la cause du peuple
Ca y est, Zemmour a annoncé sa candidature. Il se déplace en meeting à Villepinte le 5 décembre, nous appelons à bloquer cette tentative ! Cet article est issu de notre version imprimée disponible ici.
Il est sur tous les plateaux, dans toutes les émissions et dans les articles de tous les journaux : Eric Zemmour n’a jamais été autant mis en avant médiatiquement que depuis qu’il n’est plus lui-même un membre du cercle médiatique. Avec une montée expresse dans les sondages depuis la fin de l’été, Zemmour est désormais considéré comme une alternative crédible à Marine le Pen à l’extrême-droite. Rappelons qu’il s’était exprimé en 2019 lors de la conférence « d’union des droites » réalisée par Marion Maréchal le Pen pour unifier derrière le camp fasciste. Sans parti officiel, sans mouvement, jouant la carte de « l’écrivain » pour organiser des meetings, Eric Zemmour a lancé une campagne pour la présidence de la République bourgeoise française. Qui se cache derrière cette nouvelle « force » ?
Le pur produit de la politique bourgeoise
Toute l’histoire de Zemmour est marquée par son intégration à la politique bourgeoise, avant tout par le biais médiatique. Pendant plus de 25 ans, il a travaillé pour RTL, Le Figaro, Cnews, tout en intervenant dans des émissions de grande écoute comme On n’est pas couché sur France 2. Pendant tout ce temps, ses commentaires et analysent se concentraient sur les aspects les plus réactionnaires de la politique bourgeoise. Depuis 20 ans, on l’entend parler d’identité, de sa nostalgie pour les « intellectuels » réactionnaires et monarchistes comme Barrès ou Maurras, de sa haine des révolutions et des étrangers. Dans un livre, Le Premier Sexe (2006), il attaque le féminisme et défend la société patriarcale. Dans Mélancolie française (2010), il fait de la France l’héritière de l’Empire Romain, et compare les étrangers aux barbares. C’est à partir de ce moment là que va naître sa polémique sur les « prénoms français », qu’il voudrait que tout le monde porte. Ce livre a largement été dénoncé par les scientifiques pour ses mensonges historiques.
Zemmour côtoie le gratin de la politique bourgeoise française : dés les années 2000, il est proche de Jean-Marie Le Pen, il fait des portraits de personnalités de droite comme Balladur ou Chirac. Il travaille dans les plus grandes rédactions, interviewe ou interroge les principaux hommes politiques du moment. Jean-Luc Mélenchon participe à la fête de son 50ème anniversaire. Voilà qui est Zemmour : un pur produit de la politique bourgeoise, du monde médiatique bourgeois. Il s’est taillé une place, est devenu un vendeur de livre à succès, un entrepreneur, un « éditorialiste » (c’est à dire un propagandiste). Tout ça, il l’a fait en surfant sur les idées les plus réactionnaires, en amenant toujours plus à droite ses interventions, en mettant en avant les sujets les plus radicaux. Pour ses propos, il a été plusieurs fois poursuivi en justice et condamné. C’était son fond de commerce toutes ces années, voilà aujourd’hui que c’est son programme.
Un « anti-système » aux ordres
Qui est le plus grand soutien d’Eric Zemmour ? Sans surprise, on retrouve les grands noms des médias bourgeois, et notamment Bolloré. Celui-ci détient une immense groupe (Canal+, CNews, C8, Europe 1…) où travaillait Eric Zemmour. C’est une des figures de proue de l’impérialisme français : Bolloré exploite par exemple de très nombreuses lignes logistiques, ports et chemins de fer en Afrique. En froid avec Macron, Bolloré pousse Zemmour sur le devant de la scène. Dans le potentiel électorat de Zemmour, on retrouve la même bourgeoisie, qui nourrit des idées profondément réactionnaires. Il y a dix ans, ils auraient voté Sarkozy, il y a soixante ans, ça aurait été De Gaulle. Désormais, ils ont leur nouveau champion, Eric Zemmour. Lui-même prétend être le seul à faire cette jonction entre le soi-disant « électorat populaire » d’une Le Pen et l’électorat bourgeois de la droite. Il se déclare : « candidat de la droite, de ce qu’on appelait avant le RPR ».
