques, les pâtes et papiers, le textile, le plastique, l’emballage ou encore l’alimentation. Aussi, les ouvriers spécialisés se consacrent parfois à l’assemblage sur des chaînes de montage variées, allant de la fabrication de matériel électronique à la fabrication d’automobiles. D’autres ont des tâches spécialisées comme celle de contrôler et de vérifier la qualité d’un produit fini à l’issue d’une opération ou d’une chaîne de montage. Globalement, ce grand groupe est celui qui est lié le plus directement aux machines, ces moyens de production collectifs permettant une productivité décuplée. En cela, les opérateurs et les OS représentent déjà une base matérielle à la réalisation du socialisme.
5. Employés d’exécution [1 050 000]
Le terme exécution fait ici référence au fait que ces prolétaires exécutent ce qu’on leur dit de faire pendant leur quart de travail. Les employés d’exécution sont présents dans la restauration, la vente, le commerce, l’entretien ménager, l’hôtellerie, le transport, l’entreposage, etc. Ce sont, par exemple, les commis dans les magasins, les épiceries, les pharmacies et les autres commerces. Une grande partie du travail réalisé par les employés d’exécution est lié à l’écoulement cyclique des marchandises provenant de la sphère de la production. On retrouve donc, dans ce groupe, les caissières, les vendeur, les garnisseurs de tablettes, les pompistes, les téléphonistes, les représentants des ventes, et tout le personnel de soutien des ventes et du service à la clientèle. Le travail d’exécution prend aussi la forme de services « privés ». Ceux-ci demandent souvent une certaine qualification, comme dans le cas des coiffeuses et des esthéticiennes. Certains exécutent d’autres types de tâches, comme par exemple les portiers, les femmes de chambre, les serveuses, les plongeurs, les commis de bureau, etc.
6. Employés dans les services publics [195 000]
Les employés dans les services publics sont les prolétaires travaillant dans le système public (hôpitaux, centres d’hébergement, centres de jour, transports en commun, appareil d’État, etc.) ainsi que dans les principales utilités publiques (Hydro-Québec, Énergir, etc.). Bien que ces travailleurs s’adonnent à un travail d’exécution, leur réalité est différente de celle des autres employés d’exécution, tant sur le plan des conditions de travail qu’au niveau de l’organisation syndicale. Dans l’histoire du Québec, les employés dans les services publics ont eu une activité syndicale particulièrement forte. On retrouve, dans ce grand groupe, les travailleurs des établissements de santé tels que les préposées aux bénéficiaires, les infirmières auxiliaires, le personnel d’entretien, les employés de cuisine, etc. On y retrouve également les employés d’exécution dans les écoles et dans les centres de la petite enfance tels que les concierges, les cuisiniers, les assistantes, etc. On peut aussi compter parmi eux les gardiens de parc, les employés de la Sépaq, les employés du triage dans les postes, certains éboueurs et déneigeurs, les réceptionnistes, les agentes administratives et bien d’autres employés de la fonction publique.
7. Ouvriers qualifiés dans les services publics [10 000]
Les ouvriers qualifiés dans les services publics possèdent une qualification particulière en plus d’exercer un emploi exigeant leur force physique et leur dextérité. Ce sont des travailleurs manuels qui possèdent un métier pouvant être lié à un autre grand groupe d’ouvriers qualifiés comme celui de la production ou encore celui de la construction. Ce qui les distingue, c’est qu’ils sont tout simplement engagés dans la fonction publique. Par conséquent, ils bénéficient de conditions de travail souvent meilleures que les ouvriers qualifiés qui œuvrent dans le même domaine, mais dans le privé (échelles salariales, stabilité et sécurité d’emploi, régimes de retraite, vacances et fériés payés, horaires fixes, etc.). Le plus souvent, ils travaillent dans l’entretien et la réparation des routes, des aqueducs, des centres d’épuration des eaux, des piscines publiques, des centres municipaux de loisirs, des centres de santé et de services sociaux, des centres d’hébergement de soins de longue durée, des hôpitaux, des commissions scolaires, des écoles publiques, des parcs, etc. Ils participent aussi à la mise en place de nouvelles utilités publiques comme le font, par exemple, les monteurs de lignes pour le transport de l’électricité.
