Les fruits du printemps 2012 : 5 hypothèses sur la crise sociale au Québec
[coming soon in English]
Dans la crise sociale que connaît le
Québec depuis maintenant quelques mois, certains constats s’imposent
maintenant comme des évidences, à commencer par le fait que la
mobilisation sociale contre le gouvernement libéral a atteint une
ampleur inédite, historique.
À partir des premiers jours où il
s'agissait d'un mouvement presque exclusivement étudiant
jusqu'aujourd'hui avec la participation plus large des masses qui ont
emboîté le pas à la grève étudiante dans les manifestations,
jamais au Québec un conflit social n’aura engagé directement
autant de monde d’une manière aussi prolongée.
Même les éditorialistes à la solde
du gouvernement et du patronat, après avoir longtemps minimisé et
méprisé la colère étudiante et populaire, sont aujourd’hui
contraints de reconnaître l’importance de la crise. Politiquement
et socialement parlant, nous nageons dans l’inconnu, un inconnu
plein de possibilités et de promesses. Quelque chose de puissant et
de profond s’est mis en mouvement en ce printemps 2012.
Mais cette mobilisation - plus longue
et plus populeuse que ce qu'on a jamais vu - que signifie-t-elle ? En
quoi se transformera-t-elle ? Que prépare-t-elle pour l’avenir de
la lutte des classes au Québec et au Canada ? Nous croyons que ce
sont les questions brûlantes qui doivent mobiliser la réflexion de
toutes les militantes et de tous les militants révolutionnaires.
Le Mouvement étudiant révolutionnaire
soumettra dans les prochaines semaines cinq textes présentant cinq
hypothèses concernant la crise sociale et politique actuelle. Voici
une brève formulation de ces hypothèses :
- Les derniers mois (et les prochains) constituent un inestimable acquis pour les masses populaires en termes d’expérience de lutte. La pratique politique des masses vient de connaître un bond prodigieux et accéléré. Les structures sociales et politiques n’ont pas bougé – pas encore –, mais le peuple, lui, en revanche, s’en trouve profondément marqué et transformé.
- La combativité et la détermination témoignées par le mouvement étudiant sont exemplaires et risquent d’avoir un effet de « contamination » sur les travailleurs et les travailleuses organisé-es dans le mouvement syndical dans ses batailles des prochaines années. Depuis des décennies les luttes ouvrières sont hypothéquées par le défaitisme et la résignation, bien souvent sous l’influence des directions syndicales elles-mêmes. Cette attitude pourrait bien ne plus être tolérée par des travailleurs et des travailleuses qui refuseront de plus en plus de s’écraser devant les diktats des patrons, inspiréEs notamment par cette éclatante démonstration de résistance et de solidarité.
- Le parti pris du gouvernement pour la bourgeoisie – classe dominante de notre société – est de plus en plus clairement révélé à mesure que la crise sociale s’approfondit. À chaque étape du conflit qui a débuté avec la grève étudiante en février, le gouvernement a fait des choix qui montrent clairement qu’il n’est pas un pouvoir neutre au service du bien commun. Son rôle est d’imposer au plus grand nombre, et par la force si nécessaire, les politiques favorables aux intérêts des capitalistes. Pour beaucoup de monde, la crise a eu un puissant rôle de clarification à ce niveau.
- Un des résultats immédiats de l’affrontement entre le gouvernement et de larges portions du peuple est un important affaiblissement des institutions de pouvoir et des figures d’autorité de la bourgeoisie : le gouvernement, le parlement, les tribunaux, la police, les grands médias. Les masses en lutte ont l’irrépressible conviction de la légitimité de leur révolte. Elles se sentent de moins en moins tenues au respect et à l’obéissance face aux médiocres prétentions démocratiques de ce gouvernement. Elles veulent lui opposer leur propre loi, leur propre pouvoir. Quelques-uns des principaux garde-fous habituels de l’ordre bourgeois sont moins opérants que jamais.
- Les élections qui seront déclanchées dans les prochains mois seront l’occasion privilégiée de porter un coup supplémentaire aux institutions et à l’ordre bourgeois. La seule participation des masses à la politique que la bourgeoisie tolère et encourage, ce sont les élections, là où une fois aux quatre ans le peuple abdique son pouvoir à une poignée de députés sans mandat qui exercent ensuite les pleins pouvoirs. La pression sera forte pour trancher le conflit actuel par les urnes, mais les conditions seront également plus favorables que jamais pour organiser une dénonciation et un refus massif de cette mascarade pseudo-démocratique dont les gouvernements prétendent tirer leur légitimité. Ce sera le moment idéal pour y opposer le projet d’un véritable pouvoir populaire.
Nous espérons que ces hypothèses
seront largement diffusées et débattues parmi ceux et celles qui
luttent pour la révolution et le renversement du capitalisme.
On continue, exigeons tout !
La grève est étudiante,
La lutte est populaire,
La solution est révolutionnaire !
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