Les élections au Brésil
ont finalement débouché sur la victoire du candidat d’extrême-droite
Jair Bolsonaro (ancien militaire et farouche défenseur des forces
armées). Loin d’être une surprise, les résultats de cette élection
s’inscrivent dans la nouvelle conjoncture où les alliances entre les
États capitalistes sont appelées à se transformer en raison de la
modification des contradictions dans le monde, ce qui, en retour, force à
des changements dans le dispositif bourgeois de domination. De fait,
certains États capitalistes s’en sortent relativement mieux dans la
nouvelle conjoncture (par exemple, la bourgeoisie canadienne) tandis que
d’autres États doivent affronter, au niveau interne, une situation
sociale qui est instable, comme c’est le cas au Brésil où les inégalités
sociales croissantes, qui découlent de l’exploitation capitaliste, se
conjuguent à une structure économique, politique et sociale archaïque,
ce qui favorise la constitution de petits royaumes indépendants, la
corruption des élites ainsi que la violence endémique.
La nouvelle conjoncture au niveau international se caractérise par une certaine remise en question de la politique d’entente relative entre les États qui avait cours lors de la période précédente (mondialisation), ce qui pousse les États à se replier sur eux-mêmes et ce qui favorise la réémergence d’un nationalisme de nature ouvertement réactionnaire. Bien que la conjoncture se soit modifiées, il n’en demeure pas moins qu’elle s’inscrit dans le long et difficile déclin du système capitaliste. Cela dit, la particularité de la période, c’est que ce déclin se caractérise par l’affaiblissement des
principales institutions bourgeoises (les gouvernements, les marchés, la démocratie, la culture, etc.), à commencer par le dispositif bourgeois de domination sur la société, c’est-à-dire l’État, et plus particulièrement l’État sous sa la forme libérale démocratique incapable de conjurer les effets de la crise du système capitaliste. Cet affaiblissement prend la forme d’une remise en questions par la bourgeoisie des anciennes alliances établies entre les partis bourgeois et les forces sociales intermédiaires chargées d’encadrer les masses prolétariennes et populaires (en gros, la social-démocratie et la tête de la bureaucratie syndicale) à l’aide desquelles la bourgeoisie a su, dans de nombreux pays, maintenir son pouvoir sur la société pendant toute la période de développement du capitalisme (en gros, les trente Glorieuses, c’est-à-dire les années 1945-1975).
Si la bourgeoisie peut ainsi aujourd’hui se passer de son flanc gauche et ouvertement s’exposer en mettant de l’avant ses éléments réactionnaires, c’est que son flanc gauche s’est complètement discrédité auprès des masses. En effet, en se présentant comme les champions des réformes (contre la révolution) et du progrès graduel (contre le progrès découlant de la révolution prolétarienne), les partis sociaux-démocrates se sont avérés n’être, au final, que de pâles copies des partis bourgeois, c’est-dire être des partis corrompus incapables de réformer durablement quoi que ce soit d’important sous le capitalisme, et donc n’être, au final, que des partis corrompus de réformistes sans réformes, perdant ainsi toute leur utilité dans le dispositif de contrôle des masses que l’on retrouve sous le capitalisme.
Naturellement, l’éjection du flanc gauche n’est pas un fait avéré partout. Toutefois il s’agit d’une tendance lourde. Aussi peut-on constater, un peu partout dans le monde capitaliste avancé, selon l’avancé de la lutte des classes, que la bourgeoisie s’est engagée dans des opérations visant plus où moins ouvertement à se défaire des partis traditionnels en général et des parti réformistes en particulier, devenus des alliés indésirables, instables incapables, et maintenant devenus, à toute fin pratique, inutiles pour le maintien du pouvoir bourgeois. L’idée est simple : il faut renouveler le personnel politique de la bourgeoise pour la période à venir. De fait, on constate aujourd’hui que dans plusieurs États, les bourgeoisies tendent à s’exposer de plus en plus et qu’elles favorisent des politiques de rechange qui reposent sur des « outsiders » capables de canaliser l’important ressentiment de la population vis-à-vis de la classe politique traditionnelle (pensons à Trump, mais aussi à plusieurs pays de l’Union Européenne comme en Italie avec le Mouvement 5 étoiles, la Pologne et le Hongrie). L’exemple récent du Brésil avec l’élection de Bolsonaro en témoigne également.