8. Ouvriers qualifiés dans la construction [130 000]
Les ouvriers qualifiés dans la construction sont les prolétaires qui érigent des bâtiments et des infrastructures grâce à un savoir-faire qu’on appelle un métier ou encore une occupation. Chacun de ces métiers nécessite une formation dans une école de métier et un entraînement parachevé au moyen d’une expérience pratique et prolongée de travail. Les ouvriers qualifiés dans la construction construisent des édifices résidentiels, commerciaux et industriels, en plus de réaliser les projets de génie civil. Les briqueteurs-maçons, les charpentiers-menuisiers, les ferrailleurs, les grutiers, les électriciens, les plombiers, les plâtriers, les couvreurs, et plus encore, font partie de ce groupe. Ils bâtissent les endroits où le prolétariat vit et reproduit sa force de travail. Ils bâtissent aussi les lieux où l’on produit et où l’on écoule les marchandises de même que les routes et les chemins de fer sur lesquels on les transporte, et ce, en plus des lieux qui hébergent les services publics et privés. Les ouvriers qualifiés dans la construction ont été présents dans de nombreux combats dans l’histoire du Québec et du Canada, tout comme ils ont eu un rôle actif dans la syndicalisation.
9. Ouvriers qualifiés dans la production [140 000]
Que ce soit dans les secteurs de l’extraction, de la fabrication, de la transformation ou de l’assemblage, il existe un nombre important de machines, de moteurs et d’appareils en tout genre requérant un savoir-faire supérieur à celui des ouvriers spécialisés pour être programmés, opérés, entretenus en permanence et réparés de manière ponctuelle. Les ouvriers qualifiés dans la production sont des ouvriers de métier comme les machinistes, présents dans divers domaines industriels (automobiles, aéronefs, plastique, etc.), ou encore les tôliers et les chaudronniers dans l’industrie métallurgique. Une bonne partie des ouvriers qualifiés dans la production sont aussi des mécaniciens, des électromécaniciens, des soudeurs et des outilleurs-ajusteurs qui prennent en charge l’installation et le bon fonctionnement des moyens de production. Ces ouvriers s’occupent des mécanismes de chaînes de montage dans les usines, des systèmes de réfrigération dans les entrepôts, et de tout autre équipement industriel. Dans ce grand groupe, figurent aussi les ouvriers qualifiés œuvrant dans le transport et la circulation des marchandises comme le sont les conducteurs et les réparateurs d’équipement lourd, de locomotives et de semi-remorques.
10. Techniciens dans la production et les services publics [755 000]
On entend par technicien un prolétaire dont la fonction principale réside dans l’application d’une technique ou d’un ensemble de techniques découlant de diverses sciences. Ces techniques peuvent consister à utiliser des procédés industriels et d’ingénierie, à administrer des soins, à utiliser du matériel médical, ou encore à se servir de logiciels et de réseaux informatiques. Les techniciens sont présents dans les secteurs que sont les sciences naturelles et appliquées (la plupart du temps liées à la production), la santé (hygiénistes dentaires, infirmières, inhalothérapeutes, ambulanciers, etc.) et les services sociaux, éducatifs et juridiques (enseignements au primaire et au secondaire, éducatrices à l’enfance, éducateurs spécialisés, techniciens juridiques, etc.). Bien qu’ils aient une formation collégiale, et même parfois une formation universitaire, ils demeurent des travailleurs salariés ne possédant pas leurs propres moyens de production et n’ayant pas un rôle de direction dans le procès de travail. Dans la production, les techniciens sont souvent sous la direction d’ingénieurs. Ce dernier grand groupe représente le dernier segment de la division sociale du travail, soit la dernière fonction dans le procès de production.
Les 10 grands groupes : des millions de travailleurs appuyant le programme de la révolution!
