Entre le 30 Décembre 1918 et le 1er Janvier 1919, un
congrès se tient à Berlin. Ce congrès va jeter les bases de la création
du futur Parti Communiste d’Allemagne, plus connu sous abrégé KPD. (
Kommunistische Partei Deutschlands) L’histoire du KPD est d’une grande
importance pour les communistes en Europe et elle l’est d’autant plus
pour les forces qui œuvrent aujourd’hui à la reconstitution d’un
authentique Parti Communiste en Allemagne. Sa courte période
d’existence, de sa création en 1919 à son interdiction en 1933 (Puis de
1933 à 1945 dans sa lutte en totale clandestinité contre le nazisme) va
profondément marquer la structuration du mouvement communiste en
Allemagne, ses forces mais également ses faiblesses.
Pour nous marxistes-léninistes-maoïstes, il est
important de tirer un bilan de l’activité du KPD durant ces années, d’en
tirer des leçons pour notre pratique aujourd’hui. Il ne faut pas
oublier que le KPD était considéré à juste titre comme le Parti le plus
avancée de son époque en Europe, ce qui explique entre autre pourquoi au
moment de l’arrivée au pouvoir du nazisme, une terrible répression va
s’abattre sur lui et chercher à le faire disparaître par la force.
Célébrer le centenaire de la naissance du KPD, c’est donc se souvenir de
la lutte pour le socialisme, de la lutte antifasciste mené durant cette
période et des martyrs tombés, soit sous les balles ou les coups des
SA, ou les balles et les coups des sociaux-démocrates.
LE KPD SE CRÉE DANS LE FEU DE LA LUTTE DES CLASSES
Il est impossible de parler de l’histoire du KPD sans parler du contexte de sa création. La révolution socialiste d’Octobre 1917 en Russie est le premier détonateur, tandis que l’abdication de Guillaume II et la défaite de l’Empire Allemand durant la première guerre mondiale en est le deuxième.
Les marins de Kiel se mutinent et forment des
conseils similaires à ceux en Russie. Comme une traînée de poudre, le
mouvement s’élargit à l’ensemble du pays et une forte agitation
révolutionnaire et insurrectionnelle s’empart des masses.
Il y a alors trois principales organisations
politiques dans le pays qui s’emparent de la situation révolutionnaire :
Le SPD (Parti Social-Démocrate d’Allemagne), l’USPD (Parti
Social-Démocrate Indépendant d’Allemagne, scission du SPD) et la Ligue
Spartakiste, qui deviendra le 1er Janvier 1919 le KPD. Le KPD va se
forger continuellement dans la lutte et les combats, ainsi que dans des
actions insurrectionnelles et révolutionnaires. Le 5 Janvier 1919,
l’insurrection spartakiste éclate à Berlin suite au renvoi du chef de la
police, un membre de l’USPD qui avait refusé d’utiliser la force contre
le mouvement ouvrier à la fin de l’année 1918. L’insurrection éclate et
malgré leur opposition de principe, Luxembourg et Liebknecht décident
de la suivre, de la soutenir et de la coordonner.
Leur assassinat par les Freikorps (Corps franc, des
milices d’anciens combattants nationalistes), soutenu par le Ministre de
l’Intérieur Gustav Noske (Membre du SPD) va marquer la rupture
définitive entre les communistes et les sociaux-démocrates : Les
premiers voulant une révolution comme celle qui s’était produit en
Octobre 1917 en Russie, les seconds ne souhaitant aucunement un
changement révolutionnaire et se rangeant du côté de la réaction.
L’écrasement de l’insurrection à Berlin va se poursuivre avec
l’écrasement de plusieurs mouvements révolutionnaires dans toute
l’Allemagne, notamment à Munich ou à Brême, où des républiques des
conseils avaient été crée. La fin brutale de ce premier épisode
révolutionnaire en Allemagne et la proclamation de la République de
Weimar, ne signifiera pas cependant la fin de toute agitation
révolutionnaire. Au contraire, les révolutionnaires vont apprendre de
leurs erreurs, renforcer la discipline du Parti et ses racines dans les
masses prolétariennes.
Né lors de la Révolution Allemande de 1918, le KPD va
participer au soulèvement de la Ruhr en 1920 et à la création de
l’Armée Rouge de la Ruhr, va lancer « l’action de Mars » en 1921 et
tenter une grève insurrectionnelle et également tenter une insurrection
sur tout le territoire allemand en 1923 qui n’aboutira qu’à une
insurrection à Hambourg qui sera réprimé.
Il participera ensuite à la lutte contre les milices
du NSDAP, contre les Section d’Assaut, se développera sur tous les
fronts, et y luttera par des moyens tant légaux qu’illégaux. Les combats
de rues impliquant les communistes feront de nombreux morts, la police
réprimant sauvagement les antifascistes tout en protégeant les nazis,
tandis que la justice s’acharnera à condamner lourdement les combattants
antifascistes.
