Pacte pour la transition : un document hypocrite et confus, produit d’une conception du monde toxique et idéaliste!
Le 7 novembre dernier, un rassemblement public de militants écologistes, d’artistes et de «personnalités publiques en tout genre» lancent et adoptent le Pacte pour la transition, un document que toute la population du Québec est depuis lors invitée à signer. À la tête de leur mouvement se trouve le metteur en scène Dominique Champagne. Dirigeant de l’opération, ce dernier espère
frapper fort et donner l’impulsion à une nouvelle offensive politique
écologiste en prêchant par l’exemple et en s’appuyant sur le sentiment
de culpabilité individuelle qu’il cherche à inspirer parmi les masses. Le pacte, une sorte de plan fourre-tout pour lutter contre la dégradation de l’environnement et se présentant sous la forme d’une boîte à outils ridicule,
engage ses signataires à poser une série de gestes individuels pour
transformer la société et éviter la catastrophe écologique. De même, en signant le pacte, les citoyens du Québec sont invités à sceller leur adhésion à la courte analyse de la situation «environnementale» contenue dans celui-ci, une analyse imprégnée du même vieil idéalisme propre à tous les courants éco-confus
.
Depuis son lancement, le pacte obtient énormément d’attention des médias et de la bourgeoisie. Dominique Champagne rencontre officiellement par deux fois le nouveau premier ministre du Québec, François Legault. À la fin de l’année 2018, l’organisation autour du pacte et l’entourage légal de Dominique Champagne soumettent même un projet de lois clé en main dans l’objectif de le faire adopter par le parlement. Ce projet de lois, qui combine le renouveau de l’écologie politique au Québec avec le
même vieux réformisme auquel on est habitués, obligerait l’État
bourgeois à respecter, dans toutes ses décisions, une longue liste de
critères verts, centrés sur la décarbonisation de l’économie et le désinvestissement massif des hydrocarbures. Les deux mains sur le volant, jouant ses cartes d’une manière décidée, Dominique Champagne est désormais le nouveau porte-parole des capitalistes verts.
Pour ceux et celles qui ne le connaissent pas, Dominique Champagne est un auteur et un metteur en scène québécois. Un petit gars bien de chez nous, comme
aime le dire la bourgeoisie québécoise lorsqu’elle cherche à mettre de
l’avant ses représentants économiques et culturels, ayant percé dans leurs milieux respectifs. En effet, Dominique Champagne s’est positionné à l’avant-scène du milieu artistique au Québec, avant de se tailler
une place à l’international. Il est le pur produit des instruments
culturels bourgeois, tels que l’École nationale de théâtre ou encore le
Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Un fleuron du talent
québécois, pour reprendre les mots des animateurs de radios qui n’ont
pas arrêté de le présenter ainsi dans les dernières semaines. À
l’international, Dominique Champagne s’en est mis plein les poches en
faisant la mise en scène du spectacle Beatles Loves
du Cirque du Soleil. Selon ses propres dires, il a maintenant
suffisamment d’argent pour ne plus jamais avoir à travailler de toute sa
vie. C’est ce qui l’a amené à choisir de passer la majorité de son
temps, désormais entièrement disponible, à militer pour la cause
écologique. Ce militantisme n’est cependant pas nouveau; dans les
dernières années, Dominique Champagne a été actif dans la lutte contre
le gaz de schiste, ainsi que dans la lutte contre la chasse au pétrole
sur l’île d’Anticosti. Il a également participé à la production de
documents tels que le «Manifeste pour un Élan global» et «Sortir le
Québec du pétrole». Une belle feuille de route pour le bonhomme vert, un
petit-bourgeois qui a fait tellement d’argent qu’il peut maintenant redonner à la population du Québec à travers son action politique.
Le
Pacte pour la transition est un document plutôt court – trois pages au
total – qui cherche avant tout à interpeller la sensibilité des gens sur l’urgence de la situation et à faire valoir le potentiel illimité de l’action subjective des individus.
Selon l’analyse contenue dans le Pacte pour la transition, nous vivons
présentement une situation de catastrophe et la seule solution est
l’action individuelle. Ainsi, les formes de lutte proposées consistent à
réduire individuellement les consommations diverses : réduire ses
émissions de gaz à effet de serre (GES), réduire sa production de
déchets, réduire sa consommation de plastique, réduire sa consommation
de viande, etc. Cette analyse est en fait exactement la même que celle
développée et propagée par les lobbies capitalistes ayant flairé la
bonne affaire avec le nouveau marché vert et faisant pression pour que l’on achète sans délai leurs nouveaux produits «éco-responsables».
Pourtant, l’impact des consommateurs ne représente en réalité qu’une
fraction minime de l’utilisation totale des ressources par la société; de la même manière, leurs choix individuels sont peu déterminants dans la destruction à laquelle on assiste. En prétendant le contraire, les capitalistes verts et leurs porte-paroles jettent le blâme sur les travailleurs et les travailleuses pour la dégradation de l’environnement qui, en fait, est causée par le capitalisme. Ils laissent entendre que des gens qui n’ont pas le choix de consommer ce qu’ils consomment et
qui luttent déjà pour subsister sont les responsables. Rappelons-le,
les gens (les prolétaires) vont là où les prix sont les plus bas, peu
importe «l’empreinte carbone» des produits qu’ils achètent, et ils ont
parfaitement le droit de faire ainsi. D’ailleurs, il est amusant de voir
le type de solutions proposées par le Pacte pour la transition. Faire
du télétravail, acheter des véhicules électriques, améliorer la
performance éco-énergétique de son habitation, réduire son utilisation
de l’avion, désinvestir son épargne du secteur des énergies fossiles,
acheter des aliments et produits locaux et biologiques :
voilà un ramassis d’objectifs inaccessibles ou tout simplement
incohérents avec la vie quotidienne du prolétariat (la grande majorité
de la population au Québec et au Canada).
