Monday, January 12, 2015

Down imperialism! Down french imperialism! LIBERTE' POUR LES PROLETAIRES ET LES PEUPLES - We publish all texts that support cette idèes

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Maldonne

Les motivations des manifestants

Les manifestations monstres orchestrées par le pouvoir avec le soutien militant de tous les partis bourgeois, des radios, de la télé et de la presse à grand tirage, ont rassemblé des millions de personnes révoltées par le terrorisme et revendiquant la liberté d’expression et la tolérance. Mais les souhaits des manifestants et les objectifs du pouvoir sont sensiblement différents. C’est même un abîme qui sépare les deux.
Déjà parmi les premiers la volonté de tolérance et la stricte laïcité ne sont pas identiques.
Puis le slogan « je suis Charlie » milite pour la liberté d’expression en général mais il recouvre des réalités très différentes. Certains défendent la ligne éditoriale de Charlie Hebdo, d’autres non, et la plus grande part des manifestants ne l’ont jamais lu puisqu’il tirait à 60 000 exemplaires et battait de l’aile

Et celles de la bourgeoisie

Hollande n’a jamais vraiment souffert des traits de Charlie et Sarkozy avait pistonné son directeur Val à France Inter. C’est selon eux un bon placement maintenant. L’Etat verse un million, l’audiovisuel 500 000, Google 250 000 € et un mystérieux donateur s’engage à le financer pour plusieurs années. Fin de partie pour l’impertinence et l’indépendance d’esprit revendiquées, mais depuis longtemps rentrées dans le rang. Désormais Charlie hébergé par Libé est définitivement intégré au groupe de presse socialo.

L’Union Sacrée était le leitmotiv de la journée et ce sentiment était partagé dans la manifestation, qui arborait des drapeaux tricolores, applaudissait la police et chantait la Marseillaise. Mais très vite on s’est aperçu que chacun des partis bourgeois cherchait à récupérer la recette de Dimanche.
Hollande en avait bien besoin et l’opération terroriste lui est d’un grand secours.
Sarkozy aussi veut se faufiler au premier rang, et Le Pen se tient dans le couloir extérieur.
Finalement l’Union Sacrée n’est pas établie entre le FN et les autres, ni même entre Sarkozy et le PS, notamment sur la question du FN interdit de séjour à Paris.

Les libertés individuelles et la liberté d’expression issues de la révolution bourgeoise et de la philosophie de Voltaire, que les journalistes ont porté aux nues Dimanche, sont des concepts abstraits. La réalité qu’ils recouvrent réserve parfois quelques surprises, comme le passé négrier de Voltaire justement.
Jusqu’où va la liberté d’expression ? Où commence l’antisémitisme de Dieudonné et où s’arrête le « second degré » de Charlie Hebdo ? Et jusqu’où vont la laïcité et sa tolérance envers les religions?
Le port du voile est à peine toléré mais ostracisé et interdit pour certaines professions.
Mais en même temps Valls et Hollande lui-même représentant la France laïque ont coiffé la kipa, afin de montrer la tolérance de notre pays.

Les caricatures de Mahomet ont été présentées comme un exemple de la liberté d’expression qui s’exercerait indifféremment contre toutes les religions.
Or ces caricatures renforcent l’inégalité entre classe aisée et quartier populaire, dont la religion est un marqueur, sans parler de l’image négative des arabes, moches, machos et cons, comme celle des prolos d’ailleurs, dans Charlie Hebdo. Comment s’étonner ensuite que les jeunes des banlieues ressentent de la haine ? Ils sont alors livrés par les journalistes à la vindicte et au racisme, et les pogroms anti arabes ont redoublé.
Enfin sous le slogan « je suis Charlie » le droit à la parole de Charlie Hebdo se transforme en tyrannie de sa ligne éditoriale pro OTAN, un comble pour un canard qui se voulait anar.

Cerise sur le gâteau, la revendication de la liberté d’expression sert maintenant à restreindre les libertés. Et la polémique, amorcée par certains idéologues bourgeois en s’appuyant sur la menace djihadiste, est maintenant sur le tapis. Le Patriot Act est régulièrement évoqué et on ne discute plus de son principe mais du degré de la surveillance. Mais rien ne garantit qu’elle  ne visera que des terroristes et non des opposants ou des syndicalistes. Ce serait bien pratique pour faire passer des réformes anti sociales comme la loi Macron, et de nouvelles atteintes aux ressources des retraités, des chômeurs et de l’ensemble des salariés.
L’unanimité affichée recouvre donc de profondes contradictions.

