La Journée
internationale des travailleurs et des travailleuses est habituellement
l’occasion pour les prolétaires de tous les pays de se rassembler,
d’envahir les centres-villes des métropoles et de mener des actions
combatives contre les classes exploiteuses. Cette année, au Québec et au
Canada – comme à bien d’autres endroits dans le monde –, les conditions
ne permettent pas aux masses laborieuses de se réunir et de prendre la
rue. Comme chacun le sait, une pandémie monstrueuse fait rage. Les
prolétaires sont confinés dans leurs domiciles pour limiter la
propagation du virus. En conséquence, les drapeaux et les bannières du
mouvement ouvrier et de la révolution socialiste n’ont pas été déployés.
Mais la lutte des classes ne s’est pas arrêtée pour autant. Et surtout,
l’aspiration du prolétariat à une société nouvelle, libérée de
l’exploitation et du chaos engendrés par la propriété privée bourgeoise
ne s’est pas évanouie, bien au contraire.
Le capitalisme, c’est le chaos!
Les ravages causés
par la propagation incontrôlée du nouveau coronavirus à travers le monde
révèle au grand jour l’incapacité de la bourgeoisie impérialiste à
répondre aux besoins de la majorité de l’humanité et à organiser la
production et la distribution des biens de manière rationnelle. La
pandémie ne fait que commencer, mais déjà, les contradictions du
capitalisme se sont aggravées au point de modifier de manière importante
le fonctionnement des États bourgeois et d’entraîner une dégradation
profonde des conditions de vie des masses populaires. Partout, les
classes dominantes se sont montrées incapables de mettre en place des
mesures préventives, de contrôler la propagation du virus et de fournir à
la population ce dont elle a besoin. Au cœur des citadelles
impérialistes d’Europe et d’Amérique du Nord, où le virus a frappé de
plein fouet dans les dernières semaines, les systèmes de santé sont
saturés et les cadavres s’amoncellent – une situation qui aurait été
absolument impensable quelques mois plus tôt. Dans ces pays, il manque
de tout : kits de dépistage, masques et équipement de protection,
respirateurs artificiels, médicaments, personnel soignant.
Les
travailleuses de la santé sont envoyées au front sans matériel et en
nombre insuffisant. Par ailleurs, l’arrêt d’une grande partie de
l’activité productive, arrêt décrété par la bourgeoisie de plusieurs
pays pour limiter la propagation du virus, a plongé des millions de
prolétaires dans une situation économique catastrophique. Dans plusieurs
pays, le nombre de chômeurs atteint des proportions qui n’avaient pas
été observées depuis des décennies. Au Canada, ce sont plus de 7
millions de personnes qui ont dû se tourner vers une aide
gouvernementale d’urgence, c’est-à-dire plus du tiers de la « population
active ». Partout, les travailleurs et les travailleuses
s’appauvrissent de manière brutale. Et ce n’est que le commencement. On
peut déjà prévoir que les mois et les années à venir seront marqués par
de violentes attaques contre les masses laborieuses alors que les États
bourgeois chercheront à rembourser à leurs créanciers richissimes les
centaines de milliards de dollars qu’ils auront dépensés pour faire face
à la pandémie. Comme elle l’a toujours fait, la bourgeoisie rejettera
entièrement le fardeau de la crise sur le dos des prolétaires et des
ouvriers.
Dans les pays
dominés par l’impérialisme, où les infrastructures sanitaires sont
beaucoup moins développées que dans les pays riches – voire pratiquement
inexistantes dans certains cas –, la pandémie risque de provoquer une
hécatombe. Notamment, dans les pays du continent africain, où 56% de la
population urbaine s’entasse dans des bidonvilles et où seulement 34%
des ménages ont accès à des moyens simples de se laver les mains (selon
les chiffres rendus publics par les impérialistes eux-mêmes), la
propagation du virus pourrait faire des millions de morts. Par ailleurs, alors que l’impérialisme conduit déjà officiellement 21 000 personnes à mourir de faim chaque jour
dans le monde en temps normal, la crise économique qui accompagne la
pandémie – et qui ne fait que révéler une fois de plus l’incapacité du
capitalisme à répartir rationnellement les ressources et les produits du
travail humain – pourrait exposer encore plus de personnes à la famine
dans les pays les plus vulnérables. Selon l’ONU, le nombre de personnes
« souffrant sévèrement de la faim » dans le monde pourrait même doubler en raison des effets de la pandémie de COVID-19.
