Friday, May 17, 2019

Venezuela : à bas l’intervention de l’impérialisme US et de ses alliés ! ISKRA Canada


L’impérialisme canadien s’est récemment associé avec d’autres puissances impérialistes, principalement les États-Unis, pour renverser, à travers un coup d’État, le gouvernement du président Nicolás Maduro au Venezuela, qu’ils accusent d’exercer un pouvoir dictatorial sur son peuple et d’être responsable d’une « crise humanitaire » au pays. Les porte-paroles des impérialistes reprochent au président d’avoir suspendu les pouvoirs de la chambre législative à la faveur d’une Assemblée constituante dont l’élection a été boycottée par l’opposition. Ils lui reprochent également de s’ingérer au niveau du pouvoir juridique et donc de ne pas respecter le dogme libéral de l’indépendance des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire).
Outre le fait que Maduro a été élu en tout respect des règles démocratiques bourgeoises, outre le fait que les États-Unis et le Canada ne sont pas particulièrement bien placés pour donner des leçons de démocratie, l’ingérence des impérialistes doit être dénoncée parce qu’elle est une atteinte directe à la souveraineté nationale du Venezuela. Il appartient à la nation vénézuélienne de déterminer son avenir et non à des puissances étrangères. Or, les impérialistes américains et canadiens ne l’entendent pas ainsi et s’arrogent une fois de plus le droit de décider du sort d’un autre pays en se livrant à la manipulation la plus éhontée et en s’engageant dans une aventure criminelle visant à mettre en place un gouvernement fantoche servant leurs intérêts. Présentement, les États-Unis se préparent même à l’éventualité d’une intervention militaire directe si la situation intérieure au Venezuela n’évolue pas dans le sens qu’ils souhaitent.
Il ne faut pas se laisser duper par la rhétorique « humanitaire » de Justin Trudeau et de sa ministre des affaires étrangères Chrystia Freeland. En vérité, ce n’est rien d’autre que l’espoir d’un pillage encore plus important du Venezuela qui pousse les États-Unis et le Canada à intervenir dans ce pays, lequel, il faut le mentionner, abrite les plus importantes réserves prouvées de pétrole au monde. Il semble que la Russie et la Chine ont aussi dans leur mire l’exploitation des ressources de ce pays. Néanmoins, dans le contexte international actuel, les impérialistes de ces deux pays ne s’ingèrent pas encore directement dans la vie politique interne du Venezuela comme le font les impérialistes US et leurs alliés. Évidemment, les États-Unis et le Canada n’apprécient pas de voir se développer des relations de plus en plus étroites entre le régime Maduro et leurs concurrents russes et chinois. Cela explique en partie les motivations derrière le coup d’État qu’ils organisent présentement pour le renverser.
Dans leur livre de 2016 Blood of extraction: Canadian Imperialism in Latin America, Todd Gordon et Jeffrey Webber donnent des indications sur l’expansion du capital canadien – notamment du capital minier – en Amérique latine et dans les Caraïbes. En 1990, les capitaux canadiens en Amérique latine, sous forme d’investissements étrangers directs cumulatifs (IED), s’élevaient à 2,58 milliards de dollars canadiens. En 2000, ils s’élevaient à 25,3 milliards et en 2013, à 59,4 milliards, ce qui représente une augmentation de 2198% depuis 1990. De 2007 à 2012, le Canada a été la deuxième source d’IED dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, derrière les États-Unis seulement.
Plus de la moitié des actifs miniers canadiens détenus à l’étranger, soit quelque 72,4 milliards de dollars canadiens, sont en Amérique latine et dans les Caraïbes. Si deux mines canadiennes étaient en exploitation dans la région en 1990, en 2012, ce nombre est passé à quatre-vingts. Une cinquantaine d’autres seraient actuellement en développement ou en prospection. Les mines en exploitation ont généré des revenus combinés de 19,3 milliards de dollars canadiens en 2012 pour les entreprises canadiennes. En 2014, 62% de toutes les mines actives dans la région appartenaient à des sociétés ayant leur siège social au Canada.
