... en prenant d’assaut le centre financier de Montréal!
Cette année, le 1er mai revêt une signification spéciale pour le
prolétariat canadien. Il coïncide avec le centenaire d’un événement
dont le souvenir demeure à jamais gravé dans sa mémoire, un événement
qui, à l’époque, lui a permis de tirer des enseignements fondamentaux et
surtout de forger des armes indispensables lui servant encore
aujourd’hui dans sa lutte contre les capitalistes: la Grève générale de
Winnipeg.
Le 1er mai 1919, les ouvriers de la construction de Winnipeg – suivis le lendemain par ceux de la métallurgie – ont déclenché une grève dans le but d’obtenir de meilleurs salaires, des journées plus courtes ainsi que la reconnaissance syndicale. Deux semaines plus tard, suite au refus catégorique des patrons de négocier avec les ouvriers, le Conseil des métiers et du travail de Winnipeg a annoncé, après consultation de ses membres, le déclenchement d’une grève générale en appui aux travailleurs de la construction et aux métallurgistes. Plus de 30 000 travailleuses et travailleurs syndiqués et non-syndiqués – sur une population de 200 000 personnes – ont entamé un débrayage qui allait paralyser l’économie capitaliste dans la ville pendant six semaines. Un Comité de grève a été mis en place et a pris en charge l’administration des services municipaux essentiels, tels que la livraison de nourriture
et la distribution d’eau. Des grèves de solidarité ont été déclenchées dans une vingtaine de villes partout au pays, de la Colombie-Britannique à la Nouvelle-Écosse. À Montréal, une assemblée populaire réunissant des prolétaires anglophones, francophones et immigrants a adopté une motion en appui au mouvement. Sous l’impulsion des travailleurs et des travailleuses de Winnipeg, le pays s’est littéralement embrasé, ébranlant la bourgeoisie et les fondements de son régime d’exploitation.
Alors que certains commémoreront les 100 ans de la Grève générale de Winnipeg de façon purement intellectuelle, en étant complètement déconnectés de la lutte des classes actuelle, voire en niant son existence, le Parti communiste révolutionnaire (PCR) appelle à souligner dans le combat politique contre les capitalistes de notre époque cet anniversaire dont la charge symbolique ne peut et ne doit servir qu’à inspirer les travailleurs et les travailleuses d’aujourd’hui pour leurs batailles à venir et surtout à renforcer leur volonté de renverser une fois pour toutes la société bourgeoise. Notre parti appelle donc à descendre dans la rue le 1er mai et à prendre d’assaut le centre financier et commercial de la bourgeoisie impérialiste canadienne à Montréal, un des quartiers au pays où se concentrent de nos jours les richesses produites par la classe ouvrière et dont elle continue d’être spoliée. Le rassemblement est prévu à 18 h 30 au Square Phillips. Nous appelons les masses à passer à l’offensive, à affronter les capitalistes et leur appareil de répression dans la rue et à cibler les intérêts bourgeois, en mettant à l’avant-plan l’unité du prolétariat et sa volonté de prendre le pouvoir pour transformer la société et abolir l’exploitation.
Aujourd’hui, alors que la nécessité du socialisme devient de plus en plus pressante avec la crise de longue durée dans laquelle le capitalisme mondial est plongé depuis des décennies, alors que la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie s’aiguise dans tous les pays, y compris le nôtre – on n’a qu’à penser aux récentes attaques contre les masses laborieuses telles que la loi spéciale du gouvernement Trudeau visant à forcer le retour au travail des employés de Postes Canada –, alors que les conditions de vie du peuple se détériorent et que les feux brûlent partout dans la société, les travailleurs et les travailleuses doivent impérativement renouer avec les traditions de lutte de leur classe et s’emparer à nouveau des moyens d’action qu’elle a historiquement développés au cours de ses nombreux combats contre les capitalistes.