Le KPD, par son développement qui suit la lutte des
classes en Allemagne, qui participe au feu de l’action, ne deviendra pas
un Parti opportuniste et électoraliste comme ont pu le devenir les
Partis Communistes d’Italie ou de France, mais au contraire un Parti qui
préparait la lutte clandestine, qu’il lancera dès son interdiction en
1933. Il ne sera jamais totalement écrasé malgré sa quasi destruction en
1933, l’envoi de ses militants dans les camps de concentration, malgré
les assassinats, malgré l’emprisonnement puis la mise à mort de son plus
grand dirigeant, Ernst Thälmann en 1944. Tous les révolutionnaires ne
peuvent qu’étudier son organisation et sa méthode, sa capacité à mener
la lutte révolutionnaire autant légale qu’illégale dans un centre
impérialiste, dans une des classes ouvrières pourtant parmi les moins
pauvres du monde.
LE KPD COMME MODÈLE DU PARTI COMMUNISTE EN EUROPE
L’histoire mouvementé du KPD suit de très près les multiples soubresauts révolutionnaires qui parcourent l’Allemagne durant une grande partie des années 20. C’est à travers ces multiples luttes, actions, soulèvements, grèves et tentatives insurrectionnelles qu’il va évoluer et se transformer. Sur quelles axes le KPD va t-il s’appuyer pour devenir un Parti Communiste qui ne succombera pas au révisionnisme ou à l’opportunisme, comme par exemple le PCF dans l’État Français ? Cela tient avant tout à la réussite de sa « bolchévisation », qui va mettre un terme respectivement à la ligne de gauche qui poussera sans arrêt à l’insurrection révolutionnaire et à la ligne de droite qui s’oppose à la bolchevisation et cherche des compromis avec le SPD.
Le KPD va alors évoluer et être capable d’être le
Parti qui dirige dans un style léniniste, d’être une organisation
discipliné capable de mobiliser largement la classe ouvrière. Ce style
de travail va notamment se voir dans la multiplication des fronts qui
vont être crées et permettre de toucher l’ensemble de la classe
ouvrière. L’on peut citer par exemple les comités de chômeurs, les
syndicats rouges, le Secours Rouge Allemand, les multiples fronts pour
les intellectuels ou encore le Roter Frontkämpferbund (Union des
combattants du Front Rouge) que les communistes voyaient comme le noyau
d’une future armée rouge, à l’instar des Gardes Rouges dans la Russie
révolutionnaire.
Ses fronts ont pour but d’étendre l’influence du KPD
au sein de la population et de la classe ouvrière, de lui offrir des
lieux de sociabilités divers et variés, le KPD organisera même des
fronts pour la jeunesse ou encore pour la pratique d’activités
sportives. Il participera à la « bataille des Tavernes », une bataille
politico-militaire dans les quartiers populaires des grandes villes, ou
communistes et nazis s’affrontent pour le contrôle politique des lieux
de sociabilité populaire. Aucune grande question sociale ou culturelle
n’est oubliée. Le KPD développe l’agitation contre le capitalisme,
renforce l’organisation des masses partout où la lutte est possible.
Surtout, le KPD ne laisse pas de côté la question de
la militarisation. Les nombreux combats de rues contre les forces
paramilitaires nationalistes puis nazi, seront aussi d’une grande
utilité quand le Parti sera plongé dans la clandestinité après son
interdiction en 1933. Cette lutte, qui se faisait au moyen d’armes de
poing, qui se faisait aussi contre la police de Weimar, bien plus prompt
à réprimer les communistes que les nazis, prenait la forme d’un embryon
de guerre populaire prolongée. La Ligue des Combattants du Front Rouge
(Roter Frontkämpferbund, RFB), compte 40.000 combattants en 1925 et
106.000 en 1928. Le KPD ne lésine pas sur la question militaire, une
revue politico-militaire baptisé Oktober répondait à la nécessité pour
le Parti de former les militants à la question militaire et de tirer des
leçons des actions lancés par le Parti. Enfin, un M-Apparat
(Militär-Apparat ou Appareil Militaire) servait d’État-major et de
service de renseignement et de sécurité. Des effectifs et une
organisation considérable, comparé à la maigreur des formations
paramilitaires du Parti Communiste Français à la même époque.
