La situation des prisonniers politiques dans l’État français
La situation de la
répression dans l’État français appelle, particulièrement aujourd’hui en
2019, au développement d’une solidarité de classe plus importante
contre l’État bourgeois. Nous pouvons prendre quelques exemples pour
expliquer pourquoi la solidarité contre la répression est d’une
importance capitale :
D’abord, prenons celui
du Camarade Théo El Ghozzi, militant ouvrier révolutionnaire. Emprisonné
depuis le 22 Juillet 2019 et en grève de la faim depuis cette date. Ce
Camarade explique dans une lettre, publiée sur la Cause du Peuple, les conditions d’arrestation et de détention des prisonniers politiques dans l’État français aujourd’hui :
« La police est
venue m’arrêter dans mon usine – je suis soudeur. Tout a été très vite ;
les flics m’ont notifié que j’étais en rétention judiciaire par rapport
à une action menée le 23 juin 2016 (lors du mouvement contre la loi
travail) où j’avais été condamné à 6 mois de prison avec sursis. Je ne
serais pas venu à des “convocations” envoyées à une adresse où je n’ai
jamais résidé et desquelles je n’avais pas connaissance, alors ils
auraient révoqué mon sursis. Le lundi à 18h, me voilà en taule !
Le lendemain de mon
incarcération, j’apprends à la télévision que je suis là pour des
dégradations sur l’appartement de De Rugy – jusque là, jamais ces faits
n’ont été évoqués par les flics. Il est évident qu’il s’agit là d’une
magouille politico-policière de la bourgeoisie française pour porter une
attaque au mouvement révolutionnaire. Je ne me suis jamais caché, j’ai
toujours travaillé de manière déclarée, je recevais même des lettres du
trésor public à mon domicile.
Si ils voulaient
m’arrêter, ils en avaient l’occasion depuis longtemps ! Alors pourquoi
venir me chercher dans une usine dans laquelle je savais que je
travaillerai seulement depuis le vendredi 19 juillet – fin de mission
d’intérim précédente ? Le motif politique de mon emprisonnement est plus
que flagrant ! »
Concernant son traitement depuis son emprisonnement, le Camarade Théo écrit : « La
direction de la taule est au courant de ma grève de la faim, j’ai été
convoqué par le chef des matons qui m’a dit que si je continuai, je me
retrouverai en “unité psychiatrique, camisolé et entubé”. Voilà comment
la “démocratie” bourgeoise française traite ses opposants. »
Le Camarade Théo, dans
sa lettre, nous rappelle plusieurs leçons importantes. Tout d’abord que
la bourgeoisie ne reculera devant rien pour écraser celles et ceux qui
se dressent contre elle, que ça soit en bafouant ses propres lois, en
utilisant des magouilles pour trouver des raisons d’emprisonner, ou en
accusant ses opposants d’être des fous. Ensuite, le Camarade Théo lie
son cas, celui d’un prisonnier arrêté récemment, avec la situation
générale dans l’État français :
« – cette grève de
la faim est également en solidarité avec les prisonniers politiques
révolutionnaires et en particulier avec le camarade Georges Ibrahim
Abdallah.
[…]
Liberté pour tous les prisonniers politiques !
Face à la répression, rendons coups pour coups !
À bas l’impérialisme et ses chiens de garde !
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Osons lutter ! Osons vaincre ! »
En effet, d’autres cas
particuliers de prisonniers politiques relèvent de cette situation,
comme le cas emblématique du Camarade Georges Abdallah, libérable depuis
20 ans et maintenu délibérément dans ses geôles par les bourreaux de
l’État français qui protègent leur impérialisme et ses alliés. Le cas
des prisonnières et prisonniers kanaks, basques, corses, et en général
de toutes les nations opprimées par l’État français, souvent mis en
taule loin de chez eux, représente bien aussi cette situation. Ensuite,
les militants et militantes antifascistes qui pratiquent un antifascisme
réel, de terrain, lié aux luttes des masses, ont également été la cible
de l’État français récemment. Le cas le plus emblématique est celui
d’Antonin Bernanos qui subit sa deuxième peine de prison.
De manière plus large
encore, les nombreuses et nombreux camarades prolétaires incarcérés et
arrêtés lors du mouvement de masse des Gilets Jaunes depuis novembre, ou
des Gilets Noirs en région parisienne très récemment, sont de très bons
exemples de cette tendance de l’État français à intensifier la
répression. Même les syndicalistes sont inquiétés et de plus en plus
poursuivis pour leur engagement aux côtés des travailleurs et
travailleuses, l’objectif étant de criminaliser tout mouvement social
créant une menace potentielle pour le pouvoir.