Il est clair que Juan Guaidó, le leader de « l’opposition » au Venezuela qui s’est autoproclamé président et qui n’est en réalité qu’un misérable pantin des États-Unis, ouvrirait les frontières du pays aux minières et aux pétrolières canadiennes s’il accédait au pouvoir. Cela suffit à expliquer pourquoi le Canada joue actuellement un rôle de premier plan dans la mise en œuvre du coup d’État qui se déroule au Venezuela. La politique impérialiste canadienne ne sert en rien les intérêts des masses populaires vénézuéliennes. La « crise humanitaire » dont les impérialistes se servent pour justifier leur intervention n’a pas été causée par le « socialisme » ou encore par l’incurie des dirigeants actuels du pays, comme ils le clament. En fait, cette « crise », s’il faut l’appeler ainsi, est d’abord et avant tout le résultat de leurs propres agissements ! En effet, l’état dans lequel se trouve actuellement le pays est en grande partie dû à un embargo initié par les États-Unis et respecté pas ses laquais dans la région, en plus d’être la conséquence « normale » de la domination générale exercée sur lui par l’impérialisme mondial. De fait, la politique des impérialistes américains et canadiens, si elle va jusqu’au bout, ne fera qu’empirer la situation du peuple vénézuélien.
L’impérialisme US a toujours tenté de renverser le régime bolivarien depuis que celui-ci a été mis en place. Il y a eu l’épisode de la tentative de coup d’État contre Hugo Chávez en 2002 et, par la suite, les appuis à peine cachés envers l’opposition. Depuis la mort de Chávez, le régime s’est affaibli, à cause notamment de la baisse des cours du pétrole sur le marché international. Si la politique vénézuélienne d’indépendance pétrolière suscite l’ire de l’impérialisme US et de ses alliés canadiens et européens, c’est tout de même elle qui a permis d’offrir de l’assistance sociale à une importante fraction des masses populaires du Venezuela et qui a permis l’émergence d’une nouvelle fraction bourgeoise, notamment au sein des entreprises de l’armée liées au régime.
Aujourd’hui, même si le soutien dont bénéficie le régime n’est pas comparable à celui sur lequel il pouvait compter à l’époque de Chávez, Maduro conserve un fort appui dans la population (une fraction importante des masses populaires, l’essentiel des forces armées, des secteurs d’affaires profitant du régime, etc.) et les manœuvres de sabotage ne suffisent pas à l’entamer. « L’opposition » a appelé les officiers et les soldats de l’armée vénézuélienne à faire défection, mais cet appel semble n’avoir eu presque aucun impact pour le moment. S’il y a eu quelques changements d’allégeance, le mouvement est demeuré très marginal. Si l’impérialisme US s’engage dans la voie de l’intervention militaire, cela pourrait conduire à une guerre civile dont il n’est pas clair que l’opposition en sortirait victorieuse.
Le capitalisme dans les nations dominées
Dans un pays dominé par l’impérialisme survivent des rapports de production pré-capitalistes qui restreignent les possibilités de développer un marché national interne. Cela veut dire qu’une bourgeoisie nationale, capable de choix politiques indépendants, a peu de chance d’émerger.
Dans ce contexte, deux types de grande bourgeoisie, tous les deux liés au marché mondial impérialiste et qui, dans certains pays, ont pu se confondre, se développent : la bourgeoisie compradore et la bourgeoisie bureaucratique. Ce qui détermine quelle fraction de la grande bourgeoisie domine dans un pays donné, c’est la place de l’État dans l’économie. Pour la bourgeoisie compradore, une réduction de l’État à ses fonctions régaliennes (police, armée, monnaie) est préférable, alors que la bourgeoisie bureaucratique, par définition, est liée à un plus grand interventionnisme étatique. Dans le cas d’un pays où la bourgeoisie bureaucratique joue un rôle important, l’armée a non seulement une fonction de répression, mais elle intervient elle-même aussi dans l’économie. Dans ses relations avec les puissances impérialistes, la bourgeoisie compradore entretient de simples rapports commerciaux, de financement bancaire privé ou d’investissements sous forme d’action ne passant pas par l’intermédiaire de l’État. Elle est donc partisane d’une liberté intégrale des investissements directs étrangers sur le territoire du pays. La bourgeoisie compradore profite directement de la spoliation du pays par le capital étranger. Sur le plan politique, elle fait preuve d’un défaitisme complet face aux impérialistes. De son côté, la bourgeoisie bureaucratique cherche un certain contrôle, un tamisage au niveau des investissements étrangers et, au niveau de la politique commerciale, cherche à baliser les échanges et les partenariats. Au niveau interne, la bourgeoisie bureaucratique vise le développement d’une bourgeoisie locale, mais qui reste dépendante de l’appareil d’État compte tenu de l’insuffisance du marché économique national. Malgré ses visées « autonomistes », elle reste tout de même dépendante du marché mondial, du financement et des investissements de l’étranger et ce, même si elle souhaite opérer une certaine substitution plus locale.