Du coté de la bourgeoisie, la mobilisation réactionnaire
Lorsque les élections présidentielles ont été lancées, il était déjà évident que le Parti des travailleurs (PT) était déjà largement discrédité. En fait, la grande popularité personnelle de son chef historique, Lula, ne doit pas obscurcir le fait que l’establishment du PT s’est révélé plus bourgeoise que la bourgeoisie en usant du pouvoir pour chercher à se remplir les poches. Le grand malheur pour le PT, c’est que cet enrichissement personnel des principaux bonzes du parti a été trop rapide selon les standards bourgeois eux-mêmes. En effet, ce qui prend normalement des dizaines d’années à réaliser en politique bourgeoise, c’est-dire installer un système de corruption et de clientélisme stable, le PT a cherché à le réaliser en quelques années. Il en a découlé de nombreux cas de fraudes et de corruption.
C’est dans cette conjoncture qu’est arrivé en tête du premier tour des élections le candidat de rechange et nouveau champion de la bourgeoisie brésilienne, Jair Bolsonaro, devant le candidat du PT Fernando Haddad. Rappelons ici que la candidature de Haddad en est une de rechange et que ce dernier a dû se présenter en remplacement de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, ce dernier ayant été reconnu coupable de corruption (comme de nombreux dignitaires du PT) et condamné à une peine de prison.
Le premier tour des élections aura été principalement marqué par un boycott important de la part des masses brésiliennes et par la dégringolade des partis bourgeois traditionnels compromis par de nombreux scandales et par la corruption généralisée à l’ensemble du personnel politique. Ce dernier fait explique d’ailleurs l’ascension de Bolsonaro qui est présenté comme un représentant de l’extrême-droite anti-establishment. Toutefois, outre les propos chocs contre les femmes, les gays, etc., il s’avère que le programme économique que Bolsonaro veut mettre en place est directement enligné sur les grandes orientations bourgeoisies récentes, c’est-à-dire privatiser les entreprises publiques, déréguler le secteur financier, réduire la taille de l’État, mettre en place des mesures de flexibilisation de la main-d’œuvre, réduire le taux d’imposition sur les entreprises et augmenter l’impôt sur le revenu.
Reste maintenant à expliquer pourquoi un Bolsonaro peut réussir à se faire élire avec un tel programme anti-peuple. Autrement dit, qui sont ceux qui ont voté pour lui? Les conditions dans lesquelles peut se développer et arriver au pouvoir ce genre de personnage réactionnaire sont celles d’une crise économique et sociale de longue durée suffisamment profonde pour fragiliser la démocratie bourgeoise jugée incapable de la résoudre. Cette remise en question de la démocratie bourgeoisie, et en premier lieu du personnel politique qui à la tâche d’en organiser le fonctionnement, touche non seulement les partis traditionnels (libéraux ou conservateurs), mais aussi les partis réformistes.