La réponse
complètement déficiente des classes dominantes à la pandémie montre, aux
yeux des prolétaires de tous les pays, les limites historiques du
capitalisme – une forme d’organisation sociale fondée sur la propriété
privée des moyens de production, sur la concurrence et sur la recherche
du profit maximum. La concurrence inter-impérialiste entre les
bourgeoisies des grandes puissances mondiales a empêché l’adoption de
mesures préventives pour faire face au virus (production et achat en
quantités massives de matériel médical, opérations de dépistage à grande
échelle, investissements dans les réseaux de la santé, formation du
personnel médical, etc.) et a dangereusement retardé la mise en place
des mesures nécessaires pour limiter sa propagation (fermeture des
écoles, arrêt d’une grande partie de l’activité économique, limitation
des rassemblements et des déplacements non-essentiels, confinement,
etc.). Cette même concurrence est maintenant en train de pousser les
différents gouvernements capitalistes à relâcher les mesures de
confinement et à relancer l’exploitation des ouvriers et des
prolétaires, et ce, alors que le virus est toujours là, qu’il est
toujours aussi dangereux, que la grande majorité des populations n’est
pas encore immunisée et qu’aucun vaccin n’est encore disponible. Par
ailleurs, la course entre les grandes entreprises capitalistes pour
produire et vendre au plus haut prix des masques et du matériel médical
de protection, ainsi que la compétition irrationnelle et anarchique
entre les différents États bourgeois pour s’approvisionner auprès de ces
entreprises privées, constituent une preuve accablante de l’absurdité
des lois du capitalisme. Cette opération de brigandage à grande échelle
n’est rien de moins qu’un crime contre l’humanité. Alors que les
ressources mondiales devraient être distribuées en fonction des besoins
des populations, ce sont les États les plus riches (ou les plus rapaces)
qui les accaparent et qui en privent les autres. Aussi, la course au
profit qui caractérise le mode de production capitaliste retarde le
processus de développement d’un vaccin contre le virus – le seul moyen
de mettre une terme à la pandémie sans qu’une large proportion de la
population mondiale ne soit infectée et qu’un nombre incalculable de
personnes ne meurent. Étant donné que la recherche du profit est le
moteur de la production bourgeoise, les capitalistes n’investissent que
dans les domaines qui promettent d’être rentables. Ainsi, les recherches
pour mettre au point un vaccin contre le SARS-CoV-1 ont été abandonnées
lorsque la flambée épidémique des années 2002 à 2004 s’est estompée,
puisqu’il n’y avait plus d’argent à faire. Pourtant, si ces travaux
scientifiques avaient été poursuivis, la recherche pour produire un
vaccin contre le nouveau coronavirus (qui s’apparente sous certains
aspects au SARS-CoV-1) n’aurait pas eu à partir d’aussi loin. Plus
encore, l’affrontement auquel on assiste présentement entre les grands
monopoles pharmaceutiques et entre les différentes nations capitalistes
pour développer le vaccin avant les autres est un non-sens complet. Cet
affrontement absurde rend le processus beaucoup moins efficace qu’il ne
pourrait l’être si les ressources et les connaissances dont l’humanité
dispose étaient mises en commun et si la production était planifiée
rationnellement à l’échelle planétaire pour servir l’ensemble de la
population mondiale. En somme, la propriété privée bourgeoise et la
division de l’humanité en nations concurrentes limitent la capacité des
êtres humains à résoudre les problèmes auxquels ils font face et
empêchent la satisfaction des besoins des larges masses. Le capitalisme
parviendra sans doute à vaincre la pandémie, mais il le fera en
employant des méthodes barbares et au prix de pertes humaines totalement
inutiles.
Poursuivons la lutte pour reconstruire le camp de la révolution prolétarienne!
Dans tous les pays,
la crise actuelle génère une situation explosive. Les contradictions du
capitalisme sont exacerbées. Alors que les conditions de vie des masses
laborieuses se dégradent dramatiquement partout sur la planète,
celles-ci prennent conscience du caractère destructeur du capitalisme et
de l’impérialisme. À mesure que l’appauvrissement du prolétariat
s’aggravera et que les attaques contre la classe ouvrière se
multiplieront, la colère des masses grandira et deviendra de plus en
plus vive. Le désespoir et la frustration devant l’anarchie capitaliste
conduiront les travailleurs et les travailleuses à la révolte. Un peu
partout dans le monde – dans les pays impérialistes comme dans les pays
dominés –, la crise va générer des soulèvements populaires violents
contre les États bourgeois. Les gouvernements capitalistes se préparent
d’ailleurs déjà à faire face à de tels mouvements de révolte en mettant
en place des dispositifs répressifs sans précédant (contrôles policiers,
patrouilles, surveillance, couvre-feux, interdictions de
rassemblements, etc.) et en déployant de vastes campagnes de propagande
pour entraîner les masses à soutenir l’État bourgeois. Partout, les
classes dominantes soufflent dans la trompette du patriotisme pour
amener les prolétaires à se regrouper derrière le drapeau national. Mais
la propagande bourgeoise n’est pas toute-puissante. D’ailleurs, elle
n’a jamais réussi à empêcher que les travailleurs et les travailleuses
se soulèvent pour combattre l’exploitation à laquelle les capitalistes
les soumettent. Elle n’a pas non plus réussi à empêcher la victoire des
grands mouvements révolutionnaires prolétariens du 20e siècle
– soit la révolution bolchévique de 1917 et la révolution chinoise de
1949. Les prolétaires conscients savent que leur intérêt ne réside pas
dans le soutien à « leur » bourgeoisie nationale, mais bien dans l’unité
avec les travailleurs et les travailleuses de tous les pays et dans la
lutte contre l’impérialisme mondial.