En
vérité, c’est le mode de production capitaliste qui est responsable de
la situation actuelle. Ce sont les rapports de production capitalistes,
reposant sur l’appropriation privée, sur la satisfaction de l’intérêt
des possesseurs du capital et par conséquent dénués de toute réflexion
d’ensemble, qui provoquent désordre et gaspillage. C’est ce mode de
production, reposant sur l’exploitation sans fin des prolétaires et des
ressources naturelles, qui est le criminel. D’ailleurs, celui-ci a déjà provoqué de nombreux «apocalypses» avec ses boucheries humaines guerrières pour se repartager le monde. Le
capitalisme, sous lequel on produit pour produire, sous lequel on
produit pour rentabiliser le capital, brûlera tout – nations, colonies,
travailleurs, terre – pour relancer l’accumulation de profits, et il le
fera avec une volonté de fer,
comme le disait Marx. C’est la négation de la valeur d’usage des objets
et c’est la rupture entre les producteurs (la classe ouvrière) et le
contrôle de leur production qui sont responsables de toute cette
dévastation.
La pointe de l’iceberg
Dans l’analyse proposée par le Pacte pour la transition, se trouve une erreur fondamentale, la même que celle de tous les militants de l’écologie politique. Cette erreur est liée à la conception du monde des partisans de cette doctrine et de toutes ses variantes, conception selon laquelle la nature existerait isolément, pour elle-même, dans un monde parallèle à la société. Depuis l’émergence du matérialisme historique, nous savons pourtant
qu’une telle dichotomie n’a jamais existé. Le matérialisme historique a
rejeté la conception idéaliste selon laquelle il existerait deux
réalités matérielles distinctes, la nature et la société. Cette
conception erronée amène à imaginer une
Terre abstraite et des écosystèmes isolés, sans les êtres humains. En
vérité, il n’y a qu’un seul monde, une seule réalité objective; il n’y a
donc pas de «nature» anhistorique à sauver de la société. Cette conception n’est que l’incompréhension et la confusion idéologique qui naît dans la tête de la bourgeoisie devant
le non-sens de l’activité de production capitaliste. Le capitalisme a
développé d’une manière sans précédent les forces productives. Il a laissé son empreinte sur la Terre de manière définitive, d’une façon jamais vue auparavant
dans l’histoire. Aujourd’hui, à moins de condamner une partie de la
population mondiale à la famine, il faut accepter comme un fait
objectif, permanent et nécessaire, ce développement des forces
productives. Le socialisme ne fera pas un pivot à 180 degrés et n’opérera pas un retour en arrière. Au contraire, il permettra de prendre en compte l’intérêt général et à long-terme de la population pour organiser rationnellement la production et l’utilisation des ressources.
Il n’y a jamais eu d’activité de production (utilisant les ressources naturelles) qui n’a pas en même temps développé des rapports entre les êtres humains. Ces rapports entre les êtres humains dans leur utilisation des ressources naturelles (les rapports de production) constituent
la clé de l’équation. Ce sont ces rapports de production qu’il s’agit
de changer, et non l’abstraction idéaliste d’une nature et d’une société
existant parallèlement, dont les deux réalités entreraient maintenant en collision et dont la première serait attaquée par la deuxième. En fait, en raison de leur conception du monde idéaliste, Dominique Champagne ainsi que tous les militants écologistes s’opposent au contrôle ouvrier sur la production, ou du moins refusent d’y voir la solution au problème qu’ils cherchent tant à régler.
Au contraire, les communistes défendent l’utilisation rationnelle et
scientifique des ressources pour les millénaires à venir et pour le bien
de tous et toutes. Le
socialisme règle la question de l’appropriation privée. Il change les
rapports dans la production et pose la question de l’impact des êtres
humains et de la production en fonction de l’intérêt général de la société et de l’humanité.
Les personnages tels que Dominique Champagne et ses semblables ne sont pas seulement des moralistes bourgeois. Ils font reposer la responsabilité de la destruction de l’environnement sur le prolétariat et les gens ordinaires. Ce faisant, ils proposent une conception du monde toxique, dont la seule perspective est un cul-de-sac certain. C’est cette même conception du monde qui sert de paravent à l’appropriation privée du capitalisme. C’est elle qui cache, derrière « l’apocalypse écologique », l’exploitation capitaliste et la destruction générale engendrée par l’impérialisme. Et pourtant, y a-t-il encore un seul doute sur le fait que le futur de l’humanité, des peuples du monde, des prolétaires, des paysans et de leurs alliés, est celui du socialisme?
Le Pacte pour la transition : un document hypocrite et confus, produit d’une conception du monde toxique et idéaliste!
Les capitalistes verts et tous leurs représentants sont les ennemis du prolétariat!
Le socialisme est notre seule arme pour régler les contradictions du capitalisme pourrissant!
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