À la crise économique et sociale qui décrédibilise les partis bourgeois, il faut ajouter que ce sont les couches moyennes (la petite-bourgeoisie) qui sont nombreuses dans les pays capitalistes et qui sont attachées à l’idée de l’État efficace et à bon marché qui vienne se ranger derrière des politiques autoritaires. Cela s’explique que ces couches de la société sont durement touchées par la polarisation de la société et voient leur rêve d’une société sécurisée peu à peu disparaître, ce qui, pour elles, constitue une entrave qui menace les possibilités d’ascension sociale et par conséquent, ce qui accentue les risques d’un déclassement. Aussi peut-on constater que ces couches petite-bourgeoises ont tendance à tourner leur rage contre le système démocratique bourgeois jugé inefficace à résoudre les problèmes et à enrayer la violence. En fait, les masses petite-bourgeoises se laissent bercer d’illusions et elles ne réalisent pas que l’inefficacité de l’État à résoudre la crise ainsi que la violence découle du système capitaliste lui-même. Plus encore, ce phénomène prend de l’ampleur lorsque le système s’avère impuissant et corrompu, comme au Brésil. Ainsi donc l’émergence d’un Bolsonaro exprime la politisation active de ces couches sociales tout particulièrement gagnées à l’idée d’un État « fort ». Ces couches sociales basculent du réformisme, démontré trop lent et surtout impuissant, vers une forme d’autoritarisme supposé être en mesure de corriger la situation (rétablir les conditions normales d’exploitation du capitalisme).
Finalement, il faut ajouter à la crise et à la mobilisation des masses petite-bourgeoises un élément particulier au Brésil, à savoir le rôle occulte joué par les forces armées. En effet, les forces armées au Brésil représentent une force militaire importante, c’est un fait, mais aussi une force politique non négligeable qui entretient une nostalgie certaine de la période où elle exerçait la dictature sur le pays au nom de la bourgeoisie (1964-1985). D’ailleurs plusieurs anciens militaires se sont maintenant recyclés en ministres du nouveau gouvernement.
Du coté des masses, la mobilisation révolutionnaire
Les masses prolétariennes et populaires ne sont pas demeurées sans rien faire tandis que la bourgeoisie manœuvrait. En effet, lors des deux tours des élections plus de 40 millions de personnes ont boycotté les élections (dans un pays où chacun est légalement obligé de voter) tandis que plus de 11 millions de personnes ont voté blanc (annulé leur vote). Comme le soulignait le journal Nouvelle démocratie (A Nova Democracia), il s’est agi d’un boycott massif de la farce électorale. Plus encore, ce boycott s’est révélé être plus massif que ne le laissent croire les chiffres officiels, si on considère que plusieurs personnes étaient privées du droit de vote faute d’avoir participé aux autres élections précédentes. Par ailleurs, le boycott des élections n’a pas simplement touché les élections présidentielles, mais aussi les élections au niveau des postes de gouverneurs des différents États ainsi qu’au niveau des élections municipales. Par exemple le taux de boycott a atteint 42% dans l’État de Rio de Janeiro.
En plus de boycotter le vote, les masses se sont engagées activement dans de nombreuses actions visant à exposer la farce électorale, notamment à s’attaquant à l’armée qui avait été déployée pour assurer le bon déroulement des élections, mais dont le rôle était, de toute évidence, celui d’intimider les masses. Ailleurs, d’autres ont attaqué au cocktail molotov des bureaux électoraux. Notons qu’un le cas d’un ouvrier qui a détruit à coup de masse une machine de votation dans la ville de Morro da Fumaça. D’ailleurs, plusieurs machines de votation ont été détruites durant les élections. En agissant, les masses exploitées du Brésil ont pleinement assumé que le boycott des élections ne devait pas se limiter à s’abstenir de voter, mais qu’il devait permettre faire apparaître les perspectives politiques des prolétaires, de la paysannerie et des masses populaires.
Et demain?
La mobilisation des masses contre les élections a suffisamment inquiété la bourgeoisie pour que celle-ci procède à une importante militarisation de la société, notamment en faisant de plus en plus intervenir les forces armées contre les manifestations populaires, sur les campus universitaires, etc. Soulignons que cette démonstration de force de la bourgeoisie n’est pas l’apanage du nouveau gouvernement « fasciste ». En effet, elle a été ordonnée et mise en place par l’État de droit lui-même. Comme quoi la justice bourgeoise est toujours essentiellement réactionnaire.
Guerre populaire oui!
