Friday, May 6, 2016

Hommage de Kobad à Anuradha Ghandy

 by CSR Inde

Kobad Ghandy, l’un des plus hauts dirigeants du PCI (maoïste), se souvient de sa femme et camarade Anuradha Ghandy, la seule femme au sein du Comité central du PCI (maoïste), qui est décédée en avril 2008 de paludisme cérébral.
Kobad Ghandy
Kobad Ghandy est l’un des plus hauts dirigeants du PCI (maoïste). Arrêté à Delhi en septembre dernier, Ghandy est actuellement incarcéré dans le quartier de haute sécurité de la prison de Tihar. Ghandy est de Mumbai, et c’est pendant qu’il suivait des cours d’expertise comptable à Londres qu’il s’est radicalisé. Plus tard, il a rejoint le mouvement des libertés civiles à Mumbai. En 1980, il a été invité à travailler au cœur du Maharashtra par le fondateur du groupe Naxaliste People’s War. Il était marié à Anuradha Ghandy, la seule femme au sein du Comité central du PCI (maoïste). Elle est morte en avril 2008 du paludisme cérébral. Dans cet article écrit pour Open, il rend hommage à sa femme et camarade.

« Le 12 Avril 2008, une belle vie s’est soudainement éteinte. Anuradha Ghandy est décédé précocement à l’âge de 54 ans en raison de la détection tardive d’une maladie mortelle, le paludisme à falciparum. Ce jour-là, les Indiens, en particulier ses femmes opprimées, ont perdu une fleur qui répand son parfum dans de nombreuses régions du pays. Deux ans est une longue période, mais le parfum embaume toujours. Le doux parfum, comme celui d’une fleur éternelle, enivre l’esprit avec des souvenirs de son esprit vif et affectueux. Même ici, dans la cellule de haute sécurité de la prison de Tihar, les cinq ensembles de barres dans lesquelles nous sommes incarcérés ne peuvent pas éteindre l’arôme d’Anu qui rayonne dans la mémoire de chacun. La douleur dont on souffre ici semble est si insignifiante, par rapport à ce à quoi elle a dû faire face en ce jour fatidique.
Je me souviens du premier jour où je l’ai rencontrée, à la mi-1972. L’éclat et la luminosité qui émanaient de son visage enfantin ne se sont jamais estompés à travers toutes les années tortueuses de lutte et d’énorme sacrifice. Le même esprit pétillant, le même dynamisme et le même esprit vif et énergique de la jeunesse, sont restés jusqu’à la fin.
La pureté de son âme et son engagement profond envers les opprimés n’ont jamais permis aux difficultés, physiques ou mentales, de l’abattre. Voilà pourquoi l’usure de la vie ne pouvait pas éteindre sa jeunesse et son exubérance. Ce ne fut que la mortelle incurable sclérose systémique qui l’a frappée en 2002 qui a entraîné tout à coup son vieillissement du jour au lendemain.
Bien que son visage devint blême, elle n’a jamais permis à la maladie de détruire son esprit. Le Afficher l'image d'originefeu d’une vie entière, au service du pays et de son peuple, n’a pas diminué, même d’un iota. Jusqu’à son dernier jour, de six heures du matin à midi jusqu’à minuit, elle était sans cesse en mouvement – à la rencontre du peuple, voyageant, lisant, écriva
nt et même faisant la cuisine et le ménage, elle-même. Bien que la maladie ait lentement rongé ses organes- poumons, reins, cœur et paralysant ses doigts, Anu ne connaissait pas de repos. Elle forçait même ses genoux arthritiques, qui devenaient de plus en plus douloureux,à monter les escaliers, et à parcourir des jours de marche dans les forêts, et d’être souvent debout du matin au soir.
Était-ce la volonté? Était-ce l’engagement? Son épuisement, sa douleur, elle ne les a
jamais montrés sur son visage; elle ne se plaignait jamais. Et ceux qui la rencontraient ne pouvaient pas se rendre compte de ce qu’elle traversait.