« Paris centre du monde »…

On a décrété « Paris centre du monde », mais à l’échelle mondiale les victimes du terrorisme se comptent par centaines en Afrique et au Moyen Orient.
Il est intéressant de considérer les pays représentés, ceux absents, et surtout les commentaires étrangers, car il n’y a pas d’unanimité sur Charlie :
La critique des religions n’est pas à armes égales dans le cas de l’islam puisqu’elle s’effectue de pays riche à pays pauvre. Il en est de même pour le bashing systématique pratiqué par l’occident envers les pays émergents. Dernier en date « l’interview qui tue » diffusé incessamment sur les écrans. Par conséquent ces caricatures sont considérées comme controversées ou insultantes par les pays pauvres.
Pour les pays anglo-saxons où la laïcité à la française n’existe pas, la relation entre la liberté d’expression et la liberté de croyance religieuse est différente, d’où la censure des caricatures de Charlie aux USA. A Londres les employés portent le turban ou le voile. Les caricatures sont vues comme des provocations et une source de désordre chez eux.
On a fait remarquer que les pays anglo-saxons n’ont pas reproduit les caricatures de Charlie et on le leur a reproché, en répétant qu’il faut critiquer les religions.
Paris s’est ainsi retrouvé isolé au milieu de ses plus proches alliés : ils ne sont pas Charlie.
A l’inverse Israël a justifié ici ouvertement la légitimité des bombardements de Gaza, en affirmant qu’en défendant sa sécurité Israël et l’occident défendaient les mêmes valeurs.
Cette déclaration officielle qui n’a fait l’objet d’aucune réserve délite ainsi le caractère universel des libertés défendues par la France et confirme le soutien de la France aux sionistes contre le peuple palestinien.

Sarkozy avait mis la Libye à feu et à sang, bombardant les civils, détruisant l’infrastructure économique, et étatique : les arsenaux de Kadhafi ont rempli les pick up des salafistes.
Hollande a financé et armé l’opposition en Syrie, laquelle a été décimée ou s’est fondue dans les rangs de Daech. Ainsi la France a soufflé sur les braises du terrorisme, malgré les avertissements lancés par la communauté internationale. La Syrie, l’Iran, la Chine, ont envoyé des condoléances en rappelant la nécessité de respecter les conventions internationales. Avertie des retombées qu’elle risquait pour elle-même, la France n’en a tiré aucune leçon, ni pour une collaboration avec Assad contre le terrorisme, ni pour s’opposer au double jeu saoudien. Pourtant l’œil du cyclone c'est la Syrie.
Mais Hollande veut toujours déstabiliser ce pays et là encore la France est très isolée.

Le traité de Schengen d’ouverture des frontières, dit « espace de liberté, de sécurité et de justice », est aussi ébranlé par le terrorisme et la lutte anti terroriste. Déjà Madrid l’a remis en question, et on notera que Le Pen revendiquait sa suppression. C’est un échec du libéralisme européen et de l’Europe elle-même.

Tout ça fait beaucoup de contradictions que n’ont évidemment pas résolues les millions de manifestants. Passé le moment d’enthousiasme et la force ressentie il faudra naturellement se pencher sur ces contradictions et les résoudre dans la pratique et non dans les grands principes. La bourgeoisie n’en prend pas le chemin, tout au contraire.
Comme la déclaration de De Gaulle aux pieds noirs « Je vous ai compris », il y a maldonne. La pommade des socialos s’avèrera une nouvelle canaillerie dès qu’ils passeront à l’acte et nombre de marcheurs s’estimeront alors floués.

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Communiqué
HALTE A L’INSTRUMENTALISATION DE L’EMOTION :
REFUSONS LA MASCARADE DE L’UNITE NATIONALE
Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