La nouvelle conjoncture au niveau international se caractérise par une certaine remise en question de la politique d’entente relative entre les États qui avait cours lors de la période précédente (mondialisation), ce qui pousse les États à se replier sur eux-mêmes et ce qui favorise la réémergence d’un nationalisme de nature ouvertement réactionnaire. Bien que la conjoncture se soit modifiées, il n’en demeure pas moins qu’elle s’inscrit dans le long et difficile déclin du système capitaliste. Cela dit, la particularité de la période, c’est que ce déclin se caractérise par l’affaiblissement des
principales institutions bourgeoises (les gouvernements, les marchés, la démocratie, la culture, etc.), à commencer par le dispositif bourgeois de domination sur la société, c’est-à-dire l’État, et plus particulièrement l’État sous sa la forme libérale démocratique incapable de conjurer les effets de la crise du système capitaliste. Cet affaiblissement prend la forme d’une remise en questions par la bourgeoisie des anciennes alliances établies entre les partis bourgeois et les forces sociales intermédiaires chargées d’encadrer les masses prolétariennes et populaires (en gros, la social-démocratie et la tête de la bureaucratie syndicale) à l’aide desquelles la bourgeoisie a su, dans de nombreux pays, maintenir son pouvoir sur la société pendant toute la période de développement du capitalisme (en gros, les trente Glorieuses, c’est-à-dire les années 1945-1975).
Si la bourgeoisie peut ainsi aujourd’hui se passer de son flanc gauche et ouvertement s’exposer en mettant de l’avant ses éléments réactionnaires, c’est que son flanc gauche s’est complètement discrédité auprès des masses. En effet, en se présentant comme les champions des réformes (contre la révolution) et du progrès graduel (contre le progrès découlant de la révolution prolétarienne), les partis sociaux-démocrates se sont avérés n’être, au final, que de pâles copies des partis bourgeois, c’est-dire être des partis corrompus incapables de réformer durablement quoi que ce soit d’important sous le capitalisme, et donc n’être, au final, que des partis corrompus de réformistes sans réformes, perdant ainsi toute leur utilité dans le dispositif de contrôle des masses que l’on retrouve sous le capitalisme.
Naturellement, l’éjection du flanc gauche n’est pas un fait avéré partout. Toutefois il s’agit d’une tendance lourde. Aussi peut-on constater, un peu partout dans le monde capitaliste avancé, selon l’avancé de la lutte des classes, que la bourgeoisie s’est engagée dans des opérations visant plus où moins ouvertement à se défaire des partis traditionnels en général et des parti réformistes en particulier, devenus des alliés indésirables, instables incapables, et maintenant devenus, à toute fin pratique, inutiles pour le maintien du pouvoir bourgeois. L’idée est simple : il faut renouveler le personnel politique de la bourgeoise pour la période à venir. De fait, on constate aujourd’hui que dans plusieurs États, les bourgeoisies tendent à s’exposer de plus en plus et qu’elles favorisent des politiques de rechange qui reposent sur des « outsiders » capables de canaliser l’important ressentiment de la population vis-à-vis de la classe politique traditionnelle (pensons à Trump, mais aussi à plusieurs pays de l’Union Européenne comme en Italie avec le Mouvement 5 étoiles, la Pologne et le Hongrie). L’exemple récent du Brésil avec l’élection de Bolsonaro en témoigne également.
Du coté de la bourgeoisie, la mobilisation réactionnaire
Lorsque les élections présidentielles ont été lancées, il était déjà évident que le Parti des travailleurs (PT) était déjà largement discrédité. En fait, la grande popularité personnelle de son chef historique, Lula, ne doit pas obscurcir le fait que l’establishment du PT s’est révélé plus bourgeoise que la bourgeoisie en usant du pouvoir pour chercher à se remplir les poches. Le grand malheur pour le PT, c’est que cet enrichissement personnel des principaux bonzes du parti a été trop rapide selon les standards bourgeois eux-mêmes. En effet, ce qui prend normalement des dizaines d’années à réaliser en politique bourgeoise, c’est-dire installer un système de corruption et de clientélisme stable, le PT a cherché à le réaliser en quelques années. Il en a découlé de nombreux cas de fraudes et de corruption.
