S’organiser contre le capitalisme et le coronavirus
À l’attention des personnes et des forces militantes,
La crise du coronavirus est une crise capitaliste.
D’abord parce que les économies dans les soins de santé ont préparé les
conditions de la crise sanitaire, ensuite parce que la bourgeoisie doit
maintenir certains secteurs économiques en activité pour générer les
profits nécessaires à sa survie, enfin parce que là où les soins de
santé sont privatisés, les considérations de rentabilité interfèrent,
voire priment, sur les considérations de santé publique.
De nombreuses personnes sont ainsi forcées de
travailler dans des conditions insupportables, autant de par la charge
démultipliée que par les conditions sanitaires dangereuses. Les
gouvernements successifs ont quant-à-eux liquidé le service de santé
publique, démultiplié la charge des travail des soignant·e·s, offert des
milliards d’euros de cadeaux fiscaux aux entreprises, dépensé sans
compter dans les guerres d’Irak, d’Afghanistan et d’ailleurs. Ce sont
les mêmes qui ont dépensé €4 milliards pour l’achat des avions F35 et
qui annonçaient juste avant l’épidémie que les hôpitaux publics devaient
faire €50 millions d’économie supplémentaires.
Et c’est, une fois encore, les classes populaires qui
payent la note. Car si le virus peut contaminer tout le monde, nous ne
sommes pas égaux/égales face à lui. Entre l’accès aux soins de santé,
l’accès au remboursement, l’accès à une existence administrative, la
précarité de ceux/celles qui sont emprisonné·e·s, sans-papiers,
sans-domicile.
La bourgeoisie nous prouve, une fois encore, sont
incapacité systémique a gérer les crises que son système génère. Cette
crise, comme les autres crises du système capitaliste, lui offre des
perspectives de renforcement tout en l’affaiblissant temporairement.
Cette crise est également un défi pour nous car nous devront apprendre à
faire de la politique en période de confinement et saisir les
opportunités historiques de cette situation.
Il n’est pour autant pas question de nier le danger
sanitaire que cette pandémie représente pour nous et pour les plus
fragiles d’entre nous. Nous devons réfléchir à ce confinement en nos
propres termes, nous approprier les moyens de l’autonomie sanitaire,
dans nos milieux d’abord, plus largement ensuite. Nous éviter aussi bien
l’erreur de « faire dans l’humanitaire » que de déserter le terrain des
problèmes matériels. Nous devons encourager toutes les initiatives qui
vont dans le sens de l’auto-organisation populaire, fondées sur les
valeurs d’entraide et de solidarité. De la même manière, nous ne devons
pas laisser les autorités récupérer les manifestations, d’abord
spontanées, de soutien symboliques aux travailleurs soignants. Il faut
les soutenir et leur donner un sens irrécupérable pour la bourgeoisie.
Nous devons réfléchir à de nouveaux moyens d’action
et d’organisation et ne pas se laisser immobiliser par les termes de la
bourgeoisie. Il n’est pas question de faire une “pause” dans le cadre d’une soit-disant guerre contre un ennemi commun.
Elle aimerait nous faire croire qu’il existe une “guerre”
de l’Humanité contre le coronavirus. En réalité, elle a déjà profité de
notre désarmement pour intensifier sa guerre contre les exploité·es.
Suspension du droit de grève au Portugal, attaque contre les congés
payés et le temps de travail en France, chasse aux SDF et aux
migrant·es, rallongement des horaires d’ouvertures des magasins, en
Belgique, les exemples se comptent par dizaines.
Nous avons un immense défi à relever sur les moyens
d’organisation, notamment dans l’usage des outils par internet. A cet
égard, nous recommandons l’usage d’outils chiffrés et/ou auto-hébergés
(par exemple, préférer l’usage de Signal, Riot.im, Jitsi, Nextcloud plutôt que de Facebook, Skype, Discord ou Zoom).
Il nous faudra également entamer une réflexion plus large sur la forme
que pourraient avoir de futures crises, ou le futur de celle-ci, qui
nous empêcheraient de communiquer par internet, pour mieux nous y
préparer.
Plus qu’à des solutions techniques, ce sont des
solutions structurelles qu’il nous faut trouver, non seulement face à la
pandémie mais également face à répression et aux moyens qu’elle se
permet de déployer dans ce cadre, comme l’utilisation massive des
données de géo-localisation des téléphones.
Enfin, il nous faut garder l’esprit ouvert, combattre
les sectarismes qui nous divisent pour pouvoir, ensemble, comprendre et
combattre les crises actuelles et futur du capital. Ce “confinement”
là n’a pas attendu le coronavirus pour nous immobiliser. Si nous
n’arrivons pas à affronter cette responsabilité, les crises capitalistes
continueront à renforcer la bourgeoisie tout en nous affaiblissant. Saisissons les opportunités, retournons la situation à notre avantage.
N’ayons aucune confiance envers la capacité de la classe dominante à
gérer cette crise. Et face à cette incapacité, elle n’hésitera pas à
normaliser certains aspects du confinement plutôt que d’interrompre la
circulation marchande plus longtemps.
Nous devons reprendre le travail dans la rue, ajuster
nos modes de fonctionnement et adopter les méthodes d’intervention
praticables. Reprendre le travail politique dans la rue aujourd’hui,
dans les conditions sanitaires requises, c’est aussi se préparer aux
exigences de demain et à un éventuel renforcement du confinement
(couvre-feu, permis de circulation sur la voie publique, etc.)
Nous vous donnons rendez-vous sur les fronts de lutte, Courage et force à tou·te·s !
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