Samedi 10 janvier 2015

Le FUIQP a condamné immédiatement les attentats de cette semaine. L’assassinat n’est pas pour notre organisation une forme d’action politique souhaitable, légitime ou justifiable. Nous condamnons tout aussi fermement la multiplication des actes islamophobes (plus de 20 actions contre des lieux de cultes ou des personnes ces trois derniers jours) et l’instrumentalisation de l’émotion en cours, qui prend comme nom « appel à l’unité nationale » et comme slogan « nous sommes tous Charlie ». 
Nous ne pouvons pas et ne voulons pas être Charlie
L’instrumentalisation de l’émotion conduit à « mettre de l’huile sur le feu », à multiplier les victimes d’actes islamophobes, à soutenir ceux qui par leurs politiques internationales (participation à des guerres impérialistes d’agression), leurs politiques économiques (fragilisation sans précédent des classes populaires) et leurs politiques sociales (depuis la loi sur le foulard de 2004, les mesures islamophobes d’Etat se sont succédées).
L’unité nationale, pour sa part, vise à offrir une caution aux choix politiques qui se prendront en « notre nom » au prétexte de nous protéger. Des appels à un Patriot Act à la française se font déjà entendre. Il s’agit ni plus ni moins que d’obtenir un consentement à la restriction de nos libertés démocratiques, d’une part, et à rendre légitime une répression ouverte contre les récalcitrants. L’interdiction de manifester son soutien au peuple palestinien que le gouvernement socialiste a prise cet été doit nous servir d’avertissement. Les lourdes condamnations qui ont suivi, dans un silence médiatique assourdissant et sans réaction importante des grandes formations politiques, sont un autre signal d’alerte que nous devons entendre.  Enfin, au nom de l’unité nationale, on voudrait nous faire défiler avec des dirigeants israéliens d’extrême droite coupables de crimes de masses en Palestine.
Malgré l’atrocité de l’attentat à Charlie Hebdo, nous ne pouvons pas oublier tout ce qui nous sépare de ce journal. Le faire serait autoriser le déploiement encore plus fort des idées de l’hebdomadaire que nous payons déjà chèrement quotidiennement.  Le slogan « nous sommes Charlie » exige de nous, en effet, de nous solidariser avec des propos qui ont contribué à créer la situation dangereuse actuelle. Nous ne voulons pas être Charlie parce que nous combattons et continuerons de combattre l’islamophobie qu’a véhiculée cet hebdomadaire. Nous ne voulons pas être Charlie parce que nous nous sommes toujours opposés, et nous continuerons à le faire, aux guerres impérialistes, alors que cet hebdomadaire a soutenu toutes les guerres de l’OTAN. Nous ne voulons pas être Charlie parce que nous apprécions l’œuvre salutaire de Noam Chomsky sur la contribution des grands médias aux dominations contemporaines et que l’ancien directeur de l’hebdomadaire pense lui que « Chomsky et Ben Laden : même combat ».  Sans parler des propos sexistes, homophobes et de mépris des classes populaires réduites à l’image du « beauf », que véhicule l’hebdomadaire.
Nous refusons les politiques de la peur
La violence qui a tué aujourd’hui est le résultat de plusieurs causes cumulées qui ont déjà fait des millions de victimes, victimes des guerres pour le pétrole et le minerai, de l’islamophobie d’Etat, de la précarisation et la paupérisation des classes populaires, des discriminations racistes, etc. C’est pourquoi nous condamnons toutes celles et ceux (classes dominantes en tête, médias, politiques, « experts ») qui, plutôt que de pousser à la réflexion sur les causes, suscitent une « politique de la peur » en amplifiant la panique émotionnelle qui a suivi l’attentat. Refusons ces logiques qui (volontairement pour certains pyromanes et inconsciemment pour d’autres) conduisent à une « stratégie du choc » par les classes dominantes qui ont appris à tirer profit de tous les drames. Tant de commentaires, de directs, de discours et de réactions, sans contribuer à augmenter notre compréhension de la situation, des causes et des effets. La condamnation d’un acte barbare ne nous contraint pas à nous soumettre à des idéologies qui nous détruisent.
Refuser la politique de la peur, c’est aujourd’hui refuser l’unanimisme national que l’on nous propose/impose politiquement et médiatiquement. Il n’y a pas de « communauté nationale » qui réunirait toutes les classes, pas plus avant l’assassinat à Charlie Hebdo qu’après (pas plus qu’il n’existe de « communauté musulmane » unie et homogène d’ailleurs). L’unité nationale est un mythe visant à unir ceux qui devraient être divisés (les classes sociales aux intérêts divergents) et à diviser ceux qui devraient être unis (les classes populaires quelles que soient leurs croyances ou non croyance). On ne peut pas faire communauté nationale lorsque la nation est divisée, fracturée par des rapports inégalitaires et des rapports de domination. La société française ne créera jamais d’appartenance ou de sentiment à la nation à marche forcée sans poser la question de la justice sociale et des inégalités racistes, sexistes et de classe.
 Serrons-nous les coudes
Nous adressons enfin notre soutien à celles et ceux qui, de toutes origines et de toutes religions, tout en condamnant l’acte terroriste, « ne sont pas Charlie », n’ont pas participé à la minute de silence, ni aux défilés, et qui ont une boule au ventre depuis l’attentat, extrêmement inquiets pour eux ou leurs enfants, ou en colère, à la fois contre les auteurs de l’attentat et contre une mobilisation nationale impulsée par en haut qui ne peut avoir pour résultat que d’initier encore plus une logique de « guerre civile » dont les premiers résultats sont la vingtaine d’agressions contre des lieux de culte ou des concitoyens musulmans réels ou supposés.
Nous appelons ceux qui ont sincèrement été défiler pour défendre la « liberté d’expression » ou pour refuser la violence meurtrière, à prendre rapidement du recul et à réfléchir aux causes, conséquences et enjeux du contexte actuel.  Nous les appelons à s’interroger sur les bénéficiaires de la stratégie de la tension qui se met en place et sur ses conséquences : banaliser l’islamophobie, produire une tension permanente entre deux composantes de notre société, limiter nos droits et nos libertés « pour nous protéger », pénaliser l’antisionisme en le présentant comme antisémitisme, empêcher le développement de la contestation sociale qu’appelle la fragilisation sociale et économique des classes populaires (et même des couches moyennes). 

N’ayons pas peur. Regroupons-nous. Organisons-nous.

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