Depuis le mois de novembre 2013, avec des moments de
confrontation intenses en décembre dernier et dans les dernières
semaines de février, les médias bourgeois nous présentent en général la
contestation ukrainienne comme un exemple de lutte pour la liberté
démocratique européenne face au président Ianoukovitch soumis aux
exigences de l’oppresseur Vladimir Poutine. Il nous faut regarder qui
sont les forces d’opposition et plus largement dans quel contexte
socio-économique se trouve l’Ukraine. Cette lutte entre des fractions de
la bourgeoisie ukrainienne s’imbrique également dans un affrontement
croissant inter-impérialiste entre les puissances de l’OTAN et
l’alliance russo-chinoise pour le repartage du monde, de ses marchés, de
ses prolétaires, de ses ressources.
Premièrement, l’Ukraine comme territoire défini est le résultat historique d’une oppression nationale vécue en particulier sous l’empire austro-hongrois et l’empire russe qui explique la division entre l’ouest du pays et sa capitale Kiev et l’est russophone avec les villes de Donetsk et de Kharkov.
La carte des derniers résultats électoraux souligne la fracture géographique entre l’appui à la coalition autour de l’oligarque du gaz Ioulia Timochenko dans l’ouest et l’appui au Parti des régions du baron corrompu Viktor Ianoukovitch dans l’est. Pourtant, ces deux partis sont similaires au niveau de leurs positions idéologiques et politiques pro-capitalistes et défendent les privatisations à des degrés divers, la flexibilité des travailleurs et travailleuses. Ils pratiquent le clientélisme et soutiennent la corruption à grande échelle, bref l’enrichissement d’une petite minorité au détriment de la majorité. Tout le conflit réside dans le combat pour déterminer qui sera cette minorité enrichie et vers quelles allégeances elle se pliera : les banquiers européens et le FMI ou bien les oligarques russes.
Éventuellement, la mobilisation de rue a débordé les partis traditionnels et c’est l’extrême droite qui a fini par organiser les milices de combat et l’occupation de la place centrale Maïdan à Kiev. Le parti Svoboda, présent au Parlement, est très fort dans certaines régions et une organisation paramilitaire néonazie du nom de « Ligne droite » a tenté de le déborder et de diriger le mouvement de rue ; mais les négociations politiques sont davantage l’affaire de l’Union panukrainienne « Patrie » qui a fait libérer Timochenko et l’Alliance démocratique ukrainienne pour la réforme de l’ex-boxeur Vitali Klitschko.
Lors de leurs rencontres avec l’opposition, les émissaires européens et américains n’ont eu aucun problème à figurer aux côtés du fasciste Oleh Tyahnybok de Svoboda, qui a déboulonné Lénine pour afficher un peu partout le portrait de Stepan Bandera – un ultranationaliste collaborateur avec les nazis. Utilisons des fascistes et des néo-nazis pour notre besoin de profits et ultimement nous allons leur indiquer les limites de leur agitation : c’est à ce calcul politique dangereux qui a des airs de déjà vu en Europe que se livrent les impérialistes US et leurs alliés en Ukraine.
Suite à la désintégration de l’URSS en 1991, l’Ukraine est devenue une république indépendante où d’anciens membres de l’appareil d’État se sont enrichis en compétition avec de nouvelles forces qui attendaient ce retour à une économie capitaliste privée depuis longtemps et qui voulaient amener l’Ukraine dans l’Union européenne, voire dans l’alliance militaire de l’OTAN comme l’ont fait la Hongrie et la Pologne. Pour les masses laborieuses cependant, cela a signifié un appauvrissement, du chômage et des conditions de vie détériorées illustrées par une diminution du PIB de 40 % entre 1991 et 1999. Plus du quart de la population vit sous le seuil de pauvreté actuellement et l’espérance de vie n’est que de 69 ans. Les investissements étrangers en Ukraine sont de l’ordre de 55 milliards de dollars en 2012 et les investissements ukrainiens à l’extérieur de 8 milliards, ce qui illustre la faiblesse et la dépendance des deux principales fractions de la bourgeoisie ukrainienne.