En ce moment, les perspectives émancipatrices pour toute la classe font défaut au sein du prolétariat canadien, tandis qu’avec ses puissantes forces productives et les richesses incroyables qu’il contient, le pays est mûr depuis longtemps pour la collectivisation des moyens de production et la prise en charge par les masses de l’organisation de la société. Il est donc urgent de se saisir des formes d’action qui favorisent l’unité de l’ensemble des prolétaires, qui permettent de mettre de l’avant les besoins fondamentaux de notre classe et, surtout, qui font progresser la lutte révolutionnaire pour renverser le pouvoir bourgeois et le remplacer par le pouvoir ouvrier. En somme, il faut développer notre initiative et, en nous servant de l’expérience accumulée historiquement par la classe ouvrière et les masses populaires, construire le camp de la révolution communiste!
Les manifestations prolétariennes combatives constituent l’une de ces formes de lutte faisant depuis longtemps partie de l’arsenal de combat du prolétariat canadien et international, une forme de lutte percutante aujourd’hui employée par les masses presque partout dans le monde – notamment à l’occasion du 1er mai – et qui doit se généraliser ici afin de placer la bourgeoisie sur la défensive et faire progresser le mouvement révolutionnaire. C’est aussi l’une des formes de lutte que la Grève générale de Winnipeg de 1919 a mises de l’avant. Le 21 juin 1919, lors d’une importante manifestation des grévistes près de l’hôtel de ville de Winnipeg, les manifestants et les manifestantes ont attaqué un tramway opéré par des briseurs de grève, l’ont renversé et y ont mis le feu – une action qui fut immortalisée par une photo célèbre qui symbolise désormais cette grève historique.
Malheureusement, les grévistes n’étaient pas suffisamment préparés à la dureté de la répression qui allait suivre ce jour-là, aujourd’hui connu sous le nom de «Samedi sanglant»: après la lecture par le maire de la ville de la Loi contre les émeutes, les policiers à cheval de la Gendarmerie Royale du Nord-Ouest (l’ancêtre de la GRC) ont chargé les manifestants, les ont frappés à coups de matraques et ont tiré sur la foule, tuant deux grévistes et en blessant des dizaines d’autres. Les grévistes en déroute ont ensuite été pourchassés et tabassés à travers les rues de la ville, avant que celles-ci ne soient finalement occupées par l’armée. Malgré que les manifestants aient résisté tant bien que mal à l’assaut des forces répressives, réussissant à causer quelques dégâts dans le camp adverse, ils n’ont pas pu tenir le coup longtemps.
Loin de signifier, comme pourraient le penser certains pacifistes, que les grévistes n’auraient pas dû faire usage de la violence, cet épisode démontre au contraire qu’il aurait fallu user d’une violence plus grande et mieux organisée afin de répliquer à la violence réactionnaire et repousser les attaques des capitalistes. Il est à noter que la répression – incluant la formation d’une milice de fiers-à-bras équipés de battes de baseball, le déploiement de militaires armés de mitrailleuses, une charge brutale le 10 juin contre une foule pacifique rassemblée pour écouter un discours ainsi que l’arrestation et la détention de plusieurs dirigeants de la grève le 17 juin – avait débuté avant les événements du Samedi sanglant, ce qui montre que la bourgeoisie, qui voyait ses profits menacés par la grève, avait l’intention dès le départ de mater le mouvement par la force.
La Grève générale de Winnipeg – ainsi que le mouvement de grève qui a déferlé à travers tout le pays sous son impulsion – a marqué un point tournant dans la lutte des classes au Canada. Elle a marqué l’entrée décisive de la classe ouvrière sur la scène politique en tant que classe indépendante, sur la base de ses revendications légitimes et de son aspiration au socialisme. Elle s’est caractérisée pendant toute sa durée par une confrontation intense entre les travailleurs et les travailleuses d’un côté et les capitalistes et leur État de l’autre, et c’est pourquoi elle a fait bondir la conscience de classe du prolétariat au pays.