LE KPD ET SES LIMITES
Il est nécessaire d’opérer une synthèse plus large
sur le développement du KPD ainsi que sa stratégie d’ensemble. Bien
qu’elle puisse être considérée comme étant à la pointe du mouvement
communiste en Europe, cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas des
points à critiquer. Les leçons historiques que nous devons tirer de
l’expérience du KPD doit également nous servir à ne pas reproduire les
même erreurs, mais à chercher à les comprendre pour pouvoir les
dépasser. Dans sa stratégie d’ensemble, le KPD a été traversé par un
courant « gauchiste » jusqu’au milieu des années 20, qui sous
l’influence du Komintern, cherchait à pousser à des tentatives
insurrectionnelles pour jeter à bas la République de Weimar et permettre
l’arrivée au pouvoir d’un régime soviétique en Allemagne.
Cet opportunisme de gauche qui se fixait
l’insurrection comme moyen et comme but, venait directement de
l’interprétation mécaniste des évènements d’Octobre 1917 en Russie. En
effet, devant la poussé révolutionnaire dans toute l’Europe (voir même
le monde, avec les événements anti-impérialistes en Chine, les syndicats
ouvriers massifs dans le monde anglo-saxon, la fondation de Partis
Communistes solides dans de nombreux pays dominés par l’impérialisme),
beaucoup de communistes pensent qu’il faut lancer l’insurrection et que
la masse suivra.
Sans ancrage solide dans la classe ouvrière, c’est à
dire sans l’existence de zones rouges qui peuvent servir de bases
d’appuis, les tentatives insurrectionnelles étaient condamnés à échouer
et à être réprimé, en plus de n’être pas suivi massivement par la classe
ouvrière.
Le deuxième point noir souvent reproché au KPD est
son impréparation à l’arrivée au pouvoir du nazisme, alors qu’il était
en première ligne pour s’y opposer de manière frontale. Sa compréhension
sommaire de la nature du fascisme et les appels à l’unité avec le SPD
qui resteront lettre morte, explique sans doute la rapidité avec
laquelle le KPD se retrouve quasiment annihilé après l’incendie du
Reichstag. Lors du congrès de 1929 de la Ligue des Combattants du Front
Rouge, Ernst Thälman ne mentionne même pas le fascisme, et ne considère
Hitler que comme un « égal » des autres politiciens bourgeois.
La puissante organisation souterraine du KPD, malgré
son échec à se mobiliser au moment de la contre-révolution, permettra
cependant au KPD de continuer à exister et d’être l’un des principaux
acteurs de la résistance allemande sous le nazisme. Enfin, le KPD
arrivait à mobiliser une partie importante de la classe ouvrière, mais
n’arrivait pas à toucher la petite bourgeoisie victime de la crise et
paupérisée, la grande masse des paysans ou encore du lumpenproletariat
victime de plein fouet de la crise de 1929. En effet, les jeunes
chômeurs de la petite industrie, les ouvriers à temps partiel, proche du
lumpenprolétariat étaient souvent proche du nazisme. En 1939, quasiment
la moitié des jeunes chômeurs hommes étaient membres de la SA ; le
chiffre, bien que très inférieur, était déjà immense en 1933. Toutefois,
le RBF cité plus haut comptait pour la plupart de ses combattants une
jeunesse prolétarienne en voie de lumpenprolétarisation. C’est peut être
ici qu’il faut chercher ce que les communistes allemands auraient pu
développer comme approche et comme tactique pour attirer massivement à
euxcontre les nazis.
LA RECONSTRUCTION DES PARTIS COMMUNISTES AVEC LE MLM POUR ARME
L’analyse de l’histoire du KPD et de ses actions doit
être mené avec le marxisme-léninisme-maoïsme comme guide. La
reconstruction des partis communistes dans les centres impérialistes est
une nécessité afin de doter les masses d’un instrument de guerre
capable de s’opposer au capitalisme, à la réaction et au fascisme.
A l’image du KPD, il faut une organisation capable de
se forger dans la lutte des classes et au travers des luttes des
masses. Une telle organisation nécessitera également une grande
discipline et de montrer toute son utilité et son efficacité dans les
luttes les plus âpres, les plus dures.
A l’image du KPD, être capable d’organiser
massivement la classe ouvrière et les masses au sein de larges fronts,
ces fronts devant servir à renforcer le Parti mais également
l’implication des masses dans leurs luttes.
A l’image du KPD, il nous faut nous organiser contre
le fascisme, nous organiser pour répondre pied à pied à toutes
agressions et à toutes attaques de la part de nos ennemis. Voilà
pourquoi célébrer et étudier le centenaire de la naissance du KPD est
d’une importance vitale, car malgré ses errements et ses échecs, il nous
montre vers quoi doit tendre un Parti Communiste de type nouveau, avec
comme guide le marxisme-léninisme-maoïsme.
VIVE LE CENTENAIRE DU KPD !
VIVE LE FRONT ROUGE COMBATTANT ! LE COMBAT CONTRE LE FASCISME DOIT CONTINUER !
VIVE LE FRONT ROUGE COMBATTANT ! LE COMBAT CONTRE LE FASCISME DOIT CONTINUER !
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