Comment peut se développer une bourgeoisie nationale avec un marché national ? Historiquement, cela passait par de fortes réformes agraires, voire par une révolution agraire à la campagne pour redonner aux paysans la propriété – individuelle ou collective – de la terre, aux dépens des grands propriétaires fonciers qui exploitent la terre pour le marché international ou qui ne l’exploitent pas du tout. Au mieux, la bourgeoisie bureaucratique peut opérer certaines expropriations de terres non cultivées ou peu cultivées, les nationaliser ou en remettre la propriété à des paysans. Néanmoins, compte tenu de son lien de dépendance avec le marché international, elle ne peut pas aller au-delà d’un certain seuil. Des classes dominantes réactionnaires se maintiennent donc à la campagne. Même si elle entre en fort conflit avec certaines puissances impérialistes, avec des secteurs bourgeois compradore et avec des grands propriétaires fonciers semi-féodaux, la bourgeoisie bureaucratique ne va jamais au-delà d’un certain seuil de lutte parce qu’elle demeure dépendante du marché extérieur et soumise à l’impérialisme mondial.
Spécificité du capitalisme bureaucratique au Venezuela
Le Venezuela est une semi-colonie, c’est-à-dire un pays dominé et exploité par plusieurs puissances impérialistes. L’économie du Venezuela est caractérisée par le capitalisme bureaucratique. Actuellement, le pays est dominé par une bourgeoisie bureaucratique liée à l’intervention de l’État dans l’exploitation pétrolière. C’est cette fraction de la grande bourgeoisie vénézuélienne qui est représentée par le régime Maduro au pouvoir et qui est entrée en conflit avec la bourgeoisie compradore et avec l’impérialisme US. Les capitalistes américains ont depuis longtemps des intérêts économiques au Venezuela. Or présentement, la bourgeoisie bureaucratique vénézuélienne, dans sa lutte contre la fraction compradore, est en train d’opérer un repositionnement du pays vers des impérialistes concurrents des États-Unis, soit la Russie et la Chine. C’est ce qui suscite l’ire des impérialistes américains et de leurs laquais vénézuéliens. À terme, le processus de repositionnement entamé par la bourgeoisie bureaucratique doit la mener à devenir elle-même une bourgeoisie compradore représentant les intérêts russes et chinois, mais ce n’est pas encore le cas pour l’instant. L’action politique du régime Maduro est encore relativement autonome, bien que son opposition aux impérialistes américains ne soit pas totalement conséquente et qu’elle représente un cul–de–sac pour le futur. Pour ce qui est de « l’oppostion » menée par la marionnette Juan Guaidó, elle est entièrement subordonnée à l’impérialisme US et elle n’agit que pour soumettre immédiatement le Venezuela à une plus grande emprise des États-Unis. Pour plus de précisions, ajoutons qu’on retrouve aussi au sein de « l’opposition » une fraction d’anciens bourgeois bureaucratiques qui ont pris leurs distances du régime Maduro, mais qui, bien qu’ils voient d’un mauvais œil le chavisme, ne sont pas prêts à liquider toutes les entreprises d’État – notamment la PDVSA, productrice de pétrole. Cette fraction bourgeoise n’est pas nécessairement intéressée à reprendre le pouvoir en étant trop redevable à l’impérialisme US et en ayant l’odieux d’avoir remporté une guerre civile par procuration, c’est-à-dire essentiellement avec l’aide de forces militaires étrangères. Cela rend la situation d’autant plus complexe.
Pour comprendre l’actuelle situation au Venezuela, il vaut la peine de faire un retour historique. L’essor du capitalisme bureaucratique dans ce pays résulte du développement de l’industrie pétrolière et du désir de la contrôler nationalement. Depuis les années 1920, cette industrie est essentiellement contrôlée par des multinationales étrangères. Or, dans les années 1940, une fraction bourgeoise, représentée par le social-démocrate Romulo Betancourt de l’Action Démocratique, milite pour la nationalisation de l’industrie pétrolière sans nuire aux intérêts de la bourgeoisie vénézuélienne. Ce dernier s’associe même à une fraction de l’armée pour renverser le Général Isaías Medina Angarita, lequel s’est pourtant déjà engagé à donner plus de pouvoir à l’État au détriment des multinationales dans le dossier des hydrocarbures. Les militaires écartent Betancourt et poursuivent les politiques de Medina Angarita. En 1958, Betancourt est finalement élu et s’engage à aller plus loin au niveau de la nationalisation des hydrocarbures. À cette époque, le Venezuela pilote une coordination de pays producteurs de pétroles qui donnera naissance à l’OPEP en 1960.
