Tuesday, February 21, 2017

class struggle in Algeria

Algérie : « On assiste aujourd’hui à une montée de grèves et de luttes urbaines » extrait


La politique d’industrialisation poursuivie par le pouvoir algérien est plutôt une politique de « désindustrialisation », après une politique économique centrée sur une industrie « industrialisante » menée avec beaucoup de volontarisme les premières décennies de l’indépendance. Le pouvoir, dès les années 1980, sous la présidence de Chadli Benjedid a engagé une restructuration de tout l’appareil productif tant industriel qu’agricole.
L’offensive des libéraux dans la décennie 1990 a trouvé chez Bouteflika son homme providentiel, un « Bonaparte éclairé ». Celui-ci a mené une politique de privatisations tous azimuts avec cependant une intégration très prudente au marché mondial. Cette prudence est dictée par deux considérants. Le premier est économique : l’impérialisme vise surtout les richesses énergétiques et une sous-traitance sans condition des secteurs économiques les moins porteurs. Le deuxième est surtout social : l’équilibre acquis par la société algérienne, tout relatif par ailleurs, est historiquement attaché à la souveraineté nationale et à une protection du marché national et de ses secteurs énergétiques. Il s’avère donc difficile voire impossible d’effacer ces acquis d’un revers de main. La résistance populaire, des travailleurs, y compris des secteurs de la bourgeoisie et de la bureaucratie bourgeoise au pouvoir, a eu raison des velléités néolibérales de la présidence.
Mais aujourd’hui, cette prudence n’a mis hors privatisation que les seuls secteurs énergétiques du pétrole et du gaz sous contrôle de la Sonatrach et de la Sonelgaz. Tous les autres secteurs sont pratiquement privatisés ou en cours de privatisation. Et l’ensemble de l’activité économique reste ainsi très dépendante des prix du pétrole, dont la baisse accentue les tensions.

Les effets de ces privatisations commencent à se faire sentir dans le monde du travail par une grande précarisation et une montée du chômage, notamment chez les jeunes et les nouveaux diplômés.
Bien évidemment, ces privatisations enrichissent des secteurs de la grande et moyenne bourgeoisie qui devient de plus en plus agressive et offensive sur le plan politique.
Si d’un côté, le monde du travail, les jeunes chômeurs, les étudiantEs se battent, mènent des grèves et des protestations d’une manière récurrente – avec malheureusement une grande faiblesse sur le plan de l’organisation syndicale –, le patronat en revanche exerce des pressions plus organisées, avec une forte présence au niveau médiatique et des liens forts avec les rouages du pouvoirs, avec son lot de corruption.


Si Bouteflika se maintient au pouvoir malgré sa maladie et les effets néfastes de sa politique économique au niveau populaire, c’est grâce à deux faits. Une certaine aisance financière durant son mandat, ce qui lui a permit de construire et de nourrir une clientèle diversifiée, chez les petits et grands commerçants et entrepreneurs, chez les paysans, des secteurs des fonctionnaires et même chez les jeunes, avec des aides pour la création d’entreprise…
Il a aussi réussi à neutraliser ses oppositions politiques et à verrouiller toute expression politique. De plus, le fantôme de la guerre civile des années 1990, l’insécurité régionale, lui ont facilité la tache.


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