Elle a renforcé, comme ne l’avait fait aucun événement auparavant, l’unité du prolétariat à travers tout le Canada, amenant hommes et femmes, canadiens d’origine et immigrants, anglophones et francophones à marcher comme une seule armée et à lutter côte-à-côte contre la bourgeoisie, et ce, en dépit des appels racistes de cette dernière à combattre les «ordures étrangères», pointées du doigt comme étant les responsables du mouvement. Elle a établi comme composantes fondamentales du mouvement ouvrier canadien des revendications essentielles et des moyens de lutte incontournables. C’est elle qui a mis de l’avant la lutte pour la journée de huit heures, le droit à la reconnaissance syndicale et à la négociation collective. Elle a frayé la voie à l’essor du syndicalisme industriel – en opposition au syndicalisme de métier – dans les décennies suivantes, ce qui, à l’époque, marquera un réel progrès dans l’organisation de la classe ouvrière. Surtout, elle a permis au prolétariat canadien de s’emparer d’une nouvelle forme de lutte, la grève générale, une arme dont il faudra bien qu’il se serve à nouveau dans les années à venir.
La Grève de Winnipeg a contribué à faire prendre conscience à un grand nombre de prolétaires que la lutte économique des travailleurs demeure vaine si elle ne se transforme pas en une lutte politique pour renverser le pouvoir des exploiteurs et instaurer le socialisme. Plusieurs leaders ouvriers de l’époque, y compris certains dirigeants de la grève de 1919, partageaient déjà ce point de vue avant les événements.
En mars 1919, soit quelques semaines avant la grève, avait eu lieu à Calgary un congrès du travail – la Conférence ouvrière de l’Ouest canadien – auquel avaient pris part des représentants du Conseil des métiers et du travail de Winnipeg. Lors de ce congrès avaient été adoptées des résolutions appelant à l’abolition du capitalisme ainsi qu’au soutien à la révolution bolchévique qui venait d’avoir lieu en Russie deux ans plus tôt. L’une de ces résolutions spécifiait même que le but du mouvement ouvrier canadien devait être la dictature du prolétariat au Canada: «Le congrès déclare son acceptation complète du principe de “dictature du prolétariat” comme étant absolu et efficace pour transformer la propriété privée capitaliste en une richesse collective et envoie ses souhaits fraternels au gouvernement soviétique russe. […]» Lors d’une allocution devant le jury qui le jugeait pour son rôle dans la grève, John Queen, l’un des principaux dirigeants du mouvement, a fait une déclaration démontrant ses prises de position radicales: «Finalement, la contestation de la classe ouvrière ne pourrait pas se limiter à des améliorations venant de l’intérieur de la structure du système économique existant; si elle veut se libérer de façon permanente, elle est obligée de combattre le capitalisme lui-même. Ainsi est né le socialisme moderne… et le mouvement ouvrier se fond avec le socialisme…»
C’est précisément le sens du slogan «luttons pour le socialisme et nos revendications» que notre Parti met de l’avant: les travailleurs et les travailleuses ne doivent pas se contenter de lutter isolément les uns des autres pour leurs revendications spécifiques et immédiates; ils et elles doivent au contraire s’unir et combattre pour les intérêts fondamentaux et à long terme de toute la classe, c’est-à-dire chercher à étendre ces luttes revendicatives au renversement de la société bourgeoise dans son ensemble. Car sans le socialisme, la satisfaction de leurs revendications demeure toujours partielle et éphémère.
La Grève de Winnipeg a également permis au prolétariat canadien de faire l’expérience des limites de la grève générale comme moyen de renverser le capitalisme si elle n’est pas subordonnée à la lutte armée pour vaincre les forces répressives de la bourgeoisie. Les événements du Samedi sanglant sont d’ailleurs venus confirmer ce que Lénine avait déjà entrevu quelques années plus tôt, en s’appuyant sur l’expérience du mouvement révolutionnaire en Russie, à savoir que les capitalistes, lors d’une grève générale paralysant l’économie, sont presque inéluctablement poussés à recourir à la violence pour relancer le procès de production et l’accumulation de profits: «Dans ces conditions, la grève peut devenir – bien plus: dans la plupart des cas, il est inévitable qu’elle devienne – une collision directe et immédiate avec les forces armées.» Cela signifie que sans une préparation suffisante pour faire face à la contre-attaque organisée de la bourgeoisie, sans l’armement du prolétariat et la prise en charge de l’affrontement militaire avec l’État bourgeois, la grève générale, si elle ne s’estompe pas d’elle-même, est vouée à être écrasée par la réaction. Dans le futur, afin de ne pas répéter les erreurs du passé et de surmonter les insuffisances de l’expérience de 1919, les grèves générales que le mouvement révolutionnaire fera émerger seront intégrées dans une forme de combat supérieure: la guerre populaire prolongée.
