Kobad Ghandy, l’un des plus hauts
dirigeants du PCI (maoïste), se souvient de sa femme et camarade
Anuradha Ghandy, la seule femme au sein du Comité central du PCI
(maoïste), qui est décédée en avril 2008 de paludisme cérébral.
Kobad Ghandy est l’un des plus hauts
dirigeants du PCI (maoïste). Arrêté à Delhi en septembre dernier, Ghandy
est actuellement incarcéré dans le quartier de haute sécurité de la
prison de Tihar. Ghandy est de Mumbai, et c’est pendant qu’il suivait
des cours d’expertise comptable à Londres qu’il s’est radicalisé. Plus
tard, il a rejoint le mouvement des libertés civiles à Mumbai. En 1980,
il a été invité à travailler au cœur du Maharashtra par le fondateur du
groupe Naxaliste People’s War. Il était marié à Anuradha Ghandy, la
seule femme au sein du Comité central du PCI (maoïste). Elle est morte
en avril 2008 du paludisme cérébral. Dans cet article écrit pour Open,
il rend hommage à sa femme et camarade.
« Le 12 Avril 2008, une belle vie s’est
soudainement éteinte. Anuradha Ghandy est décédé précocement à l’âge de
54 ans en raison de la détection tardive d’une maladie mortelle, le
paludisme à falciparum. Ce jour-là, les Indiens, en particulier ses
femmes opprimées, ont perdu une fleur qui répand son parfum dans de
nombreuses régions du pays. Deux ans est une longue période, mais le
parfum embaume toujours. Le doux parfum, comme celui d’une fleur
éternelle, enivre l’esprit avec des souvenirs de son esprit vif et
affectueux. Même ici, dans la cellule de haute sécurité de la prison de
Tihar, les cinq ensembles de barres dans lesquelles nous sommes
incarcérés ne peuvent pas éteindre l’arôme d’Anu qui rayonne dans la
mémoire de chacun. La douleur dont on souffre ici semble est si
insignifiante, par rapport à ce à quoi elle a dû faire face en ce jour
fatidique.
Je me souviens du premier jour où je l’ai
rencontrée, à la mi-1972. L’éclat et la luminosité qui émanaient de son
visage enfantin ne se sont jamais estompés à travers toutes les années
tortueuses de lutte et d’énorme sacrifice. Le même esprit pétillant, le
même dynamisme et le même esprit vif et énergique de la jeunesse, sont
restés jusqu’à la fin.
La pureté de son âme et son engagement
profond envers les opprimés n’ont jamais permis aux difficultés,
physiques ou mentales, de l’abattre. Voilà pourquoi l’usure de la vie ne
pouvait pas éteindre sa jeunesse et son exubérance. Ce ne fut que la
mortelle incurable sclérose systémique qui l’a frappée en 2002 qui a
entraîné tout à coup son vieillissement du jour au lendemain.
Bien que son visage devint blême, elle n’a jamais permis à la maladie de détruire son esprit. Le feu
d’une vie entière, au service du pays et de son peuple, n’a pas
diminué, même d’un iota. Jusqu’à son dernier jour, de six heures du
matin à midi jusqu’à minuit, elle était sans cesse en mouvement – à la
rencontre du peuple, voyageant, lisant, écriva
nt et même faisant la cuisine et le ménage, elle-même. Bien que la maladie ait lentement rongé ses organes- poumons, reins, cœur et paralysant ses doigts, Anu ne connaissait pas de repos. Elle forçait même ses genoux arthritiques, qui devenaient de plus en plus douloureux,à monter les escaliers, et à parcourir des jours de marche dans les forêts, et d’être souvent debout du matin au soir.
nt et même faisant la cuisine et le ménage, elle-même. Bien que la maladie ait lentement rongé ses organes- poumons, reins, cœur et paralysant ses doigts, Anu ne connaissait pas de repos. Elle forçait même ses genoux arthritiques, qui devenaient de plus en plus douloureux,à monter les escaliers, et à parcourir des jours de marche dans les forêts, et d’être souvent debout du matin au soir.
Était-ce la volonté? Était-ce l’engagement? Son épuisement, sa douleur, elle ne les a
jamais montrés sur son visage; elle ne se plaignait jamais. Et ceux qui la rencontraient ne pouvaient pas se rendre compte de ce qu’elle traversait.
jamais montrés sur son visage; elle ne se plaignait jamais. Et ceux qui la rencontraient ne pouvaient pas se rendre compte de ce qu’elle traversait.