L’Ukraine avait vécu la « révolution orange » en 2004, qui ne fut rien d’autre que la promotion des intérêts capitalistes de l’ouest sous le slogan de « liberté » et qui avait vu l’accession au pouvoir de Viktor Iouchtchenko et d’Ioula Timochenko. Plusieurs ententes de prêts du FMI ont été conclues depuis, mais à chaque fois abandonnées en cours de route parce que le rythme des réformes économiques visant l’ouverture douanière et la fixation par le marché du prix du gaz naturel a été trop lent aux yeux des prédateurs prêteurs.
Avec la crise économique de 2008 et ses conséquences et le retour au pouvoir de Viktor Ianoukovitch en 2010, l’Ukraine pour ne pas faire faillite s’est tournée vers la Russie, qui est de loin son premier partenaire économique fournissant le pays en gaz naturel et à qui l’Ukraine doit 17 milliards de dollars. Alors que l’Ukraine est dans un état proche du défaut de paiement et vit une récession en 2013, Ianoukovitch négocie son adhésion à l’Union européenne ou à une union douanière avec la Russie et la Biélorussie.
Le 18 décembre 2013, Poutine annonce la levée des barrières douanières entre l’Ukraine et la Russie, ainsi que son intention de baisser le prix de son gaz de 33 % et d’offrir au gouvernement ukrainien un prêt de 15 milliards de dollars échelonnés sur plusieurs mois. Cela est bien supérieur au prêt de 600 millions de dollars avancé par l’UE. La Russie y voit un intérêt stratégique pour développer son bloc eurasiatique et conserver l’accès à la mer Noire via la Crimée. Les USA et les bourgeoisies ouest-européennes aimeraient bien nuire à cette expansion à leur porte et mettre la main sur ce marché et sa force de travail disponible et pas chère, tout en infligeant une défaite à la Russie qui a su tirer son épingle du jeu en assurant le maintien au pourvoir d’el-Assad en Syrie.
Quand Ioulia Timochenko affirme que les problèmes des Ukrainiens seront réglés après l’entrée dans l’UE, tout prolétaire connaissant la situation en Europe, dans le sud et dans l’est en particulier, devrait se méfier de ce discours et devrait s’inspirer des luttes qui se déroulent actuellement en Grèce, en Espagne et plus près de l’Ukraine, en Bosnie où les masses travailleuses multinationales luttent ensemble avec des revendications qui leur sont propres en rejetant les fractions bourgeoises et les vieux partis corrompus.
Premièrement, l’Ukraine comme territoire défini est le résultat historique d’une oppression nationale vécue en particulier sous l’empire austro-hongrois et l’empire russe qui explique la division entre l’ouest du pays et sa capitale Kiev et l’est russophone avec les villes de Donetsk et de Kharkov.
La carte des derniers résultats électoraux souligne la fracture géographique entre l’appui à la coalition autour de l’oligarque du gaz Ioulia Timochenko dans l’ouest et l’appui au Parti des régions du baron corrompu Viktor Ianoukovitch dans l’est. Pourtant, ces deux partis sont similaires au niveau de leurs positions idéologiques et politiques pro-capitalistes et défendent les privatisations à des degrés divers, la flexibilité des travailleurs et travailleuses. Ils pratiquent le clientélisme et soutiennent la corruption à grande échelle, bref l’enrichissement d’une petite minorité au détriment de la majorité. Tout le conflit réside dans le combat pour déterminer qui sera cette minorité enrichie et vers quelles allégeances elle se pliera : les banquiers européens et le FMI ou bien les oligarques russes.
Éventuellement, la mobilisation de rue a débordé les partis traditionnels et c’est l’extrême droite qui a fini par organiser les milices de combat et l’occupation de la place centrale Maïdan à Kiev. Le parti Svoboda, présent au Parlement, est très fort dans certaines régions et une organisation paramilitaire néonazie du nom de « Ligne droite » a tenté de le déborder et de diriger le mouvement de rue ; mais les négociations politiques sont davantage l’affaire de l’Union panukrainienne « Patrie » qui a fait libérer Timochenko et l’Alliance démocratique ukrainienne pour la réforme de l’ex-boxeur Vitali Klitschko.