Finalement, la Grève générale de Winnipeg a contribué à faire prendre conscience aux ouvriers et aux ouvrières avancés de la nécessité de former un parti politique prolétarien indépendant afin de diriger et de mener à terme la lutte contre la bourgeoisie et elle a préparé le terrain à la création, deux ans plus tard, d’un tel parti – le Parti communiste du Canada (PCC). Ce parti, dont ont été membres un bon nombre de grévistes du mouvement de 1919, a constitué pendant deux décennies, avant de dégénérer et d’abandonner la voie révolutionnaire dans les années 1940, l’organisation d’avant-garde dont la classe ouvrière canadienne avait besoin et qui avait fait défaut lors de la Grève de Winnipeg.
Aujourd’hui, le mouvement communiste au pays renaît de ses cendres: un nouveau parti prolétarien d’avant-garde, le PCR, se bâtit en reprenant le flambeau du PCC d’autrefois afin de préparer la lutte armée et de diriger la révolution contre la bourgeoisie impérialiste canadienne. Les partisans et les partisanes du PCR représentent aujourd’hui les véritables continuateurs du combat historique du prolétariat canadien pour son émancipation. C’est en ayant à l’esprit la nécessité de préserver le fil conducteur de cette longue et formidable expérience qu’ils et elles manifesteront le 1er mai à Montréal et rendront un puissant hommage aux ouvriers et aux ouvrières ayant participé au mouvement de grève historique de 1919!
Travailleurs, travailleuses, prenez part au mouvement pour abolir le capitalisme et l’exploitation! Joignez-vous à la manifestation du 1er mai dans le centre financier de la métropole! Rassemblons-nous à 18h30 au Square Phillips! Montrons-nous à la hauteur des combats passés du prolétariat: osons affronter la bourgeoisie et ses forces répressives dans la rue! Nous sommes les Continuateurs!
Le 1er mai 1919, les ouvriers de la construction de Winnipeg – suivis le lendemain par ceux de la métallurgie – ont déclenché une grève dans le but d’obtenir de meilleurs salaires, des journées plus courtes ainsi que la reconnaissance syndicale. Deux semaines plus tard, suite au refus catégorique des patrons de négocier avec les ouvriers, le Conseil des métiers et du travail de Winnipeg a annoncé, après consultation de ses membres, le déclenchement d’une grève générale en appui aux travailleurs de la construction et aux métallurgistes. Plus de 30 000 travailleuses et travailleurs syndiqués et non-syndiqués – sur une population de 200 000 personnes – ont entamé un débrayage qui allait paralyser l’économie capitaliste dans la ville pendant six semaines. Un Comité de grève a été mis en place et a pris en charge l’administration des services municipaux essentiels, tels que la livraison de nourriture
et la distribution d’eau. Des grèves de solidarité ont été déclenchées dans une vingtaine de villes partout au pays, de la Colombie-Britannique à la Nouvelle-Écosse. À Montréal, une assemblée populaire réunissant des prolétaires anglophones, francophones et immigrants a adopté une motion en appui au mouvement. Sous l’impulsion des travailleurs et des travailleuses de Winnipeg, le pays s’est littéralement embrasé, ébranlant la bourgeoisie et les fondements de son régime d’exploitation.