À partir des années 1960 jusque dans les années 1990, l’armée n’intervient pas comme tel dans les affaires de l’État. Dans les années 1960 et 1970, il y a une forte activité de guérilla au pays et l’armée s’attelle surtout à la réprimer. C’est durant les mêmes décennies que la situation salariale des travailleurs et des travailleuses s’améliore de beaucoup. Dans les années 1980, le Venezuela connaît une période de forte inflation en raison d’un écroulement des prix du pétrole. À la fin des années 1980, Carlos Andrés Pérez, encore de l’Action Démocratique, impose au peuple une politique néolibérale qui suscite une révolte populaire en 1989. Jusqu’à la fin des années 1990, l’appauvrissement s’accroît. Alors que le taux de progression moyen du PIB PPA (parité de pouvoir d’achat) dans le monde entre 1990 et 2002 est de 57 %, le Venezuela est l’un des rares pays où celui-ci baisse en passant de 6 169 dollars par habitant en 1990 à 5 380 dollars en 2002 et à 4 740 dollars en 2003. Plus de 80 % des vénézuéliens et des vénézuéliennes vivent dans la pauvreté en 1999. Le pouvoir d’achat d’un salarié en 1998 est le tiers de celui d’un salarié de 1978.
La vieille fraction capitaliste bureaucratique à l’origine des nationalisations des hydrocarbures est manifestement en crise dans les années 1990. Elle se complaît trop dans sa subordination à l’impérialisme et finit par se confondre avec la fraction bourgeoise compradore. Certaines fractions capitalistes bureaucratiques souffrent de l’effondrement économique et de l’incapacité de l’État à jouer un rôle positif dans la régulation de l’économie. En même temps, une grogne gagne une fraction de l’armée qui n’a plus vraiment d’adversaires militaires à réprimer et qui est insatisfaite de la politique de l’État. La place pour une nouvelle bourgeoisie bureaucratique, un peu plus indépendante vis-à-vis de l’impérialisme (surtout américain) et se distinguant de la fraction compradore, se dessine dans les années 1990. C’est là qu’intervient Chávez.
L’ère de Chávez et Maduro
Dans ses premières années au pouvoir, Chávez met sur pied des programmes sociaux avec les revenus tirés de l’exploitation pétrolière pour servir les couches populaires. Il vise aussi à développer un marché régional où les pays participants peuvent s’échanger les biens et services qu’ils sont capables de produire efficacement. Cuba ne peut produire du pétrole, mais produit des médecins. À prix avantageux, Cuba reçoit du pétrole et, en échange, ouvre des missions de médecins cubains dans les zones populaires du Venezuela.
Le régime Chávez réussit à se gagner un appui populaire. Par ailleurs, animé par une forme de christianisme social, il ouvre la porte à des formes de « pouvoirs locaux » où les masses peuvent organiser des projets qui touchent leurs petites communautés. Il est certain que ce semblant de pouvoir populaire, plutôt localiste, entretient des illusions sur le rôle de l’État bourgeois et sur la nature du régime bolivarien, que beaucoup identifient à tort au socialisme. Néanmoins, cela permet aussi un réseautage entre les forces populaires.
En 2002, quand l’impérialisme US téléguide un coup d’État contre Chávez, ce dernier compte sur l’appui de larges pans des masses populaires pour se maintenir au pouvoir. À ce moment, on trouve encore une fraction de l’armée vénézuélienne prête à se rallier franchement à l’impérialisme US, en plus des secteurs d’affaires, dont certains liés à l’État, qui grenouillent contre les orientations de Chávez. Par la suite, certains officiers sont écartés et remplacés par des éléments fidèles au régime. Une fraction de l’armée se voit offrir l’occasion d’investir dans l’économie. Les éléments de la bourgeoisie – notamment ceux faisant partie des entreprises publiques ou ayant des liens avec l’État – qui se sont trop associés au coup d’État écopent. De nouveaux secteurs bourgeois émergent.