Les douze derniers
mois avaient d’ailleurs été marqués par le développement d’importants
mouvements de révoltes populaires à plusieurs endroits dans le monde –
au Chili, en Équateur, en Haïti, en Irak, en Iran, en Algérie, au Liban,
en France, etc. Dans chacun de ces pays, les masses laborieuses sont
descendues dans la rue par milliers pour protester contre les
gouvernements en place, pour dénoncer leurs conditions de vie misérables
et pour combattre les classes dominantes. Ces mouvements ont été
extrêmement encourageants, car ils ont prouvé aux yeux de tous
l’actualité et l’universalité de la lutte des classes et du combat des
exploités contre la bourgeoisie et les classes réactionnaires. À
plusieurs endroits dans le monde, le 1er mai 2020 s’annonçait
particulièrement effervescent. Mais les conditions objectives ont
changé. Aujourd’hui, près de la moitié de l’humanité est en confinement.
À bien des endroits, les travailleurs et les travailleuses ne peuvent
pas prendre la rue. Mais les mêmes conditions qui ont freiné les
mouvements des derniers mois vont bientôt produire une nouvelle vague mondiale de révoltes populaires, encore plus étendue et d’une puissance encore plus grande que la précédente!
Cette nouvelle vague
de révoltes sera l’occasion de donner une nouvelle impulsion, dans tous
les pays, au travail pour reconstruire le camp de la révolution
prolétarienne mondiale. Les communistes doivent se préparer à prendre
part activement aux mouvements populaires qui vont se développer
partout. Lorsque les mouvements vont émerger, ils devront être visibles
et faire connaître leur programme aux prolétaires en luttant à leurs
côtés. Ils devront s’inspirer des formes de lutte développées par le
peuple et les systématiser. Ils devront diriger des combats et jouer un
rôle d’avant-garde dans la lutte des masses. Ils devront forger, au cœur
de la révolte populaire, l’organisation révolutionnaire afin d’armer le
prolétariat pour son combat contre la bourgeoisie. Si le peuple n’a pas
tous les outils nécessaires pour vaincre la classe dominante, les
mouvements de révolte à venir seront appelés à être écrasés par la
réaction ou à s’estomper au bout d’un certain temps. C’est pourquoi il
faut continuer la bataille pour renforcer le camp du peuple et pour
reconstruire, dans chaque pays où il n’existe plus, le parti prolétarien
d’avant-garde. Au Canada, la lutte pour reconstruire ce parti, c’est la
lutte pour développer le Parti communiste révolutionnaire. Et dans les
conditions actuelles, la première étape pour y contribuer est de
propager largement son programme ainsi que les analyses publiées par son
journal en ligne, l’ISKRA!
Ne restons pas les
bras croisés en attendant que la situation ne se modifie par elle-même.
Préparons-nous plutôt avec enthousiasme en vue des soulèvements qui
approchent. Déjà, nous devons nous armer théoriquement en développant
une compréhension juste des événements récents. Nous devons être
attentifs à ce qui se passe dans tous les pays et à la situation
particulière dans laquelle se trouvent nos frères et nos sœurs de classe
partout dans le monde. Nous devons protester dès maintenant contre les
attaques que les bourgeois nous font subir et lutter pour nos
revendications légitimes. Et surtout, nous devons nous préparer pour les
combats à venir en demeurant guidés par l’internationalisme prolétarien
et en ayant comme perspective le renversement complet et définitif du
capitalisme sur l’ensemble du globe terrestre!
Armons-nous de la théorie révolutionnaire en vue de la prochaine vague mondiale de révoltes populaires!Poursuivons la lutte pour reconstruire le camp de la révolution communiste!
Vive le combat de la classe ouvrière internationale et des masses populaires du monde entier!
Vive la Journée internationale des travailleurs et des travailleuses!
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