Le socialisme, c’est le contrôle populaire et immédiat de toute la richesse produite dans la société. Cette richesse immense, elle se compte déjà en milliards de dollars. Le problème, c’est qu’elle est actuellement spoliée et appropriée par les capitalistes. C’est donc cette richesse qu’il est nécessaire de se réapproprier pour développer et contrôler les différentes industries du pays dans l’intérêt du plus grand nombre. Autrement dit, nous voulons utiliser le profit, auquel nous contribuons tous par notre travail, pour produire l’ensemble des produits et des infrastructures dont nous avons besoin, pour construire des nouveaux hôpitaux et des nouvelles routes, pour donner un travail et un salaire adéquat à tout le monde. La richesse est le produit de l’ensemble du prolétariat. Elle doit donc lui revenir. C’est lui qui doit exercer sa direction sur ce qu’on en fait. C’est pour cela que la révolution socialiste doit mettre en place un certain nombre de mesures qui visent à déposséder les capitalistes, à contrôler les différentes industries et moyens de production, et à développer le nouveau pouvoir populaire. Ces mesures composent ce que l’on appelle le programme de la révolution. Et c’est pour ce programme que nous nous battons!
Les mesures listées ci-dessous sont au cœur du programme de la révolution, au cœur du socialisme :
Expropriation sans indemnisation de la grande bourgeoisie, notamment des banques, des grandes industries et des réseaux de communication;
Nationalisation des richesses immobilières et mobilières, de la terre, du sous-sol et des eaux;
Développement de la propriété sociale et collective des principaux moyens de production;
Gestion des entreprises selon un plan national et des plans locaux qui assignent les tâches à accomplir, allouent les ressources et déterminent la destination des produits;
Annulation des prêts, des hypothèques et de toutes les dettes envers les banques, l’État et la bourgeoisie impérialiste;
Dissolution des organes de l’administration publique de la bourgeoisie (gouvernement fédéral et provinciaux, conseils de bandes autochtones, conseils municipaux, organismes chargés de gérer les écoles et le système de santé, etc.);
À tous les niveaux (central, national, provincial, régional, local), remise du pouvoir aux mains d’un conseil révolutionnaire unique composé de délégués élus et révocables en tout temps par ceux et celles qui les ont élus;
Réduction et limitation de la journée de travail, interdiction du temps supplémentaire obligatoire et du travail de nuit contraint, sauf dans les cas où cela est absolument indispensable, limitation de la période pendant laquelle une personne pourra être employée à des travaux nocifs et difficiles, et rotation des tâches planifiée en conséquence;
Nationalisation du patrimoine immobilier urbain appartenant aux capitalistes, attribution collective du logement pour répondre aux besoins des masses prolétariennes, amélioration collective de la salubrité et de la qualité du logement, utilisation sécuritaire et gratuite des réseaux domestiques (électricité, gaz, aqueducs, internet).
Qu’ils soient inactifs, hors lois, manœuvres, opérateurs de machines, exécutants, ouvriers qualifiés ou techniciens, la grande majorité des prolétaires au Québec et au Canada appuient le programme de la révolution. Chacun d’entre eux a directement et immédiatement intérêt à la réalisation des mesures qu’il contient. Cependant, cet appui n’est encore que partiel, informel et spontané. Pour l’instant, il prend la forme d’idées et de conclusions incomplètes et circonscrites dans le temps et l’espace. C’est le cas, par exemple, lorsqu’on ferme les usines pour les déplacer ailleurs et que des groupes de travailleurs disent tout haut qu’il faudrait se saisir de l’usine et mettre les capitalistes à la rue, alors qu’ils pensent tout bas que c’est impossible d’y parvenir un jour. Un autre exemple de cet appui partiel et spontané au programme de la révolution, c’est le boycott des élections qui est mis en œuvre à chaque campagne par la majorité des prolétaires. Au Canada et au Québec, des millions d’électeurs prolétariens potentiels font le choix volontaire de ne pas se rendre aux urnes parce qu’ils ont conscience que les gouvernements et que toutes les autres instances de direction exercent un pouvoir à la faveur des plus riches, à la faveur de la minorité, quels que soient les candidats élus. Mais ce désaveu s’arrête malheureusement là.
