L’Azerbaïdjan bombarde les populations civiles arméniennes durant la pandémie
Tôt dans la matinée du 27 Septembre 2020 les populations civiles de la République de l’Artsakh (ou Haut Karabakh; Արցախ) sont victimes de bombardement aériens et d’artillerie lancé par l’Azerbaïdjan.
Cette attaque frontale cible particulièrement les villes de Martouni, Martakert, Hadrout, Chouchi, Askeran et Stepanakert (la capitale du Haut Karabakh). Plusieurs victimes sont reportées. Des dizaines de blessés graves ont été hospitalisées. Des patrouilles sont encore en recherche de blessées et de victimes dans les décombres. Les familles ont abandonné leurs maisons et se sont réfugiées dans des sous-sols depuis le début des bombardements.
Pour comprendre la situation dans cette région conflictuelle il faut connaitre un peu l’histoire du Haut Karabakh. En effet cette région située entre la République d’Arménie actuelle et l’Azerbaïdjan est habitée depuis des siècles par les arméniens qui constituent la quasi-totalité de sa population. Cette région a été détachée de l’Arménie de manière bureaucratique par l’Union Soviétique en 1921 et rattachée à la RSS de l’Azerbaïdjan. Elle obtient 2 ans plus tard le statut particulier de Région Autonome du Karabakh Montagneux toujours rattaché à l’Azerbaïdjan. Cette décision reste contestée et mal vue par les arméniens du Karabakh qui constituent vers la fin des années 80s près de 83% de la population de la région même après les politiques de repopulation azéri.
En 1985 après la déclaration de la glasnost par Gorbatchev une opportunité s’ouvre pour les arméniens d’Artsakh qui en 1987-88 lancent une pétition pour le rattachement de l’Artsakh à la RSS d’Arménie. Cette pétition sera signée par 80 000 personnes, la majorité de la population habitant l’Artsakh.
Cependant la demande sera rejetée le 21 Février 1988 par le Bureau Politique du Comité Central de l’URSS et qualifié de « extrémisme nationaliste, allant à l’encontre des intérêts du prolétariat arménien et azéri ». Le peuple arménien va alors renoncer à la voie bureaucratique et commencer son chemin vers la libération avec des manifestations. Pour calmer la situation et étouffer les révoltes, le gouvernement azéri lance des déportations massives et des massacres d’Arméniens vivant à Bakou, la capitale azérie, et dans la banlieue de Sumgaït. Des milliers d’arméniens seront tués, torturés et violés durant ces journées connus sous le nom de « Massacres de Sumgaït ». La propagande utilisé sera celle de la peur « les arméniens tuent les azéris dans le Haut Karabakh, il faut les exterminer avant qu’ils nous tuent ». Les massacres vont être organisé par le gouvernement de manière systématique, et la propagande génocidaire sera généralisée.
La situation reste instable et elle devient critique en 1991 quand l’Azerbaïdjan commence l’opération Cercle qui avait pour but de dépeupler la région du Haut Karabakh des arméniens.
Le rattachement à l’Arménie étant impossible une nouvelle stratégie est adoptée, l’Artsakh vas déclarer son indépendance entant que République du Karabakh Montagneux. Cette déclaration sera validée par un référendum avec 99% des voies, et un boycotte de participations des azéris du Karabakh.
L’Azerbaïdjan vas répondre à cette déclaration par la guerre ouverte. Cette guerre va mobiliser le peuple arménien dans une lutte de libération nationale. Durant la guerre l’Azerbaïdjan sera soutenu financièrement et militairement par la Turquie, la Russie, Israël, le Pakistan et l’Ukraine.
Malgré son infériorité numérique, manque de soutiens, manque de ressources le peuple arménien vas courageusement mener la lutte, triompher et finalement libérer l’Artsakh en 1994.
Un traité de paix ne sera jamais signé, seulement un cessez-le-feu qui sera souvent enfreint par des attaques sur la frontière et des opérations militaires de guerre ouverte par l’Azerbaïdjan comme en 2016.
