13 juin 2017
ALGER – « Nous, les peuples amazighs [berbères]
d’Afrique du Nord, devons croire en nos Printemps. Nous devons nous
réveiller, nous coaliser et nous solidariser, pour dépasser les
initiatives des États et converger vers un mouvement amazigh au-delà des
nations mais aussi contre ces nations. »
Djamal Ikhloufi, inspecteur de tamazight (langue berbère), est un des membres fondateurs du comité Bgayet/Rif qui appelle ce mardi soir à 22 h à un rassemblement à Béjaïa, en Kabylie, en soutien au hirak, ce mouvement de contestation qui depuis sept mois, agite le Rif marocain.
« Le Rif nous parle à plus d’un titre », insiste-t-il. « En tant qu’Algériens, nous avons en tête que les leurs y étaient déjà pour quelque chose dans l’éveil nationaliste algérien au début du siècle passé. Abdelkrim al-Khattabi a dès 1920 inspiré nos aînés nationalistes. Le Rif a été le premier peuple à encourager et soutenir franchement la révolution algérienne en 1956. Enfin dans la lutte pour la réappropriation de notre identité amazighe, nous avons avec nos semblables marocains un très long parcours en commun. »
« Il y a un ordre barbare et déshumanisant contre lequel les gens lutte de façon inégalitaire un peu partout et ceci nous rend concernés par la bagarre de nos amis du Rif. »
À Ouargla, justement, ville de 260 000 habitants dans le Sahara algérien, où en 2013, est né un grand mouvement de chômeurs réclamant une meilleure répartition des richesses, Aïbek Abdelmalek et Tahar Belabbès réfléchissent aussi aux moyens d’« unir les peuples d’Afrique du Nord contre les injustices ».
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Djamal Ikhloufi, inspecteur de tamazight (langue berbère), est un des membres fondateurs du comité Bgayet/Rif qui appelle ce mardi soir à 22 h à un rassemblement à Béjaïa, en Kabylie, en soutien au hirak, ce mouvement de contestation qui depuis sept mois, agite le Rif marocain.
Photo du rassemblement à Béjaïa mardi 13 juin (Facebook)
Le comité de soutien, qui s’est créé autour d’un noyau d’une
cinquantaine de personnes (syndicalistes, journalistes, enseignants…), a
diffusé un communiqué dans lequel il souligne que « la répression que
subit la population marocaine du Rif n’est pas sans nous rappeler la
stratégie du chaos local appliquée par le régime algérien en Kabylie, au
M’zab
et dans d’autres régions de notre pays. C’est dire combien la nature
liberticide des deux régimes, marocain et algérien, instaurés sans nos
peuples et souvent contre eux, sont des dangers à la stabilité de notre
région. »« Le Rif a été le premier peuple à encourager et soutenir franchement la révolution algérienne en 1956 »Mokrane Aggoune, enseignant à l’Institut supérieur de formation de Béjaia, est aussi membre du comité de solidarité. « Nous sommes sensibles à ce qui se passe chez nos amis du Rif et ceci est dû à notre influence intrinsèque d’anciens berbérisants », explique cet ancien animateur du Mouvement culturel berbère (MCB), ex-détenu du Printemps berbère, mouvement de contestation identitaire de 1980.
-Mokrane Aggoune, enseignant
« Le Rif nous parle à plus d’un titre », insiste-t-il. « En tant qu’Algériens, nous avons en tête que les leurs y étaient déjà pour quelque chose dans l’éveil nationaliste algérien au début du siècle passé. Abdelkrim al-Khattabi a dès 1920 inspiré nos aînés nationalistes. Le Rif a été le premier peuple à encourager et soutenir franchement la révolution algérienne en 1956. Enfin dans la lutte pour la réappropriation de notre identité amazighe, nous avons avec nos semblables marocains un très long parcours en commun. »
Des revendications indentitaires aux revendications socio-économiques des régions marginalisées
Car ce n’est pas la première fois que des connexions se font entre les Amazighs d’Afrique du nord. « Lors des événements du Printemps noir de Kabylie [mouvement contestataire et identitaire de 2001], des actions ont été organisées par nos frères du Maroc. Il y a eu beaucoup de manifestations et de déclarations », poursuit Djamal Ikhloufi.
« Nous, les Kabyles, sommes un repère pour la réhabilitation de notre identité et l’instauration des régimes démocratiques. Nous sommes un repère pour tous ceux qui luttent contre cette idéologie arabo-islamique. Ils attendent beaucoup de nous. Il est temps de tisser les liens hors frontières imposées par ce monde arabe fictif. »
Des Algériens manifestent contre l’exploration du gaz de schiste à In-Salah le 5 mars 2015 (AFP)
D’autant que pour Mokrane Aggoune, les préoccupations sont les mêmes
« d’In Salah [où un mouvement contre le gaz de schiste s’est constitué
en 2015] et de Ouargla, à Tataouine et jusqu’aux montagnes Nefoussa en Libye et aux plaines d’Assouan en Égypte. »« Il y a un ordre barbare et déshumanisant contre lequel les gens lutte de façon inégalitaire un peu partout et ceci nous rend concernés par la bagarre de nos amis du Rif. »
À Ouargla, justement, ville de 260 000 habitants dans le Sahara algérien, où en 2013, est né un grand mouvement de chômeurs réclamant une meilleure répartition des richesses, Aïbek Abdelmalek et Tahar Belabbès réfléchissent aussi aux moyens d’« unir les peuples d’Afrique du Nord contre les injustices ».
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