La lutte révolutionnaire doit donc faire pénétrer massivement, dans les 10 grands groupes du prolétariat, le programme de la révolution et ses propositions émancipatrices pour la classe laborieuse. Ultimement, c’est l’action des 10 grands groupes qui permettra la conquête du pouvoir politique et la réalisation du socialisme. Ce sont ces grands groupes, regroupant des centaines de milliers de travailleurs, voire des millions à l’échelle du Canada, qui, une fois lancés dans la lutte révolutionnaire, seront déterminants dans le renversement du capitalisme et la prise du pouvoir d’État. Ce sont les millions de travailleurs des 10 grands groupes, avec leurs connaissances de l’opération et de la réparation des machines, du procès de transformation et de fabrication, de l’utilisation des entrepôts et des commerces, de la construction des maisons et des bâtiments, de l’entretien des routes et des ponts, qui portent en eux l’ensemble de l’intelligence et de l’expérience requises pour contrôler et planifier la richesse produite dans la société.
Les 10 grands groupes au cœur du contrôle ouvrier de la production et de la démocratie prolétarienne!
Le socialisme, c’est aussi la réorganisation de la vie économique et politique. Cette réorganisation doit elle-même permettre la planification économique et le contrôle de la richesse produite dans la société. Pour faire durer et progresser ce contrôle, il faudra abolir les anciens instruments économiques et politiques de la bourgeoisie et surtout, en créer de nouveaux. L’objectif est de mettre en place le contrôle ouvrier de la production et la démocratie prolétarienne.
Des mesures pour opérer cette réorganisation de la vie économique et politique sont de l’ordre de l’abolition et du remplacement du parlementarisme bourgeois (le gouvernement fédéral, l’assemblée nationale, les conseils municipaux, etc.) par les instruments de la démocratie prolétarienne, par le développement de multiples instances permettant la contribution de tous les travailleurs à la planification, à la représentation politique et à la satisfaction des besoins de la société, et par la création d’instruments permettant de contrôler, planifier et répartir la richesse, les marchandises, les biens et le profit.
Le contrôle ouvrier sur la production doit permettre de remplacer le contrôle capitaliste, privé et désordonné, et de faire en sorte que la production ne soit plus assujettie à la concurrence. Ce contrôle doit se faire centralement par la mise en place de plans d’ensemble à l’échelle du pays tout entier. Ce contrôle doit déboucher sur la création d’unités de gestion au sein de l’ensemble des industries et partout où se trouvent les moyens de production sur le territoire.
Les expériences historiques d’édification du socialisme sont porteuses d’enseignements. Est rapporté, ci-dessous, un échantillon de mesures étant les plus à même d’être réalisées dans un pays comme le Canada :
La création, partout sur le territoire, d’unités populaires de production et de consommation participant aux décisions économiques liées à la planification de la production et de la consommation, à la réalisation de la distribution et de la répartition, contribuant ainsi à la vie démocratique, politique et économique;
Le regroupement de plusieurs unités sous la forme de communes de villes assumant le rôle de pouvoir local et représentant ainsi l’ensemble des lieux de travail, des membres des différentes industries et des différents grands groupes de travailleurs au sein d’une ville;
La mise en place d’assemblées de communes comme forme de fonctionnement normal des communes de villes et représentant l’organisation administrative ainsi que le pouvoir politique local;
L’élection de délégués de communes, à partir de ces assemblées, agissant à titre de représentants démocratiquement élus formant une organisation du pouvoir populaire;
Le développement embryonnaire d’une économie de coopération et d’une organisation politique de type soviétique (conseils) de la future société.
La réalisation de telles mesures doit permettre de donner une assise matérielle au contrôle ouvrier sur la production ainsi qu’à une forte démocratie prolétarienne. Cette assise matérielle ne peut se faire sans l’organisation des 10 grands groupes du prolétariat : épine dorsale du fonctionnement de la société d’aujourd’hui, ils sont appelés à diriger la société de demain. De l’ensemble de ces 10 grands groupes du prolétariat au pays, des milliers d’unités de production et de consommation se développeront et feront grandir, un peu plus chaque jour, le socialisme!
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