Alors que certains commémoreront les 100 ans de la Grève générale de Winnipeg de façon purement intellectuelle, en étant complètement déconnectés de la lutte des classes actuelle, voire en niant son existence, le Parti communiste révolutionnaire (PCR) appelle à souligner dans le combat politique contre les capitalistes de notre époque cet anniversaire dont la charge symbolique ne peut et ne doit servir qu’à inspirer les travailleurs et les travailleuses d’aujourd’hui pour leurs batailles à venir et surtout à renforcer leur volonté de renverser une fois pour toutes la société bourgeoise. Notre parti appelle donc à descendre dans la rue le 1er mai et à prendre d’assaut le centre financier et commercial de la bourgeoisie impérialiste canadienne à Montréal, un des quartiers au pays où se concentrent de nos jours les richesses produites par la classe ouvrière et dont elle continue d’être spoliée. Le rassemblement est prévu à 18 h 30 au Square Phillips. Nous appelons les masses à passer à l’offensive, à affronter les capitalistes et leur appareil de répression dans la rue et à cibler les intérêts bourgeois, en mettant à l’avant-plan l’unité du prolétariat et sa volonté de prendre le pouvoir pour transformer la société et abolir l’exploitation.
Aujourd’hui, alors que la nécessité du socialisme devient de plus en plus pressante avec la crise de longue durée dans laquelle le capitalisme mondial est plongé depuis des décennies, alors que la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie s’aiguise dans tous les pays, y compris le nôtre – on n’a qu’à penser aux récentes attaques contre les masses laborieuses telles que la loi spéciale du gouvernement Trudeau visant à forcer le retour au travail des employés de Postes Canada –, alors que les conditions de vie du peuple se détériorent et que les feux brûlent partout dans la société, les travailleurs et les travailleuses doivent impérativement renouer avec les traditions de lutte de leur classe et s’emparer à nouveau des moyens d’action qu’elle a historiquement développés au cours de ses nombreux combats contre les capitalistes.
En ce moment, les perspectives émancipatrices pour toute la classe font défaut au sein du prolétariat canadien, tandis qu’avec ses puissantes forces productives et les richesses incroyables qu’il contient, le pays est mûr depuis longtemps pour la collectivisation des moyens de production et la prise en charge par les masses de l’organisation de la société. Il est donc urgent de se saisir des formes d’action qui favorisent l’unité de l’ensemble des prolétaires, qui permettent de mettre de l’avant les besoins fondamentaux de notre classe et, surtout, qui font progresser la lutte révolutionnaire pour renverser le pouvoir bourgeois et le remplacer par le pouvoir ouvrier. En somme, il faut développer notre initiative et, en nous servant de l’expérience accumulée historiquement par la classe ouvrière et les masses populaires, construire le camp de la révolution communiste!
Les manifestations prolétariennes combatives constituent l’une de ces formes de lutte faisant depuis longtemps partie de l’arsenal de combat du prolétariat canadien et international, une forme de lutte percutante aujourd’hui employée par les masses presque partout dans le monde – notamment à l’occasion du 1er mai – et qui doit se généraliser ici afin de placer la bourgeoisie sur la défensive et faire progresser le mouvement révolutionnaire. C’est aussi l’une des formes de lutte que la Grève générale de Winnipeg de 1919 a mises de l’avant. Le 21 juin 1919, lors d’une importante manifestation des grévistes près de l’hôtel de ville de Winnipeg, les manifestants et les manifestantes ont attaqué un tramway opéré par des briseurs de grève, l’ont renversé et y ont mis le feu – une action qui fut immortalisée par une photo célèbre qui symbolise désormais cette grève historique.
Malheureusement, les grévistes n’étaient pas suffisamment préparés à la dureté de la répression qui allait suivre ce jour-là, aujourd’hui connu sous le nom de «Samedi sanglant»: après la lecture par le maire de la ville de la Loi contre les émeutes, les policiers à cheval de la Gendarmerie Royale du Nord-Ouest (l’ancêtre de la GRC) ont chargé les manifestants, les ont frappés à coups de matraques et ont tiré sur la foule, tuant deux grévistes et en blessant des dizaines d’autres. Les grévistes en déroute ont ensuite été pourchassés et tabassés à travers les rues de la ville, avant que celles-ci ne soient finalement occupées par l’armée. Malgré que les manifestants aient résisté tant bien que mal à l’assaut des forces répressives, réussissant à causer quelques dégâts dans le camp adverse, ils n’ont pas pu tenir le coup longtemps.