Lors de leurs rencontres avec l’opposition, les émissaires européens et américains n’ont eu aucun problème à figurer aux côtés du fasciste Oleh Tyahnybok de Svoboda, qui a déboulonné Lénine pour afficher un peu partout le portrait de Stepan Bandera – un ultranationaliste collaborateur avec les nazis. Utilisons des fascistes et des néo-nazis pour notre besoin de profits et ultimement nous allons leur indiquer les limites de leur agitation : c’est à ce calcul politique dangereux qui a des airs de déjà vu en Europe que se livrent les impérialistes US et leurs alliés en Ukraine.
Suite à la désintégration de l’URSS en 1991, l’Ukraine est devenue une république indépendante où d’anciens membres de l’appareil d’État se sont enrichis en compétition avec de nouvelles forces qui attendaient ce retour à une économie capitaliste privée depuis longtemps et qui voulaient amener l’Ukraine dans l’Union européenne, voire dans l’alliance militaire de l’OTAN comme l’ont fait la Hongrie et la Pologne. Pour les masses laborieuses cependant, cela a signifié un appauvrissement, du chômage et des conditions de vie détériorées illustrées par une diminution du PIB de 40 % entre 1991 et 1999. Plus du quart de la population vit sous le seuil de pauvreté actuellement et l’espérance de vie n’est que de 69 ans. Les investissements étrangers en Ukraine sont de l’ordre de 55 milliards de dollars en 2012 et les investissements ukrainiens à l’extérieur de 8 milliards, ce qui illustre la faiblesse et la dépendance des deux principales fractions de la bourgeoisie ukrainienne.
L’Ukraine avait vécu la « révolution orange » en 2004, qui ne fut rien d’autre que la promotion des intérêts capitalistes de l’ouest sous le slogan de « liberté » et qui avait vu l’accession au pouvoir de Viktor Iouchtchenko et d’Ioula Timochenko. Plusieurs ententes de prêts du FMI ont été conclues depuis, mais à chaque fois abandonnées en cours de route parce que le rythme des réformes économiques visant l’ouverture douanière et la fixation par le marché du prix du gaz naturel a été trop lent aux yeux des prédateurs prêteurs.
Avec la crise économique de 2008 et ses conséquences et le retour au pouvoir de Viktor Ianoukovitch en 2010, l’Ukraine pour ne pas faire faillite s’est tournée vers la Russie, qui est de loin son premier partenaire économique fournissant le pays en gaz naturel et à qui l’Ukraine doit 17 milliards de dollars. Alors que l’Ukraine est dans un état proche du défaut de paiement et vit une récession en 2013, Ianoukovitch négocie son adhésion à l’Union européenne ou à une union douanière avec la Russie et la Biélorussie.
Le 18 décembre 2013, Poutine annonce la levée des barrières douanières entre l’Ukraine et la Russie, ainsi que son intention de baisser le prix de son gaz de 33 % et d’offrir au gouvernement ukrainien un prêt de 15 milliards de dollars échelonnés sur plusieurs mois. Cela est bien supérieur au prêt de 600 millions de dollars avancé par l’UE. La Russie y voit un intérêt stratégique pour développer son bloc eurasiatique et conserver l’accès à la mer Noire via la Crimée. Les USA et les bourgeoisies ouest-européennes aimeraient bien nuire à cette expansion à leur porte et mettre la main sur ce marché et sa force de travail disponible et pas chère, tout en infligeant une défaite à la Russie qui a su tirer son épingle du jeu en assurant le maintien au pourvoir d’el-Assad en Syrie.
Quand Ioulia Timochenko affirme que les problèmes des Ukrainiens seront réglés après l’entrée dans l’UE, tout prolétaire connaissant la situation en Europe, dans le sud et dans l’est en particulier, devrait se méfier de ce discours et devrait s’inspirer des luttes qui se déroulent actuellement en Grèce, en Espagne et plus près de l’Ukraine, en Bosnie où les masses travailleuses multinationales luttent ensemble avec des revendications qui leur sont propres en rejetant les fractions bourgeoises et les vieux partis corrompus.
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