La vie de Anu a emprunté de nombreux chemins. Elle était une étudiante brillante à l’école, où l’atmosphère progressiste et démocratique de sa famille a joué un rôle clé dans son façonnage. C’est à l’université qu’elle est devenue une militant et dirigeante étudiante. Dans la période après l’État d’urgence, étant alors devenue maître de conférence, elle est devenue l’une des principales militantes des droits humains dans le pays. Après avoir déménagé à Nagpur au début des années 1980, elle est non seulement devenue dans toute l’Inde le visage du mouvement culturel révolutionnaire à Nagpur / Vidarbha, mais dans son travail en tant que professeur de sociologie, elle est devenue une dirigeante syndicale reconnue. Elle a dirigé de luttes de travailleurs et est même allée en prison plusieurs fois. En outre, elle est devenue une personnalité populaire du mouvement des femmes dans la région. Avec cela, elle a également eu un impact profond sur l’intelligentsia – les professeurs, étudiants, avocats, écrivains et activistes sociaux – de Nagpur et le Vidarbha. Mais, le plus important était son impact déterminant sur le mouvement dalit au Vidarbha, en particulier à Nagpur.
Avec sa connaissance précise de la question Dalit / de caste et son étude approfondie des écrits d’Ambedkar, elle a été en mesure de contester efficacement la direction Dalit profondément enracinée en apportant une interprétation scientifique et marxiste de la question. Avec Nagpur, le centre du mouvement dalit, vers lequel nous avons déménagé était Indora – le plus grand bastion dalit dans le Maharashtra. Son impact sur les jeunes Dalits était énorme ainsi elle est devenue une invitée régulière à la plupart des conférences dalits.
Le peuple de Nagpur se souvient avec émotion de ce professeur important, séjournant dans un bastion Dalit, et se déplaçant à vélo à travers la ville sous le célèbre soleil de plomb de Nagpur.
Après Nagpur / Vidarbha, Anu est allée travailler parmi les plus éloignées des populations tribales, vivant dans la forêt parmi elles, partageant leurs bonheurs et leurs malheurs. Et enfin, dans ses six à huit dernières années, elle s’est concentré sur les femmes opprimées de notre pays, les éduquant et les éveillant en vue de leur émancipation et de leur libération de la pauvreté.Anuradha Ghandy maoïste indienne
A travers tous ces hauts et ces bas, nous étions parfois ensemble, mais souvent séparés durant des mois. Cependant, les moments que nous avons passé ensemble ont été les périodes de ma vie que je chéris le plus. Sa pensée amicale et indépendante m’a apporté une grande aide dans la compréhension rationnelle des événements, du peuple et des problèmes. Il n’y a pas eu d’autre personne avec qui j’ai eu autant de débats passionnés. Cela a apporté un équilibre à mes vues souvent à sens unique.
Anuradha avait la capacité rare de combiner l’activisme avec des capacités théoriques. En dépit de ses activités jours et nuit, elle était une lectrice vorace et une écrivaine prolifique – écrivant en anglais, en hindi et en marathi. Même si elle a écrit sur beaucoup de sujets, ses écrits sur la question Dalit/caste et les problèmes des femmes ont été des contributions importantes à la compréhension scientifique de ces deux aspects sociétaux très importants de l’Inde.
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Mais ce dont la plupart se souviendra d’Anu est son beau caractère. A une époque où le communisme a dégénéré à travers le monde – la Russie, la Chine, l’Europe de l’Est s’étant effondrées, et la plupart des autres partis ayant dégénéré – le caractère d’Anuradha est resté idéal. Là où le pouvoir, même à petit niveau, tend à corrompre; où l’ego, l’intérêt personnel et l’envie de diriger / être célèbre dévore les entrailles de beaucoup de mouvements, Anu a été exemplaire. Elle est restée la même du moment où elle était une cadre ordinaire à celui où elle est devenue une figure bien connue et une grande dirigeante.
La même simplicité, le même droiture, la même innocence enfantine. Son visage était un reflet de ses émotions—incapable de mentir, de manipuler les autres ou de se livrer à l’intrigue. En outre, sa capacité à se lier avec tous — du lus simple tribal aux plus grands intellectuels — est en effet légendaire. Anu avait la beauté de l’innocence, tout en conservant l’acuité de l’intelligence et le dynamisme d’une professionnelle. C’est cette combinaison qui donne à Anuradha son parfum éternel.

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