Loin de signifier, comme pourraient le penser certains pacifistes, que les grévistes n’auraient pas dû faire usage de la violence, cet épisode démontre au contraire qu’il aurait fallu user d’une violence plus grande et mieux organisée afin de répliquer à la violence réactionnaire et repousser les attaques des capitalistes. Il est à noter que la répression – incluant la formation d’une milice de fiers-à-bras équipés de battes de baseball, le déploiement de militaires armés de mitrailleuses, une charge brutale le 10 juin contre une foule pacifique rassemblée pour écouter un discours ainsi que l’arrestation et la détention de plusieurs dirigeants de la grève le 17 juin – avait débuté avant les événements du Samedi sanglant, ce qui montre que la bourgeoisie, qui voyait ses profits menacés par la grève, avait l’intention dès le départ de mater le mouvement par la force.
La Grève générale de Winnipeg – ainsi que le mouvement de grève qui a déferlé à travers tout le pays sous son impulsion – a marqué un point tournant dans la lutte des classes au Canada. Elle a marqué l’entrée décisive de la classe ouvrière sur la scène politique en tant que classe indépendante, sur la base de ses revendications légitimes et de son aspiration au socialisme. Elle s’est caractérisée pendant toute sa durée par une confrontation intense entre les travailleurs et les travailleuses d’un côté et les capitalistes et leur État de l’autre, et c’est pourquoi elle a fait bondir la conscience de classe du prolétariat au pays.
Elle a renforcé, comme ne l’avait fait aucun événement auparavant, l’unité du prolétariat à travers tout le Canada, amenant hommes et femmes, canadiens d’origine et immigrants, anglophones et francophones à marcher comme une seule armée et à lutter côte-à-côte contre la bourgeoisie, et ce, en dépit des appels racistes de cette dernière à combattre les «ordures étrangères», pointées du doigt comme étant les responsables du mouvement. Elle a établi comme composantes fondamentales du mouvement ouvrier canadien des revendications essentielles et des moyens de lutte incontournables. C’est elle qui a mis de l’avant la lutte pour la journée de huit heures, le droit à la reconnaissance syndicale et à la négociation collective. Elle a frayé la voie à l’essor du syndicalisme industriel – en opposition au syndicalisme de métier – dans les décennies suivantes, ce qui, à l’époque, marquera un réel progrès dans l’organisation de la classe ouvrière. Surtout, elle a permis au prolétariat canadien de s’emparer d’une nouvelle forme de lutte, la grève générale, une arme dont il faudra bien qu’il se serve à nouveau dans les années à venir.
La Grève de Winnipeg a contribué à faire prendre conscience à un grand nombre de prolétaires que la lutte économique des travailleurs demeure vaine si elle ne se transforme pas en une lutte politique pour renverser le pouvoir des exploiteurs et instaurer le socialisme. Plusieurs leaders ouvriers de l’époque, y compris certains dirigeants de la grève de 1919, partageaient déjà ce point de vue avant les événements.
En mars 1919, soit quelques semaines avant la grève, avait eu lieu à Calgary un congrès du travail – la Conférence ouvrière de l’Ouest canadien – auquel avaient pris part des représentants du Conseil des métiers et du travail de Winnipeg. Lors de ce congrès avaient été adoptées des résolutions appelant à l’abolition du capitalisme ainsi qu’au soutien à la révolution bolchévique qui venait d’avoir lieu en Russie deux ans plus tôt. L’une de ces résolutions spécifiait même que le but du mouvement ouvrier canadien devait être la dictature du prolétariat au Canada: «Le congrès déclare son acceptation complète du principe de “dictature du prolétariat” comme étant absolu et efficace pour transformer la propriété privée capitaliste en une richesse collective et envoie ses souhaits fraternels au gouvernement soviétique russe. […]» Lors d’une allocution devant le jury qui le jugeait pour son rôle dans la grève, John Queen, l’un des principaux dirigeants du mouvement, a fait une déclaration démontrant ses prises de position radicales: «Finalement, la contestation de la classe ouvrière ne pourrait pas se limiter à des améliorations venant de l’intérieur de la structure du système économique existant; si elle veut se libérer de façon permanente, elle est obligée de combattre le capitalisme lui-même. Ainsi est né le socialisme moderne… et le mouvement ouvrier se fond avec le socialisme…»
C’est précisément le sens du slogan «luttons pour le socialisme et nos revendications» que notre Parti met de l’avant: les travailleurs et les travailleuses ne doivent pas se contenter de lutter isolément les uns des autres pour leurs revendications spécifiques et immédiates; ils et elles doivent au contraire s’unir et combattre pour les intérêts fondamentaux et à long terme de toute la classe, c’est-à-dire chercher à étendre ces luttes revendicatives au renversement de la société bourgeoise dans son ensemble. Car sans le socialisme, la satisfaction de leurs revendications demeure toujours partielle et éphémère.