Tous ces acteurs et
actrices de la lutte de classe sont harcelés par la justice pour leur
engagement et mis en prison pour leur dévotion à la lutte. Aujourd’hui,
l’État n’hésite pas à frapper de grands coups, pensant dégoûter et
briser des révoltés en leur infligeant des peines gonflées. Les
instructions politiques sont partout dans la « justice », que ça vienne
directement des ministères (notamment l’Intérieur, qui cherche à punir
sèchement toute contestation), ou de la police, dont une partie appelle à
la fin des « avocats militants », c’est-à-dire à suspendre le droit
d’être défendu quand on est accusé pour des actes politiques.
Le traitement policier
de la contestation tel qu’il était auparavant réservé aux quartiers
populaires s’élargit progressivement à toute forme de contestation
sociale pour peu qu’elle porte en elle un minimum de révolte.
Les évènements récents
ont également montré que la police avait carte blanche pour tuer et
mutiler en toute impunité. Adama, Rémi, Steve et les autres victimes
directes ou indirectes de la police, les Gilets Jaunes, grévistes et
supporters éborgnés, les centaines de personnes blessées témoignent de
cette odieuse impunité. Aucun flic n’a fini en tôle durant les dernières
années pour un meurtre qu’il aurait commis. Les syndicats de policier
exercent une pression croissante sur les responsables politiques et les
magistrats qui les couvrent systématiquement, alors que l’IGPN travaille
à blanchir les pires assassins. Ce phénomène contribue à durcir la
répression tout en alimentant une vraie haine de classe face à cette
injustice.
A l’échelle de la
société toute entière, du harcèlement policier à l’inégalité devant la
« justice », c’est toute notre classe, le prolétariat, et son cœur, la
classe ouvrière, qui reçoit coups sur coups de l’ennemi bourgeois.
L’Etat n’hésite pas à séparer des familles, emprisonner, attaquer
psychologiquement et physiquement, tout ça en pensant nous mater.
Pour un Secours Rouge de masse et populaire !
Face à cette situation,
nous devons développer une solidarité de classe sans faille, qui
s’exprime à tous les niveaux, contre l’intimidation quotidienne des
prolétaires et militantes et militants, et contre l’emprisonnement de
celles et ceux qui ont été touchés par la répression.
Des réseaux existent
déjà : le travail local des Legal Team, les liens avec les avocats
anti-répression, les événements culturels (type concerts), ou encore la
solidarité de la famille et des amis. Grâce à un Secours Rouge, une
organisation dédiée à la protection et à la défense sans faille de
celles et ceux qui se sont fait condamner pour avoir lutté pour notre
classe, cette lutte contre la répression prend une nouvelle dimension,
celle d’un poing uni contre la bourgeoisie.
Ce Secours Rouge se
construit autour des organisations révolutionnaires actuelles, et prend
ses racines dans les masses populaires. Cela signifie qu’il se tient
fermement aux côtés des prisonnières et prisonniers déjà mis en taule
pour leur engagement révolutionnaire, pour leur détermination à
affronter l’État bourgeois. En plus de cela, il a pour devoir et mission
d’aller aux devants des prisonnières et prisonniers qui font face seuls
à la répression, ainsi qu’à leurs familles qui peuvent se retrouver
isolées et harcelées par la « justice » lorsqu’elles osent lutter.
Grâce à un Secours
Rouge, la construction de la solidarité populaire concrète avec les
prisonnières et prisonniers politiques s’active. Au dehors, elle
renforce les liens entre les masses, elle lie les conditions d’un grand
nombre de personnes et de leur entourage pour la même cause. A
l’intérieur des prisons, la solidarité de classe du dehors retentit.
Elle maintient nos camarades prisonnières et prisonniers dans un clair
esprit de lutte, de transformation active de la prison réactionnaire
dans laquelle la bourgeoisie les a placés en une tranchée de combat révolutionnaire.
Grâce à un Secours
Rouge de masse et populaire, la lutte contre la répression s’intègre à
la lutte de classe. L’objectif est que chaque personne qui ose relever
la tête pour se révolter sache que même si elle subit la répression,
elle aura le soutien que son engagement dans la lutte de classe mérite.
La
mission d’organiser ce Secours Rouge est aujourd’hui une des nombreuses
tâches que les communistes et les révolutionnaires doivent assumer. Il
devient une exigence criante lorsque tant de camarades de notre classe
sont mis sous les verrous pour leur engagement révolutionnaire, et alors
même que les bourgeois hypocrites continuent à prétendre qu’il n’existe
pas de prisonniers politiques dans l’État français.
Les camarades du Pérou
disent qu’il y a quatre façons de sortir de taule : par la mort, par la
voie légale en fin de peine, en s’évadant, ou en étant libéré de
l’extérieur par la victoire de la révolution. Au-delà de l’État dans
lequel on vit, c’est une mission des communistes et des révolutionnaires
de travailler à la libération des prisonniers politiques
révolutionnaires à travers le monde, et notamment là où se développent
des Guerres Populaires, et où la répression est extrêmement dure.
Liberté pour toutes et tous les prisonniers politiques révolutionnaires !
Construisons un Secours Rouge de masse et populaire !
A
No comments:
Post a Comment