La vie de Anu a emprunté de nombreux
chemins. Elle était une étudiante brillante à l’école, où l’atmosphère
progressiste et démocratique de sa famille a joué un rôle clé dans son
façonnage. C’est à l’université qu’elle est devenue une militant et
dirigeante étudiante. Dans la période après l’État d’urgence, étant
alors devenue maître de conférence, elle est devenue l’une des
principales militantes des droits humains dans le pays. Après avoir
déménagé à Nagpur au début des années 1980, elle est non seulement
devenue dans toute l’Inde le visage du mouvement culturel
révolutionnaire à Nagpur / Vidarbha, mais dans son travail en tant que
professeur de sociologie, elle est devenue une dirigeante syndicale
reconnue. Elle a dirigé de luttes de travailleurs et est même allée en
prison plusieurs fois. En outre, elle est devenue une personnalité
populaire du mouvement des femmes dans la région. Avec cela, elle a
également eu un impact profond sur l’intelligentsia – les professeurs,
étudiants, avocats, écrivains et activistes sociaux – de Nagpur et le
Vidarbha. Mais, le plus important était son impact déterminant sur le
mouvement dalit au Vidarbha, en particulier à Nagpur.
Avec sa connaissance précise de la
question Dalit / de caste et son étude approfondie des écrits
d’Ambedkar, elle a été en mesure de contester efficacement la direction
Dalit profondément enracinée en apportant une interprétation
scientifique et marxiste de la question. Avec Nagpur, le centre du
mouvement dalit, vers lequel nous avons déménagé était Indora – le plus
grand bastion dalit dans le Maharashtra. Son impact sur les jeunes
Dalits était énorme ainsi elle est devenue une invitée régulière à la
plupart des conférences dalits.
Le peuple de Nagpur se souvient avec
émotion de ce professeur important, séjournant dans un bastion Dalit, et
se déplaçant à vélo à travers la ville sous le célèbre soleil de plomb
de Nagpur.
Après Nagpur / Vidarbha, Anu est allée
travailler parmi les plus éloignées des populations tribales, vivant
dans la forêt parmi elles, partageant leurs bonheurs et leurs malheurs.
Et enfin, dans ses six à huit dernières années, elle s’est concentré sur
les femmes opprimées de notre pays, les éduquant et les éveillant en
vue de leur émancipation et de leur libération de la pauvreté.
A travers tous ces hauts et ces bas, nous
étions parfois ensemble, mais souvent séparés durant des mois.
Cependant, les moments que nous avons passé ensemble ont été les
périodes de ma vie que je chéris le plus. Sa pensée amicale et
indépendante m’a apporté une grande aide dans la compréhension
rationnelle des événements, du peuple et des problèmes. Il n’y a pas eu
d’autre personne avec qui j’ai eu autant de débats passionnés. Cela a
apporté un équilibre à mes vues souvent à sens unique.
Anuradha avait la capacité rare de
combiner l’activisme avec des capacités théoriques. En dépit de ses
activités jours et nuit, elle était une lectrice vorace et une écrivaine
prolifique – écrivant en anglais, en hindi et en marathi. Même si elle a
écrit sur beaucoup de sujets, ses écrits sur la question Dalit/caste et
les problèmes des femmes ont été des contributions importantes à la
compréhension scientifique de ces deux aspects sociétaux très importants
de l’Inde.
Mais ce dont la plupart se souviendra
d’Anu est son beau caractère. A une époque où le communisme a dégénéré à
travers le monde – la Russie, la Chine, l’Europe de l’Est s’étant
effondrées, et la plupart des autres partis ayant dégénéré – le
caractère d’Anuradha est resté idéal. Là où le pouvoir, même à petit
niveau, tend à corrompre; où l’ego, l’intérêt personnel et l’envie de
diriger / être célèbre dévore les entrailles de beaucoup de mouvements,
Anu a été exemplaire. Elle est restée la même du moment où elle était
une cadre ordinaire à celui où elle est devenue une figure bien connue
et une grande dirigeante.
La même simplicité, le même droiture, la
même innocence enfantine. Son visage était un reflet de ses
émotions—incapable de mentir, de manipuler les autres ou de se livrer à
l’intrigue. En outre, sa capacité à se lier avec tous — du lus simple
tribal aux plus grands intellectuels — est en effet légendaire. Anu
avait la beauté de l’innocence, tout en conservant l’acuité de
l’intelligence et le dynamisme d’une professionnelle. C’est cette
combinaison qui donne à Anuradha son parfum éternel.
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