Jusqu’en 2014, l’économie vénézuélienne bénéficie de cours mondiaux du pétrole élevés qui permettent l’entrée d’argent dans le pays. Par contre, le régime ne réussit pas à mettre en place des réformes économiques pour diversifier son économie et être moins dépendant des fluctuations du marché mondial. Il y a une certaine réforme agraire au début des années 2000, mais elle se distingue à peine de celle entamée au début des années 1960. Certes, dans certains domaines alimentaires, on développe une certaine autosuffisance. Il reste que dans le domaine agro-alimentaire, le Venezuela demeure dépendant.
La défaite lors du référendum constitutionnel de 2007, dans lequel il est question du « socialisme du XXIe siècle », enlève beaucoup de marge de manœuvre au gouvernement Chávez. Dans les faits, Chávez a réussi à développer des secteurs bourgeois bureaucratiques qui lui sont loyaux, mais pas une bourgeoisie capable de se concerter dans un plan d’indépendance économique nationale demandant le développement d’un marché national interne.
Par nature, la bourgeoisie bureaucratique, dont l’existence est liée à la domination impérialiste exercée sur le pays dans lequel elle émerge ainsi qu’à l’inexistence d’un véritable marché national, n’a pas la capacité de développer cette indépendance économique. Par ailleurs, la visée du gouvernement bolivarien est de développer un marché régional, voire de ressusciter le projet de Bolivar qui voulait faire de l’Amérique Latine une seule et même nation. Une telle perspective ne signifie pas nécessairement construire un marché national et une bourgeoisie nationale. Par exemple, le Brésil, pourtant un grand pays avec une forte population, n’a pas réussi à développer une véritable bourgeoisie nationale et un véritable marché national.
La fraction capitaliste bureaucratique actuellement au pouvoir au Venezuela se retrouve dans la même situation que la fraction capitaliste bureaucratique au pouvoir dans les années 1980. La forte dépendance de l’économie envers le pétrole et les fortes fluctuations des cours du pétrole ont entraîné à l’époque une crise de la bourgeoisie bureaucratique et c’est à nouveau le cas aujourd’hui. Présentement, la bourgeoisie compradore inféodée à l’impérialisme US profite de cette crise pour tenter de reprendre le contrôle du pays et ainsi rediriger vers elle – et vers les capitalistes américains – la part des profits accaparés jusque-là par la fraction bureaucratique. Si le coup d’État va jusqu’au bout, le pays passera de l’état de semi-colonie à celui de colonie directe des États-Unis, ce qui aggravera considérablement les souffrances des masses populaires vénézuéliennes.
Dans le contexte actuel, le prolétariat international doit impérativement se porter à la défense de la nation et du peuple vénézuéliens agressés et dénoncer vigoureusement les plans des impérialistes américains visant à soumettre le pays à encore plus de pillage et d’exploitation. Au Venezuela, la contradiction entre la nation et l’impérialisme, principalement l’impérialisme US, est devenue la contradiction principale. Avec la menace d’une invasion militaire qui se profile à l’horizon, tous les efforts allant dans le sens de la défense du pays contre l’agression impérialiste doivent être soutenus.
Pour ce qui est du régime Maduro, une victoire contre les impérialistes américains ne peut que lui sauver temporairement la mise. La crise de la bourgeoisie bureaucratique risque de se prolonger, le pays demeurant soumis à l’impérialisme mondial. L’autonomie relative dont bénéficie actuellement le régime tendra de plus en plus à disparaître, à mesure que se renforceront les liens du régime avec les impérialistes russes et chinois, lesquels vont poursuivre leur pénétration dans le pays. La bourgeoisie bureaucratique tendra à se transformer en une nouvelle bourgeoisie compradore, comme cela s’est produit dans les années 1990.
Au Venezuela, le capitalisme bureaucratique devra éventuellement être renversé par les masses populaires à travers une véritable révolution : une révolution de nouvelle démocratie dirigée par le prolétariat et menant au socialisme. À ce jour, il reste au prolétariat vénézuélien à clarifier ses objectifs et à se doter d’une direction politique indépendante et conséquente, capable de mener une telle révolution !
À bas l’intervention de l’impérialisme US au Venezuela !
Dénonçons les manœuvres impérialistes du Canada !
Victoire à la nation et au peuple vénézuéliens !

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