C’est dans cette conjoncture qu’est arrivé en tête du premier tour des élections le candidat de rechange et nouveau champion de la bourgeoisie brésilienne, Jair Bolsonaro, devant le candidat du PT Fernando Haddad. Rappelons ici que la candidature de Haddad en est une de rechange et que ce dernier a dû se présenter en remplacement de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, ce dernier ayant été reconnu coupable de corruption (comme de nombreux dignitaires du PT) et condamné à une peine de prison.
Le premier tour des élections aura été principalement marqué par un boycott important de la part des masses brésiliennes et par la dégringolade des partis bourgeois traditionnels compromis par de nombreux scandales et par la corruption généralisée à l’ensemble du personnel politique. Ce dernier fait explique d’ailleurs l’ascension de Bolsonaro qui est présenté comme un représentant de l’extrême-droite anti-establishment. Toutefois, outre les propos chocs contre les femmes, les gays, etc., il s’avère que le programme économique que Bolsonaro veut mettre en place est directement enligné sur les grandes orientations bourgeoisies récentes, c’est-à-dire privatiser les entreprises publiques, déréguler le secteur financier, réduire la taille de l’État, mettre en place des mesures de flexibilisation de la main-d’œuvre, réduire le taux d’imposition sur les entreprises et augmenter l’impôt sur le revenu.
Reste maintenant à expliquer pourquoi un Bolsonaro peut réussir à se faire élire avec un tel programme anti-peuple. Autrement dit, qui sont ceux qui ont voté pour lui? Les conditions dans lesquelles peut se développer et arriver au pouvoir ce genre de personnage réactionnaire sont celles d’une crise économique et sociale de longue durée suffisamment profonde pour fragiliser la démocratie bourgeoise jugée incapable de la résoudre. Cette remise en question de la démocratie bourgeoisie, et en premier lieu du personnel politique qui à la tâche d’en organiser le fonctionnement, touche non seulement les partis traditionnels (libéraux ou conservateurs), mais aussi les partis réformistes.
À la crise économique et sociale qui décrédibilise les partis bourgeois, il faut ajouter que ce sont les couches moyennes (la petite-bourgeoisie) qui sont nombreuses dans les pays capitalistes et qui sont attachées à l’idée de l’État efficace et à bon marché qui vienne se ranger derrière des politiques autoritaires. Cela s’explique que ces couches de la société sont durement touchées par la polarisation de la société et voient leur rêve d’une société sécurisée peu à peu disparaître, ce qui, pour elles, constitue une entrave qui menace les possibilités d’ascension sociale et par conséquent, ce qui accentue les risques d’un déclassement. Aussi peut-on constater que ces couches petite-bourgeoises ont tendance à tourner leur rage contre le système démocratique bourgeois jugé inefficace à résoudre les problèmes et à enrayer la violence. En fait, les masses petite-bourgeoises se laissent bercer d’illusions et elles ne réalisent pas que l’inefficacité de l’État à résoudre la crise ainsi que la violence découle du système capitaliste lui-même. Plus encore, ce phénomène prend de l’ampleur lorsque le système s’avère impuissant et corrompu, comme au Brésil. Ainsi donc l’émergence d’un Bolsonaro exprime la politisation active de ces couches sociales tout particulièrement gagnées à l’idée d’un État « fort ». Ces couches sociales basculent du réformisme, démontré trop lent et surtout impuissant, vers une forme d’autoritarisme supposé être en mesure de corriger la situation (rétablir les conditions normales d’exploitation du capitalisme).