La Grève de Winnipeg a également permis au prolétariat canadien de faire l’expérience des limites de la grève générale comme moyen de renverser le capitalisme si elle n’est pas subordonnée à la lutte armée pour vaincre les forces répressives de la bourgeoisie. Les événements du Samedi sanglant sont d’ailleurs venus confirmer ce que Lénine avait déjà entrevu quelques années plus tôt, en s’appuyant sur l’expérience du mouvement révolutionnaire en Russie, à savoir que les capitalistes, lors d’une grève générale paralysant l’économie, sont presque inéluctablement poussés à recourir à la violence pour relancer le procès de production et l’accumulation de profits: «Dans ces conditions, la grève peut devenir – bien plus: dans la plupart des cas, il est inévitable qu’elle devienne – une collision directe et immédiate avec les forces armées.» Cela signifie que sans une préparation suffisante pour faire face à la contre-attaque organisée de la bourgeoisie, sans l’armement du prolétariat et la prise en charge de l’affrontement militaire avec l’État bourgeois, la grève générale, si elle ne s’estompe pas d’elle-même, est vouée à être écrasée par la réaction. Dans le futur, afin de ne pas répéter les erreurs du passé et de surmonter les insuffisances de l’expérience de 1919, les grèves générales que le mouvement révolutionnaire fera émerger seront intégrées dans une forme de combat supérieure: la guerre populaire prolongée.
Finalement, la Grève générale de Winnipeg a contribué à faire prendre conscience aux ouvriers et aux ouvrières avancés de la nécessité de former un parti politique prolétarien indépendant afin de diriger et de mener à terme la lutte contre la bourgeoisie et elle a préparé le terrain à la création, deux ans plus tard, d’un tel parti – le Parti communiste du Canada (PCC). Ce parti, dont ont été membres un bon nombre de grévistes du mouvement de 1919, a constitué pendant deux décennies, avant de dégénérer et d’abandonner la voie révolutionnaire dans les années 1940, l’organisation d’avant-garde dont la classe ouvrière canadienne avait besoin et qui avait fait défaut lors de la Grève de Winnipeg.
Aujourd’hui, le mouvement communiste au pays renaît de ses cendres: un nouveau parti prolétarien d’avant-garde, le PCR, se bâtit en reprenant le flambeau du PCC d’autrefois afin de préparer la lutte armée et de diriger la révolution contre la bourgeoisie impérialiste canadienne. Les partisans et les partisanes du PCR représentent aujourd’hui les véritables continuateurs du combat historique du prolétariat canadien pour son émancipation. C’est en ayant à l’esprit la nécessité de préserver le fil conducteur de cette longue et formidable expérience qu’ils et elles manifesteront le 1er mai à Montréal et rendront un puissant hommage aux ouvriers et aux ouvrières ayant participé au mouvement de grève historique de 1919!
Travailleurs, travailleuses, prenez part au mouvement pour abolir le capitalisme et l’exploitation! Joignez-vous à la manifestation du 1er mai dans le centre financier de la métropole! Rassemblons-nous à 18h30 au Square Phillips! Montrons-nous à la hauteur des combats passés du prolétariat: osons affronter la bourgeoisie et ses forces répressives dans la rue! Nous sommes les Continuateurs!
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