La République de l’Artsakh n’est toujours pas reconnue par l’ONU malgré son existence matérielle. L’Artsakh reste une république jeune et fragile comme l’Arménie dans une région hautement instable et piégée entre deux états ennemis hostiles, la Turquie et l’Azerbaïdjan. L’Arménie et l’Artsakh sont assujetti à l’impérialisme russe qui a tout son intérêt dans le prolongement du conflit du Haut Karabakh. La non-résolution du conflit lui permet d’utiliser son rôle important comme moyen de pression sur à la fois l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour forcer des concessions militaires, politiques et économiques.
Alors que la crise du COVID-19 est encore mal maitrisée en Arménie et en Artsakh, cette nouvelle agression azérie met en danger grave le peuple arménien. Ce n’est pas la première fois depuis le début de la pandémie que l’Azerbaïdjan enclenche des attaques militaires. Alors que certains pays construisent la solidarité ou mettent en pause les conflits le temps de la crise sanitaire, l’Azerbaïdjan utilise ce temps de fragilité pour lancer des offensives militaires, la première étant en Juillet 2020.
Face à ces attaques, dans la matinée du 27 Septembre, les forces militaires de l’Arménie et du Haut Karabakh ont répliqué. Plusieurs tanks, hélicoptères et drones ont été détruit en réponse aux attaques.
Une session extraordinaire du gouvernement a décidé d’enclencher la loi martiale en Arménie. Un appel au recrutement de soldats et personnels médicaux a été lancé. 10 000 Arméniens s’était déjà présentés volontaires dès les premières nouvelles dans la matinée, pour défendre les frontières.
Les attaques de l’Azerbaïdjan ont été vivement soutenu par le président de l’état fasciste turc, Recep Tayyip Erdoğan qui déclare « le soutien de la Turquie aux frères azéris ». En effet ces deux états partagent la même politique fasciste envers l’Arménie et un fantasme génocidaire commun du panturquisme. La propagande générale menée en Azerbaïdjan reste mensongère et raciste.
Cette propagande de la peur a résulté durant les conflits de Juillet 2020 à des révoltes massives de la population azéri pour appeler à la guerre en accusant le gouvernement d’être trop mou avec les arméniens. Des milliers de manifestants azéri ont même envahi et occupé leurs Parlement pour réclamer la guerre ouverte. Des actions fascistes ont suivi dans plusieurs villes dans le monde entier, des crimes de haine contre des arméniens de la diaspora, des agressions physiques, des destructions de commerces, des discriminations ethniques, des actes de vandalisme etc.
Pendant ce temps les gouvernements arméniens continuent à appeler à une solution pacifique. Le Président de la République d’Artsakh déclare ce matin « notre conflit n’est pas avec le peuple azéri, il est avec leurs gouvernement duquel eux même sont victimes, nous voulons une solution pacifique et un arrêt des opérations militaires mais nous nous battrons et nous nous défendrons autant qu’il sera nécessaire ».
La France est complice de la guerre, comme les autres impérialistes. Sous les façades habituelles de l’amitié franco-arménienne et de protecteur de la paix, la France ne se gêne pas pour enfreindre l’embargo de l’OSCE qui interdit la vente d’armes à l’Azerbaïdjan. En 2017 la France fait un total de 157M€ en vente d’armes à l’Azerbaïdjan. Des nouvelles négociations sont en cours entre la France et l’Azerbaïdjan pour l’achats de nouveaux équipements militaires et patrouilleurs de 500 M€ pièce. C’est encore plus ironique quand on sait que la France est membre du groupe de Minsk de l’OSCE qui a pour mission de donner une solution pacifique au conflit dans le Haut Karabakh. Le capitalisme n’a pas de honte. Le capitalisme n’a pas d’humanisme. Le capitalisme amène la guerre et la mort.
La suite des développements reste inconnue, si le conflit continue la situation de guerre pourrait se poursuivre encore quelques jours, quelques semaines, voire plus.
A bas le fascisme turc et azéri ! A bas l’impérialisme ! Liberté et paix pour le peuple arménien !
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