Finalement, il faut ajouter à la crise et à la mobilisation des masses petite-bourgeoises un élément particulier au Brésil, à savoir le rôle occulte joué par les forces armées. En effet, les forces armées au Brésil représentent une force militaire importante, c’est un fait, mais aussi une force politique non négligeable qui entretient une nostalgie certaine de la période où elle exerçait la dictature sur le pays au nom de la bourgeoisie (1964-1985). D’ailleurs plusieurs anciens militaires se sont maintenant recyclés en ministres du nouveau gouvernement.
Du coté des masses, la mobilisation révolutionnaire
Les masses prolétariennes et populaires ne sont pas demeurées sans rien faire tandis que la bourgeoisie manœuvrait. En effet, lors des deux tours des élections plus de 40 millions de personnes ont boycotté les élections (dans un pays où chacun est légalement obligé de voter) tandis que plus de 11 millions de personnes ont voté blanc (annulé leur vote). Comme le soulignait le journal Nouvelle démocratie (A Nova Democracia), il s’est agi d’un boycott massif de la farce électorale. Plus encore, ce boycott s’est révélé être plus massif que ne le laissent croire les chiffres officiels, si on considère que plusieurs personnes étaient privées du droit de vote faute d’avoir participé aux autres élections précédentes. Par ailleurs, le boycott des élections n’a pas simplement touché les élections présidentielles, mais aussi les élections au niveau des postes de gouverneurs des différents États ainsi qu’au niveau des élections municipales. Par exemple le taux de boycott a atteint 42% dans l’État de Rio de Janeiro.
En plus de boycotter le vote, les masses se sont engagées activement dans de nombreuses actions visant à exposer la farce électorale, notamment à s’attaquant à l’armée qui avait été déployée pour assurer le bon déroulement des élections, mais dont le rôle était, de toute évidence, celui d’intimider les masses. Ailleurs, d’autres ont attaqué au cocktail molotov des bureaux électoraux. Notons qu’un le cas d’un ouvrier qui a détruit à coup de masse une machine de votation dans la ville de Morro da Fumaça. D’ailleurs, plusieurs machines de votation ont été détruites durant les élections. En agissant, les masses exploitées du Brésil ont pleinement assumé que le boycott des élections ne devait pas se limiter à s’abstenir de voter, mais qu’il devait permettre faire apparaître les perspectives politiques des prolétaires, de la paysannerie et des masses populaires.
Et demain?
La mobilisation des masses contre les élections a suffisamment inquiété la bourgeoisie pour que celle-ci procède à une importante militarisation de la société, notamment en faisant de plus en plus intervenir les forces armées contre les manifestations populaires, sur les campus universitaires, etc. Soulignons que cette démonstration de force de la bourgeoisie n’est pas l’apanage du nouveau gouvernement « fasciste ». En effet, elle a été ordonnée et mise en place par l’État de droit lui-même. Comme quoi la justice bourgeoise est toujours essentiellement réactionnaire.
En faisant usage de l’armée, la vieille clique
oligarchique qui domine le pays a, par le fait même, intensifié le
niveau de la guerre civile réactionnaire menée contre les pauvres. Cette
intensification s’est accompagnée d’un relèvement du niveau de violence
jugé acceptable par la bourgeoisie contre les exploités et les pauvres,
en particulier dans les favelas – là où on retrouve une population sans
droits et ayant des conditions de vie indécentes. Mais comme nous
l’enseigne l’histoire de la lutte des classes, là où il y a exploitation
il y a aussi résistance, et jour après jour, l’indignation et la
résistance des masses sont appelées à se transformer en une puissante
mobilisation révolutionnaire pour abolir le système qui génère
l’exploitation et la misère. Les manifestations de colère qu’expriment
les masses annoncent que le temps est proche où elles vont se libérer de
la tutelle de la bourgeoisie, et qu’à l’aide des forces maoïstes, elles
vont conquérir le pouvoir politique par la révolution et mettre fin à
jamais à l’exploitation en amorçant le travail de construction d’un
Brésil socialiste, puis communiste!
Élections non!Guerre populaire oui!
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