Zemmour dit pourtant porter des attaques virulentes au « système ». Il attaque le « mal progressiste », les journalistes… Dans son meeting de Béziers en octobre 2021, il déclare qu’il faut « enlever le pouvoir » aux « contre-pouvoirs ». Dans son viseur : « justice, médias, minorités ». La messe est dite. Zemmour se présente donc comme l’anti-système le plus radical : il veut tout chambouler, et se passer de l’État de droit, qui est pourtant une des bases supposées de la démocratie bourgeoise. Avec lui au pouvoir, plus de « contre-pouvoirs ».
Mais d’où lui vient cette virulence ? Virulence contre les médias, lui qui a toujours été acteur du circuit médiatique et qui en a fait sa fortune ? Virulence contre la justice, qui lui a pourtant sauvé la peau plusieurs fois après ses « dérapages » à l’antenne ? Virulence contre les minorités, alors qu’il défend comme un chien la minorité d’exploiteurs bourgeois, à commencer par son patron, Bolloré ? C’est que, Zemmour a bien compris de qui il recevait ses ordres. Le petit jeu entre Macron et Le Pen ne suffit pas pour une partie grandissante de la bourgeoisie française. Il faut montrer les dents, menacer, et plus se « dédiaboliser » comme il y a dix ans. Alors Zemmour est parfait : il rendrait presque les idées d’une Le Pen « modérées ». Aux ordres de la bourgeoisie la plus réactionnaire, Zemmour accomplit la tâche attendue de lui : il rend la perspective du fascisme en France, de la négation de la démocratie bourgeoise, plus réelle que jamais. Pas étonnant, d’ailleurs, qu’il ait rencontré Macron ces dernières années lors d’un entretien cordial. Macron lui aurait demandé de lui transmettre son « plan » sur l’immigration, preuve que même si Zemmour n’est pas encore élu, ses idées font leur chemin dans la bourgeoisie et son État.
L’illusion démocratique se dissipe pour le prolétariat
Pour le prolétariat, Zemmour n’apporte rien. Il ne parle jamais des salaires, de l’emploi ou du logement. Sa tentative de plaire à un électorat « populaire » se heurte à sa base sociale, bourgeoise et petite bourgeoise. Il suffit d’observer ses portes paroles, ou encore les beaux quartiers où sont collées les affiches « Zemmour Président ». Son discours fait beaucoup de bruit car il est répété dans tous les médias, mais il parvient surtout pour le moment à capter à droite et chez le Rassemblement National. Il cherche évidemment à ratisser chez les abstentionnistes, comme tous les autres politiciens qui pensent pouvoir capter ce juteux butin électoral.
La politique de Zemmour, c’est la contre-révolution bourgeoise la plus affirmée. Contre-révolution dans les idées, car Zemmour s’est toujours déclaré anti-révolutionnaire dans son analyse de l’Histoire. Il s’est toujours rangé avec les écrivains et les intellectuels les plus à droite, les plus conservateurs. Il s’identifie à Bainville, journaliste monarchiste et belliqueux du début du 20eme siècle. Mais bien plus que cela, c’est la contre-révolution dans les actes : celle d’une police déchaînée dans le racisme et la violence de classe, celle d’une armée française plus agressive à l’étranger. Zemmour est l’opposé de la politique prolétarienne, il est le représentant de la bourgeoisie qui veut le plus enrégimenter notre classe. Ses attaques sur la démocratie bourgeoise ne cherchent pas à établir une nouvelle politique, mais avant tout à conserver l’aspect essentiel de la société actuelle : la dictature de la bourgeoisie sur les autres classes, de manière ouverte.
L’illusion démocratique se dissipe : il n’y a plus de place pour les « rêves » de réformes et d’opposition à la bourgeoisie sur son terrain, son parlement, ses élections. Toute la politique bourgeoise est tournée autour de personnages comme Zemmour, dont le rôle historique est la réhabilitation du fascisme. Le prolétariat en France n’a jamais autant rejeté la démocratie bourgeoise qu’aujourd’hui. Si Zemmour est utile à la bourgeoisie, alors il est un ennemi du prolétariat. Il symbolise un système politique en crise, dont les masses populaires ne peuvent rien attendre. Plus encore, un système qu’elles ne peuvent que combattre par la politique prolétarienne, car il s’érige chaque jour plus clairement contre leurs droits, leurs revendications et leur existence même.
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